Un souverain bamoun en exil
102 pages
Français

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Un souverain bamoun en exil , livre ebook

102 pages
Français

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Description

Situé dans la région de l'Ouest-Cameroun, l'histoire du royaume bamoun est marquée par une période coloniale dès 1902. Les relations entre l'autorité traditionnelle incarnée par le roi Njoya et l'administration française sont d'abord empreintes de collaboration puis s'ensuit une série de malentendus dont l'issue est l'exil du roi Bamoun à Yaoundé en 1931, jusqu'à son décès en 1933. Ce livre analyse les tenants et les aboutissants de cet exil.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 146
EAN13 9782296805576
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un souverain bamoun en exil
Eugène Désiré ELOUNDOU
Arouna Ngapna


Un souverain bamoun en exil


Le roi Njoya Ibrahima à Yaoundé (1931-1933)


Préface du sultan Ibrahim Mbombo Njoya
Eugène Désiré Eloundou est coauteur de quatre ouvrages :

Sous la direction de Laurence Marfaing et Brigitte Reinwald (eds),
Africain network Exchange and spatial dynamics : Afrikanische Bezeihunqen. Netwerk und Râume. Hamburg, Lit Verlag, 2001.
Sous la direction de Jacob E Mabe (eds), Das afrikalexikon. Stuttgart Metzler et Peter Hammer Verlag, Octobre 2001.
Sous la direction de Stéphanie Michels, La Politique de la mémoire coloniale en Allemagne et au Cameroun, Munster, Lit Verlag, 2005. L’école dans les sociétés africaines en mutation, défis, enjeux et perspectives. Terroir, 2009.


