Coraline & Pierre: L amour triomphe toujours
87 pages
Français

Coraline & Pierre: L'amour triomphe toujours

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
87 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Pierre et Coraline se rencontrent en 1994, lors d'une petite fête de quartier, et tombent immédiatement amoureux, au grand dam d'Hubert de Jarvaux d'Arbois, père de la jeune fille. Quand Coraline se retrouve enceinte des oeuvres du jeune Pierre,il va les séparer de cruelle manière. Près de 14 ans leur seront nécessaires pour enfin se retrouver... L'amour triomphe toujours!

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 14 mai 2012
Nombre de lectures 132
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Par Loudé Mallorca.
   
Cette histoire est pure fiction.
 
Si vous y trouvez une ressemblance quelconque avec des personnages existants ou ayants existé... C'est que votre imagination dépasse -et de loin- la mienne!
Loudé.
Chapitre 1  
Pont-du-Roy est un charmant petit village pittoresque, niché entre deux collines, à l'entrée des Ardennes belges, entre Charleroi et Namur... Comme le disent tous les bons guides touristiques: A visiter absolument! La chaleur de ses habitants, sa cuisine du terroir ou encore ses maisons à colombages, en pierres du pays, fleuries de mai à octobre... Tout contribue à en faire un village de « carte postale »! On y trouve la classique place, entourée de ses marronniers plusieurs fois centenaires et les inévitables bancs de bois peints en vert, qui vont avec. Cette place, cernée par divers petits magasins: la boucherie d'Henri, la supérette de Léon, la librairie de Martine, l'inévitable café « du centre », la petite église -« Si mignonne! », dixit les touristes-, jouxtant la salle des fêtes, accueille différentes manifestations plus ou moins culturelles tout au long de l'année. Si l'été bon nombre d' «anciens » viennent « taper la boule » devant le bistrot de Louis, enchainant verre sur verre entre chaque partie tandis que d'autres, attablés à la terrasse, se disputent d'âpres tournois de cartes, l' hiver tout s'y endort! Oui, vraiment, la vie -vue de l'extérieur- que l'on mène à Pont est idyllique! Ouais!... Sauf que, quand comme moi, on a dix-sept ans et que l'on y habite dans ce si sympathique village touristique... On a vite fait le tour! L’événement le plus important qu'il s'y soit passé, ces quinze dernières années est le rhume de la vache du père Benoît, le fermier du coin! C'est vous dire si nous, les jeunes, on s'y amusent comme des petits fous! Ce samedi de juin 1994, le club de vélo local (Vous lui trouverez un nom vous-même; moi, je n'ose l'écrire...) a organisé dans la salle paroissiale, son annuelle « kermesse aux steaks, suivi d' une grande soirée dansante! ». Cédric, mon ami d'enfance, a tellement insisté que je me suis laissé convaincre de l'y accompagner... Alors que d'ordinaire, ces fêtes locales ne m'attirent pas du tout! J'y ai été une fois ou deux et m'y suis profondément em... ennuyé! Il faut dire que je ne sais pas danser... et que je n'ai aucune envie d'apprendre! Je n'éprouve vraiment aucun plaisir à me balancer au milieu de mes congénères sur une musique plus ou moins rythmée... Cette soirée-ci n'échappe pas à la règle... Encore que les steaks « valent largement le détour »! La sono qui, à mon avis fonctionne sur piles vu sa fabuleuse puissance, distille de superbes morceaux... dont le plus récent à dû faire chavirer le cœur de ma grand-mère, en 1940! Bref, on se marreraient drôlement bien... si seulement nous avions une petite quarantaine d'années de plus! J'en suis à ma deuxième bière, accoudé au comptoir du bar, avec une bonne dizaine de potes de mon âge qui tous, s'amusent au moins autant que moi quand Christophe, pour la troisième fois en moins de vingt minutes, appelle à nouveau, via la sur-puissante sono, son « Aline »; celle dont il avait dessiné le beau visage sur la plage! Je n'en plus! Je me casse: Si je reste ici une minute de plus, je vais terminer « rond comme une queue de pelle »! Je préfère encore rentrer et me faire quelques jeux vidéos. Je me lève pour partir quand entre dans la salle une nana dont la seule vue me cloue sur place! Attends, je t'explique: Assez petite -je dirai un mètre soixante/soixante-cinq-, mince, les cheveux bruns-roux ondulant jusqu'au milieu du dos, elle est vêtue d'un jean blanc et d'un chemisier rouge qui m'a l'air bien gonflé en sa partie supérieure. (Oui, bon! Pas de commentaires... Je suis un homme et j'ai des yeux pour voir!) A propos d' yeux... Les siens sont verts, me semble-t' il. En amandes et étirés vers les tempes, comme ceux d'un chat! Je lui donne 16 à 17 ans... et lui colle un bon vingt-six sur vingt sur l'échelle de mes préférences féminines! Elle ressemble un peu à Julie Piétri, la chanteuse! 1
