Quand la scène artistique contemporaine rompt les tabous historiques
178 pages
Français

Quand la scène artistique contemporaine rompt les tabous historiques , livre ebook

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178 pages
Français

Description

L'art contemporain peut-il se faire l'écho d'une histoire collective, non vécue directement par les créateurs et passée sous silence ? Les jeunes artistes peuvent-ils contribuer au processus de démocratisation ? A travers une étude de cas sur le Guatemala actuel, à quinze ans des "Accords de Paix Ferme et Durable" qui ont mis un point final à la guerre civile, cet ouvrage se penche sur la question de la mémoire de l'Autre intégrée par la nouvelle génération d'artistes.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 6
EAN13 9782296536234
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

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Christina Chirouze M.
QUAND LA SCÈNE
ARTISTIQUE CONTEMPORAINE
ROMPT LES TABOUS HISTORIQUES
Le cas du Guatemala post-conit
(1996-2011)
L O G I Q U E S S O C I A L E S
À Lisandro Guarcax et à Victor Leiva (« El Mono »), partis tragiquement pendant l’écriture de cet ouvrage. Merci pour avoir laissé de si belles couleurs sur le sillon de vos vies.
Quand la scène artistique contemporaine
rompt les tabous historiques
Le cas du Guatemala post-conflit
(1996-2011)
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29120-8 EAN : 9782336291208
Christina Chirouze M.
Quand la scène artistique contemporaine rompt les tabous historiques Le cas du Guatemala post-conflit (1996-2011)
L’Harmattan
Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Délina HOLDER,Natifs des DOM en métropole. Immigration et intégration, 2013.Fred DERVIN (dir.),Le concept de culture. Comprendre ses détournements et manipulations, 2013. Séverine FERRIERE,L’ennui à l’école primaire. Représentations sociales, usages et utilités, 2013. Jean-Yves DARTIGUENAVE, Christophe MOREAU et Maïté SAVINA,Identité et participation sociale des jeunes en Europe et en Méditerranée, 2013. Agnès FLORIN et Marie PREAU (Sous la dir. de),Le bien-être, 2013. Jean-Michel BESSETTE, Bruno PEQUIGNOT (dir.),Comment peut-on être socio-anthropologue ?, 2012. Yves LENOIR, Frédéric TUPIN (dir.),Instruction, socialisation et approches culturelles : des rapports complexes, 2013. Yolande RIOU,L’identité berrichonne en question(s). De l’Histoire aux histoires, 2012.Pierre VENDASSI,Diagnostic et évaluation : la boîte à outils du sociologue, 2012. Isabel GEORGES,Les nouvelles configurations du travail et l’économie sociale et solidaire au Brésil, 2012. Pascal BRUNETEAUX et Norah BENARROSH-ORSONI, Intégrer les Rroms ?Travail militant et mobilisation sociale auprès des familles de Saint-Maur, 2012.
AVANT-PR OPOS
J’ai longtemps cru que cette étude était le simple fruit d’une recherche de plusieurs mois, d’un nombre incalculable d’heures passées dans les bibliothèques, les cinémas, les ateliers d’artistes et les espaces culturels, une course contre le temps avec, pour objectif, l’obtention d’un diplôme.
Mais lorsque tout fut fini, je me suis aperçue que ce travail venait de bien plus loin, devenant la concrétisation d’incomptables pistes et de rencontres qui s’étaient imperceptiblement réunies depuis mon adolescence pour m’engouffrer dans cette thématique sinueuse et passionnante qu’est le lien qu’établit un artiste contemporain avec la psychologie de la collectivité à laquelle il appartient.
Bien entendu, mon parcours d’études liant culture et sciences politiques m’a rendue sensible au thème ; et mes deux nationalités, française et guatémaltèque, m’ont permis de me rendre compte de la relativité du rapport à la culture et à l’histoire.
Je me dois cependant de mentionner ici deux moments qui furent de réels révélateurs de conscience.
À dix-sept ans, tandis que j’habitais au Guatemala pendant une année pré-universitaire, j’ai fait l’heureuse découverte deCaja Lúdica: une ONG implantée dans le centre de la capitale, dont le but est de tisser le lien social
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grâce à l’enseignement artistique et civique. Les activités étaient organisées par un couple de jeunes colombiens récemment arrivés au Guatemala, et qui y reproduisaient un modèle déjà existant à Bogota. Leur discours était simple : les expressions artistiques sont d’excellents moyens de canaliser l’énergie pour la prévention de la délinquance urbaine. Alliées à une éducation citoyenne (droits de l’homme, parité homme-femme, etc.), elles peuvent devenir des outils pour l’évolution sociale. Les manifestations artistiques étaient alors présentées dans l’espace public, pour démocratiser l’accès à la magie… et à une éducation des valeurs citoyennes et humaines. J’ai eu la grande chance de pouvoir participer aux programmes en tant qu’animatrice de groupes. Les jumelages avec des collectifs d’artistes ruraux, les créations dans la ville ou dans des hauts lieux de mémoire ont paru à la pré-citoyenne que j’étais alors un moyen formidable de rompre les tabous sociaux ; et je suis certaine que c’est alors que s’est semée la petite graine qui a donné naissance sept années plus tard à l’ouvrage que vous avez entre vos mains. Le deuxième moment eut lieu bien plus récemment, lors d’un voyage à San Francisco. C’était en 2010. J’avais déjà choisi l’objet d’étude de mon mémoire, et face à la perspective d’un séjour d’un mois dans cette ville californienne je m’étais donné pour objectif de définir ma problématique et les axes de ma recherche. Mais la «Fog City» m’a happée et j’ai passé bien plus de temps à déambuler dans ses rues que dans les bibliothèques de Berkeley ! Un jour où j’arpentais le quartier « hispanic » de 8
Mission, j’ai découvert par hasard un véritable musée urbain et ouvert à tous, qui faisait étonnamment écho à mes questionnements académiques : des peintures murales se succédaient les unes aux autres au rythme des carrefours, toutes rivalisant de couleurs, formes, originalité et sens de l’esthétique. La plupart traitaient de thématiques sociales, et avaient manifestement été peintes par des immigrés : les guerres des terres d’origine, les aléas du chemin vers les États-Unis, les chocs culturels en étaient les sujets. Les hommes et les femmes qui les avaient réalisées semblaient y exorciser des souffrances vécues, dont ils voulaient se distancier par l’acte même de les placer au vu et au su de tous. Malgré l’écart identitaire entre artistes et public de piétons, ces œuvres étaient à la fois les dons des peintres et des signes d’acceptation de la part du quartier.Missionm’a fascinée pour ces images qui construisaient des ponts entre mémoires et sensibilités. En poussant un peu ma recherche, j’ai découvert qu’une organisation (Precita Eyes Institute) était derrière ces œuvres : fondée par une femme du quartier, cette association de voisins s’était chargée, depuis les années 1970, de perpétuer la tradition que Diego Rivera y avait initiée quatre décennies auparavant : le muralisme. Mais dans ce cas, les artistes étaient des nouveaux venus, souvent anonymes, réfugiés fuyant les guerres d’Amérique Centrale ou immigrés à la recherche d’une vie moins précaire.
Je ne pouvais donc imaginer cette recherche sans rendre hommage àCaja Lúdicaet àPrecita Eyes Institute: elles ont toutes deux joué un rôle inspirateur qui m’a accompagné par la pensée tout au long de ce travail. 9
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