J ai fait la une de Voici
202 pages
Français

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Description


Antoine Marsac a 35 ans. Journaliste et fils d'un avocat du tout-Paris, il travaille en dilettante pour un hebdomadaire d'info géné. Pour se distraire: roulette russe et boîtes de nuit. Un soir, sa route croise celle de la belle et rebelle Isabelle Richart. C'est le coup de foudre: Antoine se laisse entraîner dans la vie mouvementée de cette étoile montante du cinéma. Un quotidien de strass et de stress, rythmé par les excès de tout: sexe, drogues, caprices, mensonges, week-ends au bout du monde et nuits blanches dans un étrange manoir. Jusqu'au jour où, dépassé par cette existence violente et vide de sens, Antoine craque: c'est l'accident dans la piscine de la star. Les projecteurs se braquent alors sur lui: il fait la Une de Voici...


Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 49
EAN13 9782876232006
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0089€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

J’AI FAIT LAUNE DEVOICI
Anne Éveillard
J’AI FAIT LAUNE DEVOICI
roman
MICHEL DEMAULE
Du même auteur aux éditions Michel de Maule :
On m’attend ailleurs(2005).
Conception graphique : Chris Impens et les 3TSTUDIO
© ÉDITIONSMICHEL DEMAULE, 2006 41,RUE DERICHELIEU– 75001 PARIS.
CHAPITRE PREMIER
Roulette anglaise ou roulette russe ? Les deux. Aujourd’hui, j’ai joué et perdu aux deux. La roulette anglaise, c’était cette nuit, chez Stéphane. Accro au tapis vert, ce chef de pub dans un mensuel de mode, à la mode, organise régulièrement des soirées casino dans son loft de Belleville. Au pro-gramme : roulette, bien sûr, mais aussi poker, autre distraction pour laquelle j’ai l’habitude de laisser le montant de mes piges. Car je suis journaliste. Un peu dilettante, c’est vrai. Mais journaliste quand même. J’ai d’ailleurs réussi à obtenir une carte de presse. Carte de pêche pour certains, carte de fesses pour d’autres. Peu importe, la mienne a trouvé tout natu-rellement sa place dans mon portefeuille, juste à côté du numéro de téléphone de Fanny – utile, car tou-
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jours prête à faire la fête, le temps d’enfiler un panta-lon moulant noir et une paire d’escarpins à talons aiguilles –, de ma carte de fidélité au supermarché Champion, et du ticket de métro londonien avec lequel je me suis rendu à un concert des Cure. C’était à la fin des années 1980 : le père d’un copain m’avait obtenu unpasspour aller saluer Robert Smith en cou-lisses. J’étais très fier. Sauf qu’une fois devant la loge, je n’ai jamais osé frapper à la porte. Je me suis conten-té d’apercevoir la chevelure noir corbeau et hirsute de mon idole, de dos, quittant les vestiaires du Wembley Arena. Pauvre de moi. Quant à la roulette russe, c’était il y a une heure, chez Olga. Installée dans un deux pièces boulevard Murat, cette grande bringue aux yeux verts et à la tignasse rousse prétend voir l’avenir dans un jeu de cartes écornées qu’elle tient de sa grand-mère. Foutaise ? Pas tant que ça. Hommes d’affaires, chô-meurs, femmes ménopausées ou dépressives – voire les deux –, filles célibataires en quête du grand amour… Ils défilent tous chez elle. « Je ne peux jamais prendre de vacances », rabâche Olga. Parfois, la voyante ouvre aussi sa porte à des types un peu louches : « ils me font peur », m’a-t-elle confié un soir, attablée face à un verre de gin, dans un bar de nuit près des Champs-Élysées. Du coup, elle s’est équipée : sur les conseils d’un de ses amis flic, elle s’est procuré
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un Smith & Wesson d’un calibre 38 spécial. Une arme redoutable, qu’elle a l’habitude de déposer bien en vue, juste à côté de son lecteur de cartes de crédit. Tout à l’heure, j’ai profité d’un coup de téléphone urgent qu’elle devait passer pour m’approcher du jou-jou : j’en ai vidé la moitié du chargeur et approché le canon à la hauteur de ma tempe. Histoire de voir… Je venais de perdre près de 30 000 euros entre la roulette et le poker, et n’étant pas solvable, je cherchais un moyen d’éviter d’appeler ma maman au secours ! Alors, j’ai appuyé sur la détente. Mais rien ne s’est pro-duit. Ce n’était pas mon jour. Ce n’était pas un bon jour pour mourir. Rien d’étonnant : j’avais un bon horoscope ce matin, un peu après 9 heures, sur RTL. Olga est revenue dans le salon, où elle joue à Madame Irma ; elle a poussé un cri en me voyant l’arme à la main. « Tu es devenu fou ? — Non, pourquoi ? — Ne joue pas avec ça. C’est dangereux. — Arrête, on dirait ma mère… — Je ne plaisante pas. Cette arme est chargée. — Pas suffisamment, à mon goût… » Puis, j’ai quitté le deux pièces. Dépité. Sans un rond sur moi pour rentrer en métro. La ligne n° 10 est directe de Michel-Ange-Molitor jusqu’au Jardin des Plantes. Sauter par-dessus le tourniquet, sous le nez de
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l’agent de la RATP ? Ce n’est plus de mon âge. Je viens d’avoir 35 ans. Pour les statistiques, je ne suis plus vrai-ment un ado ; pour la police, je n’ai pas le profil d’un arnaqueur : la seule fois où j’ai volé une pomme chez un marchand de fruits et légumes, c’était aux Scouts ; la bouffe était dégueu et je n’avais rien mangé depuis 24 heures… Je suis donc rentré à pied jusqu’aux Arènes de Lutèce. D’habitude, je me déplace en « Spider » Alfa Roméo rouge. Dans sa version cabriolet, s’il vous plaît. Une voiture collector, année 1984, gagnée en pariant avec un dandy de grand chemin sur la victoire de Tornado, une pouliche pur-sang, au dernier Prix de Diane à Chantilly. Mondain, moi ? Pas vraiment. Je traîne, c’est tout. Là où les jeux de hasard ont droit de cité ; là où un événement peut m’inspirer un sujet pour « l’hebdo d’info géné », dans lequel j’ai parfois le droit d’apposer ma signature au bas d’un article ; là encore où je peux tremper mes lèvres dans une coupe de champagne ou un verre de scotch, entouré de jolies filles, sans pour autant être montré du doigt comme le dernier des dépravés. Mais plutôt comme un être hybride, à mi-chemin entre Thomas Fersen – pour la dégaine –, Christophe Miossec – pour le côté « je picole, je fume et j’assume » – et Tom Cruise vu par Brian de Palma, pour mon goût sans borne du risque.
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