Je ne dois pas être le seul à l'avoir vue... si j'en juge par le silence pesant qui vient s'installer sur le bar tandis que tous les yeux -enfin, ceux des jeunes mâles de l'assistance uniquement- se posent sur la nouvelle venue... D'un pas souple et léger, elle s'avance dans la salle en jetant des regards circulaires autour d'elle. Elle semble chercher quelqu'un... Elle s'assied un bref instant à une table où se trouve déjà un couple d'une petite quarantaine d'années, dit un mot à l'homme qui y est assis, se lève et se dirige vers le bar. Exactement vers là où je suis planté droit comme un « I », immobile et bouche bée, à la contempler avec des yeux de merlan frit! J'ai l'air de l'idiot du village et j'en suis bien conscient! Parole: Un témoin pourrait croire que je n'ai jamais vu de filles de ma vie! D'autant qu'il n'y a plus que moi qui l' observe ainsi: Les autres l'ont déjà classée à la rubrique « inaccessible » et tous ont replongé le nez dans leur verre. Pour me donner une contenance -et occuper mon regard à autre chose-, je m'intéresse à un point sur le mur d'en face et me dirige lentement vers la sortie. Le mur me fascine tant que je ne remarque pas la lame du parquet -la seule dans toute la salle- qui dépasse des autres... Mon pied droit s'y accroche et je pars pour une sortie « ventre-à-terre » du plus parfait ridicule! Par pur réflexe, je tente de me raccrocher à quelque chose... Je tombe pile-poil sur quoi, à votre avis? Ou plutôt sur qui? Hein? Oui! Vous l' avez compris: je suis suspendu par les deux bras au cou d'une admirable petite rouquine... que je ne connais ni d' Eve ni d'Adam! Très franchement, elle n'a pas l'air d'apprécier ma présence à cet endroit! Avant qu'elle n'ai le temps de se dégager de notre involontaire étreinte, je remarque trois choses. Un: à la table où la jeune fille a fait un bref arrêt, l'homme s'est levé et fonce vers nous... Deux: elle a vraiment les yeux verts... Trois: le chemisier est réellement bien gonflé! (J'ai d'autant moins de mal à remarquer ce « léger détail » que j'ai actuellement le menton posé à l'endroit idoine!) -Faut pas te gêner, surtout!, me lance-t'elle, furibonde. Instantanément, je vire de ma belle couleur rose-bébé naturelle à celle -nettement moins seyante-« pivoine écarlate ». A en rendre jaloux un camion de pompiers, lui-même. Je tentes bien de lui expliquer que je suis désolé, que je n'ai pas vu le plancher, que je ne l'ai pas fait exprès... mais cela donne quelque chose comme: -Brrarouf, waf.. , ce qui accentue encore mon écarlate bon ton. Elle, les yeux ronds levés vers moi, me demande si je parle français, avant de partir dans un grand éclat de rire! Je lui assure que oui, en agitant la tête de haut en bas, -incapable que je suis d'articuler le moindre mot- et éclate de rire à mon tour. L'homme de la table est arrivé à notre hauteur: Il s'informe, sèchement: -Un problème, Coraline? -Non, non, papa!, parvient-elle à lui répondre, entre deux hoquets. Monsieur a glissé, c'est tout! Le papa en question me lance un regard chaleureux comme un iceberg en hiver et retourne s'asseoir, sans ajouter un mot... Je suis réellement confus mais elle m'assure qu'il n'y a pas de mal... Que cela peut arriver à n'importe qui... Pour me faire pardonner, je lui offre un verre... Nous nous installons à une table libre... -Pierre Delcampe, fais-je, en déposant une limonade devant elle. -Coraline de Jarvaux d'Arbois, me répond-elle, avec un sourire engageant. Il n'y a pas dix minutes que nous nous sommes attablés et déjà nous bavardons comme si nous nous connaissions depuis toujours.
