Peuples des Balkans
250 pages
Français

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Peuples des Balkans , livre ebook

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Description

Les Balkans furent toujours divisés entre Ouest et Est, catholiques et orthodoxes, monde capitaliste et bloc communiste, entre l'Autriche-Hongrie et l'empire Ottoman... mais expriment le désir de vivre ensemble, en paix, au sein de l'UE. Peuples autochtones, Slaves, "envahisseurs" venus de l'Est ou réfugiés : par-delà la variété des cultures et les conflits, tous forment l'identité balkanique, qui se révèle à travers une mentalité, une façon de s'habiller, de danser, de prier, des fêtes, légendes et croyances, ou encore une expression linguistique spécifique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 192
EAN13 9782296932647
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PEUPLES DES BALKANS
Michel Praneuf


PEUPLES DES BALKANS


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11201-8
EAN : 9782296112018

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Jusqu’au début du XXI e siècle, la péninsule balkanique est la dernière région d’Europe encore agitée par des conflits inter-ethniques, incapable de parvenir à la stabilité, la paix et la démocratie requises pour intégrer l’Union européenne.
Le sud-est de l’Europe fut de tout temps un carrefour des nations, un espace traversé, envahi, habité par de multiples peuples depuis l’Antiquité. L’Histoire fit des Balkans l’un de ses grands champs de bataille, où se confrontèrent des civilisations diverses, où se firent sentir des influences contradictoires, où s’affrontèrent les intérêts des grandes puissances, où de nombreux peuples migratoires se disputèrent un espace vital, où les aires d’habitat ethniques n’ont jamais correspondu aux frontières politiques.
Comment définir l’espace balkanique? Par la géographie, l’histoire, la population ? Si la péninsule ibérique est nettement délimitée par les Pyrénées et possède une grande homogénéité de population, essentiellement de culture latine, où tracer les limites terrestres de la péninsule balkanique ? Encadrée par des mers, de l’Adriatique à la Mer Noire, elle n’a pas de frontières naturelles au nord. On peut fixer par facilité la vallée du Danube. Mais les terres roumaines s’étendent bien au nord du fleuve. Quant à la Hongrie et la Slovénie, sont-elles encore balkaniques?
Au sens strict, Balkan désigne un massif montagneux de Bulgarie. Et de fait, même si la péninsule comporte des plaines périphériques, vers la Mer Noire (Dobroudja) et près de la vallée du Danube (la Pannonie et la Voïvodine yougoslaves), l’ensemble forme un système complexe de reliefs avec notamment les Alpes (Slovénie), les Alpes dinariques (Croatie, Albanie), les Carpathes (Roumanie), le Pinde (Grèce), la Stara Planina et le Rhodope (Bulgarie).
Selon la tectonique, la péninsule se trouve à la jonction de plaques de trois continents, qui, par suite des lents mouvements de l’écorce terrestre, s’entrechoquent périodiquement et provoquent des séismes, le plus souvent en Grèce et Turquie, pouvant être dévastateurs et meurtriers, comme celui de Skopje en Macédoine, en juillet 1963.
De même, tout au long de l’histoire, les Balkans sont traversés par une ligne de fracture entre des cultures opposées, génératrice de tragédies humaines.
Ligne de fracture permanente entre le monde gréco-latin et le monde barbare, entre les religions catholique et orthodoxe, entre les chrétiens et les musulmans, entre l’Empire austro-hongrois et l’Empire ottoman, entre le monde "libre" et le bloc communiste. Au sein même de chaque Etat, il y eut sans cesse des conflits entre populations de langues et de religions différentes contraintes de cohabiter sur les mêmes territoires, entre pouvoirs dominateurs et révoltes nationales, entre options politiques, inspirées par les empires orientaux (Moscou, Istanbul) ou les idées nouvelles de l’Occident.
L’histoire des Balkans présente autant de versions que de peuples. Alors que tous les écoliers slaves apprennent "la libération du joug turc", les petits Turcs parlent des "guerres injustes qui ont mis fin à l’Empire ottoman". 1453 est pour les élèves turcs la date de la "libération d’Istanbul", pour les Grecs celle de la tragique "chute de Constantinople". 24 siècles après, Grecs, Bulgares et Macédoniens se disputent toujours la nationalité d’Alexandre le Grand. Les Balkans, a dit Winston Churchill, produisent plus d’histoire qu’ils ne peuvent en assimiler.
