La guerre, mes demoiselles 1939-1945
396 pages
Français

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La guerre, mes demoiselles 1939-1945 , livre ebook

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396 pages
Français

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Description

Imaginez une jeune personne qui entre dans la Seconde Guerre mondiale à l'âge de douze ans et qui va la traverser sans en souffrir spécialement, si ce n'est de l'ambiance générale (celle d'une défaite), des privations communes à tous et de l'amertume d'un père blessé en Quinze, mutilé en Seize au Chemin des Dames... Sort-on indemne de deux ou trois guerres tellement récentes qu'elles n'ont encore quitté ni la chair, ni la mémoire des vivants ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 62
EAN13 9782296450516
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA GUERRE, MES DEMOISELLES
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13788-2
EAN : 9782296137882

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Denise SCHUHLER-GÉNIN


LA GUERRE, MES DEMOISELLES

(un Journal, des Fragments, des Souvenirs)

1939 -1945

dessins de lauteure : contemporains du récit


L’Harmattan
Mémoires du XX e siècle


Dernières parutions


Joseph PRUDHON, Journal d’un soldat, 1914-1918. Recueil des misères de la Grande Guerre , 2010.
Arlette LIPSZYC-ATTALI, En quête de mon père , 2010.
Roland GAILLON, L’étoile et la croix, De l’enfant juif traqué à l’adulte chrétien militant , 2010.
Jean GAVARD, Une jeunesse confisquée, 1940 – 1945 , 2007.
Lloyd HULSE, Le bon endroit : mémoires de guerre d’un soldat américain (1918-1919), 2007.
Nathalie PHILIPPE, Vie quotidienne en France occupée : journaux de Maurice Delmotte (1914-1918) , 2007.
Paul GUILLAUMAT, Correspondance de guerre du Général Guillaumat , 2006.
Emmanuel HANDRICH, La résistance … pourquoi ? , 2006.
Norbert BEL ANGE, Quand Vichy internait ses soldats juifs d’Algérie (Bedeau, sud oranais, 1941-1943) , 2005.
Annie et Jacques QUEYREL, Un poilu raconte …, 2005.
Michel FAUQUIER, Itinéraire d’un jeune résistant français. 1942-1945, 2005
Robert VERDIER, Mémoires , 2005.
R. COUPECHOUX, La nuit des Walpurgis. Avoir vingt ans à Langenstein , 2004.
Groupe Saint-Maurien Contre l’Oubli, Les orphelins de la Varenne, 1941-1944 , 2004.
Michel WASSERMAN, Le dernier potlatch, les indiens du Canada, Colombie Britannique, 1921. 2004.
Siegmund GINGOLD, Mémoires d’un indésirable. Juif, communiste et résistant. Un siècle d’errance et de combat , 2004.
Michel RIBON, Le passage à niveau , 2004.
A ma famille