2
Tous les « Christophe » du monde peuvent appeler Aline si ils le veulent: Absorbés par notre conversation, nous ne les entendons plus! J'apprends qu'elle est originaire du centre de Namur, mais que ses parents, fatigués de la ville, ont achetés une grande maison, à l'entrée du patelin... Que son père est le PDG de « de Jarvaux industries », une multinationale qui « fait » un peu dans tout: Constructions, génie civil, travaux publics, alimentation... Qu'il est toujours en voyage et qu'ils sont venus ici pour lier connaissance avec les habitants de leur nouveau village. Qu'elle entamera, en septembre prochain, des études de comptabilité, mais uniquement pour faire plaisir à son géniteur. Il s'est mis en tête qu' un jour, elle lui succédera à la direction de ses entreprises... Elle, c'est plutôt le tourisme et l'hôtellerie qui la branche... Ce n'est que quand son père vient annoncer, sans même un regard pour moi, un cassant: -Coraline, on s'en va!, que nous nous rendons compte qu' il est... trois heures du matin! Au moment de nous séparer, nous convenons d'un rendez-vous pour cet après-midi même et je reste seul à la table, perdu dans mes pensées, les yeux dans le vague. Cédric m'y rejoint. -Allez?!, me dit-il, avec une bourrade amicale. Le dernier? Pour la route? Je m'aperçois que j'ai la langue comme du « papier buvard ». -Et plutôt deux fois qu'une!, répond-je. Dis donc!, continue-t'il. T'as pas choisi la plus moche, mon cochon! Cela à l'air de bien coller, la -rouquine et toi? -Oui, peut-être... fais-je, évasif, sur un ton que je m'efforce de rendre indifférent. Au fond de moi, j'ai bien envie que « ça colle », justement! Je suis tombé amoureux, je crois bien... Et voilà comment, à cause d' une soirée où je ne voulais même pas « mettre les pieds », ma vie a été complètement chamboulée... J'ai fait la connaissance de Coraline... Celle qui, beaucoup plus tard, deviendra mon épouse adorée...  Juin 1995. Un an s 'est écoulé depuis notre première rencontre. J'ai dix-huit ans et Coraline seize. Nous sommes plus amoureux à chaque jour qui passe et nous passons tout notre temps libre ensemble, à faire de grands projets d'avenir. J'ai terminé mes études de mécanicien automobile et commencé une formation pratique dans le plus grand garage automobile de Pont: Le garage Grandjean, (Cinq ponts élévateurs, carrosserie, vente de voitures de seconde main...) ceci pour me familiariser avec la partie administrative de mon métier. Ce n'est pas payé mais, sitôt cette formation terminée, j'aurai le « bagage » nécessaire pour m'établir à mon compte. Comme j' en ai toujours rêvé... d'aussi loin que je puisse m' en souvenir! Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes! Ouais! Sauf que les parents de Coraline -son père, surtout- ne m'apprécient pas, mais alors pas du tout! Que voulez-vous! Comme le dit ma maman avec son bon sens campagnard: « On ne peut pas plaire à tout le monde; il faut faire avec! ». Après quelques semaines, mon patron est tellement content de moi qu'il décide de me verser un substantiel salaire... alors que rien ne l'y oblige! Génial, non? Au mois de juillet, je peux me payer ma première voiture. Oh, ce n'est qu'une vieille Renault cinq, T.S., rouge -à l'époque de sa sortie, une « bombe »- mais j'en suis fier comme s'il s'agissait d'une Ferrari! C'est la première chose que je peux m'offrir... à la sueur de mon front! Cora et moi sommes libres d'aller où bon nous sembles, désormais! Nous nous sommes dégotés un chouette coin, discret et secret, dans un petit bois à Sart-au-Leu, un lieu-dit, à une vingtaine de kilomètres de Pont.
3
Ce n'est qu'une vieille cabane mi-pierres, mi-bois, à l'abandon depuis des années et au trois-quart en ruines, qui n'appartient plus à personne, et pourtant... c'est chez nous! (Du moins l'avons-nous décrétés comme tel.) Nous y passons quelques heures tous les week-ends, pour y rêver à la future vie commune... que nous mènerons un jour: Nous n'avons aucun doute à ce sujet! C'est là que, un beau soir du mois d'août, sur la mousse tendre du bois, avec, pour seul témoin la lune rousse qui caractérise ce moment de l'année, Coraline et moi nous sommes donnés l'un à l'autre dans un irrésistible élan d'amour... Juste au pied d'un jeune saule qui, désormais, porte au plus profond de son écorce comme preuve de notre amour, un cœur que j'y ai gravé au couteau et dans lequel j'ai écrit: « Coraline et Pierre, 17 août 1995 ». C'est ce soir là que j'ai remarqué la marque plus foncée que le reste de sa peau, en forme de trèfle, qu'elle porte sur la fesse gauche. Comme je m'inquiète de sa provenance, elle me répond, en riant: -'Pas la moindre idée! Je pense être la seule de la famille à avoir ce truc!...Peut-être pour te rappeler à quel point je suis unique! Et puis, imagine que je disparaisse un jour: Avec une telle marque, tu auras déjà un fameux indice pour me retrouver, non? -Soit rassurée, Coraline de Jarvaux d'Arbois! Pour moi, tu es unique, avec ou sans marque de naissance,pensai-je, avant de répondre fougueusement à son baiser.
