Jean Moulin ou la fabrique d un héros
758 pages
Français

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Jean Moulin ou la fabrique d'un héros , livre ebook

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758 pages
Français

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Description

Fin 1964, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon et André Malraux l'intronise comme héros éponyme de la Résistance. Le nom de Jean Moulin restera à jamais vivant malgré un long procès en diffamation, qui tente de détrôner le héros. Avec plus de 300 établissements scolaires portant son nom, des centaines de plaques et des monuments, le souvenir de Jean Moulin demeure. C'est ce paradoxe que ce livre invite à comprendre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 918
EAN13 9782296466999
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,2100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean Moulin
ou la Fabrique d’un héros
Mémoires du XX e siècle
Déjà parus
Joseph PRUDHON, Journal d'un soldat, 1914-1918. Recueil des misères de la Grande Guerre , 2010.
Arlette LIPSZYC-ATTALI, En quête de mon père , 2010.
Roland GAILLON, L’étoile et la croix , De l’enfant juif traqué à l’adulte chrétien militant , 2010.
Jean GAVARD, Une jeunesse confisquée, 1940 – 1945 , 2007.
Lloyd HULSE, Le bon endroit : mémoires de guerre d’un soldat américain (1918-1919), 2007.
Nathalie PHILIPPE, Vie quotidienne en France occupée : journaux de Maurice Delmotte (1914-1918) , 2007.
Paul GUILLAUMAT, Correspondance de guerre du Général Guillaumat , 2006.
Emmanuel HANDRICH, La résistance… pourquoi ? , 2006.
Norbert BEL ANGE, Quand Vichy internait ses soldats juifs d’Algérie (Bedeau, sud oranais, 1941-1943) , 2005.
Annie et Jacques QUEYREL, Un poilu raconte… , 2005.
Michel FAUQUIER, Itinéraire d’un jeune résistant français : 1942-1945, 2005
Robert VERDIER, Mémoires , 2005.
R. COUPECHOUX, La nuit des Walpurgis. Avoir vingt ans à Langenstein , 2004.
Groupe Saint-Maurien Contre l’Oubli, Les orphelins de la Varenne, 1941-1944 , 2004.
Michel WASSERMAN, Le dernier potlatch, les indiens du Canada, Colombie Britannique, 1921. 2004.
Siegmund GINGOLD, Mémoires d’un indésirable. Juif, communiste et résistant. Un siècle d’errance et de combat , 2004.
Michel RIBON, Le passage à niveau , 2004.
Pierre SAINT MACARY, Mauthausen : percer l’oubli , 2004.
Marie-France BIED-CHARRETON, Usine de femmes, Récit . 2003.
Laurent LUTAUD, Patricia DI SCALA, Les naufragé et les « rescapés du train fantôme », 2003.
Raymond STERN, Petite chronique d’une Grande Guerre, Journal d’un capitaine du service automobile de l’armée , 1914-1918, 2003.
Raymond GARNUNG, Je vous écris depuis les tranchées, 2003.
Egon BALAS, La liberté et rien d’autre, 2003.
Michel Fratissier
Jean Moulin
ou la Fabrique d’un héros
Nous sommes conscients que quelques scories
subsistent dans cet ouvrage. Vu l’utilité du contenu,
nous prenons le risque de l’éditer ainsi
et comptons sur votre compréhension
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55463-4
EAN : 9782296554634
Introduction
Les 18 et 19 décembre 1964 les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon. Cette cérémonie, que de Gaulle a voulu grandiose, marque l’intronisation officielle par la République de Jean Moulin comme incarnation du combat de la Résistance. Jean Moulin, arrêté par Klaus Barbie à Caluire le 21 juin 1943, meurt des suites de tortures qu’il a subies le 8 juillet suivant.
Le choix de commémorer Jean Moulin dans le cadre du vingtième anniversaire de la Libération, imposait de le faire avant la fin de l’année. Les dates du 18 et 19 décembre ne correspondent à rien dans la biographie du héros1. Par contre le mois de décembre a une certaine signification. Le 24, Jean Moulin reçut de de Gaulle une mission élargie à l’action politique et non pas seulement militaire.
La cérémonie a une dimension politique indéniable et a certainement été réglée dans les moindres détails par de Gaulle lui-même2. Dans un contexte de rassemblement après la guerre d’Algérie et de pré-campagne électorale, le Général souhaite souligner deux choses : il convient d’oublier certaines guerres franco-françaises et de se souvenir du combat de la Résistance contre l’oppression nazie. Mais si l’acte est politique, il n’en est pas moins sincère. De Gaulle ne se souvient pas fortuitement de Jean Moulin en cette fin d’année 1964. Il a signifié, dès la fin de la guerre, à sa sœur Laure et publiquement toute l’estime et l’affection qu’il portait à son délégué3.
