Heureux comme un Finlandais en France
373 pages
Français

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Heureux comme un Finlandais en France , livre ebook

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Description


Dieu n'est plus français ! La locomotive de l'entreprise européenne a perdu sa part d'éternité en devenant un wagon dans le train de la mondialisation. La crise identitaire de la France n'est pourtant que partielle. Ce pays recèle toujours des dimensions menacées ou oubliées de toute l'humanité, et avec la défense de son « exception culturelle », elle protège toutes les cultures minoritaires en face de l'uniformisation. C'est ce qu'affirme dans ce livre le Finlandais Tarmo Kunnas, qui fut professeur à la Sorbonne-Paris III et le premier directeur du Centre culturel finlandais à Paris. Fin connaisseur de la France, qu'il traverse régulièrement à bicyclette en étudiant son mode de vie et sa gastronomie, il se sent heureux dans ce pays comme, selon le vieux dicton, Dieu en son temps.

La tradition méridionale sait cacher des profondeurs sous des apparences de légèreté et peut donner une leçon de joie de vivre aux Nordiques. Ces deux traditions complémentaires ont néanmoins des affinités secrètes : la défiance de l'artifice et le courage en face de l'existence. Et les gens du pays de Tartarin de Tarascon peuvent être aussi tenaces et disciplinés que les luthériens du Nord !

Cette confession d'amour, non dénuée d'esprit critique, nous aide à dépasser les idées reçues. C'est un réel bonheur, pour nous, de lire une telle bienveillance sur notre pays et sur nous-mêmes.



Très attaché à l'esprit européen à travers ses différentes langues et cultures, spécialiste finlandais de Nietzsche et de Heidegger, Tarmo Kunnas a longtemps fréquenté les milieux artistiques, universitaires et politiques français. Aujourd'hui, le professeur Kunnas joue un rôle important dans la vie culturelle de son pays.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 30
EAN13 9782876231634
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0126€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

