Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d Arbois
176 pages
Français

Coraline & Pierre: La vengeance de de Jarvaux d'Arbois

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La suite attendue de "L'amour triomphe toujours", où l'on retrouve nos héros en proie à la vengeance de l'infâme Hubert de Jarvaux d'Arbois...

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Publié le 14 mai 2012
Nombre de lectures 129
Langue Français

Extrait

« La Vengeance de de Jarvaux d'Arbois »
Par Loudé Mallorca.
Cette histoire est pure fiction! Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne peut, dès lors, être que le fruit du hasard qui aurait fait des petits avec mon imagination! Qu'on se le dise!
Loudé Mallorca.
Comment?! Mais comment ais-je pu me laisser abuser comme cela?,se morigène, ivre de rage et d'humiliation, Hubert de Jarvaux d'Arbois, en remontant tête basse, la longue allée privée qui mène de la maison à la rue. Dos voûté, à pas lents, il franchit le portail et prend à droite, en direction du centre de Waterloo. Il parcourt encore une petite dizaine de mètres et s'arrête... De là où il se trouve, il a une vue plongeante sur la magnifique propriété qui s'étale sur près de quatre-vingt-cinq ares, en contrebas... Une dernière fois, il se remplit les yeux du spectacle de ce qui était encore son « chez lui » jusqu'il y a un quart d'heure encore... La longue allée privée, bordée de legustrums et fermée par un portail automatique, en fer forgé... Le joli pavillon moderne, anciennement la conciergerie, à gauche de l'entrée, inoccupé depuis leur arrivée et pourtant complètement et luxueusement meublé, tout prêt à accueillir les amis...qu'Hubert n'a jamais eu! L'esplanade pavée et la fontaine, sur le perron, ou « sa » Mercedes est soigneusement garée... Le cabriolet de Delcampe... Il ne l'emportera pas au paradis, celui-là! Je me vengerai!,dit-il, à haute voix, dans une bouffée de rage. Sa superbe maison! Presque un château! ...Qui appartient en réalité à Dominique, son épouse! Elle ne perd rien pour attendre, celle-là, non plus! Me jeter dehors... Moi! Son mari! Six chambres et autant de salles de bain! Un salon de près de cent-vingts mètres carrés, dont un bon quart accueille la vaste piscine intérieure, séparée de sa partie extérieure par un épais mur de verre coulissant... Et tout le reste est à l'avenant! Une cuisine super-équipée, avec un coin à manger qui ferait pâlir d'envie le chef d'un restaurant trois étoiles... Un garage pour trois voitures, immense, accolé sur le côté gauche du bâtiment... Un terrain de tennis privé... Dominique!,pense alors Hubert, en reprenant sa marche. Quelle c... celle-là aussi! Persuadée que je gérais son compte au mieux de ses intérêts! Au mieux des miens, oui! Dominique de Jarvaux d'Arbois / Dulac; la fille unique et riche héritière de Jacques Dulac... Détentrice d' une fortune dont elle n'a même pas idée! Au commencement, l'arrière grand-père, Léonce Dulac, si pauvre que Job lui-même eut eu l'air d'un nabab, en comparaison... Puis le grand-père, Albert Dulac, génie de l'invention en tout genre! Déjà à son époque, l'argent s'était mis à rentrer! Enfin, Jacques Dulac! Au moins aussi génial que son géniteur, il est doté d'un redoutable sens des affaires! Et détenteur d' un diplôme en chimie appliquée! En mille neuf cent cinquante-cinq, père et fils détenaient plus d'une centaine de brevets en tout genre, dans l'audio-visuel surtout! L' euphorie générale qui a bercé les années soixante a vu l'apogée de papa Jacques! Il avait compris, bien avant tout le monde, que l'industrie du disque allait être l'industrie du siècle! Pendant que les autres se tâtaient encore sur la conduite à tenir, lui mettait au point une machine capable de produire des disques à la chaine, trois fois plus vite et deux fois moins chers que n'importe quel autre concurrent. Dans la foulée, il avait conçu la formule d'un nouveau vinyle, sec et utilisable en un temps record... Les fabricants de disques audio s' étaient, à l'époque, littéralement arraché son invention...lui faisant engranger de la sorte de plantureux bénéfices! L'explosion de l'utilisation de la matière plastique et du polyester dans les articles ménagers avait définitivement assis sa fortune... 1
