Africanisme: la crise d une illusion
251 pages
Français

Africanisme: la crise d'une illusion , livre ebook

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251 pages
Français

Description

Si l'africanisme se targue d'observer le continent africain, son but essentiel semble avoir été d'anthropologiser les Africains tout en contribuant à dilater les dimensions de l'hexagone. L'africanisme a eu l'ambition d'expliquer l'Afrique au Africains eux-mêmes. Voici une interrogation sur le savoir sur l'Afrique généré par l'africanisme et les imbrications entre ce savoir et le pouvoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2007
Nombre de lectures 145
EAN13 9782296179363
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AFRICA NISME :
LACRISED’U NEILLUSIO N© L'HARMATTA N, 2007
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-03849-3
EAN : 9782296038493Ch.DidierGondola
AFRICA NISME :
LACRISED’U NEILLUSIO N
L'HarmattanSommaire
Avant-Propos ........................................................ 11
1.Introduction....................................................... 17
2.Africanisme : paradoxes et contradictions.................... 27
3.Besoin de fric..................................................... 45
4.Besoind’Afrique................................................. 65
5.Une histoireabsurde............................................. 87
6.Péché originel....................................................123
7.Afropessimisme et révisionnisme.............................145
8.Comparaisonsutiles.............................................183
9.Regards croisés, regardspluriels..............................197
10.Rendrel’histoireà sesacteurs................................215
11.Conclusion......................................................223
Ouvragesetarticles cités.......................................... 29
Table des matières.................................................249But what makes some narratives rather than others powerful
enough to passasaccepted history if not historicity itself?Ifhistory
is merelythe storytold by those who won, how did they win in the
first place?And why don’tallwinnerstellthe same story?
—Michel-RolphTrouillot (1995 :6)
But only recently have Westerners become aware that what they
have to say about the history and the cultures of « subordinate »
peoples is challengeable by the people themselves, people who a
few years back weresimply incorporate, culture, land, history,and
all, into the great Western empires, and their disciplinary
discourses.
—EdwardSaid (1993 : 195)
Les Indiens massacrés, le monde musulman vidéde lui-même, le
monde chinois pendant un bon siècle souillé et dénaturé ; le monde
nègre disqualifié ; d’immenses voixà jamais éteintes; desfoyers
dispersésau vent; tout ce bousillage, tout ce gaspillage, l’humanité
réduiteau monologue etvous croyez quetout cela ne se paie pas ?
—AiméCésaire (1955 : 55)
Ildevient indispensable que les Africains se penchent sur leur
proprehistoire et leurcivilisation et étudient celles-ci pour mieux se
connaître :arriverainsi par la véritable connaissance de leur passé,
à rendre périmées, grotesques et désormais inoffensives ces armes
culturelles.
—CheikhAntaDiop (1954 : 15)
Dès que le chercheur africain tient un discours humain,
émancipateur, soucieux de la conscience africaine longtemps
aliénée par l’africanisme (ancien et nouveau), préoccupé de l’avenir
des peuplesafricains, il devient, de ce seulfait, etautomatiquement,
le pire ennemi des intérêts coloniaux quel’africanismesedoit de
préserver.
—ThéophileObenga (2001 : 58)Avant-Propos
Au cœurde l’été 1994, alors que sur les mille collines du
Rwanda les massacresdesTutsi et des modérésHutuatteint des
proportions génocidaires, François Mitterrand confie à ses
proches:« dans ce pays-là, un génocide c’est pas trop
important » (Saint-Exupéry 2004 : 185). Tout féru d’histoire
qu’il était, Mitterrand, l’ancien ministre des Colonies de la
1QuatrièmeRépublique , s’est complu dans une image déformée
de l’Afrique à travers le rétroviseur d’un discours
afropessimiste qui enFrance n’est pas seulement l’apanage des
médias, mais se retrouve également dans les cerclesafricanistes.
Fortes de l’appui de l’Élysée qui continueà fournir lesarmes et
la logistique indispensables, les milices Interahamwe du Hutu
