TREIZE ANNÉES NOIRES (1933-1946)
224 pages
Français

TREIZE ANNÉES NOIRES (1933-1946) , livre ebook

-

224 pages
Français

Description

Fils de Raphaël Alibert, garde des Sceaux du Maréchal Pétain, l'auteur est l'un des derniers témoins d'une période tragique de l'Histoire de la France. Il livre sans fard et avec franchise son témoignage sur les années 1933 à 1946. L'essentiel de l'ouvrage constitue un essai sur le régime de Vichy vu de l'intérieur. Jacques Alibert a notamment utilisé des éléments retrouvés dans les papiers de son père. Il évoque le front populaire, les souvenirs de guerre, les premiers temps de Vichy et une brève carrière dans l'administration préfectorale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2001
Nombre de lectures 177
EAN13 9782296262010
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TREIZE ANNÉES NOIRES
1933-1946
Souvenirs et réflexions@ L'Harmattan, 2001
ISBN: 2-7475-1244-4Jacques ALIBERT
TREIZE ANNÉES NOIRES
1933-1946
Souvenirs et rejlexions
L'Harmattan Hongrie L'Harmattan ItaliaL'Harmattan
Hargita u. 3 Via Bava, 375-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
HONGRIE ITALlEFranceTREIZE ANNÉES NOIRES
Du même auteur
L'Afrique Noire et nous; Pensée universelle, 1972.
Joseph Maistre: Etat et religion; Téqui, 1990.Il
C'est une malédiction de vivre
Il une époque tourmentée.
Hannah ARENDT
Préambule
Les médias persistent et signent leurs mauvaises
actions de désinformation. La façon mensongère dont elles
occultent le caractère dramatique, quasi-apocalyptique de la
débâcle de mai-juin 1940, dont elles présentent l'atmosphère
pendant l'occupation, dont elles magnifient les exploits de la
libération et célèbrent l'épuration, conduit lajeunesse à une
vision totalement fausse de plusieurs années de notre histoire.
Un exemple: une chaîne de télévision a diffusé, il y a
deux ou trois ans, un film intitulé Le Piège. On y voit, en
novembre 1940, un garde mobile à la porte de chaque pièce de
l'Hôtel du Parc, à Vichy. A la même époque, dans cette capitale
provisoire de la France, les passants sont présentés comme
traqués par la police qui, tous les cent mètres, demande des
papiers d'identité. Le télescopage des dates permet au
réalisateur de faire tomber son héros sous des balles allemandes, à
l'instigation d'une milice qui n'existait pas encore. Tant de
fausseté écœure.
Il incombe aux témoins, avant qu'ils n'aient tous
disparu, de tenter de rétablir la vérité. Laisser passer l'erreur
sans réagir serait lâcheté.
J'ai donc décidé de faire appel à mes souvenirs afin de
témoigner.6 TREIZE ANNÉES NOIRES
Je suis conscient que le mémorialiste n'est pas un
historien et qu'il est parfois victime de la trahison de sa mémoire.
Sa bonne foi n'est pas en cause: lorsqu'il évoque le passé, il a
des trous et, d'instinct, il se place au centre des événements
qu'il a connus.
Nous sommes ainsi faits que nous nous intéressons plus
à ce qui nous touche personnellement qu'à ce qui affecte notre
prochain, surtout si ce prochain est lointain.
Notre égoïsme, même combattu, nous y conduit. Nous
donnons de l'importance à des faits insignifiants parce qu'ils
concernent notre petit moi, et nous passons à côté de ceux,
beaucoup plus graves, dont nous n'avons eu, dans notre for
interne, ni à nous réjouir, ni à nous attrister.
Il faut être très indulgent à l'égard des historiens; les
plus probes, les plus scrupuleux dans leurs recherches, les plus
objectifs, utilisent nécessairement un stock de matériaux
insuffisants, inexacts, tendancieux, sans être à même de
discriminer le vrai du faux. C'est pourquoi, à propos d'un même
grand homme, on nous présente des portraits, voire des faits,
fort différents selon les auteurs et leurs sources.
Ainsi de Danton par exemple ou de Catherine de
Médicis ou du Régent, voire de Pétain ou de Darlan. Celui qui écrit
est, à son insu, toujours tendancieux lorsqu'il entend fIXer ce
dont il fut l'auteur ou le témoin. Demain, ses pages nourriront
l'historien et celui-ci sera voué à l'approximation. L'Histoire
n'est pas une science exacte, mais elle ouvre le grand livre de la
vie, et c'est aux lecteurs de faire la part du feu.
Né au lendemain de la première bataille de la Marne,
j'ai traversé une époque extraordinaire et, à maints égards,
