Histoire de grosses bêtes et petits gibiers
210 pages
Français

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Histoire de grosses bêtes et petits gibiers , livre ebook

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Description

« Ce matin là, j’approchais courbé dans un fossé un pied-rouge que j’entendais rappeler tout près. Dés qu’il sifflait, je lui répondais. Nous conversions ainsi dans un langage qui me confortait dans mon savoir-faire… Lorsque j'estimais être à bonne distance, je me redressais brusquement, prêt à tirer. La grande, l’énorme surprise, c’est que mon pied-rouge, et bien c’était un chasseur, qui, comme moi, imaginait avoir affaire à un gambette. Médusés, ce chasseur et moi nous nous sommes regardés, et devant le comique de la situation, nous sommes partis ensemble dans un grand éclat de rire. Après, nous nous sommes reconnus. De là, on s’est serré la main, puis nous avons fumé une cigarette tout en devisant de notre passion… » Au-delà de la chasse, la galerie de portraits. Dans les récits d‘Alain Philippe, nous retrouvons une France passionnante, pleine de ferveur, amusante d’anecdotes à travers les comportements des chasseurs, de leurs invités et de parfois d’accompagnatrices. Comédie des mœurs, comédie des âmes, c’est un peu tout cela qui s’anime sous sa plume enjouée et chacun y retrouvera à travers les pages qui suivent un parfum connu, celui d’une chasse d’amis où nous prenons le temps des choses et des paroles, même les plus crues, car nous demeurons avant tout profondément humains. En réunissant tout cela, Alain réalise des fresques vivantes qui s’animent sous nos yeux ébahis.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2015
Nombre de lectures 64
EAN13 9782365752640
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Alain Philippe


Histoire de grosses bêtes et de petits gibiers










Préface


C’est un crépuscule de septembre… Sur une petite route communale reliant Saint-Viâtre à La Ferté-Imbault dans le Loir-et-Cher, le véhicule bifurque à gauche et s’engage sur une piste entre deux allées de bouleaux. Nous sommes en pleine Sologne des étangs, le must absolu pour ceux qui apprécient la passée aux canards. La puissance invitante me demande de prendre une cinquantaine de cartouches, le fusil et de l’accompagner en bordure d’un petit massif de carex et de genêts. Là, les pieds dans l’eau, il m’indique les cieux fauves et mauves : « Voilà une belle passée qui s’annonce ! » Tout souriant, il s’éclipse me laissant à ce moment de poésie, vite rythmé par les vols sifflants de canards, ponctués de nos coups de fusils. Une petite heure suffit. Plus une cartouche en ma possession. Mon compagnon de chasse siffle la fin de la danse et part avec son épagneul breton, accompagné d’un griffon korthals appartenant à Philippe, un ami venu en appui, à la recherche des oiseaux vendangés dans le ciel. Pour ma part, cinquante cartouches tirées et… zéro canard ! Mon invitant a aussi tiré une cinquantaine de cartouches pour quarante-sept pièces récupérées… Assommé par l’ampleur de mon désastre, je félicite ce chasseur qui me répond doucement : « Oh, j’ai eu de la chance ! » C’est ainsi que j’ai découvert Alain Philippe, l’humilité badine et le fusil leste, au bord d’un étang solognot. Depuis, nous ne nous sommes jamais quittés. À la chasse en pleine tempête de neige sur le plateau de l’Aubrac, dans les tirés de Sologne et surtout lors de joutes gastronomiques, il m’enseigne avec un plaisir non feint toutes les subtilités du chasseur rustique mais élégant qui brille en société sans utiliser une once de vantardise.

Tireur réputé, conteur enjoué et contempteur madré des travers cynégétiques, Alain ne lâche rien. Ainsi, en 2014, n’est-il pas le premier à annoncer dans son célèbre Almanach du chasseur quelques vérités sur la migration de retour des oies, provoquant un sacré b… dans l’univers cynégétique ! Eh oui, Alain vise toujours juste et au profit de la chasse française, ce qui l’amène à chroniquer régulièrement dans la Revue nationale de la chasse . Mais il demeure avant tout un chasseur de mots, un guetteur d’émotions. Vous allez découvrir dans cet ouvrage nombre d’histoires qu’il a vécues personnellement. Vous verrez combien notre pays a connu de vicissitudes dans l’art de la chasse et surtout combien nos territoires et la faune qu’ils accueillaient, ont formidablement évolué… souvent en mal.

Alain Philippe n’a pas son pareil pour restituer ces pastels de campagne, ces ambiances que nous aimons tant où l’odeur du chien mouillé le dispute à celle d’une cartouche douille carton de calibre ..16, fabriquée à Mondouzil en Haute-Garonne et tout juste tirée au cul d’un capucin qui vient de se faire bouler. Avec un art confondant, il ressuscite par exemple ces phrases si merveilleuses de Jean Castaing qui avait su transformer le dressage du chien d’arrêt en une passion poétique. Car le chien, chez Alain, c’est divin. Il est le centre du dispositif, au cœur de l’aventure, provoquant les fanfares, créant les circonstances. Pas un récit, une anecdote, sans un « fier-quat’pattes » au tempérament de feu ou au contraire braco dans l’âme. Que serait d’ailleurs la chasse sans le chien ?

