L agriculture dans la Grèce du IVe siècle avant J.-C.
197 pages
Français

L'agriculture dans la Grèce du IVe siècle avant J.-C. , livre ebook

-

197 pages
Français

Description

Xénophon, lançait un cri d'alarme dans son ouvrage Economique à une époque critique pour le devenir de l'agriculture grecque du IVe siècle avant J.-C., cri toujours d'actualité en ce début du XXIe siècle. Face à la faillite annoncée du monde agricole tel qu'il le concevait et à la naissance d'une société bâtie sur le profit et le rendement, le poète chasseur prône le retour aux valeurs de la terre, qui offrent à l'homme l'idéal d'une vie saine, harmonieuse et équilibrée. Laissons l'"abeille attique" piquer la curiosité de l'homme du XXIe siècle, le miel a conservé toute sa saveur...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 96
EAN13 9782296237681
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Préface

’UNE CERTAINE FAÇON, l’histoire descitésgrecquesesten
D
miniature celle de l’Europe de notretemps:
guerresimpitoyableset récurrentesentre nations semblables, fascination pour
le commerce, coupspolitiques tordus. Ony trouve même l’appel
de l’Ouestetdes terres vierges, avec la Sicile,vue à l’époque
commeun eldorado, à la manière desUSA aujourd’hui. Envérité,
nousn’avons rien inventé, etc’estpourquoi cette histoire est
toujoursd’actualité. Ce livre nouslerappelle etnousle fait vivre, en
partantdesœuvresde Xénophon, maisen élargissantle propos
aux réflexionsdesescontemporains, de Platonson aîné à Aristote
son cadet.

Le personnage central, Xénophon, est un homme fascinant,
auxmultiplesfacettes: jeune, il faisaitpartie de la «bande à
Socrate», comme Platon, Alcibiade etquelquesautres.
Ilsesouviendra biensûrdesleçonsduMaître et, comme Platon, ilse
servitdeson autorité en le mettantenscène dans sesouvrages.
Filsd’un agentimmobilierenrichi enrevendantauprixfortdes
terresachetéespour rien parce queruinéesparla guerre, il entame
une carrière d’homme de cour. Sur recommandation familiale, il
se jointà l’état-majord’un prince perserebelle, quitente de
reconquérir sonroyaume avec l’aide de mercenaires recrutésen
Grèce pourla circonstance. Éluchef de guerre lorsque leschoses
tournentmal, il arrive,sans trop de casse, àrapatrierlesdixmille
hoplitesensouffrance aufin fond de l’Irak;banni d’Athènespour
des raisonspolitiques, il aide lesennemis spartiates. Mais surtout,
il cultiveses terrespendant vingtanset se metà écrire, avantde
revenircomme conseillerdesautoritésd’Athènes,vieux sage bien
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utile pouraiderà lareconstruction de la cité aprèslesdésastres
desguerresduPéloponnèse.
Il estagronome, économiste, philosophe, en fait unesorte de
journaliste engagé qui faitpartdesesexpériencesdeterrain. On
songe àun autre agronome célèbre, Olivierde Serres, lui aussi
militaireuntemps, puis reconverti dansla production agricole :
cela justifie l’insertion de cevolume dansla présente collection.
Biensûr, la partie proprementagronomique de ces
textesintéressera les spécialistes, quiverrontque lesGrecsavaientdansce
domaine desconnaissancesaumoinspratiquesqui ne le cédaient
guère auxnôtres. Onsera intéressé parlesprescriptions surla
jachère, lesplantationsetbien d’autreschoses,souventlesmêmes
que cellesdes«agriculteurs bio» aujourd’hui. Onserasurpris
aussi du scepticisme de l’auteur vis-à-visduprogrès technique :
àses yeux, laseule chose qui compte pourproduire plusestde
travaillerplus. Toutlereste estfutilité. Celatémoignesansdoute
d’une certaine cécité de nosancêtresintellectuels vis-à-visdes
possibilitésoffertesparl’accroissementdesconnaissancesetla
pratique de l’expérimentation. Il est vrai que, comme le fait
remarquerMarie-Françoise Marein, les techniquesdécritespar
Xénophon n’étaientpas trèsdifférentesde cellesprônéespar
Hésiode, quatresièclesplus tôt: le progrès technique en
agricule
ture a été fortlentduNéolithique auXIXsiècle !

S’agissant toutefoisdu travail,si l’onsonge que lesgensqui
étaientemployés réellementdanscette affaire
étaientlesesclaves, on comprend mieuxl’économie du systen effeème :t, plus
on avaitd’esclaves, pluson pouvaitproduire. Maiscomme les
esclavescoûtaientcher, c’était un grosinvestissement,tout
comme maintenant, lesmachinesoulespesticides. Hiercomme
de nosjours, la disponibilité de capitauxétaitconstitutive de
l’avantage des«grandes exploitations».

