Trente ans de violence politique en Guinée
426 pages
Français

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Trente ans de violence politique en Guinée , livre ebook

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Description

La Guinée avait des cadres, ils ont péri dans les geôles de Sékou Touré. Il est arrivé au pouvoir par la violence politique. Il s'y est maintenu par l'addition de deux facteurs qu'il a manipulés avec une habileté redoutable : d'une part l'instauration de la violence brutale contre ses adversaires et l'assassinat de 50000 personnes entre 1954 et 1984, et d'autre part les accords signés avec l'Europe pour l'exploitation des richesses minières du pays dont la gestion reste inconnue du public encore aujourd'hui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 455
EAN13 9782296214460
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

1954-1984 : TRENTE ANS DE VIOLENCE POLITIQUE EN GUINEE
DR BAH THIERNO


1954-1984 : TRENTE ANS DE VIOLENCE POLITIQUE EN GUINEE


L’Harmattan
A mon épouse, Madame Hadia Oumou Bah, née Diallo


Je te dédie ce témoignage des actions que nous avons menées tout au long de notre vie pour aider ceux qui avaient des problèmes médicaux, sociaux et des difficultés matérielles.

Tu as ouvert notre maison aux réfugiés politiques quittant la Guinée pendant la dictature du PDG.

Tu as reçu à Paris ceux qui n’ont pas trouvé leur place au pays avec le régime militaire qui a succédé à la dictature.

Tu as donné un peu de baume à leurs plaies physiques, psychologiques et morales.

Tu as accueilli les orphelins des disparus qui arrivaient en masse, d’abord à Abidjan, puis à Paris.

Tu les as nourris et apaisé leurs angoisses dans le nouvel environnement inconnu dans lequel ils débarquaient.

Ton efficacité discrète et ton accompagnement constant des bénéficiaires de nos conseils ont remonté leur moral. Ils ont permis aux nombreux exilés que nous avons reçus de reprendre espoir en sachant qu’ils avaient toujours auprès de nous un recours bénévole et désinteressé.

En leur nom à tous, je te remercie pour eux. Je t’aime de tout mon coeur.

A mes camarades du collège de Conakry, de l’université de Dakar, de la Faculté de médecine et de l’Université de Paris et à tous leurs compagnons anonymes, rescapés ou disparus au camp Boiro.
Pour qu’il n’y ait jamais plus çà.
© L’Harmattan, 2009

5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com

diffusion.harmattan@wanado.fr

harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-07282-4

EAN : 9782296072824

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Avertissement
« C’est quand la chose manque qu’il faut mettre le mot. »
Henri de Montherlant


