Cleopâtre,
132 pages
Français

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Description

Les yeux fixés sur un avenir qui, sans doute, ne chantera pas, nous avons mis en scène, un peu sur le mode de la Commedia dell'arte, des personnages hétéroclites, « hétéroclites » mais que le sort et leurs préoccupations font se rejoindre sur les chemins de l'utopie bien concoctée. Ici et là, se laissant aller à cent et cent pérégrinations, ils peuvent nourrir leurs illusions et fredonner la saint-glinglin. Avant de se laisser reprendre, ou prendre, par les désillusions du quotidien…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 mai 2012
Nombre de lectures 25
EAN13 9782296491663
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CLEOPÂTRE,
LOT D’UTOPIES EMPORTEES PAR LE VENT
© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96086-2
EAN : 9782296960862

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Jean Sauvy
Marie-Josèphe Turpault


CLEOPÂTRE,
LOT D’UTOPIES EMPORTEES
PAR LE VENT


L’Harmattan
Régis Messac observe que les récits utopiques répondent à un besoin social. « Il est sans doute permis de dire , écrit-il, dans l’ensemble, que ce sont les périodes d’incertitude, d’inquiétude, voire de souffrance, qui sont surtout favorables à l’apparition de récits de ce genre. Lorsque beaucoup d’hommes, la majorité des hommes, peut-être, sont contraints de se replier sur eux-mêmes, ils cherchent dans leur imagination ce que la réalité leur refuse, et l’on voit fleurir les utopies. »
Chapitre 1 En feuilletant les "Annales rocambolesques du Larzac"
Ce jour-là, le pâtre, Julien de la Clairefontaine, laissant à la garde de son fidèle chien Meudonrissimo, son modeste troupeau de moutons et de chèvres, s’avance au rythme vagabond de sa houlette sur les garrigues ondulantes du plateau du Larzac. Le soleil vient à peine de se lever. Bientôt, les ombres des buissons s’évanouiront telles des chimères muettes tandis que les thyms laisseront s’envoler vers le ciel leurs premières senteurs. Mais pour le moment, les pensées du pâtre sont ailleurs. Son rêve de la nuit dernière accompagne toutes ses réflexions baignant dans une atmosphère toujours aussi mystérieuse qu’au lever du jour. Un rêve "de capes et d’épées", à vrai dire sans capes ni épées, un rêve sur lequel trônait l’Apollinaire de Saint-Germain des Prés qui, ce jour-là, chantonnait le Roman de la Rose recherchant l’Absolu.
Sur le plateau, à bien y regarder, Julien n’est point seul. Une caravane se profile à l’horizon. Lorsque son visage se précise à travers la poussière qui enveloppe l’autocar, on constate que ce n’est autre qu’un classique autobus parisien dévoyé qui s’avance en pétaradant. Quels voyageurs transporte-t-il ? Surprise ! Il s’agit d’un singulier groupe de syndicalistes qui, trouvant que fêter le premier mai à Paris fait quelque peu désuet, a décidé de se transporter illico sur le Larzac pour y célébrer à sa façon, une remémoration à la fois plus cordiale, bio et authentiquement révolutionnaire.
Une fois débarqués, ils déferlent sur le plateau, ne tentant pas de mimer la Croisade des Albigeois, préférant se livrer à leur sport favori, c’est-à-dire le jonglage sans rime ni raison. Mais, lors d’une assemblée générale qu’ils tiennent, assis à même le sol pour apprécier la qualité de ce calcaire mordoré, le plus jeune d’entre eux fait remarquer qu’on n’est pas venu ici pour blablatter les cannes à pêche. Alors, "que faire ? ", comme disait Lénine, à moins que ce ne soit Trotsky. Jean-Paul Sarte, ou plutôt son sosie syndical, prenant la parole, affirme :
La révolution est à réinventer et donc la célébration du premier mai, c’est évident !
L’assemblée en discute pendant une bonne heure. Mais, comme le soleil n’est pas loin de donner des marques d’essoufflement, Pierre-Jean Colimaçon, vétéran du groupe, rétorque :
Cela me paraît évident en effet et je suggère qu’à notre tour, nous prenions de la hauteur et, pour ce faire, grimpions dans les arbres.
Comme un seul homme, comme on leur a appris à le faire au cours de leurs exercices para-syndicaux, ils partent à la recherche d’arbres, d’arbres qui mériteraient ce nom. Mais d’arbres, il n’y en a point sur cette partie du plateau.