Le vendredi 18 décembre, la journée débute par un bref hommage du Chef de l’Etat à celui qui fut son représentant en France entre janvier 1942 et le printemps 1943. Le cercueil est ensuite transféré dans la crypte du Monument des martyrs de la déportation. En ce lieu, il reçoit les hommages militaires puis ceux de la Résistance. Jusqu’au départ, le cercueil est veillé par les Compagnons de la Libération et des membres du Conseil de la Résistance. Dans la nuit le cortège se rend au Panthéon où un nouvel hommage militaire est rendu. Pendant que le cercueil est à nouveau veillé, du monument dédié aux Grands hommes part un long faisceau lumineux tricolore.
Cette première journée est celle de l’hommage de la France combattante et du peuple de Paris au fondateur du Conseil de la Résistance. La seconde lie directement le commémoré Jean Moulin, au commémorant de Gaulle. Aux côtés du Général se rassemblent les personnalités les plus marquantes du gouvernement : Georges Pompidou alors Premier ministre, Pierre Messmer (ministre des Armées), Jean Sainteny (ministre des Anciens combattants) et bien entendu André Malraux (ministre de la Culture) chargé de l’oraison funèbre4. A 12 heures 30, André Malraux prononce son discours conclu par le « chant des partisans » .
Le défilé des troupes passe devant le catafalque puis devant le général de Gaulle. En présence de la famille, devant le cercueil transporté sous la grande coupole du Panthéon, un dernier hommage est rendu à Jean Moulin par le Chef de l’Etat et les membres du gouvernement.
La 1ère chaîne de télévision ne s’est pas trompée, c’est bien cette deuxième journée qui est retransmise. Les radios comme France Inter font de même à partir de 12 heures.
Si en 1964, une majorité de Français ne disposaient pas d’un poste de télévision, ce fut à la radio qu’ils purent entendre le discours de Malraux dont la voix empreinte d’une grande émotion décrivit ce que fut, pour lui, la France résistante, hommage dédié tout à la fois à Jean Moulin et au Chef de l’Etat5.
Ce chef d’œuvre tant oratoire que rhétorique dépasse les plus belles pages de la « condition humaine » depuis ses débuts dans la carrière des Lettres et marque indubitablement les consciences. Dès cet instant il devint une référence pour ceux qui aiment l’art de la langue, comme put le souligner le chroniqueur littéraire d’alors du journal Midi Libre 6.
Intitulé « L’éloquence » , Emile Bouvier rend un vibrant hommage au discours d’André Malraux en analysant l’art de la rhétorique du ministre : « sur le socle d’un « éloge » de Jean Moulin, il a dressé l’ « oraison funèbre » d’un martyr du patriotisme et couronné son œuvre d’un « panégyrique » de la clandestinité. L’ « exorde » annonce le motif et crée l’atmosphère, puis la « proposition » annonce le plan et résume la thèse, la « narration » montre le destin de Jean Moulin. La narration se suffisant à elle-même point n’est besoin de « confirmation », c’est-à-dire d’interprétation des faits. La « réfutation » des arguments adverses n’a pas sa place, puisque dit l’auteur, « personne n’a attaqué la mémoire de Jean Moulin ». Vient ensuite la « péroraison » « très développée et digne en tous points de l’exorde ». Emile Bouvier a compté, trois « hypotyposes », aussi symétriquement disposées que les métopes du Parthénon : celle des « femmes noires » de Corrèze, celle « de la grande lutte des ténèbres », celle de la levée dans la nuit de juin du « peuple des ombres » ; deux « apostrophes », « chef de la Résistance, regarde ! » et « Ecoute ce soir, jeunesse de mon pays ! », et des « allégories » jaillissant à tout instant. Malraux a su émouvoir par son génie oratoire, « ce qui est ainsi passé du souvenir à la parole, de l’inconscient à la lucidité, c’est une vision de cauchemar, « l’horreur d’une profonde nuit ». L’émotion, l’art de conter, créent les éléments du poème au creuset de l’imagination. Reste alors « à insérer le poème de la Nuit dans la symphonie plus vaste d’une épopée nationale ». Au thème « du peuple de la nuit » s’oppose celui « des enfants de France », au thème de la « lutte des ténèbres », s&#

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