A sa mort, vers le milieu des années septante, cette manne financière est, bien évidemment, revenue à sa fille unique, Dominique. Hubert n'avait plus eu qu'à séduire cette dernière, fort heureusement pour lui assez jolie, pour mettre la main sur le pactole... Il lui fut d'autant moins difficile de convaincre sa femme de lui laisser gérer son patrimoine qu'elle même n'y connaissait rien, en matière de finance. Leur mariage célébré, il s'est mis puiser plus qu'allègrement dans les comptes de son épouse. Elle ne remarquait rien, puisque ne s'en occupant pas du tout! Une fois par an, il lui présentait un relevé de compte dont le montant se terminait par plusieurs zéros... Cela ne lui occasionnait aucune difficulté particulière: Il suffisait de lui montrer le bordereau de paiement des royalties sur les inventions qu'elle continuait à percevoir annuellement et le tour était joué! Il ne lui montrait que les entrées... Jamais les sorties! Elle lui faisait une confiance totale! Et puis... Je ne la volais pas vraiment!,se convainc t-il, dans une parfaite mauvais foi.D'abord, légalement, il n' y a pas vol entre époux! Ensuite, ce que je lui prenais était largement compensé par ses royalties... Elle a plus qu'assez d'argent pour vivre très, très largement! Je n'ai fait qu'en profiter un peu, c'est tout!Avec les sommes détournées, il ne se refusait rien! Bijoux, montres de luxe, lingot d'or... Même une « garçonnière », comme il l'appelait, à dix kilomètres d'ici et dont personne ne connais l'existence, bien entendu! Malgré sa passion pour le jeu, étrangement, Hubert, jamais n'a touché à ce patrimoine clandestin. Il s'est contenté de l'amasser en prévision des jours plus difficiles que -peut-être inconsciemment- il supputait. Mais, toute bonne chose ayant une fin, Dominique s'était rendu compte un jour de quelque chose... Un extrait de compte, bien imprudemment oublié dans la salon, l'avait trahi peu après qu' ils aillent quittés Pont-du-Roy pour emménager dans la somptueuse demeure de Waterloo. Un retrait de plusieurs millions de francs effectué par lui sur son compte à elle, lui avait mis la puce à l'oreille... Très gentiment mais fermement, elle lui avait alors demandé à quoi il avait utilisé son argent... Et lui, le grand Hubert de Jarvaux d'Arbois s'en était tiré de justesse avec un mensonge bancal, comme à son habitude. Cette pensée lui arrache un petit sourire satisfait tandis qu'il continue à progresser à pas lents vers le centre de Waterloo. -J' ai voulu te faire une surprise, lui a-t'il répondu, sur le ton de l'innocence sincère, en la fixant droit dans les yeux. J' ai acheté cette maison exclusivement à ton nom! Comme cela, si je venais à disparaître, tu n'aurais aucun droit de succession à régler. Elle l'en avait remercié chaleureusement et ils avaient passés la nuit à s'aimer, pour célébrer l'évènement... En réalité, la maison n'avait coûté qu'un peu moins de la moitié de la somme qu'il avait retirée... Le reste avait rejoint un de ses comptes secrets! Et cela avait marché! Plus ou moins! Plus ou moins seulement car, quelques jours plus tard, elle avait fait fermé son compte, sans même l'en avertir. Dorénavant, la banque se chargerait elle-même des intérêts de son épouse! Il n'avait plus jamais abordé le sujet...et elle n'en avait jamais plus reparlé non plus! Certes, au début, il en avait été contrarié, mais après mûres réflexions il s'était facilement persuadé qu'il en avait bien assez profité durant toutes ses années. Son compte personnel s'était confortablement alourdi, sans qu'il eut à produire le moindre effort! Et puis, il ne désespérait pas de la faire changer d'avis un jour et pouvoir reprendre la gestion de ses avoirs... Avec un peu de patience, cela viendrait tout seul! 2
Si seulement il n' y avait pas eu ce satané Delcampe!,pense-t'il.Je le hais, celui-là! S'il n'avait plus accès à son compte, il se débrouillait quand même pour qu'elle règle absolument tous ses frais, n'hésitant pas à lui présenter un maximum de fausses factures, au besoin. D'autre part, comme il se les faisait rembourser par sa société aussi, chacune de ses dépenses devenaient bénéfices personnels! Sans cette période malchance, au jeu... Rien ne serait arrivé!J'aurais même pu encore gagner plus! Si ce s... de Delcampe n'avait retrouvé cette p...de Coraline! Une bouffée de nostalgie l'envahit, en pensant à ses beaux projets avortés... mais c'est tout! Ce qu'il ressent par dessus tout; c'est de la rage! De la rage et de la haine! La rage