Les « de Jarvaux d'Arbois », du haut de leur petite noblesse, ne peuvent supporter l'idée même que leur fille fréquente un petit mécanicien automobile: unouvrier, summum de la vulgarité! Dans leurs esprits étriqués, un ouvrier ne peut-être qu'un coureur de dot, vulgaire et veule... D'ailleurs, Monsieur Hubert de Jarvaux d'Arbois a décidé, le 7 décembre 1995 exactement que, pour «son bien », Coraline ne me verrait plus! Il le lui annonce comme cela, sèchement, sur le ton d'un homme qui sait qu'il sera obéi. Personne, que ce soit le personnel de ses usines ou sa femme, Dominique, ne discute un ordre du grand Hubert de Jarvaux d'Arbois. (Malgré son mètre soixante neuf!) Alors, vous pensez: sa fille... C'est comme cela! C'est tout! Il n'y a pas à revenir sur le sujet... Il ne va pas rester là, à la regarder gâcher sa vie avec un péquenot comme ce Pierre Delcampe! Il a de grands projets d'avenir pour elle... Un jour, elle sera à la tête de ses usines... Que ferait-elle, alors, encombrée d'un ballot comme ce... ce Pierre? -Si tu veux absolument un petit ami, je te présenterai Daniel, le fils de mon ami Norbert de la Grivegnée. Après tout, il a ton âge! Vous devriez bien vous entendre... Et puis Monsieur de la Grivegnée, qui dirige les entreprises de... Coraline ne l'écoute même pas! Daniel de la Grivegnée, ce plouc?Se dit-elle.Un mètre septante! Aussi haut que large... Pendant longtemps, j'ai cru que son seul vocabulaire se limitait à « Oui, papa! » Cela fait des mois qu' Hubert essaie, par tous les moyens, de la séparer de son Pierre... En vain! Son discours la laisse plus froide que la banquise et le décret paternel n'a aucune influence sur notre relation! L'avenir est à nous et un jour, plus si lointain, j'aurai ma propre entreprise! Ils seront bien obligés, alors, de reconnaître leurs erreurs! Dorénavant, pour ne pas risquer d'encourir les foudres paternelles, plutôt que de venir la chercher devant la grille de la villa familiale, je l'attendrai et la déposerai à l'arrêt du bus, à cinquante mètres de là. Le vingt-trois décembre, vers vingt et une heures trente, je l'y ai déposée, comme de coutume.
4
Nous nous sommes quittés sur un baiser fougueux, en nous souhaitant la bonne nuit et j'ai attendu avant de démarrer que sa silhouette disparaisse de ma vue, au moment exact où elle tourne à droite, pour entrer dans le clos où se trouve leur maison. Nous ne nous verrons pas durant quatre jours -une éternité- car Cora doit aider sa maman à préparer -et surtout à ranger après- la fête de Noël. Les de Jarvaux d'Arbois organisent une «petite fête intime» qui ne comptera «que» quatre-vingt invités environs... Toutes des relations d'affaires de son père..., m'a-'elle dit, en riant de son rire clair qui me plaît tant. Je ne devais plus la voir durant de longues années... Mais, de cela, je n'en savais rien!