Nouvelle assemblée générale. Elle ne dure que trois quarts d’heure, décidant d’improviser un pique-nique à partir des nourritures tirées des musettes, car ils ne sont pas partis sans biscuits : leurs épouses ou compagnes, s’associant de cœur avec eux, ont songé à les approvisionner généreusement en paquets de Petit-Lu et fraises Tagada, leur laissant le soin de trouver sur place des boules de pain cuit au four suivant les dernières prescriptions biologiques.
Estimant leurs provisions insuffisamment macrobiotiques, Vatel, le cuisinier en titre du groupe, indigné, déclare qu’ils ne peuvent pas ingurgiter de telles horreurs alors que cette lande regorge sans aucun doute d’animaux sauvages à la chair aussi savoureuse que saine grâce aux pâturages naturels où ils batifolent joyeusement depuis leur naissance. Nul besoin d’une nouvelle assemblée générale, l’unanimité surgit comme un bouquet de violettes.
Retrouvant instantanément leur âme de mâles chasseurs trop longtemps assoupie, ils se précipitent sur le porte-bagages pour y prendre arcs et flèches qui y sont enclos. Et ils se déploient incontinent en un large éventail et entreprennent une battue au fauve, battue certes improvisée, dont ils espèrent qu’elle se révélera efficace.
A leur grande satisfaction, ils découvrent bientôt tout un troupeau de ces animaux sauvages paissant sans méfiance l’herbe rustique des garrigues voisines. Alors que le chasseur le plus hardi tend son arc, prêt à immoler l’une de ces créatures, bien qu’elle soit innocente, un cri déchirant sortant d’un buisson proche, arrête son geste. Et dans la minute qui suit, une double silhouette émerge, celle d’un pâtre classique et celle de son chien silencieux mais toutes oreilles dressées.
Halte au feu ! s’écrie le nouveau venu, ce troupeau m’appartient et j’y tiens !
Honteux de s’être ainsi mépris, les chasseurs improvisés remettent en hâte les flèches dans leur carquois et déposent l’arme au pied. Intrigué par cette incursion belliqueuse totalement inattendue, le pâtre s’approche des attaquants. Revenus de leur rêve éveillé et tout penauds, ceux-ci s’inclinent, certains à la japonaise, les autres à la coréenne, et l’un d’eux entreprend d’expliquer que, poussés par la faim, ils ont été victimes d’un mirage et, au nom de ses camarades, il remercie le berger d’être arrivé à temps pour leur éviter de commettre un carnage.
Le pâtre qui, avant d’avoir adopté ce métier, avait suivi des cours de philosophie au Collège de France, leur cite alors un dicton chinois, ou tibétain, affirmant que "L’essentiel n’est pas la meule de foin mais le foin lui-même".
Et il ajoute :
Non seulement j’accepte vos excuses, mais faisant un pas de plus, je vous propose, pour votre repas du soir, un de mes plus beaux moutons, en bonne santé mais qui vient malencontreusement de se casser les deux pattes avant. Si cet apport vous agrée et si je peux me joindre à vos agapes, je me chargerai de le faire griller au feu de bois suivant la tradition locale.
Et c’est ainsi que s’organise, sous le soleil couchant, au pied d’un faux volcan, une soirée impromptue qui restera dans les "Annales rocambolesques du Larzac". Ils s’installent dans ce pseudo-amphithéâtre et se munissent des cymbales et des banjos qu’ils avaient fort opportunément inclus dans leurs bagages. Ils entonnent alors leur chant préféré, directement inspiré de Léo Ferré, célébrant le premier mai, mais seulement sur la pointe des pieds, comme le commande la sobriété du Larzac.
Ecrasé de fatigue, le pâtre s’endort bientôt. Au lever du jour, écarquillant les yeux, il constate que ses joyeux compagnons ont levé le camp à bord de leur vaisseau du désert, lui laissant le message suivant : "La meule de foin s’en va mais le foin reste, persiste et signe. "
Mais, fort heureusement, son cher Meudonrissimo ne les a pas suivis !

Une nouvelle journée va commencer pour eux, que leur réserve-t-elle ?
Chapitre 2 Au-delà de la clef des songes
Dès les premiers pas qu’il fait dans le sillage de son chien conduisant le troupeau, Julien de la Clairefontaine remarque le curieux comportement de Meudonrissimo qui ne néglige pas son rôle essentiel mais s’en écarte volontiers pour aller fourrager dans les touffes de thym. Visiblement, il est à la recherche de quelque chose. Essayant de deviner ce que peut bien être ce "quelque chose", le pâtre songe aux contes des mille et une nuits et, de fil en aiguille, il aperçoit, flottant dans le ciel, une clef de forte dimension. Il comprend im

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