De même que desmachinesaujourd’hui, il fallait savoir se
servirdesesclaves. De ce pointdevue, Xénophon était très
conscientdesproblèmespratiquesducommandement: dans
l’agriculture moinsque partoutailleurs, à cause desdifficultésde
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surveillance, on ne peutpasfairetravaillercontreson gré
quelqu’un qui n’en a pasenvie, fût-il esclave. Aussi donnait-il nombre
de judicieuxconseilspourgalvaniserle personnel, conseilsque
nerécuseraitpas un moderne directeurdes ressourceshumaines.

À côté de cela, le lecteur se poseune question :en même
tempsque cesexploitations«capitalistes» à base d’esclaves, il
yavaitaussi dansla Grèce Antiqueune foule d’exploitations
«familiales» de petitspropriétaires. Pourquoi cesderniers, qui
pouvaient travaillerautantetmieuxque desesclaves, ne
prirentilspasle dessus surlesgrandspropriétaires? Enréalité, on peut
se demander si ce n’estpasce qui arriva car, auboutducompte,
comme le constate Xénophon, lesgrandesexploitationsfurent
ruinéesparla baisse desprix.

Ceci conduitàse poser une autre question :celle de
comprendre commentle peuple grec – oucetensemble de peuples– a pu
surmonterleslimitesimposéesparles ressourcesnaturelleset
e e
entameren quelquesgénérations, auxVetIVsièclesavant
Jésus-Christ, ce qui, de nosjours,seraitconsidéré commeun
véritable processusde développement.

Ony voiten effetle changementde perspective dansla
perception du rôle de l’agriculture par rapportau reste de
l’économie aucoursde la carrièr: dane de Xénophons son
Économique, œuvre de jeunesse, l’agriculture estprésentée
comme le cœurde l’économie, laseulevraiesource devaleur, et
laseule activité permise àun aristocrate. C’estle discoursdes
Physiocratesfrançaisdesannées1770et, avanteux, d’Olivierde
Serres. Ony trouve même l’idée que «la Terre, elle, ne ment
pas», idéereprise – ce n’est sûrementpas un hasard, car
Philippe Pétain avaitdeslettres– dans un fameuxdiscours
prononcé parle Maréchal le25 juin 1940.

Plus tard, l’agriculturesevitdéclassée parce que moins
rentable que le commerce, lui-même dopé parl’abondance du
numéraire lié à la mise envaleurde minesde métauxprécieux. Il
fallutl’intervention de l’Étatetlarégulation desmarchéspour
faire face à la crise agricole. Onvoitalors se poserle problème
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de «l’État providencefa» :ut-il associerles richesauxeffortsdu
gouvernementpourdistribuerle minimumvital àtousles
citoyens? Laréponse, affirmative, conduitàtransformerl’État
lui-même enunevaste entreprise commerciale, avecsa flotte de
commerce,sesmines, etc. On a oublié l’agriculture eton n’est
plus trèsloin du socialisme.

Quel a été dansce domaine lerôle de la guerrLa qe ?uestion
n’estpasdirectement traitée parMarie-Françoise Marein, mais
toutl’ouvrage oblige àse la poser. En fait, onvoitbien que la
e
Grèce duIVsiècle étaitaubord de l’épuisementdeses ressources
naturellesavec, en particulier, la disparition desforêts,sacrifiées
pourétendre lasuperficie cultivable et se procurerduboispour
lesconstructionsnavaleset urbaines. En mêmetemps, aucune
innovationtechnologique ne permettaitd’envisagerd’élargirle
cadre naturel, ce qui étaitla grande différence avec lasituation
actuelle. Danscesconditions,
pouréviterlescrisesdesubsistances, il fallait régulerla population.

L’esclavage était unremède partiel :Xénophon explique
commentgérerle cheptel humain commeuntroupeaude bovins, en
contrôlantlesnaissances, afin d’avoir toujoursle plein-emploi et
pasd’excédent. Maisl’esclavage ne pouvaitfonctionnerque
grâce à la guerre,seulesource d’esclaves vraiment rentables, car
susceptiblesd’être misau travail aussitôtachetés(l’élevage des
enfantsn’étaitpas recommandé, car trop coûteux). La guerre
permettaiten outre deréglerdirectementle problème des
subsistances: ici, le militaire explique qu’en guerre, il estbeaucoup plus
facile etplusefficace de prendre la nourriture à l’ennemi que de
la produiresoi-même. Ainsi, desexpéditionscomme cellesdes
DixMille et, plus tard, d’Alexandre peuvent se comprendre
commeun moyen derésorberl’excédentde la population libre de
la Grèce.

De plus, quand on était vainqueur, lesadversairesdevenaient
esclaves, dumoinsceuxqui pouvaient travailleretdonc produire
untoutpetitplusque leurpropresubsistance. Lesautres, bouches
inutiles, étaientmassacré

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