d' avoir été vaincu...Humilié en public! Et par un simple petit garagiste, en plus! Un ouvrier, comble des combles! Marchant désormais d'un bon pas, il parvient rapidement sur la chaussée de Bruxelles, l'axe principal de la commune. Par chance, un taxi en maraude y passe. Hubert lève la main. La voiture s'arrête... -12 rue du Manège, à Plancenoit, jette-t'il au chauffeur, avec l'amabilité d'un dogue affamé, tout en claquant vigoureusement la portière derrière lui . Dix minutes plus tard, le taxi s’arrête devant une allée de graviers gris, coincée entre deux hautes haies de legustrums et fermée par une simple barrière de bois. L'endroit paraît abandonné... Les mauvaises herbes de l'allée y semblent plus nombreuses que les graviers eux-mêmes. -Attendez-moi ici!, jette-t'il sèchement au chauffeur. Je vais chercher l'argent. Il pousse la barrière qui s'ouvre en grinçant et se dirige vers le fond de l'allée. La « garçonnière » d'Hubert -en réalité une jolie petite villa blanche et carrée- au toit d'ardoises grises, est invisible depuis la route. De part sa taille, elle fait un peu figure de « maison de poupées », en rapport au quasi château de Waterloo. Mais elle est suffisamment spacieuse que pour accueillir une famille de quatre personnes... sans qu'elle n'y soit à l'étroit! Sans hésitation, il s'approche d' une vieille vasque de pierre, envahie d'herbes folles, posée au milieu du jardin en friche. Y fouillant de la main, il en sort une clé plate, soigneusement emballée dans un étui de plastique. La porte d'entrée pivote sans bruit sur ses gonds parfaitement huilés. L'apparent abandon des lieux n'est qu'un leurre destiné à ne pas attirer l'attention. Hubert se précipite pour désactiver le système d'alarme sophistiqué qu'il a fait installer dernièrement, puis soulevant un cadre représentant le célèbre « Lion de Waterloo », suspendu dans l'entrée, dégage un coffre-fort de bonnes dimensions, maçonné et dissimulé dans le mur. Et dire qu' ils me croient tous ruiné!,pense-t'il en l'ouvrant.Ruiné! Moi! Les imbéciles! Sur les étagères du coffre ouvert devant lui s'étalent plusieurs épaisses liasses de billets de cinq cent euro soigneusement alignées. Juste au-dessous, une dizaine de montres grandes marque, uniques et numérotées, une vingtaine de liasses de billets de cent euro, autant de cinquante et une dizaine de vingt! La dernière étagère supporte pour sa part une dizaine de petits lingots d'or; des petits « bonus » perçu par Hubert lors de ses transactions...un peu moins légales, dirons-nous pudiquement! Mon petit trésor de guerre!,jubile Hubert. Et il éclate d'un long rire... Un rire de dément! Un rire qui fait peur... Il se saisit d'un billet de vingt et s'en retourne payer le taxi. Il attend, la main tendue, les vingt-cinq centimes que le chauffeur peine à trouver dans son porte-monnaie et reviens dans la maison. La partie reprend, Môssieur ADP!,dit-il, à haute voix, comme pour mieux s'en convaincre lui-même, tout en ouvrant grand la fenêtre de la salle de séjour, histoire d'en chasser cette odeur de renfermé qui règne en maître dans la pièce. 3
-Voilà, c'est fini! Il est parti!, dit Coraline, rêveuse, ses yeux rivés aux miens. -Nous avons gagnés, Pierre... L'amour triomphe toujours!, achève-t'elle, en se jetant dans mes bras. -Bon débarras! Espérons ne jamais le revoir!, fais-je, pour tout épitaphe, en la serrant contre moi. Nous sommes sur le point de célébrer notre victoire par un baiser du tonnerre de Dieu, les yeux dans les yeux...quand Dominique, d'une voix éteinte, nous annonce: -Je vais partir aussi, Coraline! Ne t'inquiètes pas! Si tu veux bien me permettre de prendre quelques effets personnels... -Je sais: Toi tu n'avais même pas d'effets personnels quand j'ai..., continue-t'elle. -Que? Maman! Mais..?, la coupe Cora. Mais... Où veux-tu aller? Il n'en est pas question que tu partes, enfin!! Tu es ici chez toi! Comme nous l'a si bien démontré Marcel, tu n'as rien à voir avec les basses intrigues de ce... cet... Les mots lui manquent pour décrire celui qui, pourtant, est bien son propre père. -Tu ne peux pas m'abandonner à nouveau!, reprend-elle, des sanglots dans la voix. Pas maintenant! Nous venons à peine de nous retrouver... -Tu veux dire que... tu me pardonnes? Que tu ne m'en veux pas?, fait une Dominique, incrédule. -Te pardonner?, répond Cora. Te pardonner de quoi? Que du contraire, j'ai une