Un enfance à Pétrograd
168 pages
Français

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Un enfance à Pétrograd , livre ebook

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Description

C'était donc là le peuple, mon peuple, ces camarades cruels, sales, braillards et grossiers. Pas un seul ne prit ma défense, pas un seul sur lequel j'aurais pu compter et qui ait été suffisamment attachant pour que nous soyons amis.


Né à Saint-Pétersbourg le 10 février 1904, Tito Colliander y vécut jusqu'en 1918. Quatorze années qui marquèrent à tout jamais ce Finlandais de langue suédoise et d'éducation russe. Après avoir enseigné, pour des raisons financières, le dessin, Colliander voyagea dans toute l'Europe et en Afrique. Ce n'est que dans les années 30 qu'il se consacra totalement à la littérature. Très vite, il fut tenu pour l'un des tout premiers écrivains finlandais contemporains jusqu'à la reconnaissance du « Prix des Neufs » (le « petit Nobel de l'Europe du Nord »). Il est mort à Helsinki le 21 mai 1989.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2001
Nombre de lectures 21
EAN13 9782876233317
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0110€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UNE ENFANCE À PETROGRAD
Tito Colliander
UNE ENFANCE À PETROGRAD Récit traduit du suédois par Denise Bernard-Folliot
MICHEL DEMAULE
DE LA MÊME TRADUCTRICE aux éditions Michel de Maule
Nemesis Divina Mannerheim
Prince Ugen
Publié avec l’aide du Centre national des lettres.
Conception graphique: Les 3TSTUDIO.
© Éditions Holger Schildt, Helsinki, 1965. (titre de l’édition originale :Grippen) © ÉDITIONS TUM-MICHEL DEMAULE, 2001.
I – VIBORG
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Nous avions déménagé une fois de plus. Cette fois, nous étions partis plus loin encore: nous avions loué, pour l’été 1913, une villa à Vammelsuu sur l’isthme de Carélie. Avec l’express de Saint-Pétersbourg c’était un long voyage, une nuit entière et même un peu plus mais je ne me souviens de rien. C’était extraordinaire d’être à Vammelsuu, c’était vraiment comme si on était à l’étranger. Tout était différent: les marks et les pennidevenaient des roubles et des kopecks. Le kilo devenait une funt, mais unefuntpesait beaucoup moins qu’un kilo et puis les gens parlaient un drôle de finnois qu’on comprenait difficilement. On entendait surtout parler russe. Nous avions donc une datcha et, comme tous les gens qui louaient des villas, nous étions d esdatch-niker.Lorsque les petits Russes nous entendaient parler suédois, ils criaient:Was ist das?et répondaient à notre place: Kislyi Kvass,du nom d’une bière légère, faible et aigre. C’était courant, à l’époque, de chercher à vexer les Allemands. Pour les petits Russes, nous étions à la fois Allemands et étrangers. Le pain n’était pas vendu par miches mais parfunt. Il existait trois sortes de pain également bonnes: le pain russe noir, le pain
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blanc et, le meilleur de tous, le pain bis aux raisins. À Vammelsuu, tout était grand: les kopecks étaient grands et grands les corbeilles et les paniers pleins de grands gâteaux et de pâtés aux choux que les vendeurs portaient sur la tête. Et puis les merveilleuses boules de glace rouges et vertes, noisette et jaune clair. Tout, tout était grand. Les marchands portaient de grands tabliers et souvent des blouses roses. Chaque jour, les marchands de glace passaient devant notre grille en criant: « Marchands de glace », mais nous n’étions pas riches et il n’était pas question d’avoir une glace tous les jours, ni même tous les deux jours. En revanche, s’il faisait beau, nous allions presque toujours à la plage. C’était une plage de sable, immense, avec de hauts sapins qui semblaient monter une garde solennelle devant toutes les villas. À l’embouchure du fleuve, sur un haut socle de granit, une sculpture en bronze représentait une femme assise avec un ours à ses pieds; la sculpture avait été élevée par un prince russe à la mémoire de sa défunte épouse. Il y avait ici une foule de villas étonnantes: des grandes et des petites, des kiosques, des porches abondamment sculptés. Apparemment, les Russes avaient un penchant particulier pour les porches. Les bains de soleil, au sens où on l’entend aujourd’hui, n’existaient pas. Les costumes de bain, le plus souvent rayés en tra-vers, ne laissaient nus que les bras et les jambes. On allait sur les pontons qui s’avançaient loin dans la mer. Là où l’eau était la plus profonde, on nageait, on barbotait dans les vagues. Les vagues étaient si hautes qu’elles vous soulevaient parfois: on perdait pied, on était rejeté sur le rivage, dans l’écume et le bruissement de l’eau. On restait allongé sur le ventre et, du bout des doigts, on jouait avec le sable. Si petits que fussent les grains, leurs formes diffé-rentes., leurs couleurs variées on faisait toujours une découverte. Il y en avait des rouge rubis ou des jaune ambre, des grains verts, des grains blancs et d’autres noirs. Nous conservions, en particulier, les plus grands, les rouge rubis dans des boîtes d’allumettes. Bien que Maman nous ait dit que – petits comme ils étaient – ils étaient abso-
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