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Mohamed Laïd Athmani
UN CORPS POUR DES ÂMES
Mon Petit Éditeur
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Cet ouvrage a fait lobjet dune première publication par Mon Petit Éditeur en 2014
Je dédie ce deuxième recueil de nouvelles : à tous les enfants « doctobre noir » et à tous les enfants qui ont souffert. Je le dédie de même à tous les hommes du théâtre algérien, à tous les enseignants de mon pays et dailleurs. Je le dédie, enfin, à tous les Vescériens.
Vescéra ressuscitera Ce jour-là, jétais avec Séléné : fille de Marc Antoine et de Cléopâtre ; elle mavait tellement préoccupé. Jétais pourtant si tranquille tant que je la croyais, paisiblement endormie, au Mau-solée Royal de Maurétanie mais la lecture dun ancien document 1 que javais, depuis plus dune décennie, me fit croire tout à fait le contraire : dans lun de ses passages basés sur un raisonne-ment pourtant, on ne peut, plus logique, une erreur sétait 2 glissée quant à la date lui servant dargument. À peine, avais-je écrit ces quelques lignes, afin de redresser ce tort fait à notre jeune princesse orientale, qui doit dormir 3 toujours dans « son cercueil de verre » , quune voix, bien de chez moi, me fit sursauter : « Alors, VESCÉRIEN, redresseur de torts, il me semble que vous maviez oubliée ? Quelle grâce, ô mon Dieu ! mexclamai-je, en me retour-nant dun coup, et en ajoutant : mais qui êtes-vous Beauté Divine ?? Ne voyez-vous, donc pas ma couronne étincelante et ma longue chevelure brillante ? Ne voyez-vous, donc pas, ma sta-ture imposante ? Je suis VESCÉRA : votre REINE et celle de tous les Ziban réunis !
1 dun document édité par le Ministère du Tourisme en 1979, sous leIl sagit titre : Mausolée Royale de Maurétanie » Le passage en question : p.24. 2 JUBA : 57 à 23 (Ce qui veut dire : avant J.-C. et, non pas, après J.-C.). 3 De : PIERRE BENOIT « ATLANTIDE » Roman.
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Aviez-vous oublié ? Vous maviez, pourtant, promis quun 4 jour, Mohamed découvrira ce que Stéphane Gsell navait pu découvrir ! ». Toutes mes préoccupations des années passées, que je pen-sais avoir oubliées, me revinrent au triple galop comme si une grande brèche leur eut été ouverte. « Oui, oui, oui ! Je sais que Stéphane Gsell avait cherché vo-tre présence du côté du Vieux Biskra quand, vous, réellement, vous étiez du côté dEl-Alia où, toute votre Cité Antique sétendait (et sétend toujours) du Nord au Sud englobant la vaste superficie du plateau de luniversité de Biskra ». Je me revis, enfiévré que jétais avec mon petit Nadhiros et ma chère Niros auxquels javais communiqué ma fièvre, arpen-tant pour la énième fois le vaste chantier à la recherche de tout ce qui mentretiendrait sur le passé de ce lieu si ancien que les engins sans cur et les hommes inconscients charcutent, sans nul respect, sans nul souci quant à ce quil représente pour moi, pour nous, pour eux-mêmes. « Alors, quattendiez-vous, VESCÉRIEN ? Je vous attendais, ma REINE ! Car, lorsque javais com-mencé à « Crier » : parce que chez nous, il faut « Crier », on mavait, tout bonnement, dit : « Cesse donc toi, de nous ressus-citer les morts ! Tu vois bien que nous narrivons même pas à nous en sortir avec les vivants ! ». Ah, oui !!! sexclama VESCÉRA, quels hommes irrespec-tueux et blâmables ! Mais, moi, je suis toujours vivante, VESCÉRIEN ! Certes entre lantique que jétais et la moderne que je suis, il sétait passé plus de vingt siècles, mais ma pré-sence est là ! Mes pièces jonchent mes terres et abondent dans
