Luttes syndicales et politiques en Guadeloupe
284 pages
Français

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Luttes syndicales et politiques en Guadeloupe , livre ebook

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Description

Dans ce livre-récit, l'auteur retrace son parcours de militant syndical et politique, engagé dans la réalité socio-économique d'exploitation, qu'il n'eut cesse de dénoncer dans son pays. La création de nombreuses sections syndicales débouchera sur une lutte acharnée avec le patronat, dont la grève du bâtiment, transformée en "événements" majeurs. Conséquence : la répression de mai 1967. L'auteur réclamé "mort ou vif" par les forces de la répression fut emprisonné sur place pendant onze mois.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 415
EAN13 9782336267661
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296076105
EAN : 9782296076105
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace Avant-propos
Luttes syndicales et politiques en Guadeloupe
Tome 1 : Les enjeux

Paul Tomiche
À Pato

À Athon et Jules, mes deux compagnons de lutte et d’infortune
« On peut détruire un homme sans jamais le vaincre. » Ernest HEMINGWAY.
Avant-propos
Pour éviter que ne surgissent des doutes quant à l’authenticité des récits, des actes et des témoignages, de quelque provenance qu’ils furent, une infinité de précautions a été prise pour que le lecteur garde l’entière liberté de se fonder une opinion.

À l’intention des dits lecteurs qui, dans les années 1960, avaient entre 10 et 20 ans d’âge, il m’a paru important de rapporter, ici, fidèlement, dans leur intégralité certains textes et documents dont l’objectif est qu’ils soient historiquement soumis à l’appréciation souveraine de notre peuple et des générations futures.
En cette période, une phrase mal conçue suffisait à jeter le discrédit sur son auteur et le rendait suspect d’une volonté délibérée de falsification.
La vision manichéenne partagée par des lettrés, des élites responsables à diverses strates de la société a développé successivement, incompréhension, irritation, incompatibilité farouchement entretenues, discrédit et finalement haine implacable.
Ces éléments, ont ouvert la voie à ce qui fut une trame infinie de mensonges, de calomnies, de non-dits compromettant pour longtemps les chances et les moyens de parvenir à l’objectif que l’on s’était assigné et auquel avait adhéré le peuple, en tant que moteur de son histoire.

Mon récit ne se fera pas sous forme d’un déroulement chronologique. Le va-et-vient entre le passé et l’avenir dans la relation des faits et des textes devra conduire le lecteur à se faire une idée exacte du militantisme bénévole dans un monde où la politique et le syndicalisme n’étaient pas dénués d’un profond caractère pernicieux et mercantile.

À cet effet, un certain nombre d’évènements méritaient d’être évoqués : Arrivée de de Gaulle au pouvoir. Sa visite, plus tard, en Guadeloupe, Première Conférence de la Jeunesse guadeloupéenne Application de l’Ordonnance du 15 octobre 1960. Manifestation des soldats démobilisés en quête d’emploi. Création du SPECOG Fin de la guerre d’Algérie après celle du Vietnam. Développement du syndicalisme lutte de classes Première Conférence tricontinentale à la Havane Dérive de la direction du PCG. . . Exclusion du comité central du PCG et de la CGTG de plusieurs camarades. Création du Groupe et du journal La Vérité Grève des ouvriers du bâtiment et répression sanglante. Création du syndicat MASU. Querelles d’intérêts et division
En 1959 ma conscience mûrit. Elle s’était confusément éveillée à l’écoute de discussions très serrées et néanmoins pertinentes entre des amis bien plus âgés que moi, qui, malgré leurs points de vue politiques opposés, m’incitaient à la réflexion sur les problèmes généraux tant intérieurs qu’extérieurs à la Guadeloupe. La guerre d’Algérie tout comme la Révolution cubaine constituaient pour moi un immense champ d’expériences auxquelles je prêtais une attention soutenue. Certes, sans pouvoir m’étendre sur le sujet, des échos m’étaient parvenus de la conférence de Bandoeng où avaient été posés, sans doute sous un angle nationaliste bourgeois, les problèmes de la décolonisation, dont la nationalisation de certaines ressources et productions, avec notamment l’Indien Jawäharläl Nehru, le Ghanéen Kwamé N’Krumah, l’Egyptien Gamal Abdel Nasser, l’Indonésien Achmed Soekarno. Par rapport à ce qu’il est dit et abordé de manière assez superficielle à mon sens, mais sûrement limitée à l’époque, l’invasion en 1956 de la Hongrie par les troupes soviétiques m’était apparue comme une péripétie à la fois imprévisible et dommageable mais sans grave conséquence dans un pays de l’Est après la mort de Staline.

