Les Ombres du palais
141 pages
Français

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Description

Quelle surprise pour Alice d'être l'unique héritière d'une riche Vénitienne… qui lui lègue un magnifique palais du XIVe siècle ! Tombée sous le charme de cette demeure au coeur de la Sérénissime, la jeune romancière ne voit malheureusement d'autre solution que de la vendre. Pourtant, lorsqu'elle découvre l'infidélité de son mari, sa décision est prise : elle veut divorcer et vivre à Venise. Encouragée par Fabio Lombardi, médecin italien dont le charme l'a immédiatement séduite, elle rêve de redonner vie à son palais… qui recèle bien des secrets : une légende prétend qu'il serait hanté. Ses investigations vont la mener sur les traces de son aïeule, Alicia Cenatiempo, une femme à la destinée incroyable et tragique.


Biographe et journaliste d’architecture et de décoration intérieure, Karine Lebert est une passionnée. Ses héroïnes sont à son image et c’est grâce à l’écriture qu’elle sait redonner aux femmes une place prépondérante dans l’Histoire. Avec Les Ombres du palais, elle signe son second roman dans la collection terres de femmes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 398
EAN13 9782812913655
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait
La maison de la lagune

Venise, 1348


La demeure donnait sur la ruelle, fermée par un portail en chêne avec toutes les précautions d’usage ; de l’autre côté, elle se dressait face au canal à l’eau fangeuse, traversé par les multiples embarcations ; un jardin boisé, cerné de hauts murs de brique crénelés, la protégeait des regards. Si le palais ressemblait à une forteresse ou à un havre de paix au sein du tumulte de la ville, ce n’était en fait qu’une illusion : une grande famille y habitait, entourée d’une non moins nombreuse domesticité ; en plus d’y vivre, on travaillait dans cette vaste bâtisse qui servait également d’entrepôt pour les denrées attendant d’être réexpédiées par voie de mer. La vie fourmillante de l’extérieur se calmait certes un peu quand on pénétrait dans le vestibule d’où s’envolait un monumental escalier en direction des étages où logeaient les Cenatiempo, mais elle ne cessait jamais tout à fait, sauf au cœur de la nuit. Le père d’Alicia, Amedeo, y exerçait son pouvoir sur une moisson d’employés et de fournisseurs, pendant que son épouse, Bianca, se faisait un devoir de surveiller le personnel qui logeait dans des chambres en soupente.


La fillette grimpa les marches en courant, le souffle haletant. Elle y croisa plusieurs servantes qui réprimèrent un sourire en la voyant se conduire avec tant d’empressement, ce qui caractérisait bien la seule fille de la maison, élevée au milieu de cinq frères chahuteurs. Alicia déboula dans le salon où Bianca brodait, installée face à une haute fenêtre à arc en plein cintre pour profiter au maximum de la lumière en ce froid après-midi de janvier. Aussitôt qu’elle aperçut sa mère, Alicia contraignit son corps à davantage de modération, bien qu’elle brûlât de se précipiter vers elle pour lui annoncer la nouvelle ; elle savait que Bianca Cenatiempo n’appréciait pas son attitude extravertie, même si son jeune âge lui autorisait encore certaines libertés.

Bianca laissa tomber son ouvrage sur ses genoux et considéra Alicia d’un air sévère, non exempt d’une pointe d’amusement. En dépit de ses grossesses, c’était une femme qui avait su conserver un corps ferme et un visage à la peau lisse, encadré par une chevelure qu’elle teignait en blond grâce à une préparation à base d’alun, de miel et d’un peu de soufre. De même, elle n’hésitait pas à user d’artifices pour embellir ses traits ; comme toute Vénitienne, elle était soucieuse de son apparence.

D’un pas lent, Alicia s’avança vers sa mère, scrutant son expression pour deviner son état d’esprit ; c’est qu’elle avait quelque chose d’important à lui demander, une requête à lui soumettre, pour laquelle elle souhaitait de tout son cœur une réponse positive. Dans ce dessein, elle s’efforçait de prendre l’apparence d’une petite fille modèle tout en espérant que Bianca serait dupe. Elle s’assit aux pieds de cette dernière, sur une peau de bête bien moelleuse, et commença par répondre à ses questions sans trahir son impatience. Comment s’était déroulée sa matinée ? Avaitelle bien étudié à l’école, en particulier en français, langue qu’elle devait parler aussi bien que l’italien ou le latin, à l’avenir ? Malgré son sexe, Alicia recevait une instruction assez complète, moins axée néanmoins sur la comptabilité, la géographie ou l’arithmétique que ses frères, destinés à devenir marchands comme leur père. Bianca avait tenu à ce que sa seule fille ne soit pas tenue dans l’ignorance et Amedeo s’était soumis, laissant toute liberté à son épouse au sujet des enfants. À presque 10 ans, Alicia était déjà instruite, et surtout maligne comme un chat de gouttière. Et justement, les chats étaient l’une de ses passions.
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