Aux jeunes qui n’ont pas connu la guerre
1938


Présentations


Ce jardin est celui de mes grands-parents à Asnières
Il fut mon lieu de vie de 1927 à 1934
Nous y sommes en visite pour la dernière fois
Mes grands-parents ont vu passer trois guerres
Mes parents, deux
Moi, une
De la « Grande Guerre », ma mère est sortie veuve
mon père mutilé du bras gauche
et bourrelé de rancunes tenaces
Ils se sont rencontrés après 1920
J’ai hérité de tout cela, Grosse Bertha comprise
Je vais essayer de raconter
Avant-propos
J ’ai mis du temps, cinq années peut-être, à décider la publication de ce récit, moins par paresse que par conviction de son insignifiance. Car c’est une histoire sans histoire que retraçait cet ensemble de cahiers dépiautés et de fiches disparates ; le manque flagrant d’évènements personnels saillants ou de participation aux faits historiques induisait un « à quoi bon ? » qui aurait été celui de la sagesse… Il n’y a pas dans ce corpus, pour mettre l’eau à la bouche de mes lecteurs, d’enquête raffinée autour d’une vérité, je pense à D. Mendelsohn écrivant Les Disparus ; pas le moindre dîner mondain rassemblant dans une atmosphère de fin du monde les people du gratin nazi comme dans les livres de Malaparte ; pas davantage de squelettes dans les placards ou autres cadavres occultés, menaçants résidus du Mal, vous poursuivant sourdement tels ceux des Bienveillantes … Pas de connaissance du terrain polonais, ni germano-russe comme en ont eue Günter Grass ou Vassili Gross-mann ou tant d’autres, maîtres de documents de première main et qui, de surcroît, savaient tenir une plume… Pas de faits héroïques un peu cocardiers, pas d’anecdotes un peu croustillantes, pas de champs de batailles apocalyptiques… mais le quotidien de cinq années de guerre sans charme ni couleur, consigné dans le journal d’une gamine nécessairement ignorante et instinctive, dont le combat pour la liberté et la dignité se limitait surtout, comme celui de ses copines, à traiter ses « profs » sans le respect qu’on essayait de leur inculquer ; dont les plus éclatants faits d’armes seraient de tracer des V dûment pourvus d’une croix de Lorraine sur des véhicules allemands…
Alors ? Rédiger / Ne pas rédiger ?
La tentation était forte de me contenter des nombreuses occupations bucoliques qu’autorise une retraite paisible et jardinière : cuisiner, désherber, lire, tricoter ou broder, dessiner ou faire de la musique, voire des mots croisés… de se contenter des causettes entre amies et des balades du Club Vosgien… Alors ?
Publier / Ne pas publier ?
Mais dans la négative, que faire de cet océan de souvenirs, bien rangés dans ma tête, jadis consignés sur de vilains torchons de papier de guerre, ersatz de papier, rude et grisâtre ou jaunâtre, râpeux sous la plume : une masse de fiches difficiles à mettre en ordre, où la chronologie serait seulement indiquée par l’évolution des graphismes, qui iront de mal en pis avec la nécessité de noter de plus en plus vite en classe… J’en avais déjà fait un semblant de classement en petits tas pour une revue de détail ; de temps à autre, levant sa fine tête de petit serpent tentateur, montait l’idée, naturelle à mon âge, que c’était là mon héritage à transmettre, qu’il y aurait dans ma descendance ou dans celle de mes amies l’un ou l’autre jeune, par exemple mon arrière-petit-fils Titouan, déjà né en 2007, qui s’intéresserait, en archéologue des âmes et des corps, à ces souvenirs de grand’mère et viendrait fouiller là-dedans à la fourchette, au pinceau de soie, avec un sourire, pour en extraire quelque pépite insoupçonnée… Si je n’intervenais pas pour retrouver les dates de tout cela, tout serait perdu à jamais pour tout le monde… Et cela durait… Les mois passaient…
J’attendais que me prenne l’urgence, avant de quitter ce monde, de mettre en forme, en pages, en phrases, cet amas de souvenirs délectables.

Délectables, ces inepties sur fond d’horreur ?
Bien sûr, faute de mieux : on a les souvenirs qu’on peut.
À mes yeux, ils étaient à classer dans les « documents intéressants », dans la mesure où notre cellule familiale n’avait pas eu de deuil direct ou vu s’écrouler sa maison. Jusqu’à l’été 1944 où un cousin saint-cyrien, mon beau cousin lointain mais adoré, Jean Corlu, officier magnifique, mourut d’épuisement, avec tous ses compagnons de combat, après l’assaut donné pour libérer Orly… Je le gardai à cœur des mois durant, choyant sa mémoire. Après quoi ma peine s’allégea… Il est certain que pour ceux qui ont perdu leurs proches, un père, une mère écrasés sous les bombes, un fils disparu sur le front russe, tout est différent, inguérissable. Pour les anciens de Tambow, y a-t-il un pardon ? Et pour ceux qui sous la menace des mitraillettes mirent le feu à l’église d’Oradour-sur-Glane ? Obligés, ensuite, de se battre dans leur propre pays pour obtenir le titre de « Malgré Nous » car suspects, en plus, de collaboration !
Mais voici que je mélange toutes les périodes ! Car ces derniers cas, je n’en ai pris conscience qu’en venant habiter l’Alsace au large de ma vie. Dans mon adolescence, je ne pouvais pas avoir connaissance de ces situations de l’extrême : la guerre, je ne l’ai pas vécue en Alsace mais au Mans, où je venais d’emménager en juin 1939. À l’époque, mon père, dans sa détestation de la chose germanique, prétendait que les Alsaciens ne savaient pas ce qu’ils voulaient, regrettant la France lorsqu’ils étaient allemands et vice versa… Lui non plus ne pouvait pas savoir : Paris est très loin de Strasbourg, n’est-ce pas ? Il n’avait rien compris à cette merveilleuse province, lieu de tous les dangers, passages et convoitises en temps de guerre ; où l’amour de l’ordre et de la solidité (sévère, ténébreux, lourd et germanique) le dispute sans cesse à la séduction des Lumières françaises (logique, raison, clarté, vivacité) !
Tout ceci pour faire sentir à mes lecteurs que la Réconciliation européenne, qui me paraît en définitive ressortir de ce long cheminement tracé par mes souvenirs, n’était pas au départ un thème évident, ni prévisible : j’en fus la première surprise. C&

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