Power, baptisées en coulisse età juste titre «Mitterrahamwe»,
se livrent à un nettoyage ethnique méthodique dans
l’indifférence de l’opinion internationale. Il existemêm e
certains experts qui voient dans ce génocide un moyen
providentiel de remettre les pendules démographiquesà l’heure
2en clairsemant les collines populeuses duRwanda .
Et pourtant, dès l’arrivéeau pouvoir deFrançoisMitterrand,
en 1981, un « groupe de travail » réunissant plusieurs
chercheursafricanistes de renom,y compris trois spécialistes du
Rwanda, s’attelle Rue Monsieur, autour de Guy Penne, à
éclairer la celluleafricaine de l’Élysée sur les vrais enjeux de la
politique africaine de la France et à inaugurer une nouvelle
vision du rôle de laFrance enAfrique qui, selon les promesses
électorales de François Mitterrand, doit s’écarter des sentiers
occultes du foccartisme.12 AFRICA NISME:LACRISED’U NEILLUSIO N
Ce livre tente donc de démêler cet écheveau, le paradoxe
entre unafricanisme soi-disant tiers-mondiste,ancré fermement
à gauche non pas seulement depuis 1981, mais bien depuis
1968, et une politique africaine de la France indécrottable,
foccartienne, qui s’est déployéeà travers un projet double, celui
de garantir les intérêts économiques et politiques de la France
tout en soutenant, de manière indéfectible, les régimes
dictatoriauxafricains en dépit desaspirations démocratiques des
peuplesafricains.
Le délitement des sociétés postcoloniales des anciennes
coloniesfrançaises d’Afrique doità juste titre êtreattribuéà cet
impératif dual dont les deux versantspolitique et économique
(auxquels on pourrait de manière subsidiaire ajouter le versant
culturel de la francophonie) demeurent consubstantiels.
Autrement dit, la mainmise des compagniesfrançaises en
Afrique (pensez, par exemple, à TotalFina au Congo et au
Gabon ou à Bouygues en Côte-d’Ivoire) garantie par la
présencemilitaire française en Afrique (c’est le versant
économique) et la pérennité de potentats au cœurde
kleptocraties totalitaires, devenues la norme de Brazzaville à
Lomé, ne sont, à mon sens, que des épiphénomènes alimentés
par les relentsafropessimistes qui continuentà infuser le savoir
africaniste en France. C’est donc surtout de cette imbrication
entre savoir et pouvoir, pour reprendre le schéma foucauldien,
qu’il s’agit ici dans cet ouvrage dont l’un des objectifs est de
présenter les évidences de la faillite des études africanistes en
France et d’exposer une situation de monopole et de monologue
dont l’influence sur les crises que traverse le continent africain
est notoire.
Le constat initial qu’effectue tout bon observateur de la
composition démographique de la communauté africaniste en
France concerne d’abord la position minoritaire et, de ce fait,
subalterne accordée aux chercheurs africains issus des
programmes d’études africaines des universités et des centres
3d’études et de recherches français . Il existe enFrance non pas
seulement une discrimination flagrante, ce qui serait déjà en soiAVA NT-PROPOS 13
répréhensible, mais aussi un traitement cavalier des chercheurs
africains qui ne demandent pas plus que d’être reconnus comme
des chercheurs à part entière. Vis-à-vis de ces chercheurs,
l’attitude des pionniers de l’ethnographie coloniale et des
anthropologues qui les ont succédésa toujours la vie dure et ne
s’est guère adaptée aux nouvelles modalités d’une Afrique
indépendante. Les chercheurs africains ont longtemps été
considérés par les africanistes français comme des
« informateurs », c’est-à-dire desautochtones dont la proximité
vis-à-vis des sociétés africaines n’est pas conçue comme étant
en soi unavantage mais unhandicap.Ils sont donc cantonnésà
recueillir des faits dans une sorte de division scientifique de la
recherche qui ferait échoir aux chercheurs africanistes la tâche
impérative de produire le savoir à partir des données brutes
recueillies pas les chercheursafricains.
S’y ajoute ensuite une vision on ne peut réductrice des
sociétés africaines qui n’est pas sans relation avec la
« bibliothèque coloniale »à laquelleValentinMudimbeattribue
en grande partie l’invention de l’Afrique. La « bibliothèque
coloniale »a été constitutive de l’africanisme,c’est-à-dire de ce
regard ethnologisant et léonin qu

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