Enfance abandonnée au XVIIIe siècle en Franche-Comté
300 pages
Français

Enfance abandonnée au XVIIIe siècle en Franche-Comté , livre ebook

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300 pages
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Description

À Besançon, l'hôpital du Saint-Esprit, dit "des enfants trouvés", se chargea de l'accueil des orphelins dès le début du XVIIIe siècle. La mission des hospitaliers consistait à recueillir ces enfants, les élever et, pour ceux qui survivaient, leur apprendre un métier. Mais le nombre toujours plus grand d'enfants les obligea à recourir à des nourrices... Était-ce la bonne solution ? C'est l'histoire de cet établissement qui accueillit près de 18 000 enfants que l'auteur présente ici.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 33
EAN13 9782336366081
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

les conIer à ces établissements, dans lesquels ils espéraient trouver la sécurité
mortalité effroyable, due à la promiscuité, à des conditions de vie et d’hygiène des plus difIciles, malgré la bonne volonté des responsables, transformait ces
à recueillir ces enfants, les élever et, pour ceux qui survivaient, leur apprendre
responsables de l’établissement à en placer de plus en plus chez des nourrices à la campagne. Était-ce une bonne solution ? Ne valait-il pas mieux agrandir l’établissement plutôt que de placer les enfants chez des nourrices qui, pour
qui leur était conIé ? Autant de questions que se posaient les hospitaliers du Saint-Esprit qui, de plus, virent le pouvoir royal les obliger à laisser un
prérogatives et mettant en péril l’existence même de leur congrégation.
Photo de couverture : Sculpture de la Charité, réalisée par les sculpteurs Devosge et Perrette à qui le marché fut
1755. Elle fut réalisée en 6 morceaux de pierre de« vergenne prise aux carrières de Chassagne, d’un grain In et serré non gelisse ny Ilandreuse ». Photo O. Preux.
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Chemins de la Mémoire
Bernard Preux
Enfance abandonnée e auXVIIIsiècle en FrancheComté
L’accueil des enfants trouvés par l’hôpital du SaintEsprit de Besançon
e Série XVIII siècle
e Enfance abandonnée au XVIII siècle en Franche-Comté L’accueil des enfants trouvés par l’hôpital du Saint-Esprit de Besançon
Chemins de la Mémoire Fondée par Alain Forest, cette collection est consacrée à la publication de travaux de recherche, essentiellement universitaires, dans le domaine de l’histoire en général. Relancée en 2011, elle se décline désormais par séries (chronologiques, thématiques en fonction d’approches disciplinaires spécifiques). Depuis 2013, cette collection centrée sur l’espace européen s’ouvre à d’autres aires géographiques. Derniers titres parus : EMMANUELLI(Francois-Xavier),Un village de la basse-provence durancienne : Sénas 1600 – 1960,2014. NAGY(Laurent),La royauté à l’épreuve du passé de la Révolution (1816-1820). L’expérience d’une monarchie représentative dans une France postrévolutionnaire, 2014. GOSSEJean), (Albert Le surprenant manuscrit de Lyon : Roland Furieux (1607),2014. FOLLAIN(Antoine),Blaison Barisel, le pire officier du duc de Lorraine,2014. LARRAN (Francis),Pisistrate à contretemps.Itinéraires anachroniques d’un tyran athénien,2014. MANGOLTE(Pierre-André),La guerre des brevets, d'Edison aux frères Wright, 2014.ALOUKO(Ange Thierry),La politique étrangère de Willy Brandt,2014.CEHRELI(Sila),Les magistrats ouest-allemands font l’histoire : LaZentrale Stelle de Ludwigsburg,2014. FONTAINE(Olivier),Défense et défenseurs de l’île Bourbon, 1665-1810,2014. BECIROVIC(Bogdan),L’image du maréchal Tito en France, 1945-1980,2014. Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Bernard Preux
ENFANCE ABANDONNEEE AUXVIIISIECLEENFRANCHE-COMTEL’accueil des enfants trouvés par l’hôpital du Saint-Esprit de Besançon L’Harmattan
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05165-9 EAN : 9782343051659
INTRODUCTION « Si la fille de Pharaon n’avait pas retiré des eaux la corbeille du petit Moïse, il n’y aurait pas eu l’Ancien Testament et toute notre civilisation ! Au début de tant de mythes anciens, il y a quelqu’un qui sauve un enfant abandonné. Si Polybe n’avait recueilli le petit Oedipe, 1 Sophocle n’aurait pas écrit sa plus belle tragédie . » L’auteure de ces lignes, Giulia Sissa, a choisi de placer cet extrait de l’œuvre de Milan Kundera au début d’un article auquel elle a donné le titre« L’enfant abandonné devenu roi : un mythe 2 fondateur . »Ces quelques lignes posent immédiatement le problème et montrent l’importance du phénomène de l’enfance abandonnée dans l’Histoire. Si Moïse était resté dans l’eau, le cours de l’histoire en eût été changé. Si, comme le veut la tradition, Rémus et Romulus n’avaient pas été sauvés, Rome existerait-elle...? De tout temps des enfants ont été maltraités, abandonnés. De tout temps ce phénomène a retenu l’attention des hommes. Pourquoi ? Parce que nous avons tous été enfant, parce que nous avons tous craint un jour ou l’autre que nos parents nous abandonnent ou qu’ils ne soient pas nos « vrais » parents. Peut-être avons-nous été un enfant abandonné qui a été recueilli, adopté ?... De nos jours, l’abandon est devenu insupportable, inconcevable, dans nos sociétés qui s’intéressent tant à l’enfant.
