L opprotunité de vivre
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L'opprotunité de vivre

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Description

Voici le premier chapitre de mon roman publié à Edilivre. Lisez le et dites moi ce que vous en pensez. C'est l'histoire vraie de ma vie et oui vrai et pourtant incroyable car je vais passer du statut d'ingénieur en entreprise à celui de squatter fréquentant les marginaux de notre monde. Je suis avide de critiques. Vous pouvez télécharger l'intégrale du livre sur www.edilivre.com

Informations

Publié par
Publié le 06 juin 2013
Nombre de lectures 59
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Chapitre 1 Je suis mort socialement. Le monde de l’entreprise m’a tué. Il m’a jeté comme un détritus. Et pourtant… Jamais, je ne me suis senti aussi heureux. Jamais, je n’ai ressenti autant l’envie de vivre. Je ne suis pas un marginal, encore moins un anarchiste. Je suis un anonyme, respectueux des règles. J’aurais préféré récolter le fruit de mon travail, avoir le sentiment d’être utile à la société, éviter les problèmes, simplement… Mais, on ne m’a pas donné le choix. Le monde a basculé en Juin 2006, lorsqu’on m’a retiré mon emploi. À ceux qui m’ont foutu dehors, je dis : Merci. À ceux qui ne m’ont pas fait confiance, je dis : Merci. À ceux qui m’ont méprisé, j’ai juste envie de dire : Merci. Tous m’ont offert l’opportunité de vivre. Ils m’ont propulsé vers de nouveaux horizons. Je ne regrette qu’une seule chose : Qu’ils ne l’aient pas fait avant. Je me sens enfin libre dans un monde où le pouvoir n’a plus son mot à dire. Je ne suis plus stressé, ni déprimé. Je suis devenu ce que je devais être. Le destin prend des chemins tortueux pour nous mener jusqu’à notre accomplissement. Tout a commencé par un CV impeccable. Ingénieur. 48 ans. Marié. Sans enfant. Signe particulier : Aucun. Ah si ! Un détail : A travaillé dans le service public pendant 19 ans, 19 ans de bons et loyaux services avant de me faire jeter comme un malpropre. Dure loi de la jungle, diront certains. On entend tellement de choses dans les médias. Les suicides… Les dépressions… La crise… À quarante ans passés, on est près du chômage de longue durée, de la précarité et puis de la marginalité. Tous ces messages subliminaux qu’on nous bombarde pour nous avertir… Attention à ne pas perdre votre travail ! Mieux vaudrait perdre sa vie, ce serait moins douloureux. C’est vrai, les risques n’ont jamais été aussi présents. Mais que sont les risques face à la réalité ? La réalité, c’est qu’il est peut-être temps de voir autrement. Comment pourrais-je regretter tous ces soirs, où, rentrant chez moi, je me sentais abattu parce que je n’étais pas arrivé à atteindre des objectifs inatteignables ? Le monde de l’entreprise est devenu absurde. Tout le monde le sait. Mais cela vaut mieux que de sombrer dans la déchéance.
Chacun s’accroche à ce qu’il a. La peur est devenue l’argument irréfutable. Ainsi, perdure le système jusqu’à sa perte. Je ne condamne personne. Moi aussi, je me suis accroché à ce que j’avais, sans savoir qu’il était possible de trouver une autre issue. Je n’avais pas le courage de prendre le risque de tout abandonner. 9 Il est difficile de sortir de la logique avec laquelle on vous a construit. Mais, un jour, j’ai eu la chance de ma vie: On m’a licencié. Il est beau ce mot : Licencié comme si c’était un diplôme qu’on vous remettait. Vous avez assez souffert dans l’entreprise, maintenant vous avez mérité d’être licencié. Bien sûr, au début, j’étais plongé dans le désespoir. Je suis même allé jusqu’à lancer quelques CV… Le verdict fut sans appel : « Monsieur, nous vous remercions de l’intérêt que vous nous portez. Nous avons examiné avec attention tous les éléments que vous nous avez communiqués. Malheureusement, nous ne pouvons donner une suite favorable à votre candidature dans la mesure où elle ne correspond pas exactement au profil du poste à pourvoir. » La logique de l’entreprise se poursuivait. Dans ces conditions, il était inutile de continuer. À quoi bon faire perdre leur temps aux chargés des ressources humaines ? Ma femme, ma famille, quelques collègues qui me restaient, ont tenté de me rassurer : – Avec ton diplôme, tu devrais retrouver rapidement des opportunités. Oui, j’ai une belle carte de visite : Ingénieur en Informatique et en Mathématiques Appliquées. L’inconvénient, c’est qu’elle date un peu : 1987. Je suis un senior, comme ils disent. 