Histoire d une vie afro-française
156 pages
Français

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Histoire d'une vie afro-française , livre ebook

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Description

C’est à travers les yeux et la voix de Jacques Mut que se déroulent trois décennies d’une existence partagée entre le Cameroun et la France. Une fois réussies avec succès les années de collège et de lycée dans un Cameroun postcolonial, le narrateur va poursuivre ses études scientifiques dans une France libérale. Mais après quelque temps à Paris, le choix du retour au pays se pose. En raison de son indéfectible attache aux siens nourrie par ses souvenirs, quel choix Jacques prendra-t-il pour "sa petite famille"? "Histoire d’une vie afro-française" conduit le lecteur du Cameroun à la France par l’itinéraire singulier d’un étudiant boursier brillant qui doit s’exiler pour réaliser l’espoir d’une vie meilleure pour lui et sa famille. Sous nos yeux défilent visages et paysages d’Afrique jusqu’à Paris. Dans ce récit, il est donné à voir comment le destin individuel et communautaire du narrateur se mêle aux méandres de l’histoire politique qui lie le Cameroun à la France. Ce récit roule de manière sensible sur la constitution de l’identité et la découverte de l’altérité. Une sorte de leçon de vie.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 21
EAN13 9782748351668
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0068€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoire d’une vie afro-française
Simon Tedga Histoire d’une vie afro-française Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : + 33 (0) 1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0114439.000.R.P.2009.030.40000 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2010
Notre cour de recréation était parsemée de cailloux et de débris divers. Elle présentait par endroits des roches sortant de terre comme des pièges. Pieds nus, nous y jouions de dix heures à dix heures trente et de quinze heures trente à seize heures. En culotte courte, chemisette déboutonnée, certains en haillon, sous un soleil brûlant dès sept heures du matin, nous passions d’un jeu à l’autre dans l’insouciance qui fait couler l’enfance. Nous commencions presque toujours par la marelle. Venait ensuite un jeu ethnique rythmé par le claquement des mains de deux individus : Pour l’emporter il fallait deviner en quelques secondes le pied que soulèvera l’adversaire et le contrer avec le pied opposé, ce jeu porte un nom bassa. Nous terminions par les jeux de billes. En classe, seul le vol des mouches perturbait parfois le cours du maître. Il ne faisait jamais l’appel, l’effectif de la classe étant plutôt réduit. Pour être admis au cours d’initiation le directeur d’école demandait aux candidats à l’inscription de toucher leur oreille gauche en passant la main droite par-dessus la tête. Inutile de dire que ceux qui n’avaient pas encore envie d’y aller ne tendaient pas suffisamment leur bras et l’oreille n’était pas effleurée. Ceux qui avaient quelque problème de croissance subissaient le même sort. L’âge importait peu. La majorité d’élèves avait des parents analphabètes, seul comptait la volonté du directeur qui était aussi le maître du cours moyen deuxième année. La maison du catéchiste et celle du directeur d’école sont mitoyennes et chacun dans son ministère a la mission
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de donner aux générations d’enfants du quartier l’un, une foi inébranlable en Dieu, l’autre, la morale et le savoir pour affronter plus tard une vie que l’on ne réussirait qu’avec des diplômes. Nos maîtres avaient tous accroché au mur, près du ta-bleau noir, un fouet en caoutchouc long d’une trentaine de centimètres et assez épais pour laisser des traces de coups sur nos corps. Les blessures, même graves n’appelaient aucune plainte des parents que remplaçaient, en réalité les maîtres, le temps de l’école. Nous vivions l’école avec une discipline qui mettait nos parents à l’abri de quelque mauvaise surprise. Notre édu-cation faite de valeurs morales plutôt judéo-chrétiennes nous était inculquée sans difficulté. Dans la cour de ré-création nous nous exprimions dans la langue maternelle. Les enfants venus d’ailleurs l’apprenaient surtout en jouant avec nous. En classe nos livres de lecture étaient écrits dans la langue de Senghor. Ils racontaient la vie des enfants du Sénégal dans les classiques au titre évocateur de « Mama-dou et Bineta ». Nous parlions librement et presque toujours dans notre langue. Du cours d’initiation au cours élémentaire deuxième année personne ne se préoccupa de nos difficultés d’élocution en français. C’est au cours moyen première année, un an avant l’épreuve du certificat d’études pri-maires et élémentaires que le directeur de l’école inventa un jeu qui allait nous priver peu à peu du droit de parler bassa. Une pièce de monnaie ancienne à l’effigie de Von Puttkamer, le vendredi soir dans les mains d’un élève si-gnifiait une sanction à ce dernier. Tout élève s’exprimant dans une langue différente du français la concédait aussitôt. À son tour de surprendre un camarade qui aurait oublié que désormais dans la cour de recréation où insouciants nous jouions, une seule langue, le français y avait droit de cité.
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