Mon grand regret, en revanche, se situait en la désagrégation de l’équipe nationale de football de Hongrie. Elle venait d’être battue au Wankdorf de Berne, en coupe du monde de 1954 par la République fédérale allemande, en partie à cause de la blessure à la cheville de son meneur de jeu Ferenc Puskas surnommé le « major galopant ». Pourtant au cours des éliminatoires, quinze jours auparavant, toujours à Berne, les Magyars avaient infligé un sévère 8 à 3 à la même équipe ouest-allemande. L’opinion du journaliste sportif hongrois, M. Faleki a été la suivante : « Ce fut la répétition de la finale de 1950. À Rio, l’Uruguay avait triomphé du Brésil dont l’équipe était nettement supérieure. Aujourd’hui aussi, le sort a voulu que l’Allemagne triomphât d’une équipe meilleure que la sienne, celle de la Hongrie. »

Certes, l’organisation du cinquième championnat du monde fut aussi considérée par des observateurs comme une faillite. L’anticommunisme l’avait minée pour venir à bout de l’équipe de Hongrie qui n’avait pas perdu un match depuis 1950. Ce qu’un ancien joueur de l’équipe de Roubaix-Tourcoing le Hongrois Kalmar, exprima avec amertume : « La victoire finale de l’Allemagne que nous avions battue au premier jour, est la conséquence d’un règlement qui a permis à M. Herberger (entraîneur de la RFA) d’obtenir la qualification de son pays en alignant une équipe de réservistes. C’est ainsi que l’Allemagne est arrivée en finale sans encombre pendant que nos joueurs avaient à livrer deux batailles sans merci dont chacune a pu être considérée comme une véritable finale avant la lettre. » Avant que ne fut pansée cette plaie de leur prestige presque tous les meilleurs joueurs durent fuir à l’étranger après l’invasion. Puskas, Czibor, Kocsis (la tête d’or), Hidegkuti, un militaire de haut rang, Boszik qui était député, Lantos, Lorant, Budzanski, Zakarias, Toth, Palotas, Budaï et le gardien Grosits etc. n’avaient pas accepté l’occupation de leur pays par l’armée russe. Ces joueurs, sujets de mon admiration, avaient appartenu pour la plupart au Honved, au Voros Lobogo et à Ferencvaros des équipes qui relevaient d’organismes d’Etat. Boszik et Hidegkuti retournèrent par la suite en Hongrie, tandis que d’autres, expatriés à tout jamais, en firent leur deuil.

Ma consolation, peut-être une petite revanche intérieure, après ces événements politiques, humain et sportif, vint quatre ans plus tard lors de la victoire de l’équipe de football du Brésil sur l’équipe de Suède et à Stockholm même. Ma fierté était d’autant plus grande et compréhensible qu’un journaliste français, Gabriel Hanot de L’Equipe, avait écrit, dans son jugement du jeu et des joueurs, « Un ailier droit comme Garrincha n’existe pas et n’est pas concevable en Europe. » Dès lors, mon identité latino-américaine se découvrait... Grâce à Garrincha ce sang mêlé précisément, grâce à Gilmar, Djalma et Nilton Santos, Bellini, Orlando, Zito, Didi, Vava, Zagalo et surtout l’incomparable Pelé dont la touche de balle, la vista et l’efficacité dans le collectif auront marqué le football, à tout jamais, à travers la planète entière. En dépit de toutes les péripéties vécues par les équipes du Brésil au cours du temps, y compris quand les dirigeants alignèrent leur système de jeu sur celui de la vieille Europe, il m’aurait fallu encore beaucoup plus pour me départir de la sympathie que m’inspiraient ces merveilleux joueurs.

Mon identité se découvrait, disais-je, avec les joueurs du Brésil. Mais elle s’est raffermie avec une autre victoire qui aura à tout jamais marqué le monde en général et les jeunes surtout, en particulier, celle qui a inauguré une ère nouvelle dans tout l’hémisphère américain : la Révolution cubaine.

J’admis, quand bien plus tard je fus en mesure d’analyser, avec le recul et l’expérience nécessaire la situation politique, que les joueurs hongrois avaient eu parfaitement raison en tant que militaires, fonctionnaires, bref en tant que citoyens hongrois avant tout, de ne pas cautionner cet affront fait à leur pays souverain. Les gens d’âge mûr avec lesquels j’entretenais de fréquentes discussions, très souvent, ne se prononçaient pas fondamentalement contre « le petit père des peuples » dont ils opposaient la

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