48 ans, je n’ai plus de rêve. Pourtant, je n’ai pas eu le temps de faire une vie. Après quelques mois où j’hésitais entre plonger dans la dépression ou les amphétamines, j’ai fini par me calmer. 10 Perdu pour perdu, après tout, le mieux était de partir. Tout quitter. Tout signifiait : Un pavillon en banlieue, une femme à qui je n’avais rien à dire, des factures impayées, des amis que je ne voyais jamais… L’image du clochard répugnant tendant la main dans le métro devenait une hypothèse très probable pour moi. J’avais un peu d’argent. De quoi me tenir en sursis quelques mois, quelques années peut-être… Et puis ? Là est la question. J’espérais inconsciemment que quelque chose veillerait audessus de moi.
Aux portes de l’inconnu, on devient croyant. Après tout, il y a tellement de choses que l’on ignore. Je ne me suis pas battu pour en sortir. Je me serais accroché si j’avais espéré encore un peu d’humanité. J’avais la manie de prendre des notes, au jour le jour. C’est un vieux réflexe quand plus personne ne s’intéresse à vous. Je les relis souvent. Elles sont comme des reliques nous rappelant ce que nous ne devons pas oublier si nous voulons rester humains. À chacun son évangile. Ci-joint, je vous livre les passages qui me semblent les plus représentatifs de mon évolution. Commençons par le premier jour de ma nouvelle vie. … Paris, 25 Juin 2007 J’ai trouvé une sépulture digne de mon enterrement : un hôtel location au mois. Avec l’argent qu’il me reste, je vais finir mes jours, ici. 11 Ce qui est bien à l’hôtel, c’est qu’on peut vraiment être rien. Je mange. Je bois. Je dors. Et c’est tout. Même le ménage n’est plus à faire. Parfois, le soir, je m’active un peu pour m’accouder au zinc d’un vieux bar en face de l’hôtel. C’est là, que je griffonne ces quelques lignes. Chacun détient un bout de vérité ! En face de moi, une misérable pochtronne me postillonne au visage. Il faut dire qu’ici, la population est des plus inclassables. Elle s’approche en titubant du collier. Elle lève son verre à je ne sais quelle victoire. Je lui réponds comme on le fait quand on est encore bien élevé. Oui, je fais partie des derniers spécimens qui ont encore un peu de considération pour leurs semblables. C’est peut-être pour cela que la vie s’est acharnée sur moi. Je suis trop sensible. Chacun pour soi, c’est la nature. Notre rôle, c’est d’être des prédateurs et rien d’autre. Pourquoi cette conscience au fond de nous qui nous torture ? Y aurait-il un bug dans le programme de l’évolution ? L’index bouffi de mon adipeuse voisine pointe dans ma direction comme pour m’avertir d’un je ne sais quoi. – Tant qu’on ne s’acceptera pas, le monde ne sortira pas du chaos. – C’est ça ma vieille ! T’en tiens une bonne. Et le pire, c’est que je lui souris. On attire toujours ce qui nous ressemble. Elle me regarde un peu étonnée que je lui aie répondu. Ça ne doit pas lui arriver souvent, la pauvre. Je continue à lui sourire comme si je voulais sympathiser. 12 L’effet est immédiat. Elle renchérit de plus belle : – Au lieu que chacun apporte sa pièce pour former l’ensemble,
chacun est persuadé que SA pièce EST l’ensemble. Il faudrait que j’abrège ce triste épisode avant qu’il ne dégénère, mais je n’en ai pas la force. – La vie est merveilleuse, fait-elle. Et moi, qui reste là sans rien faire… Elle m’agrippe de plus belle, comme si elle voulait imprégner son message dans ma chair : – Merveilleuse ! C’est toujours les plus misérables qui claironnent que la vie est merveilleuse. Comme s’ils n’en avaient pas eu assez… des coups dans la gueule. J’ai la vague impression qu’elle devine mes pensées : – J’ai soixante-huit ans, Monsieur, soixante-huit ans de bonheur sur cette planète ! Mon cerveau semble avoir marqué une pause. Il est incapable de réagir face à cet engorgement d’absurdité. Heureusement, elle quitte le bar d’un pas fier et titubant. Je regarde disparaître ce fantôme venu apporter son message aux vivants. Cet épisode m’a profondément marqué. N’est-ce pas l’ultime cauchemar qui nous terrorise tous ? Arriver au terme de sa vie sans aucune autre perspective que de boire encore plus ? N’avoir rien construit. Ni famille, ni projet ? Voir le mépris dans le regard de tous ceux que vous croisez ? Sans plus attendre, j’avale le fond de mon verre, je jette quelques pièces sur le comptoir et je retourne me réfugier dans ma chambre à l’abri du monde toxique.
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