Haïti ou Saint-Domingue

Gaspard Théodore Mollien

Description

Gaspard Théodore Mollien (1796-1872), explorateur et diplomate, est connu essentiellement pour son Voyage en Sénégambie publié en 1820. Son histoire d'Haïti, rédigée avant 1830, est restée manuscrite jusqu'à aujourd'hui. Ce texte est un témoignage inédit et irremplaçable sur le soulèvement victorieux des esclaves de Saint-Domingue contre la France coloniale et les premières décennies de l'indépendance haïtienne.

Sujets

• Colonisation
• Histoire

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2006
• Nombre de lectures: 124
• EAN13: 9782296152557
• Langue: Français

Extrait

Sommaire
COLLECTION - AUTREMENT MEMES Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION Autres ouvrages de Francis Arzalier INTRODUCTION NOTE TECHNIQUE ET REMERCIEMENTS BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE PROLOGUE 1492-1788 - Christophe Colomb. Dogeron, Destaing, Rohan et Marbois. Découverte de Saint-Domingue par les Espagnols. Flibustiers. Prospérité de l’île sous les Français. 1788-1792 - Ogé – Jean-François – Biassou. Insurrection des esclaves. 1792-1802 - Sonthonax – Polverel – Toussaint Hédouville – Rigaud. Liberté et règne des noirs . 1802 - Toussaint — Leclerc — Incendie du Cap. Débarquement de l’armée expéditionnaire des Français. 1802 - Fin du règne de Toussaint. Rétablissement momentané de la domination française. Mort de Leclerc. 1802-1803 - Rochambeau. Anéantissement de la domination française. COLLECTION - AUTREMENT MÊMES
COLLECTION
AUTREMENT MEMES
conçue et dirigée par Roger Little Professeur émérite de Trinity College Dublin, Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.
Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, sous forme de roman, nouvelles, pièce de théâtre, témoignage, essai, récit de voyage etc., rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits comme dans le présent cas. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établissements d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.

« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur, les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi
Titres parus et en préparation : voir en fin de volume
Haïti ou Saint-Domingue
TOME I

Gaspard Théodore Mollien
Le médaillon de la couverture représente Toussaint Louverture d’après le portrait appartenant à son fils Isaac reproduit dans le frontispice de la biographie de Toussaint de Gragnon-Lacoste (1877).
www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
© L’Harmattan, 2006
9782296010765
EAN : 9782296010765
INTRODUCTION
par Francis Arzalier
Autres ouvrages de Francis Arzalier
Jean Nicoli : un instituteur républicain de la Colonie à la Résistance, 1925-1943 , Bamako, Éditions Donniya, 2000
avec Francette Nicoli, Jean Nicoli : de la colonie à la Corse en résistance. L’itinéraire d’un homme libre , Ajaccio, Albiana, 2003
Mondialisation et identité, le paradoxe meurtrier du 21 ème siècle, Pantin, éd. Temps des Cerises, 2003
INTRODUCTION

Gaspard Théodore Mollien et son temps
Le nom de Mollien évoque en général François Nicolas, comte Mollien. Ce financier, né en 1758, est déjà fermier général des impôts avant 1789. Il sait se faire oublier au plus fort de la bourrasque révolutionnaire qui conduit à l’échafaud quelques-uns de ses collègues. Deux semaines à peine après le coup d’état qui fait de Bonaparte, Premier Consul, le maître absolu de la France, il se voit confier une caisse d’amortissement, dont le rôle est de diminuer la dette publique, en rachetant des rentes (29 novembre 1799) : travail obscur, mais essentiel dans le redressement financier réussi en quelques années. Napoléon sait récompenser le dévouement et les compétences. Dès janvier 1806, l’Empereur fait de Mollien son ministre du trésor. « Gestionnaire strict », et « mauvais payeur des dettes publiques », il occupe ce poste clé en « véritable ministre de l’économie », selon les termes de l’historien Jean Vidalenc, jusqu’au dernier jour du régime impérial, en 1815. Il meurt en 1850, mais est surtout connu par ses Mémoires (éditions Gomel, 1898), source fondamentale de connaissance du régime impérial.
Notre auteur est tout autre. Il s’agit de Gaspard Théodore Mollien, connu des historiens de la colonisation et des Africanistes pour avoir publié, en 1820, l’un des premiers et des meilleurs récits d’exploration en Afrique occidentale, intitulé Voyage dans l’intérieur de l’Afrique, aux sources du Sénégal et de la Gambie, fait en 1818, par ordre du gouvernement , français. Il a été réédité huit fois, dont la dernière en 1967, avec une présentation d’Hubert Deschamps,.
A l’exception de deux préfaces à son ouvrage (de son neveu Louis Ravaisson-Mollien, bibliothécaire à la Mazarine en 1889, et de Deschamps en 1967), Gaspard Théodore Mollien n’a fait l’objet d’aucune monographie, d’aucune étude approfondie. Le personnage est en effet paradoxalement connu comme préalable à la conquête coloniale de l’Afrique, et ignoré totalement pour d’autres aspects tout aussi intéressants.
Cette ignorance se marque d’emblée par les affirmations contradictoires de ses biographes. Le Grand Larousse des années 30 parle encore de lui comme du fils du comte Mollien.