dette envers toi: Tu as si bien pris soin de notre fille... Si longtemps!, achève-t'elle. Mère et fille tombent dans les bras l'une de l'autre, bien vite rejointe par notre Caroline... Dominique sanglote maintenant, la tête sur l'épaule de Cora... -J'ai été si malheureuse, ma Coraline... Je m'en suis tant voulue d'avoir été si lâche... Si tu savais... -Par chance, un jour, il m'a ramené Caroline... Elle te ressemble tant... Avec elle, j'avais à nouveau un peu de ma fille avec moi, tu comprends?, continue-t'elle. Je te croyais morte... C'est la première fois que je les vois réunies, si proches les unes des autres... Trois générations!,penses-je.Comme elles se ressemblent... Les mêmes yeux en amandes, étirés vers les tempes, les mêmes silhouettes, le même port de tête fier... Un peu comme des gitanes... -Dominique, commences-je, ému malgré moi par la scène, ce n'est pas grand chez nous, mais si vous le voulez... Si vous vous sentez trop seule... et si Cora est d'accord, bien entendu, c'est avec plaisir que nous vous y accueillerons. -Merci beaucoup, Pierre!, fait-elle, fixant sa fille dans les yeux, la voix pleine d'espoir. Malgré elle, elle redoute encore de possibles réactions négatives. -Bien sûr que je suis d'accord! On se poussera un peu!, dit Cora, en regardant sa maman, avec tendresse. Avec joie même! Nous avons tant de temps à rattraper...Tant de choses à nous raconter... -Tu m'as tant manqué, maman!, achève-t'elle, avant que sa voix ne se brise dans un nouveau sanglot. Un lourd silence passe, seulement troublé par le tic-tac du coucou suspendu au mur, derrière nous. -Mais... J'y penses?!, fait soudain Dominique. Que nous sommes bêtes! Réfléchissez un peu! Je vais être toute seule dans cette maison immense, maintenant... Puisque vous voulez bien me garder dans vos vies... -Une maison où Caroline a ses habitudes: Elle y a toujours vécu! Et puis, il y a ses amies, en face..., reprend-elle. -Ses amies?, l'interromps-je, m'efforçant de prendre un air sévère alors que j'ai une envie folle et irrésistible d'éclater de rire, maintenant que toute la tension nerveuse est retombée... -Vous voulez dire: Ces jeunes artistes-peintres qui ont si joliment décorés mes murs et mes pompes à essence?, continues-je. Sans parler du reste... Caroline a viré au rouge cramoisi. -Pardon, papa... Je ne savais pas. Je... Grand-père m'avait dit que..., bégaye-t'elle, ne sachant si je suis réellement fâché ou non. Papa! Dieu que ce mot tinte agréablement à mes oreilles... Je crois bien que jamais je ne serai lassé de l'entendre: Papa!...Papa!...Papa... -Tu ne vois pas que je te taquines?, dis-je, en la serrant très fort contre moi. -Ou en étais-je?, reprend Dominique. Ah oui! Et si... Si vous veniez tous vivre ici? 4
-Je peux très bien m'installer dans l'ancienne conciergerie, à l'entrée, continue-t'elle. Et vous ici, dans la maison. Je pourrai garder la petite quand vous n'êtes pas là... Je... -Je ne suis plus petite!, la coupe Caroline, d'une voix outragée. J'ai treize ans et demi et... -C'est surtout le « demi » qui est important, hein, ma fille?, fais-je hilare. Elle me lance un de ses regards des plus noirs... Mon dieu, qu'elle est belle! Et cette expression... Le portrait de sa maman! -Mais non, tu n'es plus une « petite »!, fais-je conciliant. Mais fort heureusement, tu n'es pas encore une « grande » non plus! Laisse-nous le temps, à ta maman et à moi, de profiter un peu de la fin de ton enfance! Ne vas pas trop vite! S'il-te-plait... -Vivre ici?, dit Coraline, pour elle-même, rêveuse, des idées contradictoires plein la tête. -Faites au moins un essai, insiste Dominique. Vous vous y plairez, j'en suis sûre! -De toute manière, vous ne me verrez que rarement: Je suis très indépendante, vous savez!, ajoute-t'elle, comme pour mieux nous convaincre. Elles m'interrogent toutes trois du regard... Comme si je possédais la science infuse... Que voulez-vous que je répondes à cela? -Bien!, nous coupe soudainement Marcel, resté silencieux jusqu'ici. Vos histoires de famille sont bien jolies... Je suis réellement ravi d' avoir pu contribué à vos retrouvailles! Mais si vous le permettez, maintenant, j'aimerais rentrer chez moi! Je n'ai plus rien à faire ici! -Oh, mille excuses Marcel! Nous vous avions oublié, fait Coraline. Comment pourrons-nous un jour vous remercier, ajoute-t'elle. -Attendez d'avoir reçu mes honoraires!, fait