Coraline ressent une violente nausée, ce vingt-six décembre, en sortant du lit. -Cela ne me vaut rien du tout, ces repas de fêtes!, pense-t' elle en posant une main sur son estomac et y esquissant un petit massage circulaire. Mais une autre nausée la plie en deux. Elle n'a que le temps de se précipiter aux toilettes... Juste au moment où sa mère, Dominique de Jarvaux d' Arbois, en sort. -Eh bien, Coraline, cela ne va pas?, s'inquiète-t' elle. Mais, ma parole, tu es livide! J'appelle immédiatement le docteur Soupart! -Mais non, ce n'est pas nécessaire, maman! Tu sais, avec ce que nous avons ingurgités au réveillon...Et les restes de cette dinde aux marrons que j'ai fini hier soir... Il n'y a rien d'étonnant à ce que je me sente barbouillée, ce matin! En dépit des protestations de sa fille, Dominique a déjà le combiné de téléphone à la main. Assise dans un fauteuil du salon, Coraline peut entendre la voix grave du médecin de famille annoncer son passage vers treize heure, aujourd'hui même. Persuadée que ses nausées proviennent d'un excès de table, elle n'en s'en inquiète guère... A l'heure dite, Hubert et Dominique, ses parents, attendent, debout dans ce même salon, le verdict de ce bon docteur. Pensez; il l'a vu naître! Si quelqu'un est à même de trouver l'origine des légers troubles de santé de leur fille unique... C'est bien lui! -Alors, docteur? Qu'a-t' elle? Est-ce grave? Le docteur Soupart, âgé d'une soixantaine d'année, se tourne vers eux et déclare, la mine soucieuse: -Grave? Non! Mais je crois que vous n'allez pas aimer du tout mon diagnostic! Il laisse passer un court moment et reprend: -Coraline est enceinte. De quatre mois, environ... La famille de Jarvaux d' Arbois -Coraline comprise- semble avoir été frappée par la foudre: Personne ne bouge... ni ne parle! Hubert a pâli, ses narines se sont serrées et ses lèvres se sont pincées, ce qui généralement chez lui est le signe avant-coureur d'une colère dévastatrice... -Vous... Vous en êtes sûr, docteur?, parvient-il à articuler, presque calmement. -Absolument certain!, assure le doc. Dominique n'ose faire un geste ni dire un mot, tant elle sait combien peuvent être violentes les colères de son époux. Hubert se tourne alors vers sa fille... Il a les yeux flamboyants, presque fous! Coraline ne l'a jamais vu ainsi... Sa mère s'est toujours arrangée pour qu'elle ne soit pas présente durant de ses colères... -Espèce de sale petite garce!, jette-t' il à sa fille. Comment as-tu osé me faire cela? -Qui voudra de toi, maintenant? Une fille-mère! Une porteuse de bâtard! Tu vas me payer cela cher... Très cher! Fous-le-camp! Je ne veux plus te voir!, Jamais!, ajoute-t' il. Coraline est sidérée: Elle n'a jamais ne serait-ce qu'imaginé que son père puisse être aussi violent... -Mais, papa..., tente-t' elle timidement. Pierre et moi, nous nous aimons... Nous allons régulariser les choses au...
5
-Tais-toi, traînée! Jamais, tant que je vivrai, tu entends,tant que je vivraiil n'y aura de Pierre Delcampe dans cette famille! hurle maintenant Hubert, en s'approchant de sa fille, la main levée comme pour la gifler... Ce qu'il aurait certainement fait si Monsieur Soupart ne l'avais rappelé à l'ordre d'un sec: -Monsieur de Jarvaux... Un peu de tenue! -Vous avez raison, docteur! Je vais pas m'abaisser à frapper cette petite pute... J'ai mieux à faire!... Beaucoup mieux et beaucoup plus urgent à faire! Personne ne doit jamais savoir que ma fille attend un... un... Puis, subitement calmé en apparence, il jette à Coraline: -Monte dans ta chambre! Nous avons à parler, le docteur, ta mère et moi! Complètement anéantie, en larmes, elle quitte la pièce, la tête basse...