G. T. Mollien, voyageur, diplomate et écrivain.
En fait, Gaspard Théodore est né à Paris, le 29 août 1796 (12 fructidor an 4), 240 rue du Faubourg Saint-Jacques. Il est fils d’Antoine Élisabeth Érard Mollien, « employé aux relations extérieures » et de Marie Élisabeth Moynat, mariés à la paroisse de Saint-Louis en l’Isle, le 4 mars 1783.
C’est donc abusivement que son neveu Ravaisson-Mollien l’affirme né à Calais dans la préface à l’édition de 1889 de la Découverte des sources du Sénégal et de la Gambie 1 . Toutefois, la famille est bien originaire de Calais : dans les registres paroissiaux de la ville, naissances, décès et mariages de négociants et officiers portant ce patronyme se succèdent tout au long du 18 e siècle. Ainsi, en avril 1772, se marie Gaspard Antoine Mollien, capitaine au régiment de la Fère, fils de Pierre-Louis Gaspard, capitaine de cavalerie, avec Marie Brouttin, la fille d’un négociant ; et en octobre de la même année, Louis Érard Gaspard Mollien, fils de Gaspard, négociant, épouse Marie Leveux, fille d’un receveur des octrois : itinéraire typique d’une ascension sociale au 18 e siècle, d’une bonne bourgeoisie provinciale aux carrières juridiques, politiques et diplomatiques à Paris. La réussite la plus éclatante dans la famille est évidemment celle de François Nicolas, ministre et comte d’Empire. Mais rien ne permet d’affirmer le moindre rapport de parentèle entre notre auteur et ce parent éloigné, prestigieux, mais que la chute de Napoléon Ier réduit à la retraite et à la rédaction de ses mémoires.
Gaspard Théodore n’a que 18 ans en 1814. Il a retracé lui-même sa carrière, dans une note manuscrit conservée aux Archives des Affaires étrangères à Paris : il « entre dans l’administration de la marine le 10 septembre 1814 en qualité de commis de première classe, aux appointements de 2400 francs. Par suite des événements politiques [effondrement de l’Empire, invasion de la France, restauration de la Royauté avec Louis XVIII] il ne put partir que le 8 mai 1816 pour le Sénégal ».
En 1814, il reste peu de marine et des lambeaux du premier domaine colonial. Mais on rêve déjà à Paris de le reconstituer. Une expédition est montée pour réoccuper les deux comptoirs du Sénégal : Saint-Louis et Gorée, concédés la France par le traité de Paris. Mollien, qui a alors 20 ans, fait partie du voyage sur le navire La Méduse , dirigé par un officier qui a reçu son commandement en récompense d’avoir émigré, mais dont les connaissances maritimes se révèlent limitées. Cet incapable, par grand beau temps, vient échouer La Méduse le long des côtes de la Mauritanie actuelle. Une grande partie des passagers et de l’équipage s’entasse sur un radeau dont le peintre Géricault illustrera le sort tragique dans son célèbre tableau de 1819. Mollien, qui raconte la mésaventure dans un texte publié seulement en 1889 2 , a la chance d’être sur un canot qui aboutit à la côte, en zone désertique, peuplée de Maures nomades