Mémoires d un préfet
248 pages
Français

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Mémoires d'un préfet , livre ebook

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Description

Fourmillant d'anecdotes inédites, les Mémoires de Gilbert Carrère nous permettent de découvrir et d'approfondir nombre d'aspects essentiels de l'histoire administrative française, depuis l'organisation de l'Algérie à l'époque où elle était encore département français, à la décentralisation qui, à partir de 1981, transforma profondément la fonction préfectorale. Ils nous offrent également les portraits sur le vif de ceux qui firent l'histoire politique de la seconde partie du XXe siècle.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296485976
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mémoires d’un préfet
À la traverse du XX e siècle
Graveurs de mémoire
François DELPEUCH, Chronique édilique , 2012.
Jean Michel CANTACUZENE, Une vie en Roumanie. De la Belle Epoque à la République populaire. 1899-1960 , 2011.
Claude DIAZ, Demain tu pars en France. Du ravin béni-safien au gros caillou lyonnais , 2011.
Jacques QUEYREL, Un receveur des Postes durant les trente glorieuses, 2011.
Benoît GRISON, Montagnes… ma passion, Lettres et témoignages rassemblés par son père , 2011.
Henri Louis ORAIN , Avec Christiane, 68 ans de bonheur , 2011.
Pascale TOURÉ-LEROUX, Drôle de jeunesse , 2011.
Emile HERLIC, « Vent printanier », nom de code pour la rafle du Vél’ d’hiv’ . Récit , 2011.
Dominique POULACHON, René, maquisard. Sur les sentiers de la Résistance en Saône-et-Loire , 2011.
Shanda TONME, Les chemins de l’immigration : la France ou rien ! (vol. 3 d’une autobiographie en 6 volumes) , 2011.
Claude-Alain CHRISTOPHE, Jazz à Limoges , 2011.
Claude MILON, Pierre Deloger (1890-1985). De la boulange à l’opéra , 2011.
Jean-Philippe GOUDET, Les sentes de l’espoir. Une famille auvergnate durant la Seconde Guerre mondiale , 2011.
Armand BENACERRAF, Trois passeports pour un seul homme, Itinéraire d’un cardiologue , 2011.
Vincent JEANTET, Je suis mort un mardi , 2011.
Pierre PELOU, L’arbre et le paysage. L’itinéraire d’un postier rouergat (1907 - 1981) , 2011.
François DENIS et Michèle DENIS-DELCEY, Les Araignées Rouges, Un agronome en Ethiopie (1965-1975) , 2011.
Djalil et Marie HAKEM, Le Livre de Djalil , 2011.
Chantal MEYER, La Chrétienne en terre d’Islam , 2011.
Danielle BARCELO-GUEZ, Racines tunisiennes , 2011.
Paul SECHTER, En 1936 j’avais quinze ans , 2011.
Roland BAUCHOT, Mémoires d’un biologiste. De la rue des Ecoles à la rue d’Ulm , 2011.
Eric de ROSNY, L’Afrique, sur le vif. Récits et péripéties , 2011.
Eliane LIRAUD, L’aventure guinéenne , 2011.
Louis GIVELET, L’Écolo, le pollueur et le paysan , 2011.
Yves JEGOUZO, Madeleine dite Betty, déportée résistante à Auschwitz - Birkenau , 2011.
Gilbert Carrère
Mémoires d’un préfet
À la traverse du XX e siècle
L’Harmattan
© L'Harmattan, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56001-7
EAN : 9782296560017
A ma femme, qui m’est tout
A nos enfants, notre fierté
A nos petits-enfants, notre espérance
A nos sœurs,
A nos neveux et nièces, nos cousines, toute notre famille des deux côtés de l’Atlantique
Au maire, au conseil municipal et aux associations de Lamontjoie
Avec tous mes remerciements à Anne Leclerc pour son aide précieuse et ses conseils avisés
Près de trois ans m’auront été nécessaires pour venir à bout, il est vrai à des mois d’intervalles, de ces quelques pages de souvenirs sans autre justification qu’une certaine lenteur à rédiger et ma propension ancienne et fâcheuse à « procrastiner », mot cher à Edgar Faure pour dire : remettre au lendemain.
Dans l’avant-propos de ses Essais , Montaigne dit de son ouvrage : « Je l’ai voué à la commodité particulière de mes parents et mes amis ; à ce que m’ayant perdu, ce qu’ils ont à faire bientôt, ils puissent y retrouver d’aucuns traits de mes conditions et humeurs et que, par ce moyen, ils nourrissent plus entière et vive connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eût été pour chercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée… Que si j’eusse été de ces nations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des premiers mois de la nature, je t’assure que je m’y fusse peint tout entier et tout nu… ».
