DE L ILE BOURBON A BERLIN
240 pages
Français

DE L'ILE BOURBON A BERLIN , livre ebook

-

240 pages
Français

Description

Cet ensemble de textes autour de Gustave Oelner-Monmerqué, y compris la traduction de sa conférence berlinoise Der Kreole, livre un témoignage inédit sur la société coloniale de l'Ile Bourbon entre 1842 et 1845. L'expérience bourbonnaise et la double culture franco-allemande font de Gustave Oelner-Monmerqué un observateur distancié et critique, ses positionnements, tant dans l'espace physique que textuel, nous ouvrent de nouveaux horizons.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2008
Nombre de lectures 172
EAN13 9782296206427
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De l’île Bourbon à Berlin

Le Créole

d’après
Gustave Oelsner-Monmerqué

UNIVERSITÉ DE LA RÉUNION
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

Textes réunis par
Gabriele Fois-Kaschel

De l’île Bourbon à Berlin

Le Créole

d’après
Gustave Oelsner-Monmerqué

L’Harmattan
5-7, rue de l’Ecole Polytechnique
75005-Paris

Université de La Réunion
15, avenue René Cassin
97715 Saint-Denis Cédex

Comité Scientifique
de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

e e
M. AlainCOÏANIZ; M.Yvan C, Professeur (7 s.)OMB EAUs.) ;, Professeur (22GM. AlainEOFFR OY,
e e
Professeur (11s.) ;M. Jean-Louis GUEB OUR G, Professeur (23 s.)Michel L; M.ATCHOUM ANI N,
e e
Professeur (70s.) ;M. Serge MEITINGER; M. Gwenhaël P, Professeur (9 s.)ONNA U, Professeur,
e e
(10 s.); M. Jacky SIMO NIN, Professeur (71s.).

PREFACE

Hormis quelques rares écrivains métropolitains qui, sans
jamais s’y être aventurés, l’ont fait exister dans l’imaginaire
e
occidental, l’île Bourbon du XIXsiècle n’est pas encore une
destination rêvée comme peut l’être la Réunion aujourd’hui. Aussi,
le désir d’exotisme et de dépaysement ne joue à cette époque qu’un
rôle accessoire dans les mouvements migratoires vers cet archipel
perdu des Mascareignes au milieu de l’océan Indien. Les nouveaux
arrivants, décidés à y rester, laissant derrière eux leur passé,
cherchent avant tout à faire fortune ou, tout simplement, à
commencer une nouvelle vie. Certains parmi eux se révèlent
d’emblée des hommes de conviction, porteurs d’un message
humaniste et anti-esclavagiste, comme ce jeune homme
parfaitement bilingue, de double culture française et allemande, répondant
au nom de Gustave Oelsner-Monmerqué, dont le séjour entre 1842
et 1845 à l’île Bourbon est jalonné par ses nombreuses actions contre
l’esprit de caste et les abus du régime colonial. En s’immergeant
pendant près de trois ans dans un environnement en tout point
étranger à ce qu’il avait jusqu’alors connu, Gustave
OelsnerMonmerqué expérimente et s’approprie différents points de vue, en
même temps qu’il multiplie les angles d’attaque contre les instances
du pouvoir. Son objectif étant l’avènement d’une société plus juste et
plus solidaire, conformément aux idées de la Révolution Française
— dontson père, Conrad Engelbert Oelsner (1764 – 1828), illustre
diplomate et publiciste, s’était, bien avant lui, fait le défenseur—
Gustave n’a de cesse de s’entraîner au maniement des outils
discursifs de la polémique. Sa carrière professionnelle de journaliste,
professeur, conférencier, homme politique et écrivain reflète son
souci d’agir sur les consciences et les modèles collectifs de
représentation. Quand bien même sa démarche peut paraître
timorée etinsuffisante pour s’attaquer aux dysfonctionnements et
injustices de la société coloniale, elle a le mérite d’en détecter les
soubassements discursifs. À Wilhelm von Humboldt, ami proche de
son père et, en quelque sorte, père spirituel des deux générations