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54594-6
EAN : 9782296545946

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
AVANT-PROPOS
Pour la publication de cet ouvrage, nous adressons nos sincères remerciements à sa majesté Mbombo Njoya Ibrahim sultan, roi des Bamoun pour les soutiens consentis.
Nous exprimons également notre gratitude à tous nos informateurs. Nous pensons ici au Pr. Emmanuel Matatéyou, au Dr Aboubakar Njiassé Njoya, ainsi qu’à Yacouba Ndoukoué, Ismaeil Mfouapon, Nji Mbouonjo Amidou, Nji Moussa Pefoura Nsangou, Oumarou Nchare, Adamou Ngetnkom Njoya, Zacharie Gordien Atangana, Etienne Nomo Onguene, Héléne Mégne, Réné Ndoun Owona, Jean-Bosco Kamdem.
Enfin, que tous ceux qui ont d’une manière ou d’une autre participe à la réalisation de cette œuvre et dont les noms n’apparaissent pas sur cette page, reçoivent notre profonde reconnaissance.
PREFACE
En août 2004, je reçus en audience un groupe d’enseignants et d’étudiants de l’Ecole Normale Supérieure. Au cours de cette audience, ils se proposaient d’offrir à la bibliothèque du Palais quelques documents, fruits de leurs recherches historiques. Je leur suggérai alors d’écrire plutôt un livre, et je me réjouis de constater que ce vœu est devenu une réalité.. L’exil du roi Njoya à Yaoundé constitue un moment historique particulier pour le peuple Bamoun. En effet, pour la première fois, celui-ci doit vivre séparé de son roi charismatique.
Le peuple souffre de cet exil, l’institution monarchique est ébranlée, vacille, mais ne tombe pas. Les tentatives de déstabilisation du royaume échouent, ce qui montre à suffisance la solidité du royaume créé par Ncharé Yen.
Sur un tout autre plan, l’exil du roi Njoya à Yaoundé nous donne une bonne leçon : celle de l’INTEGRATION NATIONALE si chère au Chef de l’Etat, son Excellence Paul Biya. En effet, le roi Njoya et sa suite sont accueillis à Yaoundé, non comme des étrangers ou des prisonniers, mais comme des frères à qui on offre toutes les commodités pour un séjour agréable. Le Chef Supérieur Charles Atangana reçoit le roi dans la dignité et le faste ; sa suite reçoit du terrain à Nsimeyong et à Efok (près d’Obala). Ces espaces abritent encore aujourd’hui les descendants de ceux-là qui ont accompagné le roi dans son exil, et qui n’ont pas jugé utile de regagner leur Noun natal après le décès du souverain à Nsimeyong en 1933. Voilà une belle leçon, un bon exemple de cohabitation pacifique qui doit servir de modèle pour l’édification d’une nation forte, fraternelle et prospère.
Sa Majesté, MBOMBO NJOYA Ibrahim,
Sultan, Roi des Bamoun
INTRODUCTION GENERALE
L’histoire du royaume bamoun est marquée par une période coloniale qui s’ouvre en 1902 avec la présence coloniale allemande et se poursuit dès 1916 avec l’arrivée des Français après l’intermède anglais de six mois entre Décembre 1915 et Mai 1916. Ce royaume connaît différentes formes d’administration coloniale qui définissent le degré d’autorité accordée aux chefs traditionnels. Qu’il s’agisse de l’administration coloniale allemande ou française l’une et l’autre n’accordent pas la même importance à l’autorité traditionnelle. Dans le royaume bamoun, après une période empreinte de collaboration et d’entente entre l’autorité coloniale allemande et l’autorité traditionnelle incarnée par Njoya, suit une série de malentendus entre l’autorité coloniale française et le roi dont le point culminant est l’exil de ce dernier en 1931 à Yaoundé, où il meurt deux ans plus tard en 1933. Le problème qui se pose à nous est celui de décrire et d’analyser cette nouvelle situation du roi Njoya obligé de vivre hors de son royaume.
De ce problème central jaillissent d’autres interrogations : comment cet exil est-il vécu par Njoya, les populations bamoun, Charles Atangana le chef supérieur des Ewondo et Bene, ses sujets ? Au-delà de la crise de l’autorité traditionnelle bamoun face à l’administration coloniale française, ne peut-on pas entrevoir dans le vécu de cet exil une amorce ou une esquisse d’intégration nationale manifestée par la rencontre et l’acceptation de deux peuples du Cameroun de cohabiter sur un même espace ? En plus de ces interrogations, quel regard l’historien d’aujourd’hui peut-il porter sur cet l’exil afin de mieux cerner l’histoire des institutions politiques traditionnelles confrontées au système colonial, mieux à une administration coloniale soucieuse de contrôler toute seule la gestion des hommes et des biens des territoires ? Nous répondrons à ces interrogations dans l’ordre des chapitres. Ainsi dans cet ordre nous examinons d’abord les relations entre le roi Njoya et les autorités coloniales allemandes d’une part et les autorités coloniales françaises d’autre part. Ensuite nous suivons le roi Njoya sur le chemin de l’exil, examinons les relations qu’il entretient avec Charles Atangana, scrutons son quotidien à Yaoundé ville d’exil, lequel quotidien fait de lui un exilé particulier.
Nous nous attardons ensuite sur la gestion du royaume bamoun pendant l’exil du roi. Il s’agit ici d’aborder la question de la vacance du pouvoir royal pendant l’exil du roi, d’examiner l’attitude de l’exilé et ses nouveaux rapports avec l’administration coloniale française. Enfin nous abordons la question de la survie de la royauté dans le royaume bamoun, une royauté menacée du fait de l’exil du roi, de sa mort et les implications sociales de l’exil du souverain bamoun.
Chapitre I LE ROI NJOYA ET LA COLONISATION EUROPEENNE 1902-1931
A partir de 1902, l’histoire du royaume bamoun connaît une rupture avec l’ordre ancien. En effet, à partir de cette date, s’ouvre une période marquée par la présence tour à tour des Allemands, des Anglais et des Français dans ce royaume. Le présent chapitre veut saisir les types de rapports que Njoya entretient avec ces différentes puissances coloniales. Nous nous intéressons à l’époque allemande ensuite à la courte période anglaise et enfin à la période française qui aboutit à l’exil du roi Njoya à Yaoundé en 1931.




Le Sultan Njoya
I.1 LES RELATIONS ENTRE NJOYA ET LES ALLEMANDS : 1902-1915
Les Allemands sont officiellement installés au Cameroun depuis 1884 avec la signature du traité germano-douala du 12 juillet 1884. Grâce à ce traité et à la conférence de Berlin {1} ils entreprennent la conquête de l’hinterland. Les missionnaires, les militaires et les commerçants sont à l’avant-garde des contacts avec les populations de l’intérieur. Le contact entre deux civilisations étant toujours porteur de conséquences, les populations camerounaises sont durablement marquées par la rencontre avec les Allemands. Le royaume bamoun ne reste pas en marge du courant colonial dont le Cameroun est imprégné depuis 1884. En effet, en juillet 1902 quand les Allemands arrivent dans le royaume bamoun, il est sous l’autorité du roi Njoya {2} . A ce stade, deux interrogations retiennent notre attention :
– Quel accueil le sultan Njoya réserve-t-il aux Allemands ?
– Quelle est la nature des relations entre les Allemands et le sultan bamoun ?
I.1.1 L’arrivée des Allemands dans le royaume bamoun
Présents au Cameroun depuis 1884, les Allemands arrivent à Foumban capitale du royaume bamoun le 06 juillet 1902. Dans leur progression vers l’intérieur du territoire les miss

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