Marcel, avec un clin d'oeil dans ma direction. -On verra ensuite si vous avez toujours envie de me remercier!, achève-t'il, avec un bon sourire. -Je vais vous reconduire: Venez!, fais-je. Coraline interrompt mon mouvement vers la porte... -Monsieur Marcel est bien assez grand que pour rentrer chez lui tout seul, non?, fait-elle, en le fixant d'un regard espiègle, un léger sourire aux lèvres. -Enfin, Cora! Tu oublies que la voiture de notre ami est restée au garage, à Braine... Nous n'allons quand même pas le laisser repartir à pied si loin, non? -Qui as dit: « A pied? », répond-elle. Il va rentrer chez lui en voiture! Dans une vraie voiture!, complète-t'elle. Pas de cette espèce d'épave qui traîne actuellement sur la piste des pompes à essences de ton garage. -Epave...Epave, bougonne un Marcel, vexé. -Tenez! Attrapez cela!, fait-elle, en lui lançant les clés de la Mercedes d' Hubert. Cadeau! Considérez ceci comme une sorte de... de prime à votre travail! -Non, non, Mademoiselle Coraline, je ne peux pas accepter!, dit Marcel, surpris, en les rattrapant au vol d'une seule main. C'est beaucoup trop, je... -Gardez-là, Marcel! Je vous assures: Cela me fait plaisir et cela me rend service! Je ne sais vraiment pas quoi en faire! Elle a servi journellement à... à cette crapule! La nausée me prend rien que de penser à son odeur... -Ou vous la gardez... Ou je vous jures que je vais la balancer moi-même dans l'un ou l'autre canal sitôt que vous aurez quitté cette maison!, continue-t'elle, utilisant ce ton sans réplique, directorial même, qu'elle utilise parfois avec les quelques -rares- fournisseurs trop entreprenants qui gravitent autour d'elle, quand elle est « Madame la directrice », à Palma de Majorque. -Ah cela! Ce serait bien dommage! Une si belle voiture! Elle n'a même pas deux ans, apparemment, dit Marcel. Merci! Merci beaucoup même... -Mais je vous en prie, Monsieur Marcel! Avec plaisir!, fait Caroline, qui sait être très vieille France quand elle le veut. -Je peux vous embrasser?, fait encore un Marcel avec un sourire d'une oreille à l'autre. -Hé là, hé là! N’exagérez pas, mon vieux!, fais-je, sourcils froncés. Une bise et c'est tout! -Jaloux, va!, me fait Cora, en éclatant de son rire clair que j'aime tant. Je raccompagnes Marcel jusqu'à sa « nouvelle » voiture... 5
Au moment où il s'installe, fier comme un paon, derrière le volant, je lui glisses: -Marcel... J'ai encore un service à te demander, fais-je, le tutoyant sans même m'en rendre compte.
-Chapitre 2-
Le mois de novembre deux mille neuf a été pour nous le mois de tous les changements! D'abord, nous avons acceptés l'offre de Dominique et emménagés dans la villa de l'avenue des Pruniers Bleus. A la grande joie de Caroline d'ailleurs, heureuse de retrouver habitudes et amies! Ensuite, Coraline a fait son choix. Entre ses hôtels et les anciennes industries de son père, elle a tranché: Elle garde les hôtels! Moi, après en avoir longtemps discuté avec elle, je me suis auto-promu Président-directeur-général de « de Jarvaux Industries »... J'ai longtemps hésité avant de prendre cette décision, parfaitement conscient des changements que cela allait apporter dans nos vies... Et puis, prendre la direction d'un tel mastodonte me faisait un peu peur, je l'avoues sans honte! D'un autre côté, puisque j'en suis de toutes manières le propriétaire...autant le diriger moi-même! Conséquences directes? Nos projets de mariage s'en trouvent repoussés à...??? Pour la même raison, je dois renoncer à mes garages... Je n'aurai vraiment plus le temps de m'en occuper!,songes-je, la mort dans l'âme. Qu'a cela ne tienne: Cédric et Jean-Marc en seront les patrons, désormais! Je les leur donnes...Pour rien! Par amitié! Je ne conserves que les bâtiments... Ils s'en sortiront très bien sans moi, j'en suis sûr! Autre énorme bouleversement dans notre (brève) vie commune à Cora et moi ? Caroline!!! Nous l'adorons, bien sûr: La question ne se pose même pas! Mais il y a comme un défaut: Personne ne nous a délivré de « mode d'emploi » avec elle! Si les autres parents ont le temps d' apprendre à connaître leurs enfants, nous, nous devons apprendre « sur le tas »! Nous prenons « le train en marche » et bien souvent...il va beaucoup trop vite pour nous, ce train! C'est pas évident-évident, quoiqu'on en dise, de se retrouver papa du jour au lendemain... même si on aspirait qu'à cela!