4 STÉPHANE GSELL : Archéologue et Historien Français Ancien Direc-teur du Musée des Antiquités dAlger.
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les tombes de mes premiers enfants qui étaient vos prédéces-seurs sur cette terre ! Ne ten avais-je pas offertes quelques dizaines que tu avais amoureusement nettoyées pour les voir, enfin, dun nouvel éclat de vie, briller et te communiquer toute mon histoire, votre his-toire enterrée ? ». Que de temps navais-je pas passé à remonter le temps ! Tout en frottant, quoique déconseillé que de poussière de temps navais-je pas respirée ! Mes narines ainsi que mon gosier étaient, à mon insu, impré-gnés dinfimes particules : de cuivre, de bronze, de plomb et/ou dor, selon le cas, qui me donnaient limpression de goûter à tant de siècles passés. Combien était grand mon bonheur quand, après de subtils efforts et une grande patience, je voyais progressivement un visage brillant qui mapparaissait comme ressuscitant, dentre mes doigts poudreux, de plus de vingt siècles passés ! Il sem-blait mentretenir et sa brillance mhypnotisait. En ce moment-là, jétais heureux, le plus heureux, et pouvais légitimement me vanter dêtre, à VESCÉRA, le seul à pouvoir communiquer aux têtes dorées que les pièces de cuivre ou de bronze oxydé, cachaient ; pendant que mes concitoyens à leurs petites affaires saffairaient, moi, je tentais de lire les noms que le temps allait, à jamais, effacer. Je mempressais de les montrer aux personnes de mon entourage le plus proche, afin de leur faire partager ce plaisir ; Nadhiros était aux anges, il nen croyait pas ses petits yeux. « Si, si, ma REINE, je reconnais ! Cest pourquoi, javais même suggéré la création dun musée à votre gloire, mais, me prenant, certainement, pour un demeuré atteint de « Roma-nite », on mavait ri au nez. Renseignez-vous auprès de mes amis artistes du jardin London, ô VESCÉRA, ma Reine ! La Culture, chez nous, est complètement piétinée.
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Et, ce pan de mur qui témoigne de mes beaux termes qui 5 navaient rien à envier aux eaux de Néris ? Ah ! ce fameux pan de mur que les vieillards de chez nous appellent « le dromadaire » ou « Sidi Néris » ? » Cette dernière dénomination mavait toujours rappelé Néron ou le saint Philippo Néri ! Mais, lun comme lautre, ny corres-6 pondent guère ; par contre, les Bains de Néris , si ! Ce pan de mur, ma REINE, il a été noirci, comme vous aviez dû le constater, par la fumée de tant et tant de bougies qui y ont été posées dessus par nos grands et arrière-grands-parents, 7 afin de léclairer ; ils venaient y faire « la zerda » , une fois lan. Ils nauraient jamais pu imaginer, les pauvres, quà deux ou trois mètres sous leurs pieds nus se trouverait un beau tapis de mosaïque vescérienne. Quant à votre antique nécropole qui se trouve tout juste à proximité des termes, elle avait été, hélas profanée par des en-gins aux curs dacier. Ce jour-là que je ne suis pas prête doublier de sitôt, jétais en grand deuil, VESCÉRIEN ! Ma paix séculaire fut per-turbée et je ne suis pas, du tout, prête aussi à pardonner. Moi aussi, ma REINE, javais partagé votre si grande peine ! Jétais profondément ému par la vision de tous ces os-sements en lair. Cest pourquoi mes amis et moi avions, instamment, arrêté les engins coupables et avions très vite pro-tégé la partie découverte. Je pense que nous navions point failli. Protégée ! Protégée, dites-vous ?
5 Les Romains utilisaient déjà les eaux de N é r i s. 6 Commune de lALLIER, arrondissement de Montluçon. 7 Ancien rite pratiqué au Maghreb dans notre cas pour avoir une bonne récolte.
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