1. Kundera (M.),L’insoutenable légèreté de l’être, Paris, 1984, p. 23. 2. Sissa (G.), « L’enfant abandonné devenu roi : un mythe fondateur »,Autrement, série Mutations, n° 96 - février 1988, p. 55-61.
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Il n’en a pas toujours été ainsi. Nous avons oublié la situation de l’enfant bâtard, poids trop lourd à supporter, enfant de la misère matérielle et affective. Rejeté, parce que né quand il ne le fallait pas - illégitime – cet enfant culpabilise, avant d’avoir prononcé son premier cri, ceux qui l’abandonnent et l’organisation sociale tout entière, elle qui rejette ce fruit qu’elle a conçu, qui est une partie d’elle-même. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que l’enfant abandonné soit chargé de tous les maux de la terre, qu’il devienne le bouc émissaire et qu’à partir de sa situation, beaucoup de mythes prennent naissance : Nous avons déjà évoqué Moïse, Romulus et Rémus, nous pouvons évoquer Oedipe et bien d’autres encore. On trouve des cas d’abandon d’enfant dès l’Antiquité. Il n’est 1 que de lire l’Ancien Testament pour trouver des exemples de la façon dont les enfants étaient traités par certains peuples… « Il(Achaz) alla même jusqu’à offrir son fils en sacrifice, selon l’abominable pratique des nations que le Seigneur avait chassées du 2» pays pour faire place au peuple d’Israël. et aussi « Tu leur as offert en sacrifice les fils et les filles que tu m’avais donnés, tu les leur as donnés en pâture. La débauche ne te suffisait donc pas ? Il a fallu que tu égorges mes enfants pour les livrer à tes 3 idoles. » Les traitements réservés aux enfants sont régulièrement condamnés dans d’autres livres de la Bible. « Vous ne devez pas offrir vos enfants en sacrifice au dieu Molek ; en 4 faisant cela, vous me déshonoreriez : je suis le seigneur votre Dieu . » ou encore « Qu’on ne trouve parmi vous personne qui offre son fils ou sa fille en 5 sacrifice (…) » 1. Ze Bible, l’autre expérience, Société française Biblique, 1997. 2. 2, Rois, XVI, 3. 3. Ézéchiel, XVI, 20-21. 4. Lévitique XVIII, 21. 5. Deutéronome XVIII, 10-12.
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À Sparte, selon le moraliste Plutarque, les enfants malformés 1 étaient envoyés dans un endroit appelé les Apothètes : une gorge du mont Taygète, massif montagneux du Péloponnèse au sud de la Grèce, entre le golfe de Laconie et celui de Messénie. À Athènes, le père pouvait abandonner son enfant nouveau-né. Il le laissait dans un endroit isolé (désert, forêt), ou le laissait aller 2 dans un berceau sur une rivière. Moïse , à l’âge de trois mois, fut exposé par sa mère qui le confia aux eaux du Nil, placé dans une corbeille enduite d’asphalte. Rhéa Silvia, quant à elle, abandonna ses deux enfants, Rémus et Romulus, les fondateurs de Rome. Elle les confia, installés dans un berceau, aux eaux du Tibre. Une louve sauva les deux frères, la fille de Pharaon sauva Moïse et le rendit en cachette à sa mère qui continua de l’élever. Oedipe fut abandonné sur le mont Cithéron par son père Laïos, qui craignait que la malédiction que lui prédit un oracle ne se réalise. Ion, dans la tragédie d’Euripide, fut lui aussi abandonné. Apollon le laissa dans une grotte. Hermès l’emmena à Delphes pour le confier à la Pythie. À Thèbes, la loi interdisait l’abandon des enfants. Mais… il n’était pas interdit de les vendre. Ainsi ils devenaient esclaves. À Rome, on tuait, on abandonnait. Et les éventuels « adoptants » - si
1. Selon l’Agence France Presse, en date du 10.12.2007 : «La légende selon laquelle les Spartiates de l'Antiquité jetaient les nouveaux-nés jugés difformes ou trop chétifs dans un gouffre n'a pas été corroborée par des fouilles archéologiques sur place, a rapporté lundi à l'AFP l'un des chercheurs. Plus de cinq ans de recherches et d'analyse des restes humains recueillis sur le site, le gouffre des Apothètes, n'ont permis de retrouver que des restes d'adolescents et d'adultes, en majorité âgés de 18 à 35 ans, a précisé Théodoros Pitsios, anthropologue de la faculté de médecine d'Athènes.«Il y a encore des ossements mais aucun de nouveau-né, selon les coupes que nous avons réalisées jusqu'au fond du gouffre» situé sur les contreforts du mont Taygète, près de l'actuelle Sparte (Péloponnèse). «Il s'agit sans doute d'un mythe, les sources antiques sur cette prétendue pratique sont d'ailleurs rares, tardives et imprécises», a ajouté M. Pitsios. « Censée attester du caractère militariste de l'organisation spartiate antique, la légende fut er surtout propagée par le moraliste Plutarque, au I siècle de notre ère. » e e Selon M. Pitsios, «siècles et appartenantles ossements étudiés jusque-là, datant des VI -V à 46 hommes, confirment par contre les sources antiques selon lesquelles Sparte jetaient aux Apothètes prisonniers, traîtres ou criminels.», cité in : http://www.info-grece.com. 2. Exode, II 3.
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