exceptionnelle.
Mon enfance s'est écoulée sans histoire au sein d'une
famille bourgeoise éclairée par la religion et la tradition. Mon
père, Raphaël Alibert, appartenait au Conseil d'État et
enseignait à l'École libre des Sciences politiques. Étant le fils aîné,je
me suis trouvé, par rapport à mes frères et sœurs, plus prochePRÉAMBULE 7
de ce grand juriste, qui aimait le Droit et écrivit un traité
demeuré un classique sur le contrôle juridictionnel de
l'administration au moyen du recours pour excès de pouvoir.
Ma mère, titulaire du brevet supérieur en un temps ou
peu de jeunes filles passaient le bachot, marqua toujours de
l'intérêt pour mes études secondaires, elle apprit le latin avec
moi et m'aidait pour mes devoirs de français littéraire. Après
une sixième au lycée Montaigne, j'ai rejoint le collège Stanislas
jusqu'à la philosophie. Dès novembre 1931,je m'inscrivais à la
Faculté de Droit et aux Sciences politiques.
Par atavisme, moi aussi j'ai aimé le droit, après père,
grand-père, arrière-grand-père et tous mes ancêtres Alibert qui
siégeaient naguère au Présidial du Rouergue et furent des
légistes. Ces années que je qualifierai d'apprentissage, je ne les
évoquerai pas dans ce livre; il s'agirait d'anecdotes personnelles
sans autre intérêt que familial. Pas davantage je ne parlerai
d'un sujet qui m'est cher et a occupé l'essentiel de ma vie
professionnelle, à savoir l'Afrique noire.
J'ai consacré pendant plus de cinquante ans une
constante réflexion à cette immense région et l'ai exprimée dans des
ouvrages et articles. Ce fut le fruit de circonstances cruelles qui
m'appelèrent à changer de cap lorsque, après la Libération,
j'entrai à la Banque de l'Afrique Occidentale où se déroula ma
carrière jusqu'au temps de la retraite.
Mais, entre mes vingt ans et la victoire de mai 1945,se
sont écoulées une douzaine d'années, lourdes d'idées, de faits et
de drames.
C'est à cette période que s'attacheront ma mémoire et
ma réflexion. Mon père fut ministre du maréchal Pétain entre
le 16 juin 1940 et le 28 janvier 1941. Sur les signes
avant-coureurs de la guerre, sur l'évolution de la politique française
avant septembre 1939, sur Vichy, j'ai touché à des points
d'histoire. Je fus parfois témoin privilégié de journées
exceptionnelles.8 TREIZE ANNÉES NOIRES
Comment n'essayerais-je pas d'apporter un peu de
lumière sur des faits connus, déformés ou inconnus dont l'unicité
d'interprétation façonne la mémoire collective d'une Nation?
Pourquoi garderais-je enfoui au plus profond de moi-même ce
qui peut aider mes compatriotes à mieux comprendre les
évènements ? Pourquoi enfin, ne pas livrer à l'esprit critique de
chacun une réflexion philosophique sur les treize années noires
de ma jeunesse?
J'ai voulu, dans cet ouvrage, répondre de façon positive
à ces interrogations, estimant m'acquitter d'une tâche pour
l'exécution de laquelle il n'existe pas de suppléance.
Le temps écoulé est trop court pour avoir accompli son
oeuvre de galant homme, et trop long pour que soit exclu tout
élément passionnel. Mais, comme il fuit de manière
irréparable, il faut tenter de le saisir dans son passage qui coïncide
avec le nôtre, éphémère. Je sais que ce n'est pas sans risque
d'erreurs et d'omissions.
Par ce livre je tente de combler le fossé qu'un certain
manichéisme peignant ces années noires de notre histoire, a
creusé entre les générations.Avant VichyDe 1933 à la guerre
Les manuels scolaires, trop souvent orientés par les
idéologies, occultent l'entre-deux guerres. Ils escamotent
l'essentiel, c'est-à-dire l'évolution de l'Allemagne sur une période
d'une vingtaine d'années. Ils n'expliquent pas comment et
pourquoi la France en vint au Front Populaire, lors du
printemps 1936. J'étais alors devenu majeur et, jeune citoyen,
j'ai voté.
L'ouverture d'esprit que donnent les enseignements du
droit et des sciences politiques éveille la curiosité et le désir de
comprendre les événements. Ceux-ci ne manquaient ni en
nombre, ni en importance. Le plus grave fut l'arrivée d'Hitler au
pouvoir légalement le 30 janvier 1933 et sa menace immédiate
de réarmer le Reich et de consacrer le national-socialisme.
Non moins inquiétantes étaient les cons

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