Debout près de la mer
294 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Debout près de la mer , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
294 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Un homme au temps compté écrit à son fils. L'imaginaire de l'océan baigne ici le dur rêve américain. Amours, passions et ambitions sont confrontées à la mort : celle d'une enfant, d'une épouse et celle proche du scripteur qui interroge Augustin, la Bible, Dickinson. Où aboutissent ces cañons de New York et ces chemins d'enfance et de mer enfin retrouvés ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2009
Nombre de lectures 180
EAN13 9782296206335
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0142€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Daniel Cohen éditeur
www.editionsorizons.com
Littératures , une collection dirigée par Daniel Cohen Littératures est une collection ouverte, tout entière, à l’écrire , quelle qu’en soit la forme : roman, récit, nouvelles, autofiction, journal ; démarche éditoriale aussi vieille que l’édition elle-même. S’il est difficile de blâmer les ténors de celle-ci d’avoir eu le goût des genres qui lui ont rallié un large public, il reste que prescripteurs ici, concepteurs de la forme romanesque là, comptables de ces prescriptions et de ces conceptions ailleurs, ont, jusqu’à un degré critique, asséché le vivier des talents. L’approche de Littératures , chez Orizons, est simple — il eût été vain de l’indiquer en d’autres temps — : publier des auteurs que leur force personnelle, leur attachement aux formes multiples du littéraire, ont conduits au désir de faire partager leur expérience intérieure. Du texte dépouillé à l’écrit porté par le souffle de l’aventure mentale et physique, nous vénérons, entre tous les critères supposant déterminer l’œuvre littéraire, le style.
Flaubert écrivant : « J’estime par-dessus tout d’abord le style, et ensuite le vrai », il savait avoir raison contre tous les dépérissements. Nous en faisons notre credo. D.C.
9782296063686
© Orizons, chez L’Harmattan, Paris, 2009
Sommaire
Page de Copyright DANS LA MÊME COLLECTION Page de titre Du même auteur
DANS LA MÊME COLLECTION
Farid ADAFER, Jugement dernier , 2008
Bertrand du CHAMBON, Loin de Vārānasī , 2008
Odette DAVID, Le Maître-Mot , 2008
Jacqueline DE CLERCQ, Le Dit d’Ariane , 2008
Toufic EL-KHOURY, Beyrouth pantomime , 2008
Maurice ELIA, Dernier tango à Beyrouth , 2008
Pierre FRÉHA, La conquête de l’oued , 2008
Gérard GANTET, Les hauts cris , 2008
Gérard GLATT, Comme une poupée dans un fauteuil , 2008
Henri HEINEMANN, L’Éternité pliée , Journal, édition intégrale.
Gérard LAPLACE, La Pierre à boire , 2008
Lucette MOULINE, Faux et usage de faux , 2009
Anne MOUNIC, Quand on a marché plusieurs années... , 2008
Enza PALAMARA, Rassembler les traits épars , 2008
Debout près de la mer

Antoine De Vial
Du même auteur
Ricercari , Saint-Germain-des-Prés, 1971
Resplendir , Chambelland, 1974
Graffitis pour les murs de demain , édition bilingue, traduction anglaise de Louis Olivier ; Le Pont de l’Épée, 1976 (10 ex. ornés d’une encre originale de Jacques Barbier)
Oasis New York , édition bilingue, traduction en anglais américain de Louis Olivier, Ed. Chambelland, 1976
La fête à Caïn , édition bilingue, traduction espagnole de A.M. Diaz et F. Moreno, Le Pont de l’Épée, 1978
L’Oiseau-Dieu , Le Pont de l’Épée, 1981
Les fenêtres , Pont sous l’Eau, 1990 (10 ex. ornés d’une encre originale de Jacques Germain)
Le Cantique des créatures , traduit de l’ombrien, gouaches de Jacques Germain, Barbier/Beltz, 1990
O America , Intertextes/Barbier-Beltz, 1991, couverture de Jean-Pierre Pincemin
Les brisants du Nebraska , CG 3/ Kenneth White, 1993 et le « Temps stratégique, Genève, 1994
M , in-folio, dessins originaux de Jean Hucleux, Barbier-Chambelland, 1996.
Versant Nord , L’Harmattan, 1997, eaux-fortes de Gilles Alfera
Les Graffitis , L’Harmattan, 1999 (2001 graffitis, avec index et illustrations typographiques de Gilles Alfera)
Les chambres de la lune , récit d’une enfance américaine, L’Harmattan, 2001
Oasis New York , édition bilingue traduite par Louis A. Olivier en anglais américain, L’Harmattan, 2004
NY 9/11 911 , une méditation sur le onze septembre à New York, édition bilingue, traduction en anglais américain de Louis A. Olivier, L’Harmattan, 2007
Prendre corps ou l’envers des mots , haïkus, L’Harmattan, 2007
Ce que l’on entend par probité dans le cas du romancier, c’est la conviction qu’il vous inspire que sa fiction est la vérité…
Une lumière intérieure nous permet de juger s’il est, ou non, honnête.
Virginia Woolf, Une chambre à soi
Hatteras, jeudi 2 octobre 1980
Cher Ben,
Je te regardais jouer ce matin sous la table d e la cuisine avec le chien. Ce manuscrit te sera remis par Nicolas Cumberford, en main propre, le jour de tes trente ans.
Je voulais prolonger avec toi — devenu adulte – nos échanges d’aujourd’hui. J’aurais donné cher pour trouver dans les archives de notre pêcherie une trace de mon père. J’avais remué des lettres d’affaires, parcouru des colonnes de chiffres et des rôles d’équipage. Rien, rien, sinon une note griffonnée sur un bordereau : « Merci au vent du nord, au vent de notre famille ». Pouvais-je attendre mieux ? Sang rouge ? Les gens de mer s’exprimaient par l’action. Sang bleu ? Tu le tenais de ta mère.
Devenu pêcheur de mots, je voulais te raconter l’histoire de ces hommes taciturnes dont tu descends. Comment exprimer ma gratitude au vent du nord, propice le jour aux poissons, aux étoiles, la nuit ?
J’étais sorti le remercier ! Il coupait la respiration, ce vent de notre famille, ce souffle de notre bonheur à la pêche. Il avait aidé les miens à survivre et moi, sous ses auspices, je m’apprêtais à prendre le large à bord de ce journal, ma seule chance de pouvoir te joindre, te rejoindre.
J’étais le premier Shackleford à n’avoir pas été marin pêcheur ; j’ai traîné le secret de cette trahison, ma vie durant, sans parvenir à m’éloigner de l’Atlantique, que je continuais à saluer depuis ma tour, à New York.
Te souviendras-tu d’une histoire de naufrage qui avait exaspéré la logique de tes sept ans ? Nous marchions sur les dunes de Nag’s Head.
— Ben, tu es à bord d’un navire en train de couler, que vas-tu emporter dans le canot de sauvetage ?
Ta réponse avait fusé :
– Le chien !
Puis tu avais ajouté, avec un sourire en coin :
– Mais toi aussi, Daddy, avec maman !
Daisy était morte depuis trois ans. Alors, après un silence, tu m’avais renvoyé la balle :
– Et toi, Daddy ?
– Moi ? J’emporterais… le navire !
– C’est impossible et c’est idiot, idiot ! avais-tu hurlé.
Le sable crépitait, nous foulions la crête, nous protégeant les yeux. Tu t’apprêtais à dévaler la pente et tu criais de joie. Était-ce plus inepte, pensais-je, que d’emmener une mère disparue et un père malade ? Comment aurais-je pu te faire porter le poids de mon désarroi, toi, mon « canot de sauvetage » ? J’entendais le médecin me dire : « Puisque vous insistez, voici mon estimation : il vous reste entre six mois et un an à vivre ». Un an ? Je n’y arriverai pas ! Je dégringolais la dune du Diable, suffoquant sous les rafales. Tu volais loin, à mi-pente, les bras en croix.
Cet après-midi-là, entouré de mouettes, j’avais décidé de rassembler pour toi une histoire des Shackleford où je parviendrais à insérer la mienne; je dominais une mer blanche d’écume, où les miens, natifs du pays de Galles, avaient touché le fond il y avait plus de trois cents ans, quand leur navire, le San Francis, s’était brisé sur les Diamond Shoals.
J’avais ressenti l’urgence de dissiper l’équivoque de ma réussite à New York et même celle de mon mariage dans une famille de l’aristocratie du Sud. N’étais-je pas resté un homme de ces parages et rien de plus ?
Aujourd’hui, j’abordais moi-même cette côte en naufragé, venant t’apporter ici une sorte de vaisseau pareil à ces ex-voto suspendus dans les chapelles de ports en Nouvelle-Angleterre…
Il me restait à exprimer l’essentiel de mon propos : sans vouloir me lancer dans un plaidoyer, parviendrais-je à mûrir l’expression du plus terrible des aveux ?
J’avais noté la manière dont tu m’observais depuis notre retour sur les Outer Banks. Cette attention m’encourageait à tenter ce « rendez-vous » que j’avais repoussé à 2003, l’année de tes trente ans, tant je redoutais ton verdict, en espérant de toi un jugement empreint de tendresse.
Ton père, Andy

Vendredi 3 octobre 1980
Quand j’étais enfant, Hatteras formait dans la mer un cordon de sable sans pont pour le relier

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents