Nouvelles aventures du brave soldat Chvéîk
170 pages
Français

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Nouvelles aventures du brave soldat Chvéîk , livre ebook

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Description

Nous retrouvons le brave soldat Chvéïk et son officier, le lieutenant Lukach, souvent séparés mais qui finissent toujours par se rejoindre, unis «comme cul et chemise». Virtuose du sabotage par excès de zèle, Chvéïk cause les pires catastrophes. L'armée, la guerre, la bureaucratie, et finalement toute autorité font les frais de cette satire réjouissante.

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 86
EAN13 9782820609250
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nouvelles aventures du brave soldat Chv k
Jaroslav Hasek
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0925-0
CHAPITRE I – LA MÉSAVENTURE DE CHVÉÏK DANS LE TRAIN.
Dans un compartiment de deuxième classe du rapide Prague-Budeiovitz se trouvaient trois personnes : le lieutenant Lukach ; en face de lui, un vieil homme complètement chauve, et Chvéïk qui se tenait modestement assis près de la portière. Il était, au moment où commence notre récit, en train de subir un nouvel assaut de la part du lieutenant Lukach qui, sans accorder la moindre attention à la présence du pékin, décernait à Chvéïk mille noms d’oiseaux. Il n’était qu’un nom de dieu d’animal, une sombre brute, etc., etc.
Il ne s’agissait pourtant que d’un incident de peu d’importance, à savoir le nombre de paquets qui avaient été placés sous la garde de Chvéïk et dont l’un d’eux avait disparu.
– On nous a volé une valise, reprochait le lieutenant à Chvéïk, c’est facile à dire, vaurien. C’est tout ce que vous trouvez à répondre pour vous justifier ?
– Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, répondit doucement Chvéïk, qu’on nous a vraiment volé la valise. Dans les gares, il y a toujours de ces filous qui traînent à l’affût d’un mauvais coup à faire. Le misérable a dû profiter du moment où j’avais laissé les paquets pour venir vous faire mon rapport et vous dire que tout était en ordre. Ce sont toujours ces occasions que guettent les voleurs. Il y a deux ans, ils ont volé à une dame, à la gare du Nord-Ouest, une voiture d’enfant, avec une fillette au maillot dedans. Mais ils ont été si gentils qu’ils ont rapporté l’enfant au commissariat de notre rue en déclarant qu’ils venaient de la trouver sur le seuil d’une porte. Alors, les journaux ont fait un bruit de tous les diables en déclarant que cette pauvre femme était une mère dénaturée.
Et Chvéïk déclara solennellement :
– Dans les gares, il y a toujours eu des vols et il y en aura toujours.
– Je crois, Chvéïk, fit le lieutenant Lukach, qu’un de ces jours ça va mal finir pour vous. Je me demande si vous êtes complètement idiot ou si vous vous efforcez de le paraître. Pourriez-vous me dire ce qu’il y avait dans cette valise ?
– Peu de choses, répondit Chvéïk, sans lever les yeux du crâne chauve du pékin qui, assis en face du lieutenant, ne manifestait apparemment aucun intérêt pour la scène à laquelle il assistait. Il n’y avait que la glace de votre chambre et le portemanteau de l’antichambre, de sorte que nous ne perdons pas grand’chose, puisque ces deux objets appartenaient à votre ancien propriétaire.
Le lieutenant Lukach fit une terrible grimace, mais Chvéïk continua d’une voix aimable :
– Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je ne savais pas qu’on nous volerait la valise. Quant à ce qui était dedans, j’avais pris la précaution d’avertir le propriétaire que nous ne lui rendrions son bien qu’à notre retour de la guerre. Dans les pays ennemis il y aura autant de glaces et de porte-manteaux que nous pourrons en emporter. Par conséquent, dès que nous aurons pris une ville…
– La ferme ! Chvéïk, l’interrompit le lieutenant avec violence. Vous n’y couperez pas du conseil de guerre un de ces jours. Vous êtes le plus grand imbécile que la terre ait jamais porté. Un autre homme, dut-il vivre mille ans, serait incapable d’accumuler autant d’idioties que vous durant ces quelques semaines. J’espère que vous vous en êtes aperçu ?
– Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je l’ai remarqué, moi aussi. J’ai, comme on dit, un talent d’observation très développé. Malheureusement, il ne commence à m’inspirer que lorsqu’il est déjà trop tard, quand les ennuis sont arrivés. J’ai la guigne, comme un certain Nachleba de la Nekazanka qui avait l’habitude d’aller au cabaret. Il prenait toujours la résolution de redevenir sérieux. Chaque samedi il se promettait de changer de vie, et régulièrement, le lendemain, il me déclarait : « et malgré ça, camarade, je me suis aperçu au matin que j’étais couché sur le bat-flanc du poste de police ». Sans qu’il sache lui-même comment la chose était arrivée, il se trouvait qu’il avait démoli une borne ou détaché un cheval de fiacre, ou qu’il avait nettoyé sa pipe avec le plumet d’un chapeau de gendarme. Lorsqu’il nous contait ses ennuis il était absolument désespéré, et, ce qui le chagrinait le plus, c’est que cette guigne se transmettait dans sa famille depuis des générations. Son grand-père était parti une fois pour le tour…
– Laissez-moi tranquille, Chvéïk, avec vos exemples.
– Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que tout ce que je vous raconte est la pure vérité. Donc son grand-père étant parti…
– Chvéïk, s’emporta le lieutenant, je vous ordonne de vous taire. Je ne veux plus rien entendre de vos histoires stupides. Quand nous serons arrivés à Budeiovitz, je vous réglerai votre compte. Savez-vous, Chvéïk, que je vais vous faire enfermer ?
– Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que jusqu’à cette minute je n’en savais rien, dit Chvéïk doucement. Pour l’excellente raison que vous ne m’en aviez encore rien dit.
Le lieutenant poussa un soupir, tira de sa capote la Bohemia et se mit à lire les dernières nouvelles annonçant les grandes victoires remportées par l’armée autrichienne. Comme il était plongé dans la lecture d’un article qui donnait des détails sur une invention allemande permettant de détruire les villes ennemies au moyen de bombes lancées par avions, bombes qui explosaient trois fois de suite, il entendit Chvéïk demander au monsieur chauve :
– Excusez, Votre Grâce, n’êtes-vous pas, je vous prie, Monsieur Purkrabek, le fondé de pouvoir de la Banque Slavia ?
Comme le monsieur chauve ne répondait pas, Chvéïk se tourna vers le lieutenant.
– Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant – lui dit-il – que j’ai lu une fois, dans un journal, qu’un homme normal devait avoir une moyenne de 60 à 70.000 cheveux, et que les cheveux noirs tombent plus facilement que les autres, comme on peut le constater dans de nombreux cas. Et il poursuivit sans pitié :
– Un étudiant en médecine m’a dit un jour au café, que la chute des cheveux provenait de l’ébranlement nerveux provoqué par les accouchements.
À ce moment-là se produisit un phénomène étrange. Le monsieur chauve bondit sur Chvéïk en hurlant :
– Fous-moi le camp d’ici, espèce de cochon !
Puis, jetant Chvéïk dans le couloir, il revint aussitôt dans le compartiment, où il ménagea au lieutenant une surprise désagréable en se présentant.
Une légère erreur s’était produite en effet. L’individu chauve n’était pas M. Purkrabek, le fondé de pouvoir de la Banque Slavia, mais le général de brigade von Schwarzburg. Le général était justement en route pour une tournée d’inspection et il se rendait à Budeiovitz.
Il avait l’habitude, lorsqu’il découvrait un léger flottement dans la discipline des casernes qu’il visitait, de faire appeler le commandant de la garnison et de lui tenir le langage suivant :
– Avez-vous un revolver ?
– Oui, mon général.
– Bien. À votre place, je sais l’emploi que j’en ferais, car ce que je vois ici ressemble plus à une pétaudière qu’à une caserne.
Après chacune des tournées d’inspection du général, çà et là, l’un ou l’autre des officiers se faisait sauter la cervelle. Le général von Schwarzburg enregistrait la nouvelle avec satisfaction :
– Parfait ! Parfait ! disait-il. Voilà ce qui s’appelle un soldat.
De plus, il avait la manie de déplacer les officiers et de les envoyer dans des garnisons perdues.
– Lieutenant, où avez-vous été à l’école des Cadets ? demanda-t-il à Lukach.
– À Prague, mon général.
– Que vous a-t-on appris là-bas, si vous ne savez même pas qu’un officier est responsable de son subordonné ?
Primo : Vous devisez avec votre ordonnance comme avec un ami intime, vous lui permettez de parler sans être interrogé.
Secundo : Vous lui permettez d’insulter votre supérieur. Il faut que tout cela se paie. Comment vous appelez-vous, lieutenant ?
– Lukach, mon général.
– Quel est votre régiment ?
– J’ai été…
– L’endroit où vous avez été ne m’intéresse pas, il n’en est pas question. Je veux savoir où vous êtes maintenant.
– Au 91 e régiment d’infanterie, mon général. On m’a déplacé

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