_Tarmo Kunnas Heureux _Federico Galantini cNomapmoleéoun&FiSnlaznadnaeis enFrance Les origines italiennes des Bonaparte Témoignage traduit du finnois par Léa de Chalvron et Paul Parent, Préfacé et traduit de l’italien avec la collaboration d’Anne Papart par Bertrand Levergeois
Histoire
MICHEL DEMAULE
HEUREUX COMME UNFINLANDAIS ENFRANCE
Tarmo Kunnas
HEUREUX COMME UN FINLANDAIS ENFRANCE
Témoignage traduit du finnois par Léa de Chalvron et Paul Parent
MICHEL DEMAULE
Nous remercions le Centre de Promotion de la Littérature finlandaise (FINLI) pour son aide à la traduction.
Conception graphique : CHRISIMPENS ET LES3TSTUDIO
Couverture (DR.)
© ÉDITIONSMICHEL DEMAULE, 2006 41,RUE DERICHELIEU– 75001 PARIS.
Je suis arrivé en France pour la première fois le 3 juin 1963 tôt le matin. La locomotive à vapeur avait traversé la fron-tière, franchissant le pont du Rhin de Kehl à Strasbourg. À cette époque, dans l’esprit de nombreux Finlandais, l’Allemagne était considérée comme un pays au moins aussi positif que la France. Quelques mois auparavant, j’avais néan-moins entendu un vieil Allemand d’Helsinki crier, très excité, dans le café de Primula «! Die Suppe istDie Suppe ist verbrannt verbrannt !» (La soupe est brûlée !) Ce n’était pas seulement un commentaire spécifiquement allemand, mais la tradition de toute une époque. Dans cette exclamation, il y avait tout le sens hiérarchique, l’autorité, le sentiment intransigeant du devoir et le manque de retenue du parvenu. Le jeune Finlandais avait bu son café côté allemand à Kehl. Dans ce café, dès le matin, le patron gueulait dans la cuisine contre son personnel et sa voix retentissait jusque dans la salle. Les Allemands étaient-ils trop habitués à la voix forte de leur «Führer» ? En raison de cet épisode, Strasbourg en comparaison don-nait au voyageur une impression d’amabilité. La ville avait mieux supporté le purgatoire de la guerre que Kehl.
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Pour un jeune homme de cette époque, voyager et se déplacer en pays étranger était une expérience différente de ce qu’elle peut être aujourd’hui. Car c’était quelque chose de nouveau pour tout le monde. À l’aide d’un moyen de trans-port beaucoup plus lent que l’avion, l’âme des gens avait aussi le temps de faire le voyage. Je dévorais des yeux les paysages, les constructions, les monuments historiques, les panneaux, les habitudes, les gens… Pendant l’hiver, tout en étudiant, j’avais gagné un peu d’argent en donnant des cours de langue. J’avais réservé une chambre modeste en pension complète dans un château de la vallée du Rhône. Mon but était de me consacrer pleine-ment à l’étude du français sur place pendant trois mois. Le « château » s’avéra être vieux, de pierres certes, en fait une vieille bicoque dans un petit village au nom d’ailleurs amusant de Saint-Pierre-du-Bœuf, à environ quarante kilo-mètres au sud de Lyon. La maison était dirigée par une institutrice à la retraite autoritaire qui était devenue sourde. En me voyant, elle avait été étonnée que je ne sois pas jaune de peau. C’était ce que disait une vieille encyclopédie française sur les Finlandais. Elle m’interdit d’entretenir de quelconques relations avec les autres habitants du village. Cette femme asociale avait mauvaise réputation et c’est la raison pour laquelle elle avait décidé depuis le début de m’isoler des voisins et d’éviter ainsi que des rumeurs déplaisantes la concernant ne parviennent jusqu’à mes oreilles. Elle réprouvait le fait que je me promène dans le village, un dictionnaire à la main. Elle con-sidérait que c’était un privilège réservé aux hommes d’Église, 1 à Monsieur le Curé . Comme cette vieille femme entendait à peine mes paroles, mon étude du français fut difficile. Même sans cette triste
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expérience, le français était une langue exotique et étrangère pour le jeune Finlandais que j’étais. Je m’étais rendu en France sans réels contacts ni recommandations. Je ne pouvais pas retourner en Finlande du jour au lendemain. J’étais plus ou moins dépendant du bon vouloir de cette femme. Sur le plan gastronomique, Saint-Pierre-du-Bœuf n’était pas au niveau des meilleures traditions de la région lyonnaise. L’hôtesse me servait de la soupe aux champignons dans laquelle flottaient des vers oubliés. J’avais l’impression d’être dans un château hanté tenu par une sorcière. La situation devint insupportable bien que se manifestât soudain un homme sympathique, mais légère-ment trop éméché pour un Français. C’était le mari de mon hôtesse, un homme âgé et soumis. Heureusement, j’avais avec moi le nom et l’adresse du vice-consul de Finlande en Normandie, Jean Gruneberg. Je les avais obtenus en cherchant une pension de famille en France. Aussitôt arrivé dans le château, je lui avais écrit au sujet de ma situation désespérée. Mais, je n’eus pas la patience d’attendre sa réponse et je décidai d’aller tenter ma chance en Normandie. Là, se trouvait mon seul « contact » français. En réalité, il était encore moins que cela. Je fis mes valises, payai les quatre jours de pension, enfin j’étais libre. Le « chef de gare » du modeste arrêt de Saint-Pierre-du-Bœuf me reçut amicalement. Il avait l’air d’être au fait de ma situation. Il me dit avoir entendu dire quelque chose au sujet de mon hôtesse. Après avoir ensemble constaté que les trains circulaient très rarement dans ce petit village et que j’avais devant moi une attente de plusieurs heures, le chef de gare m’invita chez lui pour attendre l’arrivée du prochain train régional. De Lyon, je pourrais alors rejoindre Paris, puis « débarquer » en Normandie.
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Le chef de gare affable me parla notamment de la résis-tance en France et se souvint que les Finlandais aussi avaient chassé les Allemands de leur pays. Il dit l’avoir vu également dans un film. J’en déduisis qu’il avait dû s’agir d’un film sur les activités de résistance en Norvège. À cette époque, on pouvait classer sans ambiguïté les Français en bons et méchants suivant la manière dont ils s’étaient comportés pen-dant l’Occupation – s’ils avaient été du côté des Allemands ou contre eux. À la gare de Lyon et dans les environs, toutes les agences de change étaient fermées le samedi soir et l’euro ne ferait son entrée que bien plus tard. Lorsque je continuai mon voyage le lendemain matin après avoir passé la nuit dans un hôtel mo-deste, je payai mon billet Lyon-Paris dans le train avec des devises suédoises, danoises et allemandes, le contrôleur généreux acceptant la devise des « Nations européennes ». J’arrivai ensuite pour la première fois à Paris sans deviner qu’un jour je deviendrai Parisien. Pour un jeune garçon de vingt ans originaire de Tampere, Paris était effrayamment grand et presque étouffant. Comme en plus je voulais que mes affaires soient résolues le plus vite possible, je continuai aussitôt mon voyage vers Caen où résidait le vice-consul Gruneberg. Une fois arrivé tard dans la soirée ce même dimanche à la gare de Caen, j’appelai le vice-consul Gruneberg que je parvins à avoir au bout du fil. Il n’avait pas encore reçu ma lettre mais promit cependant de venir à la gare pour voir le jeune Finlandais. Le vice-consul comprit rapidement que je n’avais pas besoin d’un transport consulaire mais d’une pen-sion de famille modeste en Normandie. Pendant tout le tra-jet en train, je m’étais préparé à raconter mon histoire en français, en étudiant attentivement le dictionnaire : « maison
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