Chapitre 2
-Ce n'est pas possible!,dis-je, assis dans ma voiture, à l'arrêt du bus.me Une semaine sans nouvelle, pas même à la nouvelle année... Il se passe quelque chose! Je dois savoir... Quitte à me disputer une bonne fois pour toute avec son père! D'un geste décidé, je remets le moteur de ma fidèle «5» en route, respire un bon coup pour me donner du courage et prends la direction du domicile «de Jarvaux». La grande demeure, bâtie sur trois niveaux, est située un peu en dehors de la route principale, au bout d' un petit clos qui comporte au total trois maisons du même style. J'y suis venu une fois ou deux, avec Cora ... En l'absence de ses parents, bien entendu! Le portail automatique, d'ordinaire fermé, donnant accès au parking privé et, par-delà, aux garages, est grand ouvert! Je remarque immédiatement, à l'entrée, le grand panneau jaune criard où il est écrit: « Maison à vendre ». J'en suis tellement surpris que j'en cale le moteur de la «5»! Cora ne m'a jamais parlé d'un futur déménagement... Je pénètre à pied dans la propriété et m'approche d'une fenêtre. Il n'y a plus rien à l'intérieur de la villa : Tout y est vide et silencieux! Ils sont bel et bien partis! Un petit papier sale, à terre devant la porte d'entrée, attire mon attention. Je me baisse et le ramasse: C'est une petite photo de Coraline souriante, âgée de quatre ou cinq ans qui serre contre elle un ours en peluche, blanc. Involontairement tombée d'un carton, durant le déménagement, sans doute. Je me dirige vers ma voiture quand un homme s'approche de moi. Le voisin, peut-être... -Vous êtes Delcampe? Pierre Delcampe?, me demande-t' il. -Je..., euh, oui! C'est moi! -Monsieur de Jarvaux m'a demandé de vous remettre ceci, si jamais vous veniez à rôder par ici... dit-il, en me tendant une enveloppe blanche, banale, avant de repartir sans un mot. Je l'ouvre: « Pierre, C'est fini entre-nous. Mon père a raison! Nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre! Ne cherche jamais à me revoir... De toutes façons, nous quittons le pays! Adieu! Coraline. » Voilà! Tout s'arrête sur ce morceau de papier... Une lettre tapée à la machine et même pas signée... Hormis une petite photo sale, je n'ai plus rien d'elle! Tout à notre amour, nous n'avons jamais pensé à échanger nos photos respectives... J'étouffe, chancelle, me rattrape au montant du toit de la «5» et arrive à m'y asseoir ... Je ne parviens pas à démarrer... 6
Il pleut à verse, soudain. Des trombes d'eau! Machinalement, je mets le contact et enclenche les essuie-glaces; cela ne change rien : Il pleut toujours à torrent. Bizarre! Le sol, dehors, reste bien sec...
Que Coraline quitte du grand salon n'apaise pas la colère d' Hubert... Ses yeux sont toujours luisants comme des braises. Comme ceux d'un fou! Il fulmine de rage! -Qu'allons-nous faire, maintenant?, ose timidement Dominique... -Je ne sais pas!, aboie Hubert. Mais une chose est sûre: Il n'est pas question une seule seconde qu' elle garde son bâtard! -Que... Que veux-tu dire? Tu penses à ... un avortement?, fait Dominique, d'une voix blanche. -Pourquoi pas?, hurle Hubert, ivre de rage. -Il est trop tard pour cela, Monsieur!, rétorque le docteur Soupart, d'une voix calme. La salope!, pense Hubert. Quand je pense que j'avais prévu de la présenter au fils « de la Grivegnée » la semaine prochaine! C'est foutu! Il ne voudra même pas la voir, maintenant! Un mariage entre les « de la Grivegnée » et les « de Jarvaux d'Arbois » m'aurait permis de tripler mon capital... Que faire maintenant? Dans l'immédiat, je dois éloigner ce déshonneur de la famille... Personne ne doit jamais savoir que Coraline, ma fille unique, attend un...un bâtard! La fibre paternelle d' Hubert -a supposé qu'il l'ait jamais eue- se rompt à ce moment précis! Désormais, Coraline n'est plus sa fille... Ce n'est qu'une complication à régler, un déshonneur à éloigner... A supprimer! Au même titre qu'un problème professionnel quelconque! Et les sanglots que l'on entend au-dessus d'eux, en provenance de la chambre de Cora, n'apaisent en rien sa colère démente! -Voulez-vous que je lui administre un léger sédatif?, lui propose le docteur Soupart, en désignant du pouce, le plafond. -Oui! Faite donc cela! Au moins, je ne l'entendrai plus braire comme un âne!, grommelle Hubert. Subitement, son visage s'illumine. Il semble avoir une idée et tandis que le docteur s'engage dans l'escalier, lui se dirige vers la bibliothèque murale... D'un geste précis, sans même avoir à la chercher, il saisit sur l'un des rayons une brochure épaisse d'un gros centimètre. Il revient au centre du salon et la pose sur la table basse, en face du profond canapé de cuir blanc où est assise Dominique. Sur la couverture, la photo d' une grosse villa, presque un château, de style espagnol. Cela y est! J'ai la solution! Elle va disparaître pour toujours de notre vie, tout simplement! Comme lus à csio emllme enn'caevra iut njea mauatirse  evxiies,t éa..i.l lePfurwsw, iiDito! mDinisiqpuare ue, tl em poir!o bÉlvèimdee!m Ielns t,n ec enlao uvsa  remset erchr  teèosûTrc. ..p'uq era cher, même! Mais il vaut mieux cela que le déshonneur et l'opprobre, comme je vais l'expliquer à Dominique! Dominique a saisi le livre posé sur la table... «Villa Luna» peut-elle lire écrit en caractères gras, juste sous la photo de la maison. Plus bas, en plus petit: «Centre d'accueil pour filles-mères». Palma de Majorque, téléphone: ............. Les pages intérieures sont remplies d'illustrations d' un endroit plus que luxueux, avec des jardins bien entretenus, des piscines, des terrains de tennis, des terrasses-solarium... Le tout à l'air d'un hôtel de grand luxe... Les autres pages expliquent, avec force détails, comment les jeunes filles, en rupture de relations familiales, y seront prises en charge, avant la naissance de leurs bébés puis avec ceux-ci, jusqu'à l'âge de dix-huit ans ou plus, si utile. Elles y seront suivies chaque jour par un personnel médicalisé et spécialisé.
7
Durant leur séjour, elles seront formées à un métier de leur choix -à choisir parmi les nombreux programmes proposés au sein du centre- et en final, placées en entreprise à un poste auquel elles pourront prétendre, suivant la réussite de leurs études. Les parents devront s'acquitter d'une somme mensuelle fixée à deux cent mille pesetas pour assurer le gite et le couvert à celle qui reste, bon gré/mal gré, leur fille. Chaque mois, le reste de cette somme -si reste il y a- sera transféré sur un compte bloqué, ouvert au nom de la jeune fille. L'argent restant sera entièrement reversé à la pensionnaire au sortir du centre, pour lui assurer de quoi débuter dans sa vie active. En contre-partie, le centre s'engage à ce que les parents n'aient plus jamais de soucis avec leur fille... Et aucun contact avec elle -si ils le souhaitent-, jusqu'à ce qu' elle ait quitté « Villa Luna ». -Tu...Tu ne vas pas l'envoyer là-bas?, souffle-t'elle. -Et pourquoi pas? Elle y sera très bien... En tout cas, toujours mieux qu'avec son... Comment s'appelle-t' il, déjà? Pierre? Elle pourra y pondre son bâtard à l'aise! Personne ne la connait, là-bas! Et elle peut s'estimer heureuse; je pourrai la mettre à la rue, sans autre de forme de procès! -Je ne fais cela que pour toi, ajoute-t' il. Pour que tu saches, au moins, où elle se trouve... Mais plus jamais de ma vie, je ne veux la voir: En ce qui me concerne, je n'ai plus de fille! -Plus de fille!, hurle-t' il, et, sans plus prêter d'attention à une Dominique translucide à force de pâleur, il quitte la pièce, en claquant la porte! Pour lui, le problème « Coraline » est clos! Dominique est effondrée... Sa fille; elle va être séparée -peut-être pour toujours- de sa petite fille! Elle a beau tourner le problème en tout sens dans sa tête: Elle ne voit pas d'autre solution! Fuir avec Coraline? Pour aller où? Avec quel argent? Elle en a, bien sûr; ses parents aisés lui ont légué une petite fortune.... Mais c'est Hubert qui gère tout: elle en est bien incapable... Essayer de faire revenir Hubert sur sa décision? Un homme comme lui ne revient jamais en arrière... Dans le fond, il a raison! C'est la meilleure solution!,se persuade-t'elle.Elle aura un métier plus tard et sera certainement plus heureuse dans ce centre qu' ici, avec un père qui la reniée... Le soir même de ce vingt-six décembre, c'est une Coraline endormie, qu'il faut presque porter, qui prend place, avec sa mère, à l'arrière de la grosse limousine sombre que son père utilise généralement pour ses déplacements d'affaires... -C'est bien à Barcelone que nous nous rendons, Madame?, demande en se tournant vers elle, le chauffeur, sans marquer d'intérêt particulier à sa destination, avant de démarrer.
Le lendemain matin, à huit heure sonnante, une équipe de déménageurs professionnels s'affaire dans la maison des « de Jarvaux d'Arbois »... A quinze, les trois camions peints en rouge et blanc, au logo de l'entreprise « Seghers: Déménagements nationaux et internationaux » sont chargés avec les meubles et le matériel divers... A seize, Hubert s'en va déposer une lettre chez son voisin immédiat et à dix-sept, le convoi s'ébranle, pour une destination inconnue... A dix-huit, tout est fini! La maison est complètement vide et silencieuse...    Je ne me souviens pas exactement de combien de temps je suis resté prostré devant cette maison vide... ...A vendre... Pas plus de comment je suis rentré chez moi! Mais je devais avoir une mine à faire peur, rien qu'au souvenir de l'expression du visage de ma mère...