Comme Montaigne – mais à la différence du talent et de la richesse de la pensée, est-il besoin de le préciser – je destine ces pages à mes parents et à mes amis, sans me dissimuler la banalité et, finalement, la vanité de l’exercice. Aussi dois-je les prévenir, comme le dit Montaigne : « Ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain » sans aller jusqu’à ce qu’il appelait « l’arrière-boutique » (le moi profond) ; et pendant que ma mémoire ne me fait pas défaut, je reprends donc ce chemin de traverse de plus d’un demi-siècle qui se trouve certainement être, dans toute l’histoire de l’humanité, celui des plus grandes révolutions dans l’ordre des sciences, techniques et mœurs. En 1950, on ne comptait en France que quelques milliers de télévisions, pas ou à peine autant d’ordinateurs, le pays était encore largement rural par le nombre de ses agriculteurs et le comportement de ses élus sinon de leur place dans l’économie nationale ; le temps des métropoles et ses banlieues fourmillantes n’était pas encore venu ; nous allions vivre, de plus ou moins près, des prodiges scientifiques, les bouleversements d’une société qui ne s’en est pas remise. Pendant ces cinquante ans, le monde, à peine sorti des horreurs et des souffrances du dernier conflit mondial, allait connaître les derniers feux de la prédominance européenne et les derniers soubresauts de l’époque coloniale mais aussi la difficile gestation de l’Europe – distancée à présent par l’empire américain, dangereusement affrontée à la croissance rapide du continent asiatique ; et entrer dans l’ère de la globalisation, terme anglais que je préfère à mondialisation, dans tous les domaines de la vie.
« Voici les temps où l’on connaîtra l’avenir sans mourir de sa connaissance.» (Apollinaire)
* * *
Dans l’usage courant du Sud-Ouest, la carrère est un chemin de terre ou sommairement pavé, ombragé de chênes ou de peupliers, marqué par les profondes ornières des charrois ; qui permet de couper court, à travers les champs, pour arriver plus rapidement au sommet de ces coteaux caractéristiques de la Gascogne. Et c’est ainsi, en empruntant ces traverses, qu’enfants, nous nous rendions, mes sœurs et moi, sous la conduite de ma grand-mère, de notre maison de village à l’une ou l’autre des deux fermes de la famille, dans les grandes occasions des moissons, des battages ou des vendanges – ces grandes cérémonies paysannes disparues – et que nous redescendions, au soir tombant, lorsque s’allongent démesurément les ombres des grands arbres, ou même la nuit tombée, nous tenant par la main pour éviter les fondrières et nous rassurer. Car loin d’être silencieuse, la campagne s’anime alors du passage furtif des animaux en chasse, des froissements d’ailes d’oiseaux aussi apeurés que nous, et surtout du cri pénétrant et sinistre du chat-huant, si proche, à s’y méprendre, de l’appel au secours de quelque homme en train de couler.
Le jeu de mots est facile entre ce simple chemin rural et mon nom mais je le crois, au fond, assez illustratif d’un parcours ; bien loin des voies royales offertes à tant de ceux que j’ai pu connaître ou croiser dans les hautes sphères parisiennes ou même des notoriétés provinciales établies – dont les rejetons peuplaient le lycée des années 30 – ; une enfance campagnarde dans un monde paysan qui n’est plus ; un accès décisif – et relativement rare dans le monde rural d’alors – au lycée, par la volonté d’une mère toute d’ambition pour ses enfants. J’y reviendrai. Un parcours qui aurait dû conduire normalement, « classiquement », à une chaire d’enseignement secondaire ou au barreau, au chef-lieu du département, au mieux de la région.
Il en a été autrement.
Michel Serrault, à qui on demandait le « secret » de sa réussite, répondait : « Quelle réussite ? Il y a seulement la chance d’avoir fait les bonnes rencontres ».
Eh bien, à mon rang, je puis dire aussi : cette chance m’a été donnée gracieusement à plusieurs reprises, sur le plan personnel et professionnel, comme on le verra plus loin.
La première qui commande toutes les autres, est celle de la rencontre avec ma femme, un 14 juillet ! Chance encore de la rencontre d’hommes qui m’ont honoré de leur amitié, de leur affection, et m’ont inspiré : Paul Ducournau, soldat de légende, le premier officier à débarquer sur les côtes de Provence, le 15 août 1944, à la tête de son commando, que Delattre de

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