6

Préface

Oelsner-Monmerqué, il emprunte l’idée de l’instruction et du
partage des savoirs et de la culture, en dehors desquels le processus
d’émancipation n’a aucune chance de réussite.
La biographie de Gustave Oelsner-Monmerqué est un
modèle d’interculturalité accomplie, comme le démontre Marlene
Tolède dans une première partie. Les années de formation du jeune
homme culminent avec l’expérience bourbonnaise dont certains
secrets ont pu être levés grâce à de minutieuses recherches aux
archives de la Réunion, en France métropolitaine, en Allemagne ou
encore en Pologne. Cette dispersion des sources entre l’Europe et
l’océan Indien donne un aperçu de la destinée mouvementée et peu
commune de Gustave Oelsner-Monmerqué. Le tableau synoptique
rappelle tous les événements significatifs de sa vie: naissance le 30
juin 1814 à Paris, arrivée à Bourbon le 12 septembre 1842, mariage le
3 février 1845 avec Anne Mélanie Léon, la veuve de son
prédécesseur au Collège royal à Bourbon, départ le 14 mai 1845,
parution de son roman anti-esclavagisteSchwarze und Weißeen 1848,
décès le 29 avril 1854 à Montpellier. Ces dates ciblent son passage à
Bourbon ;elles ne nous renseignent pas sur les motifs profonds de
ses faits et gestes. Quelles raisons amenèrent le jeune docteur en
philosophie à quitter l’Athénée royal de Paris, où il enseignait
l’histoire depuis 1838, pour un destin incertain à Bourbon?
Pourquoi avoir contracté un mariage avec une créole, propriétaire
d’esclaves de surcroît, et s’en être séparé au bout de trois
mois seulement ?En quittant précipitamment l’île, non sans avoir
sollicité au préalable l’autorisation d’un possible retour, il renonce à
la mise en œuvre de ses projets consacrés au système éducatif, à la
liberté de la presse, à la justice sociale et la politique de
l’émancipation. S’étant battu inlassablement contre toute forme
d’oppression relevant de privilèges infondés, son désengagement
soudain a de quoi surprendre. Est-ce un signe de faiblesse, de
résignation, une fuite en avant ou, au contraire, la satisfaction
d’avoir remporté une victoire au moins partielle sur ses
contradicteurs ?
À ces interrogations répondent en partie des documents
officiels inédits, mais aussi, de manière plus implicite, un nombre
significatif de sources primaires que Marlene Tolède a pris le soin de
collecter et d’analyser. Jusqu’à présent et avant cette étude, les écrits
de Gustave Oelsner-Monmerqué, qui représentent une initiative

De l’île Bourbon à Berlin.Le créole…

7

transculturelle originale mais isolée, n’ont pas pu être appréciés à
leur juste valeur. Au lieu d’une perspective strictement
eurocentrique, ils nous proposent, à travers les nombreux déplacements
de leur auteur entre la France, l’Allemagne et Bourbon, une
approche différenciée d’environnements sociaux, géographiques et
linguistiques contrastés. Faisant écho au positivisme ambiant, le
témoignage de Gustave Oelsner-Monmerqué se veut tout d’abord
impartial et exact. Pour atteindre cet objectif, différents types de
discours sont mis à contribution: discours scientifique, journalistique
et romanesque.
Le premier témoignage de Gustave Oelsner-Monmerqué
consiste en la description de la topographie, du climat et de
quelques aspects démographiques de Bourbon. Indépendamment
du support médiatique et du public visé, cet article reproduit en tout
point la nomenclature des sciences géographiques de l’époque, de
même qu’il respecte le format convenu des relations de voyage.
Aussi, son auteur, qui signe de préférence Dr Oelsner-Monmerqué,
faisant valoir son titre académique, ne revendique aucunement la
paternité exclusive de son rapport, et cite, conformément à la
déontologie du chercheur, un de ses anciens collaborateurs au
journalFeuille hebdomadaire de l’île Bourbon,Gibert des Molières,
décédé entre-temps, comme principal informateur de la partie
météorologique de son étude. Il manque en revanche toute référence
à Louis Maillard, conducteur des Ponts et Chaussées, qui, lui aussi,
lui a fourni de précieux renseignements sur les caractéristiques
géographiques de l’île. Bien que l’approche géographique ne laisse
guère de place à des considérations personnelles, l’exposé de
Gustave Oelsner-Monmerqué sera repris en un laps de temps
relativement bref par différents médias allemands. Avant de faire
l’objet d’une publication dans la revue mensuelle de laBerliner
Gesellschaft für Erdkunde,elle sera présentée le 6 février 1847 sous
forme d’une communication devant un public de savants
géographes. Elle paraîtra ensuite le 9 novembre 1847 dans le n° 134
duMagazin für die Literatur des Auslandes, une revue qui, entre le
4 mars et le 10 avril 1847, avait d&#

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