Sékou Touré a usé et abusé de cette technique de communication politique que lui a ensigné le Groupe d’études communistes qui l’a formé à cette méthode. Il ne reculait devant rien pour avoir et conserver le pouvoir. Voilà pourquoi tous ses discours abondaient en phrases agréables aux oreilles de chaque auditoire auquel il s’adressait. Il a répété inlassablement les mots clés de sa démagogie inégalable : peuple, liberté, démocratie, dignité, bonheur…
Tout au long de ce témoignage, le lecteur retrouvera souvent les mêmes noms se répéter. Ces femmes et ces hommes ont constitué l’élite intellectuelle guinéenne sans lesquels la Guinée n’aurait pas voté non le 28/09/1958. Cette élite a joué un rôle d’avant-garde important dans notre lutte pour notre indépendance. Malheureusement, ces compatriotes, ont été, en majorité, arrachés à leurs familles et à notre pays à la fleur de leur âge, c’est-à-dire à la période où ils donnaient le meilleur d’eux-mêmes, le maximum de leurs forces vives pour construire une société guinéenne libre, prospère, démocratique et solidaire. Ils ont été victimes de la confiance qu’ils ont accordée à un homme, Sékou Touré, qui avait bien maîtrisé la dialectique des contraires et l’enseignement de Machiavel.
La Guinée a toujours été une terre d’hospitalité ouverte à toute personne, sans considération de couleur de peau, d’origine ethnique et de choix politique. Au Fouta Djalon, le diwal de Kolladé était dépositaire du droit de grâce et les chefs de Kankalabé accordaient l’asile à tout ressortissant du royaume peul condamné à mort dans sa région d’origine arrivant jusqu’à eux. Cette région a conservé cette attribution du 18e siècle jusqu’à la conquête coloniale en 1912. Tous les Africains et Européens qui ont séjourné chez nous après la deuxième guerre mondiale gardent un souvenir impérissable de la gentillesse et de l’ouverture des Guinéens aux étrangers.
J’écris ce témoignage pour réhabiliter et entretenir cette image de notre pays qui a été pervertie par les deux premiers présidents de la Guinée. Ce faisant, je veux lutter contre l’oubli des crimes politiques et l’enterrement de nos valeurs traditionnelles, très riches de la complémentarité des coutumes et mœurs des populations habitant les quatre régions naturelles de notre pays commis pendant leurs règnes. Le premier, Sékou Touré, a détruit en profondeur les atouts qui ont libéré le pays sans effusion de sang : les valeurs éthiques et morales de notre société. Il a tué les personnes ressources qui les incarnaient. Il s’est assuré une présidence à vie incontestée au prix de l’assassinat de cinq mille hauts fonctionnaires de grande qualité professionnelle et humaine. Il les a remplacés par « l’homme nouveau ». Lorsqu’on relit aujourd’hui les livres blancs relatant les « aveux des agents de la cinquième colonne » qu’il leur a dictés, tous ceux qui ont « déposé » ont déclaré : « je n’ai jamais encouru de peine correctionnelle. » A la lecture de ce préambule qui les innocente, suivi des déclarations mensongères que les suppliciés débitent péniblement, nos camarades d’université des pays voisins, souvent anciens admirateurs de Sékou Touré, ont condamné sans réserve la politique meurtrière qu’il menait à Conakry. Lansana Conté, en succédant à son prédécesseur et modèle, a repris les mêmes agents de la révolution pour reconduire la même politique : massacres politiques et détournements impunis des deniers publics. Ce statu quo ramène le pays à la case départ de 1958 : la présidence à vie.
Ce livre vise deux objectifs. En premier lieu, je souhaite rappeler aux adultes et informer les jeunes de l’état du pays avant, pendant et après les dictatures exercées de 1958 à nos jours. Dans cette évocation je parlerai de mes camarades d’écoles et des évènements auxquels nous avons participé. Mon premier contact avec eux, au collège de Conakry, m’a fait découvrir, à treize ans, les copains originaires des autres régions. Cette rencontre majeure de ma vie m’a montré que j’avais une autre famille que la famille peule dont je suis issu. La disparition tragique de ces compagnons a constitué une souffrance que j’ai portée toute ma vie. Ce vide physique me privant de mes amis d’enfance est un trouble psychoaffectif profond. Cet état m’a poussé à entretenir leur souvenir autour de moi à toutes les rencontres des Guinéens et des Africains auxquelles j’étais invité. Ils ont été tués pour la survie politique d’un homme cruel et animé d’un amour insatiable de pouvoir. L’amour du pouvoir pour le pouvoir, comme l’a fait Sékou Touré, n’a aucun sens comme le montre l’héritage qu’il a laissé. C’est une monstruosité bestiale.
Je rappelle, dans le paragraphe 7-4, plus loin, le parcours de quelques-uns de ces cadres universitaires, lauréats d’une sélection scolaire et universitaire très stricte, très serrée, dans un article intitulé : « la Guinée les avait… Ils s’appelaient… ». Ce document donne finalement son titre à cet ouvrage. Malheureusement, je ne peux les citer tous, notamment les Aînés, faute de connaître et de pouvoir reconstituer leurs histoires de vie et leurs carrières.
Le deuxième objectif poursuivi est un appel aux générations futures pour se rassembler, construire le pays et lui reconquérir une place d’honneur en Afrique et dans le monde. J’espère que ce témoignage les aidera à ne jamais oublier les crimes politiques et économiques qui ont emporté nos compatriotes innocents. Après avoir appelé, sans succès, avec mon frère Bah Thierno Abasse, rescapé du camp Boiro, à une conférence de réconciliation des Guinéens en 1998, à l’occasion du quarantième anniversaire de notre indépendance, j’ai poursuivi la campagne pour entretenir le souvenir des victimes innocentes de la révolution du PDG, attendant et espérant un nouveau moment favorable. De 1998 à 2008, j’ai été à la recherche des victimes en chair et en os des sévices des tortionnaires des cabines techniques du sinistre camp Boiro et des autres camps de l’intérieur du pays. Pendant ces auditions,

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