NDLR: Tu te rends bien compte de ce que je suis en train vivre, toi qui me lis? Il y a moins d' un an, j'étais un homme seul, désespéré d'avoir perdu son seul et véritable amour... Et patron de deux garages automobiles! Et soudainement, quasiment coup sur coup, je retrouves la femme que j' aime depuis si longtemps! Il me tombe du ciel une fille de treize ans (et demi! 'Pas oublier le « demi » car si Caroline lit ces lignes, cela va être « ma fête »! Et en Technicolor, encore!), j' habite dans une villa grande comme un château et je suis président -directeur-général d'une énorme entreprise... Tu conviendras avec moi qu'il faut « de la santé » pour encaisser tout cela ... si vite! Non? Bon! Où en étais-je? Ha oui! Je disais « Pas évident de se retrouver Papa du jour au lendemain ». Et papa d'une ado, en prime... (Ceux qui l'ont vécu me comprendront... Les autres, cela viendra! Faites-moi confiance!)
Ma future belle-mère, que je haïssais sans la connaître, au même titre que je haïssais son Hubert de mari, s'est révélée une personne complètement différente de ce que j'extrapolais. Débarrassée du joug de de Jarvaux, elle est aimable, sensible et attachante.... Nous sommes devenus très amis et nous nous tutoyons, désormais. 6
De plus, elle est pleine de bons conseils en ce qui concerne la manière de s'y prendre avec une ado! La cohabitation avec notre fille ce serait avérée beaucoup plus difficile sans elle!
Cela fait plusieurs jours maintenant, que -via les documents trouvés dans l'ancien bureau d'Hubert-j’apprends ce qu'est ma nouvelle entreprise! Je l'ai eue sur un coup de poker... et je ne sais rien de ses activités! Ce que j'en découvres me laisse pantois: « de Jarvaux Industries », comme je le pressentais confusément, n'est vraiment pas ce que l'on peut appeler une petite entreprise; loin de là! Je me demandes même comment j'ai pu l'acquérir pour un prix si ridiculement petit! Hubert devait faire une crise de folie furieuse quand il a bradé ses actions... C'est impossible autrement! Je n'ai même pas déboursé le quart de leurs valeur réelle... Petit résumé de l'état actuel de ma « boîte »... La multinationale « de Jarvaux Industries » comptent pas moins de six usines dispersées à travers le monde et dégage annuellement un chiffre d'affaire a donner le tournis à un Derviche tourneur lui-même. J'en suis l'actionnaire plus que largement majoritaire: Je peux donc dire que je possèdes en propre ou quasiment, six usines et que j'emploie un bon millier de personnes! Comment Hubert pouvait-il détenir tout cela? Mystère! J’ajoute à cela que, dans le paquet d'actions acheté se trouvait, en bonus, un nombre impressionnant de participation à plus de soixante pour cent dans une foule d'entreprises diverses dont j'ignorais jusqu'au nom même avant aujourd'hui! Une seule, dans le lot, a retenu mon attention: « Hollyday Travel »! Je suis le patron de Cora! Cela, c'est la meilleure, non? Pour résumer mes nouvelles activités, je dirai que « je » vends ou fabriques des vitres de voitures, des voitures, des tracteurs, des produits ménagers, de l'immobilier, de l'agro-alimentaire aux quatre coins du monde!... Et encore: J'en passes! Et des plus grosses! Cerise sur le gâteau, les bureaux de la direction générale de cet petit empire se situe à Boisfort, c'est à dire à moins de trente minutes en voiture de chez moi! Incroyable! Même pas besoin de me déplacer au loin pour contrôler l'ensemble... Une chose est certaine: J'ai risqué tout ce que j'avais sur un coup de dé... et j'ai réussi au-delà de toutes mes espérances! Au vu de ce que me rapportent déjà actuellement les dividendes divers de toutes ses boîtes, je suis riche comme Crésus! Et je ne vous parles même pas de mes émoluments de PDG! Mais, comme me l'a toujours dit mon père: L'argent n'est pas le tout dans la vie! Encore faut-il savoir l' utiliser avec sagesse! Pour ma part, j'ai pris la décision d'utiliser cette manne pour faire, dans la mesure du possible -et sans me faire « pigeonner » pour autant-, un maximum d'heureux autour de moi! Marcel, avec l' efficacité qui lui est coutumière, n'a mis que quinze jours à me fournir les renseignements demandés lorsque je l'ai raccompagné à sa voiture, la dernière fois que nous nous sommes vus. Pour connaître mon entreprise en profondeur, je n'ai plus qu'à étudier soigneusement le dossier épais comme deux annuaires téléphonique, qu'il vient de me remettre... Vraiment du beau boulot!,constatai-je, en en découvrant la première page: Tous mes employés , tant du siège social que de mes usines, y sont décrits par ordre alphabétique, avec âge, fonctions, hobbys, photos... Je m'y mets illico... Les jours à venir vont être longs, je le crains!