La terre balkanique est pavée d’une mosaïque de peuples, d’une "macédoine" humaine, pourrait-on dire en l’occurrence. Mais il ne s’agit pas d’un "melting pot" comme aux Etats-Unis, car, s’ils sont mélangés, chacun a gardé son identité culturelle. Il y a d’abord les peuples qui sont là sans interruption depuis l’Antiquité, les Grecs, qui ne forment plus qu’une petite nation conservant la mémoire de s a grandeur passée, les Roumains, héritiers des Romains, les Albanais, les plus mystérieux de tous, et aussi les Aroumains ou Koutsovlaques, et les Grecs Pontiques, ces deux groupes étant peut-être plus authentiques, moins métissés que les autres.
Ensuite, ce fut l’arrivée des tribus slaves durant le Haut Moyen Age. Chacune a sa personnalité : les Slovènes ressemblent peu à leurs frères macédoniens. Tous ont tenté d’unir leurs destinées au sein d’une entité yougoslave, sauf les Bulgares qui ont eu un destin à part. Des envahisseurs venus des steppes asiatiques ont bouleversé la physionomie géopolitique de la péninsule : les Magyars et surtout les Ottomans, qui ont tenu sous leur joug la plupart des peuples pendant cinq siècles. Plus discrètement, d’autres populations sont arrivées pour chercher une terre d’asile : les Saxons, qui ont colonisé la Transylvanie, les Tsiganes, nomades et marginaux pour l’éternité, les Juifs Sépharades chassés d’Ibérie, qui ont trouvé un refuge sur le chemin d’Israël, les Gagaouzes, Turcs infidèles à l’islam, les Lipovènes, Russes persécutés pour leur religion, les Arméniens dispersés par un génocide.
C’est cette ligne de fracture qui fut, encore à la fin du XX e siècle, la cause de la dernière guerre d’Europe, celle qui opposa Serbes et Croates, chrétiens et musulmans. Sarajevo, qui supporta quatre ans de la part des Serbes un siège qui fut l’un des plus longs et des plus meurtriers de l’histoire moderne, en demeure le symbole. Au début des années 2000, au centre de l’Europe, la Bosnie-Herzégovine se présente encore comme un Etat coupé par une ligne de démarcation, où chaque entité ethnique a ses institutions et ses services publics.
Et malgré tout, cette mosaïque a un liant. En se fréquentant, en se confrontant, voire en s’affrontant, ces peuples ont échangé et mis en commun des habitudes et des manières de vivre et de penser. De sorte qu’on ressent dans la péninsule une certaine identité balkanique, car, nulle part ailleurs en Europe il n’y a autant de peuples différents rassemblés sur une même péninsule. Ces gens partagent plus ou moins une façon similaire de s’habiller, de manger, de danser, de prier, de s’exprimer.
On aurait du mal à prétendre que l’Albanais est plutôt un pâtre, le Dalmate un pêcheur, le Serbe un éleveur de cochons, le Bulgare un cultivateur de tabac et de coton, le Roumain un paysan ou un bûcheron, le Grec un marin, un commerçant ou un pope, car chaque peuple est un peu tout ça à un moment ou à un autre, et s’il a son tempérament, il doit s’adapter aux nécessités de son temps. On peut seulement affirmer que chaque peuple a produit ses brigands (haïdouks ou klephtes) et ses poètes. Depuis Homère.
PREMIÈRE PARTIE LIGNES DE FRACTURE
Les précurseurs : Varna et les Thraces
De récentes découvertes archéologiques tendraient à montrer que le nord-est de la péninsule balkanique a connu une civilisation brillante, bien avant l’arrivée des Grecs, alors que le reste du continent en était au stade d’une civilisation mégalithique très fruste. Cette région aurait-elle été un lieu de fracture entre civilisation et barbarie dès avant la période historique ?
Les peuples danubiens, à peu près ignorés des Grecs, n’entrent dans l’Histoire qu’à l’arrivée des légions romaines. Hérodote, au V e siècle avant notre ère, connaissait le Danube, "l’Ister, le plus grand des fleuves, qui traverse le continent et prend sa source au pays des Celtes". Mais peu de choses sur ces pays "barbares". Il mentionne sur l’actuel territoire de la Roumanie "les Agathyrses, peuple luxueux qui portait de l’or à profusion".

La plus ancienne civilisation des Balkans, bien antérieure à celle des Grecs, plus ancienne même que le village néolithique et les mines de cuivre de Vinca (dans l’actuelle Serbie), est demeurée inconnue jusqu’à la découverte du site de Varna en 1972. Quelque 280 tombes royales, recelant 3000

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