La Royauté à l épreuve du passé de la Révolution (1816-1820)
292 pages
Français

La Royauté à l'épreuve du passé de la Révolution (1816-1820) , livre ebook

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292 pages
Français

Description

Après 25 ans de violence et de bouleversements politiques en France s'impose, par le voeu de Louis XVIII, à partir de l'automne 1816, une monarchie limitée. Les principes établis par la Charte deviennent les objectifs principaux des ministres du roi. Mais les Patriotes et Ultraroyalistes, héritiers d'un passé violent, déstabilisent les volontés de réconciliation nationale. Face à cette agitation, le gouvernement n'hésitera pas à utiliser des moyens inconstitutionnels.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2014
Nombre de lectures 36
EAN13 9782336359540
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

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Extrait

En diversifiant les sources et les éclairages, l’auteur revient sur cette
Bacheville, Itinéraires d’un officier de la Garde
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Chemins de la Mémoire
Laurent Nagy
La Royauté à l’épreuve du passé de la Révolution (18161820)
L’expérience d’une monarchie représentative dans une France postrévolutionnaire
e Série XIX siècle
LaRoyauté à l’épreuve du passé de la Révolution (1816-1820) L’expérience d’une monarchie représentative dans une France postrévolutionnaire
Chemins de la Mémoire Fondée par Alain Forest, cette collection est consacrée à la publication de travaux de recherche, essentiellement universitaires, dans le domaine de l’histoire en général. Relancée en 2011, elle se décline désormais par séries (chronologiques, thématiques en fonction d’approches disciplinaires spécifiques). Depuis 2013, cette collection centrée sur l’espace européen s’ouvre à d’autres aires géographiques. Derniers titres parus : GOSSEJean), (Albert Le surprenant manuscrit de Lyon : Roland Furieux (1607),2014. FOLLAIN(Antoine),Blaison Barisel, le pire officier du duc de Lorraine,2014. LARRAN (Francis),Pisistrate à contretemps.Itinéraires anachroniques d’un tyran athénien,2014. MANGOLTE(Pierre-André),La guerre des brevets, d'Edison aux frères Wright, 2014. ALOUKO(Ange Thierry),La politique étrangère de Willy Brandt,2014. CEHRELI(Sila),Les magistrats ouest-allemands font l’histoire : LaZentrale Stelle de Ludwigsburg,2014. FONTAINE(Olivier),Défense et défenseurs de l’île Bourbon, 1665-1810,2014. BECIROVIC(Bogdan),L’image du maréchal Tito en France, 1945-1980,2014. LEBARS(Loïc),Les professeurs de silence. Maîtres d’études, maîtres répétiteurs et e répétiteurs au XIX siècle,2014. e LAGARDERE (Vincent),Le Commerce fluvial à Mont-de-Marsan du XVII au e XVIII siècle,Le quartier du port, tome II,2014. Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Laurent NAGY
LAROYAUTÉÀL’ÉPREUVEDUPASSÉDELARÉVOLUTION (1816-1820) L’expérience d’une monarchie représentative dans une France postrévolutionnaire
L’Harmattan
Ouvrages du même auteur
Barthélémy Bacheville,Itinéraires d’un officier de la Garde. Une chasse à l’homme à travers l’Europe, présentés et annotés par Laurent Nagy, Cahors, Éditions La Louve, 2013.Frédéric Guillaume de Vaudoncourt,Mémoires d’un proscrit (1812-1834), présentés et annotés par Laurent Nagy, Cahors, Éditions La Louve, 2012.D’une Terreur à l’autre. Théories du complot et nostalgie de l’Empire, 1815-1816, Paris, Éditions Vendémiaire, 2012.Journal de marche du sous-lieutenant Ducque,suivi deH. von Roos, Souvenirs d’un médecin de la Grande Armée, édition critique de Laurent Nagy, Paris, Éditions La Vouivre, 2004.
ÀTimothée
Introduction
La fin des représaillesLa période s’étendant de la dissolution de la Chambreintrouvable(septembre 1816) à la chute du ministère du comte Decazes (février 1820) peut apparaitre comme un moment de combats permanents pour 1 l’installationd’une monarchie représentative en France . Après une longue période d’une extrême violence durant laquelle se sont succédé des dictatures personnelles ou collectives, des guerres nationales et civiles, les Français s’engagentvers une nouvelle pratique de la politique. C’est donc sur un vaste champ dévasté par les dissensions idéologiques depuis des décennies qu’en septembre 1816 des hommes espèrent établir un régime de droit en France sous l’autoritéde Louis XVIII. Ses ministres ont pour missiond’appliquer savision royale dépassionnée de la politique. Le comte Decazes, en 1817,annonce lors d’un discours à la Chambre des députés, qu’il veut: Royaliser la nation, nationaliser le royalisme, protéger tous les intérêts acquis, toutes les propriétés, maintenir une égalité complète des droits, ramener à l'oubli du passé, éteindre les haines, faire aimer le pouvoir en le faisant respecter et en l'exerçant pour protéger toutes les libertés garanties par la Charte, voilà le but que le gouvernement se propose, la règle que lui a tracée le Roi qui, pour rappeler les paroles sorties de la bouche royale, ne peut être Roi 2 de deux peuples et ne peut avoir qu'une même balance et une même justice . L’idée est defaire cesser les divisions intérieures par la soumission aux 3 vœux de Louis XVIII. Mais instaurer une monarchie constitutionnelle e en France au début du XIXsiècle n’est pas fonder un édificeex nihilo. Une fois encore en 1816 le passé récent devient le maître-étalon, la référence à ne pas suivre, pour le présent. Vingt-cinq ans auparavant, en 1791, le roi, la noblesse et une fraction de la nation avide de progrès, dans un élan partagé, avaient espéré freiner le mouvement révolutionnaire en s’abritant derrière une constitutiondont l’essence 1  Voir les ouvrages récents de B. Yvert,La Restauration : Les idées et les hommes, Paris, CNRS, 2013 ; F. Démier,La France de la Restauration (1814-1830) : l'impossible retour du passé, Paris, Gallimard, 2012 ou encore de B. Goujon,Monarchies postrévolutionnaires, 1814-1848, Paris, Le Seuil, 2012. 2 Le Moniteur universel,op. cit.,Discours à la Chambre des Députés, 15 décembre 1817. 3 Voir Philip Mansel,Louis XVIII,Paris,Perrin, 2004.
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même transformait les sujets en citoyens. Des principes étaient proclamés, l’arbitraire et l’intolérance bridés par laDéclaration des droits de l’homme(1789). Cependant, deux forces opposées n’acceptèrent pas ce compromis : une partie de la noblesse prenait le chemin de lÉmigration pour défendre ses privilèges, alors que les gens de peu, insatisfaits de se voir évincer de tout droit du fait de leur statut social, soutenaient de leur nombre les mesures les plus radicales. Ces deux résistances farouches firent basculer dans le sang tous les rêves constitutionnels. L’expérience d’une monarchie tempérée se terminait en guerre civile et, quelque temps plus tard, par la prise du pouvoir par Napoléon Bonaparte. Au retour du roi, les Français ont assisté, voire participé, aux grands débats de la Révolution et de l’Empire. Ils ont vu disparaître la société d’ordres, l’exécution de Louis XVI et l’avènement éphémère d’un pouvoir proclamant l’égalité entretous. Ils ont connu vingt-cinq ans de désordre et de brutalité pour des idées émancipatrices ou destructrices. Ils rêvent maintenant de calmeà l’intérieur, commeà l’extérieur des frontières. En 1814,c’est unenation portant toujours en elle ce passé de souffrance ou d’espérancese rallie sincèrement aux Bourbons. Mais qui lesPatrioteset lesUltraroyalistessont toujours là et le temps n’a guère altéré leur détermination à en découdre.Ces hommes animés par l’esprit de partisavent combien en France toute légitimité est devenue problématique depuis 1789. Après la défaite de Waterloo, pendant plusieurs mois (été-automne 1816), les Contre-révolutionnaires, majoritaires à la Chambre des députés, appliquèrent une logique de terreur à l’encontre de tous ceux qui ne partageaient pas leurs opinions. La frayeur engendrée par le retour inopiné de Napoléon avait entraîné ces hommes dans une logique de vengeance. Pour légitimer leurs actes, les Contre-révolutionnaires avaient utilisé une rhétorique infaillible trouvant ses racines dans l’histoire proche. En plaquant l’exemplarité de la période révolutionnaire, notamment la Terreur (1793), dans leurs discours et dans leurs actions, ces fervents défenseurs de la cause royale, avaient plongé les premiers temps de la Seconde Restauration dans un climat de guerre civile, atmosphère que la plupart des contemporains espéraient voir disparaître avec le retour des Bourbons et l’application de la Charte. Cet enthousiasme royaliste, ce fanatisme inconsidéré, cette passion du Salut par la brutalité avaient été tolérés par une réserve approbatrice du roi et de ses ministres. Seulement, le temps passant, cette ère de représailles devait se fermer et les exagérés accepter de servir la monarchie selon la vision de Louis XVIII, c’est-à-dire avec modération.
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Après la dissolution de la Chambre, ces parangons de la légitimité, victimes de la virevolte royale, vont devenir des éléments de déstabilisation pour la monarchie. Dans le premier chapitre de ce livre, on s’aperçoitque ce changement de cap crée le chaos parmi tous les royalistes. Évincés des postes importants, surveillés par la police, ces anciens fidèles sont dès lors présentés comme des ennemis de Louis XVIII. On comprend derrière cet abandon de la loyauté, la volonté du gouvernementd’expulser du paysage politique les responsables des excès qui ont suivi Waterloo, de ces hommes trop passionnés pour accepter de pactiser avec l’histoirerécente. Afin de les renvoyer dans le temps en leur faisant endosser les responsabilités de la Révolution et de certains insuccès de la Restauration, le gouvernement encouragera même la diffusion de la pressepatriote, qui avec une vigueur incroyable, fera de ces serviteurs de la monarchie des obscurantistes dangereux pour la 4 modernité .Malgré l’extrême profondeur des débats menés par des hommes comme le vicomte de Chateaubriand, Joseph de Maistre ou le comte de Bonald, une construction de l’ultraroyalistes’élabore au détriment de la réalité des hommes et de leurs idées. Une société en perpétuel mouvement S’arrêter sur cette courte période de la Restauration, c’est s’apercevoir au regard des sources multiples, tant littéraires qu’administratives, qu’il s’agit d’un moment essentiel dans l’élaboration démocratique en France. Un retour sur le règne de Louis XVIII est indispensable pour comprendre l’importance de ce moment répondant à une alliance extraordinaire de modernité et de tradition. Afin de s’y pencher sans trop se risquer à une confrontation avec un inconnu sans relief, les historiens d’hier et d’aujourd’hui ontsouvent préféré se figer sur la diffusion et la qualité des idées des élites. De la sorte, la complexité des enjeux politiques s’est trouvée rassemblée dans un discours normé et limité à certains brillants penseurs, alors qu’au sein même de lasociété, tout est sens dessus dessous. Àl’image de ces personnages balzaciens qui font et défont leur vie, échafaudent et détruisent des fortunes, les contemporains profitent pleinement de la mobilité générée par cette alliance extraordinaire née de l’énergie de la période révolutionnaire et du calme monarchique. Il convient donc de saisir la réalité de ces individus souvent modestes qui,
4 e  Voir Jean-Claude Caron,siècleFrères de sang. La guerre civile en France au XIX , Seyssel, Champ Vallon, 2009.
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