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Lors de notre installation dans la grande maison, comme je l'appelle, Dominique nous a laissé la totalité des meubles. -La conciergerie est complètement meublée, elle aussi!, a-t'elle décrété. Je n'ai rien besoin d' ici! Tout étant parfaitement à notre goût; nous n'avons rien changé de la décoration intérieure! Nous nous sommes simplement débarrassé de tout ce qui, de près ou de loin, pouvait nous rappeler Hubert, bien entendu! Caroline qui, mis à part la brève période où elle a vécu avec nous à Braine-l'Alleud, a toujours habité cette maison, a vite repris ses habitudes. Chaque jour, après l'école, elle batifole dans la piscine pour l'heure intérieure mais qui, dès les beaux jours venus, s'ouvrira -via l' épais mur de verre coulissant- pour ne plus faire qu'une avec sa partie extérieure. A quelques mètres d'elle, dans le salon, dont le sol surélevé d'une cinquantaine de centimètre permet une vue panoramique sur l'ensemble piscine et jardin, Coraline est confortablement installée dans l'un des canapés de cuir blanc. Elle observe sa fille, rêveuse et silencieuse... Comme elle est belle...Treize ans « et demi », déjà!,songe-t'elle,avec un sourire furtif.Presque une femme... Que je ne connais pas!Soit maudit pour cela à tout jamais, de Jarvaux d'Arbois!,pense-t'elle encore, vouant mentalement son père à tous les feux de l'enfer. (Si toutefois il existe! L'enfer; pas son père!) ) Dire que, sans ce sale type, Pierre et moi serions mariés... Nous aurions pu profité de notre fille dès le début de sa vie, comme tous les parents du monde... Au lieu de cela, nous commençons avec plus de treize ans de retard... C'est la voix de la jeune fille qui la tire des pensées où elle est plongée... -Maman! Maman? Hou, hou!? T'es avec moi? Redescend sur terre!, dit-elle, en riant. Maman!Coraline savoure benoîtement chaque syllabe de ce mot d'apparence si banal:Maman! Toutes ces années où j' ai rêvé, espéré, de toute mes forces, de toute mon âme, chaque nuit, qu'un jour viendrait où ma fille, bien vivante, m'appellerait « maman »! -Que fais-tu?, reprend-elle, les yeux fixés sur elle et les coudes posés sur le rebord carrelé de marbre blanc strié de rose de la piscine. -Rien, ma chérie... Rien! Je t'admires, c'est tout! -Nous resterons toujours ensembles maintenant?, continue-t'elle, avec une moue interrogative. -Bien sûr, ma puce!, la rassure Cora. Maintenant que je t'ai... Je ne laisserai plus jamais personne se mettre entre nous! -Plus jamais!, répète-t'elle, avec une détermination féroce dans la voix.Et pourtant,pense-t'elle, en même temps.Un jour viendra où je serai bien obligée de te laisser vivre ta vie... -C'est bizarre, maman! Malgré tout ce que grand-père m'a raconté... Je n'ai jamais pu le croire tout-à-fait! -J'ai souvent rêvé que j'avais une maman quelque part... Une maman qui viendrait un jour me chercher, continue-t'elle. Et moi donc, mon bébé! Si tu savais le nombre de fois où j'ai rêvé que je te serrais dans mes bras... Coraline se lève et s'en va s'asseoir sur la margelle, les pieds dans l'eau... Face à elle, Caroline, les mains posées sur les genoux de sa maman, se laisse flotter mollement dans l'eau tiède du bassin.... Elles demeurent dans cette position longtemps, longtemps... Sans parler. Rien qu'à se regarder, les yeux dans les yeux... Un épais fleuve d'amour, quasi palpable, coule de ces regards jetés l'une vers l'autre... L'autre vers l'une... Soudain, cette quiétude... Ce cocon de pur bonheur éclate! Comme une fragile bulle de savon! Caroline lui a posé une question: Une seule! 8
