"Monsieur Swedenborg et les investigations géométriques" de Gonçalo M. Tavares - Extrait

Gonçalo M. Tavares

Description

On ne présente plus le célèbre Bairro où cohabitent les Messieurs : le village utopique de Gonçalo M. Tavares.
Et voilà que Monsieur Swedenborg y fait une entrée fracassante !
Ce drôle de livre se base sur l’œuvre du scientifique et théologien suédois reconnu comme un des précurseurs du spiritisme. Mais le Swedenborg issu de l’imagination de Tavares, lui, assiste à toutes les conférences données par ses collègues, Monsieur Brecht par exemple. Et alors qu’on le pense absorbé par les propos des maîtres, on s’aperçoit qu’il en profite pour se perdre dans ses pensées et avancer dans ses investigations géométriques : son obsession. En effet, Monsieur Swedenborg pense le monde de manière géométrique, tout n’y est que figures et espace en mouvement.
C’est certainement le livre du Bairro le plus original, le plus ludique, et le plus drôle. Il démontre l’extraordinaire talent de Tavares, esprit hors norme, ambitieux, logique et fou ! Ici, on retrouve toutes les idées fixes de l’écrivain : le sens de l’existence, la littérature, les mathématiques, montrer comme la frontière entre folie et raison est ténue.
Encore un petit bijou dont Tavares a le secret : un texte, dans lequel des concepts philosophiques et métaphysiques sont analysés et rendus compréhensibles grâce à des formes géométriques, avec un sens critique et un humour détonants, qui encourage et stimule notre propre réflexion.
S’il fallait le définir en un mot : exquis !
G. M. T. est né en 1970. Il est professeur d’épistémologie à Lisbonne. Il est l’un des plus grands auteurs portugais contemporains, recevant les éloges d’auteurs célèbres comme Eduardo Lourenço, José Saramago, Enrique Vila-Matas et Alberto Manguel.

Sujets

• Rentrée littéraire
• Nouveau
• 2014

Informations

• Publié par: fil_livres
• Publié le: 19 août 2014
• Nombre de lectures: 34
• Langue: Français

Extrait

Monsieur Swedenborg venait de quitter la salle où…

M onsieur Swedenborg venait de quitter la salle où monsieur Brecht avait l’habitude de raconter ses histoires (séances que monsieur Swedenborg mettait à profit pour se consacrer à ses investiga tions sur l’astronomie) et il se hâtait à présent afin de ne pas arriver en retard à une nouvelle conférence de monsieur Eliot. Conférences que monsieur Swedenborg mettait à profit pour se concentrer mentalement sur ses investigations géométriques. C’est alors qu’il croisa monsieur Calvino qui transportait une barre de fer parallèlement au sol. Les efforts que faisait monsieur Calvino pour que la barre reste exactement parallèle au sol étaient évidents ; pour autant, à aucun moment il ne se départait de son élégance dans sa démarche, ses gestes ou sa façon de parler. Monsieur Calvino salua monsieur Swedenborg, mais ce dernier avait la tête ailleurs.

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Pour rien au monde monsieur Swedenborg n’aurait raté une communication de monsieur Eliot. Le public ne venait jamais très nombreux. Il y avait les habitués : monsieur Borges, monsieur Breton, monsieur Balzac et monsieur Swedenborg. À l’occasion, monsieur Warhol faisait aussi une brève apparition. Et c’était à peu près tout.

Après les remerciements, monsieur Eliot com mença sa conférence, intitulée :

Explication d’un vers de Sylvia Plath : « Je ne suis personne ; je n’ai rien à voir avec les explo sions. »

Il ne s’agit pas ici d’un sujet… commença mon sieur Eliot.

Monsieur Swedenborg avait à peine entendu la moitié du titre de la conférence que son esprit avait déjà repris ses investigations géométriques à l’endroit précis où il les avait suspendues au terme de la précédente conférence de monsieur Eliot. Le regard fixe et apparemment absorbé par l’ex posé de monsieur Eliot, monsieur Swedenborg progressait dans ses raisonnements intérieurs. Et, une nouvelle fois, les investigations géo métriques de monsieur Swedenborg ne s’inter rompraient qu’avec le sursaut provoqué par les

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applaudissements à la fin de la conférence de monsieur Eliot. D’ici là, avec les propos de ce der nier en musique de fond, monsieur Swedenborg poursuivrait ses investigations pour son compte personnel.

DE L’OFFICE D’UN ÉCRIVAIN

1. L’écriture ne suit pas un parcours uniforme

2. Écrire une ligne dans l’espace…

3. …ce n’est pas écrire

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4. C’est le point qui marque le début d’un livre : il apparaît avant la première lettre de la première phrase

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SÉDUCTION

1. Qu’estce que la séduction ?

2. Un point marchant devant un carré. C’est cela, la séduction

3. Qu’estce qu’être séduit ?

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4. Les angles droits s’arrondissent. C’est cela, être séduit

5. Qu’estce qu’être séduit ?

6. Être séduit, c’est perdre sa forme originelle

7. Être séduit, estce bon ou mauvais ?

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8. Être séduit, c’est perdre sa forme originelle et prendre la forme du séducteur

9. Estce bon ou mauvais ?

10. Être séduit, c’est perdre sa forme originelle et prendre la forme générale du séducteur

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