Au-delà de la chasse, la galerie de portraits. Dans ces récits, nous retrouvons une France passionnante, pleine de ferveur, amusante d’anecdotes à travers les comportements des chasseurs, de leurs invités et, parfois, d’accompagnatrices. Comédie des mœurs, comédie des âmes, c’est un peu tout cela qui s’anime sous la plume enjouée d’Alain Philippe, et chacun y retrouvera à travers les pages qui suivent un parfum connu, celui d’une chasse d’amis où nous prenons le temps des choses et des paroles, même les plus crues car nous demeurons avant tout profondément humains. En réunissant tout cela, Alain réalise des fresques vivantes qui s’animent sous nos yeux ébahis.

Cet ouvrage va rejoindre la grande famille des livres de chasse. Et Dieu sait qu’elle est nombreuse depuis le célèbre Livre de chasse du comte de Foix, Gaston Phébus. Nombre de bibliophiles collectionnent dans leurs belles bibliothèques ces ouvrages remplis de récits où la nature se pare de mille lumières et résonne d’autant d’aventures. Ce recueil d’histoires d’Alain Philippe y mérite sa place, dans ce panthéon des auteurs cynégétiques. Pour ma part, devant la cheminée où un feu crépite, j’aime le sortir, feuilleter quelques pages pour tomber en arrêt sur un titre qui m’interpelle et ensuite en déguster la lecture avec un vieil armagnac de Thénarèze. À moins que ce ne soit un rhum tout aussi ambré de l’île Maurice.

Alain Philippe, dans sa Sologne aujourd’hui, chasse, écrit et cuisine en esthète. Sa vie elle-même est esthétique. Le soir, nous nous retrouvons à barder quelques bécasses avant de leur passer la ficelle. Son regard se perd un instant… Que voit-il ? un cerf chassé à courre en forêt d’Orléans ? un doublé de pilets réalisé au-dessus de sa hutte normande ? un beau ragot boulant au saut du layon ? une bécassine cueillie dans le zag du zig ? Il doit y avoir de tout cela. Alors, il revient à l’instant présent, l’œil malicieux et me dit : « Tiens Antoine, voilà une histoire qui m’est arrivée. Je te jure, elle est vraie… »

À Brion-sur-Sauldre, le 22 décembre 2014

Antoine Berton
Directeur de la rédaction et rédacteur en chef du Chasseur français , de la Revue Nationale de la Chasse, de Grand gibier




Un lièvre à la poursuite d’un renard – 1952


À partir de 1948, mes parents, s’imaginant que l’air de la campagne me serait préférable à celui de Boulogne, décident de me faire passer toutes mes vacances à Barisis, un village de l’Aisne qui a la particularité d’être entouré de forêts. Ils me confient à un couple âgé de paysans que je ne connais pas, dont la fille est une de leurs amies. J’arrive le même jour que Kidou, un petit chien blanc genre ratier de 3 mois qui porte la queue en trompette. Pendant ces longues années, Kidou, ce chien au caractère bien trempé, arrivera à combler le manque d’affection dont un enfant a besoin. Comme programme, j’ai mes matinées et mes après-midi de libres, ma seule contrainte étant de revenir à l’heure pour déjeuner et pour dîner. Je prends rapidement l’habitude de me promener, seul ou avec Kidou, dans la campagne et les bois environnants. L’année de mes neuf ans, en plein milieu de la forêt, je suis le spectateur d’une scène qui me paraît incompréhensible… J’entends une cavalcade se diriger vers moi. D’un pas, je m’immobilise au pied d’un arbre. Surpris, je découvre alors un renard lancé au grand galop qui passe devant moi, sans me voir. Quelques secondes plus tard, j’aperçois un énorme lièvre, lui aussi en pleine course, qui emprunte exactement le même parcours que mon renard. Imaginez un peu ma stupeur… Un lièvre en train de poursuivre un renard ! Je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir, quand un deuxième renard apparaît, lui, à la poursuite du lièvre… Il m’a fallu plusieurs années pour comprendre que le renard qui se trouvait en tête espérait intercepter le lièvre dans une de ses coulées, stratégie classique de ce prédateur.
Quelques temps plus tard, Kidou trouve dans un fossé un renard pris dans un piège à mâchoire, mort, semble-t-il, depuis plusieurs jours. Innocemment, je saisis le piège, mets le renard sur mon dos, et nous arrivons ainsi, tout fiers, dans la cour de la maison… Eh bien je peux vous assurer que même mort, un renard, ça fait beaucoup d’effets aux poules. En quelques secondes, c’est un sauve-qui-peut général dans la basse-cour. Poules et canards, affolés, sautent d’un bond par-dessus les grillages, pour disparaître en caquetant et en cancanant. Nous assistons à une vraie débandade ! Inutile de vous dire que ce jour-là, je me suis fait gentiment enguirlander…
Avec du recul, il semble évident que ce sont toutes ces années, où je n’ai eu d’autres loisirs que de parcourir les bois et les champs en compagnie d’un chien exceptionnellement intelligent et passionné, qui m’ont fait découvrir et aimer la nature.


Mon mystérieux ami le caniche… 1959


En 1958, je passe mes vacances du mois d’août chez mon oncle à Bessy-sur-Cure, un charmant petit village de l’Yonne. Mon activité principale est la pêche au lancer. La Cure était une magnifique rivière, très poissonneuse en carnassiers. C’est un vrai régal de partir au petit matin

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