-Pourquoi m'as-tu abandonnée, maman? Coraline a frémi... Ses yeux se remplissent de larmes... -C'est une longue... Une très longue histoire, ma chérie! Mais soit sûre d'une chose: Jamais, tu m'entends, JAMAIS je ne t'ai abandonnée, lui répond-elle, la voix pleine de sanglots. -Sort de l'eau!, reprend-elle, doucement. Va te sécher... Je vais te la raconter, si tu veux... -Je vais passer des vêtements secs et je reviens!, répond la petite. -Pourquoi mets-tu un maillot pour nager, ma chérie? Caroline la regarde, les yeux ronds... -Mais... Parce-que c'est comme cela que l'on nage d'habitude, non? Je ne vais pas nager toute nue, quand même? -Ah?, fait simplement Coraline. -Parce-que toi, tu nagerai... sans rien sur toi, peut-être!?, fait-elle, intriguée. Coraline ne répond pas: Elle couve sa fille d'un regard empli d'une tendresse infinie. -Va t'habiller, finit-elle par dire, enfin. Je t'attends. Il ne faut guère plus de cinq minutes à la jeune fille pour monter dans sa chambre, se changer et redescendre dans le grand salon. Elle s'est vêtue d'un jeans bleu, presque noir, de baskets de la même couleur et d'un chemisier chamarré, dont elle a noué à la hâte les deux pans ,juste entre le nombril et les seins qui, malgré -ou à cause de- ses treize ans « et demi », tendent déjà le tissu. Coraline se ré-installe confortablement dans l'angle du canapé, tandis que Caroline s'y couche et pose la tête sur les genoux de sa maman. -Comme c'est bon, maman!, fait-elle, soupirant d'aise. J'ai toujours eu envie de faire cela... -Que veux-tu savoir, au juste, mon bébé?, fait Coraline en fixant tendrement sa fille. -Tout!, dit l'adolescente. Je ne sais rien! Juste ce que Monsieur Marcel a dit chez papa, quand on s'est vus la première fois... C'est quoi « Villa Mouna »? Pourquoi tu as disparu toutes ces années? Pourquoi grand-père m'a raconté que tu étais morte et que papa était si méchant? -Villa Luna, mon chaton. Pas Mouna! Cela a été... ma prison, durant quelques temps!, dit Cora, sa main caressant doucement l' abondante chevelure de sa fille. -Prison? Tu as été en prison? Pourquoi? -Mais non, je n'ai pas été en prison! Je... J'y ai été retenue prisonnière; ce n'est pas la même chose! -C'est ce... Cet espèce de..., continue Cora, ne trouvant pas de mot assez forts que pour exprimer les sentiments que lui inspire Hubert. La sonnerie du téléphone portable, posé devant elle, sur la table basse du salon, l'interrompt. Elle décroche, en jetant un rapide coup d'œil sur le numéro affiché à l'écran et lance dans le combiné, d'une voix professionnelle que Caroline ne lui connais pas. -Coraline De Jare, j'écoute! Elle continue, en espagnol: -Si, Maria-Luisa? I pasalo yo! (Oui, Maria-Luisa? Passez-le moi!) Puis, sans transition ni effort apparent, de manière parfaitement naturelle, elle continue en allemand, cette fois. -Daß kann ich für Sie, Herren? -Ja, ich werde für Mallorca in einer Woche sein, fast. Wir werden das zusammen sehen, dann. -Ja! Bis bald, danke. (Que puis-je pour vous, Monsieur? Oui, je serai à Mallorca dans une dizaine de jours. Nous verrons cela ensemble. Oui! A bientôt.) Caroline est sidérée... -Tu... Tu parles plusieurs langues?, fait-elle, les yeux ronds. -Quelques-unes, seulement!, lui répond sa maman en souriant. L'anglais, l'allemand et l'espagnol! Les autres, je n'en ai que quelques notions! Dans mon métier, c'est indispensable!, termine-t'elle. -Ton... métier? Tu travailles? Tu ne travailles pas avec papa? 9
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