Il me semble bien qu'elle ait demandé ce qu'il se passait et je crois que j'ai réussi, des sanglots plein la voix, à marmonner un vague «Cora»... Ensuite, plus rien de précis... Ah si! Bizarrement, il pleut à torrent à l' intérieur de la maison, maintenant!
8
Un matin, je ne sais plus exactement quand au juste, ma mère est entrée dans ma chambre d'un pas décidé. -Cela a assez duré!, m'a-t' elle fait, d'une voix autoritaire. Cela fait une semaine que tu ne sors plus de cette pièce! Cela pue le fauve, ici! Et demain, tu reprends le travail: Fini les vacances! Que va dire ton patron si tu te présentes dans cet état? Des Coralines... Il y en a des centaines qui t'attendent dehors! -Allez... ! Debout et pas de discussion!, a-t'elle dit encore, en sortant de la pièce. J'ai le cerveau qui fonctionne au ralenti... Il me semble avoir vaguement entendu des mots comme: Malade, travail, fauve, Coraline... mais ils n'ont aucun lien entre-eux, aucun sens pour moi! J'ai froid, si froid... Je reste encore couché un moment... Je gèle carrément, cette fois! Je suis peut-être en train de mourir,me dis-je. Etrangement, cette pensée ne me touche pas! Je constate alors que ma mère a laissé la fenêtre grande ouverte en sortant de la chambre. Voilà pourquoi j'ai froid... Cela n'a rien à voir avec Coraline... A cette pensée, allez savoir pourquoi, une sensation étrange m'envahit: Une sorte de rage ou plutôt, de... Comment dire? De violente envie de vivre! C'est cela! Envie de vivre! Si elle a laissé la fenêtre ouverte exprès, elle a réussi son coup, ma maman: Mon cerveau se remet à fonctionner normalement... -Comment a-t' elle pu me faire cela? Elle est tout pour moi... et elle... elle... Je ne parviens pas à trouver les mots qui pourraient décrire ce que je ressens. Et si elle n'y était pour rien ?,petite voix, venue du plus profond deme chuchote une  moi.Et si elle avait été obligée de partir? Ouais! Mais, on n'écrit pas une lettre de rupture, dans ce cas... Je réprime les sanglots qui me montent du fond de la gorge... Réagir! Je dois réagir! Je me lève et me dirige vers la salle de bain. Le miroir de l'armoire à pharmacie qui me fait face, me renvoie l'image d'un parfait inconnu: Il a le teint pâle, les joues mangées de barbe et se tient voûté, comme si tout le poids du monde reposait sur ses épaules. Je mets bien cinq minutes avant de me rendre compte que je contemple mon propre reflet... -Pierre Delcampe,me dis-jeavoir avoir dix-neuf ans et ta vie ne va pas s'arrêter à cause, tu  d'une « Coraline » qui s'est si bien foutue de ta g...! La rage me reprend: Cela ne se passera pas comme cela! Réagir!J'ai l'impression que ce mot clignote dans ma tête comme s'il était écrit en caractères néons... J'empoigne mon rasoir pour le reposer aussitôt; la barbe ne me va pas mal, après tout! Elle me vieillit un peu. Je redresse le torse et me ré-examine sans complaisance dans le miroir. Je mesure toujours un mètre nonante, me semble-t' il. J'ai toujours le même visage ovale, les yeux bleus azur et les cheveux blonds, presque blancs, coupés en courte brosse. Y' a pas trop de dégât au physique! Pour le mental... Tant pis! On verra plus tard! J'ai maigri -une semaine sans manger, cela laisse des traces- mais j' ai toujours une carrure suffisamment large que pour en imposer. De plus, j'avais quelques kilos à perdre... Cora me faisait souvent enrager avec mes débuts de poignées d'amour, comme elle disait... Cela y est: ces foutus sanglots me reprennent... Mais non, c'est fini! FINI! Je ne peux plus et ne veux plus jamais penser à cette fille en qui j'avais placé tous mes espoirs...Elle était toute ma vie... Je lui ai donné tout l'amour dont je disposais, et elle...Elle...Qu'elle aille au diable! Et ses de Jarvaux de parents avec! C'est terminé! Le gentil et sentimental Pierre Delcampe vient de mourir...
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents