Le timbre-poste espagnol et la représentation du territoire
294 pages
Français

Le timbre-poste espagnol et la représentation du territoire , livre ebook

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294 pages
Français

Description

Le timbre, en dépit de son modeste format et de sa perception ponctuelle, est un véritable moyen d'expression étatique permettant la mise en évidence d'une construction nationale et sa projection internationale. Cette étude sur le long terme - 1850 à 1992 - fait apparaître des représentations qui se révèlent des enjeux territoriaux et une vision politisée du pays.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 45
EAN13 9782296460188
Langue Français
Poids de l'ouvrage 37 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE TIMBRE-POSTE ESPAGNOL ET LA REPRESENTATION DU TERRITOIRE
De liconographie à la géopolitique
© LHarmattan, 2011 5-7, rue de lEcole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54586-1 EAN : 9782296545861
Fernando MONROY-AVELLA
LE TIMBRE-POSTE ESPAGNOL ET LA REPRESENTATION DU TERRITOIRE
De liconographie à la géopolitique
Préface dAlain MUSSET Avant-propos dOlivier WIDMAIER-PICASSO
LHarmattan
Historiques dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland
La collection "Historiques" a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des périodes historiques. Elle comprend deux séries : la première s'intitulant "Travaux" est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l'accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la seconde, intitulée "Sources", a pour objectif d'éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d'ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l'historien.
Série Travaux
François VALÉRIAN,Un prêtre anglais contre Henri IV, archéologie dune haine religieuse,2011. Manuel DURAND-BARTHEZ,De Sedan à Sarajevo. 1870-1914 : mésalliances cordiales, 2011. Pascal MEYER,Hippocrate et le sacré, 2011. Sébastien EVRARD,Les campagnes du général Lecourbe, 1794-1799, 2011. Jean-Pierre HIRSCH,Combats pour lécole laïque en Alsace-Moselle entre 1815 et 1939, 2011. Yves CHARPY,Paul-Meunier, Un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau, 2011. Jean-Marc CAZILHAC,Jeanne dEvreux et Blanche de Navarre, 2011 André FOURES,Lécole du commissariat de la Marine (Brest 1864-1939), Regard sur soixante-dix promotions et un millier danciens élèves, 2010. Nenad FEJIC,Dubrovnik (Raguse) au Moyen-Age, espace de convergence, espace menacé, 2010. Jean-Paul POIROT,Monnaies, médailles et histoire en Lorraine, 2010.
À mon fils, Maxime
REMERCIEMENTS À Nancy BERTHIERet Alain MUSSET Aux adorables lecteurs qui ont apporté leurs avis.
PRÉFACE
PETIT DESSIN,GRAND DESSEIN:LESPAGNE FORMAT TIMBREPOSTE
Parmi les petits objets en apparence insignifiants qui emplissent notre vie quotidienne, le timbre-poste occupe sans aucun doute une place particulière. Même si le développement dinternet a en grande partie dématérialisé nos outils de correspondance et transformé en profondeur nos pratiques épistolaires, il continue à jouer un rôle important comme vecteur didentités collectives et de représentations sociales ou politiques. Les processus actuels de globalisation, leffacement supposé des frontières internationales, les progrès de lintégration régionale (à léchelle de lEurope ou dautres grands blocs continentaux) nont pas remis en cause son statut de porte-parole insidieux des affirmations identitaires exprimées par lÉtat, bien aucontraire. Un drapeau, une monnaie, un timbre-poste : la Nation tout entière est en ordre de marche.
Cependant, de manière encore plus subtile, ce petit bout de papier préencollé (et aujourdhui autocollant) a réussi à sadapter aux mutations actuelles de la société en participant à la construction de mémoires toujours plus fragmentées, toujours plus individualisées, qui échappent aux gardiens institutionnels dune histoire conçue comme la mise en scène dun destin collectif. Cest ainsi quavec La Poste et le programmeMontimbramoi, on peut aujourdhui commander sur la toile des carnets de timbres à leffigie de ses parents, de la personne quon aime, de son jardin, de son chien ou de son village natal (celui qui na jamais eu lhonneur dêtre représenté sur les séries des plus beaux villages de France). Il sagit dune véritable révolution pour un outil qui était jusquà présent chargé dexprimer la force de lÉtat, lunité dun pays et la diversité de ses régions. En collant sur lenveloppe une photo de son couple pour expédier à sa famille et à ses amis des faire-part de mariage ou de naissance (au lieu de choisir la cathédrale de Chartres, le Panthéon ou tout simplement Marianne), on piétine allègrement les hauts lieux de mémoire évoqués naguère par Pierre Nora. Le timbre-poste incarnant les valeurs dune communauté nationale sefface derrière limage dune société éclatée dont les membres ne se reconnaissent plus que dans le reflet de leur propre miroir. Comme le disait Giovanni Lévi pour signaler que, au cours des trente dernières années, la notion même de mémoire avait souffert dune perte de sens liée à léclatement des discours historiques: «Le processus triomphal de lindividualisation, de la privatisation de lexpérience, a produit une mémoire fragmentée, individualisée. Cest la
mémoire de chacun, non celle dun groupe, ou dun peuple, qui entre 1 continuellement en scène » . Loin de cette «privatisation de lexpérience» qui a transformé le timbre-poste en objet de consommation courante au servicedune communauté réduite à sa plus simple expression, Fernando Monroy nous rappelle que ces petites icônes identitaires ont étéet sont encoreun redoutable instrument de propagande au service de la Nation. En osant réaliser une étude géopolitique delEspagne à travers liconographie du timbre-poste, il na pas hésité à bouleverser bien des idées reçues et à transgresser des frontières universitaires parfois trop rigides. Cest en 2004 que jai acceptéde diriger cette recherche sur un sujet qui,a priori, me paraissait un peu étrange car il entrait par effraction dans le cadre de mes études sur la représentation de la ville et des territoires. Cependant, si on utilise le cinéma, la littérature, la bande dessinée, les peintures murales, les graffitis et les jeux vidéo comme outils pour analyser les sociétés urbaines contemporaines, il ny a pas de raison de refuser dinclure le timbre-poste dans cet ensemble de médias hétérodoxes mis au service des sciences sociales. Le défi était dautant plus intéressant à relever quil est encore trop rare de voir des étudiants latino-américains venir en Europe pour faire des recherches sur le pays qui les accueille : en général, ils viennent à Paris ou à Madrid pour travailler sur Mexico, Bogotá, Buenos Aires et Rio de Janeiroce qui nous prive du regard postcolonial quils pourraient porter sur notre aire culturelle afin de mieux nous « provincialiser», pour reprendre lexpression de Dipesh 2 Chakrabarty .
Le travail réalisé par Fernando Monroy dans sa thèse de doctorat soutenue en 2007 à lEHESSet publiée aujourdhui sous la forme dun livre se situe réellement au carrefour de plusieurs disciplines : histoire, histoire de lart, sémiologie, géographie Cest à la suite de nombreuses discussions que le parti a été pris dorienter sa problématiquevers la géopolitique interne de lÉtat espagnol car non seulement le sujet mais aussi le corpus documentaire se prêtaient à ce retournement de perspective. Il ne sagissait plus de travailler sur les images en elles-mêmes et sur ce quelles représentaientmais sur lensemble du corpus comme expression dune pensée politique. En changeant déchelle, on changeait de sujet. On est ainsi passé de létude des représentations de la villesurles timbres-poste aux représentations du territoiredansles timbres-poste. Grâce à cette inflexion de la perspective initiale, Fernando Monroy nous propose à la fois une
1 Giovanni Lévi, «Le passé lointain. Sur lusage politique de lhistoire», dans François Hartog et Jacques Revel (dir.),Les Usages politiques du Passé, Paris : EHESS, 2001, pp. 31-32. 2 Dipesh Chakrabarty,Provincializing Europe: Postcolonial Thought and Historical Difference,Princeton, Princeton University Press, 2000.
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