Traque noire à Audierne
120 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Traque noire à Audierne , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
120 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Je ne dirai rien à personne, je vous le promets.
Ne me tuez pas, je vous en supplie ! ».
Maria est debout au milieu du courant. En ce petit matin glauque où les loups jettent la nuit aux chiens, elle est face à ses bourreaux. C’est un dimanche, jour sombre, jour de repos, jour de repos éternel. Maria n’a pas de chance…
Vingt ans passent et l’histoire recommence. Une femme est retrouvée morte dans le Goyen. Coïncidence ou anniversaire macabre ?
Louis Antoine Brousse, magistrat à la retraite, qui s’intéresse à l’affaire, invite le commissaire Landowski à déployer ses talents pour résoudre l’énigme. Surtout qu’il vient de recevoir une lettre anonyme…
Justice et vengeance s’affrontent dans cette histoire trouble où les rancœurs prennent le pas sur les bons sentiments.
D’Audierne à Pont-Croix en passant par la Baie des Trépassés et Goulien, le Cap Sizun vibre aux accents de cette symphonie en crime majeur !

Informations

Publié par
Nombre de lectures 16
EAN13 9782374533582
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
« Je ne dirai rien à personne, je vous le promets. Ne me tuez pas, je vous en supplie ! ».
Maria est debout au milieu du courant. En ce petit matin glauque où les loups jettent la nuit aux chiens, elle est face à ses bourreaux. C’est un dimanche, jour sombre, jour de repos, jour de repos éternel. Maria n’a pas de chance…
Vingt ans passent et l’histoire recommence. Une femme est retrouvée morte dans le Goyen. Coïncidence ou anniversaire macabre ? Louis Antoine Brousse, magistrat à la retraite, qui s’intéresse à l’affaire, invite le commissaire Landowski à déployer ses talents pour résoudre l’énigme. Surtout qu’il vient de recevoir une lettre anonyme…
Justice et vengeance s’affrontent dans cette histoire trouble où les rancœurs prennent le pas sur les bons sentiments. D’Audierne à Pont-Croix en passant par la Baie des Trépassés et Goulien, le Cap Sizun vibre aux accents de cette symphonie en crime majeur !


***


Serge Le Gall est né à Concarneau en 1951.
Il vit et écrit à Pont-Aven.
Après la publication de divers ouvrages, il s’est lancé dans l’écriture de romans policiers.
En 2000, il a propulsé le commissaire Landowski dans le monde du polar.
Traque noire à Audierne
Les enquêtes du commissaire Landowski
Serge Le Gall
38, rue du Polar Les Éditions du 38
Elle riait. Portés par le vent noir Qui annonce la peste, Ces chiens du Nord Chevauchaient en silence. À la fin de la nuit, Ils allaient croiser sa route. Elle ne le savait pas Uchen Yang, infatigable voyageur chinois, période des Cinq Dynasties, Xeᵉ siècle.
La vérité engendre la haine. Cicéron
PROLOGUE
Ne me tuez pas !
Elle implora encore une fois.
Ne me tuez pas, je vous en supplie !
Elle avait froid. Elle était trempée de la tête aux pieds. À plusieurs reprises, elle était tombée dans les trous d’eau dissimulés par la végétation en friche. Elle s’était relevée à la manière d’un combattant fourbu, mais toujours décidé à vaincre. Son petit corsage brodé, celui qui lui venait de sa grand-mère trop tôt disparue, s’était extrait de la jupe. Il pendait lamentablement comme une pauvre chose inutile. Il était maculé de traînées noirâtres comme un chiffon sale abandonné au fond d’un garage.
Dans sa course éperdue pour sauver sa vie, la jeune femme n’avait pas fait attention à sa tenue vestimentaire. Dans ces ultimes moments où l’espoir n’était plus autre chose qu’une hypothèse d’école, cela n’avait plus la moindre importance.
Le corsage était fort échancré. Il avait été taillé pour être porté à une autre époque, des temps d’un siècle passé où la gorge des femmes était mise en valeur. Le premier bouton était défait. Le vêtement fin et délicat ne cachait plus grand-chose. Mouillé au-delà du possible, il collait à la peau de la jeune femme et soulignait ses seins, superbes. En d’autres temps et d’autres lieux, des yeux concupiscents auraient profité sans vergogne du spectacle. Les deux hommes qui avançaient difficilement vers elle, l’eau noire de la rivière jusqu’aux genoux, n’étaient pas là pour ça.
Elle croisa les bras sur sa poitrine partiellement dénudée. Signe de protection dérisoire. Elle s’aperçut qu’elle avait perdu sa chaîne en or et son pendentif. Elle n’y accorda pas beaucoup d’importance. Elle n’en avait même plus la force. L’eau sale mouillant ses cheveux blonds gouttait sur le dos de ses mains. Semblable au compte à rebours d’une clepsydre insensible à la détresse humaine. Elle tressaillait à chaque fois qu’une perle d’eau s’écrasait sur sa peau comme si une flèche la transperçait de part en part. Ses sens restaient aux aguets. Ils se préparaient au désespoir.
Là-bas, derrière ses bourreaux qui ne se pressaient guère de venir mettre un terme à leur sale besogne, elle apercevait des toits perdus dans la grisaille de ce petit matin. Là-bas, un enfant dormait profondément en suçant son pouce sous le regard fixe d’un lapin en peluche. Ses parents paressaient sous la couette froissée, enlacés comme au premier jour. Ils avaient le loisir de profiter encore un peu de ces heures rares où la main caressante fait naître le matin du monde. C’était dimanche.
La chance n’était pas de son côté. Un jour de semaine, quelqu’un s’en allant au travail aurait pu déranger la horde de loups qui venaient de lui donner la chasse en cette fin de nuit. D’un coup de baguette magique, le cours des choses en eut été changé. La mort aurait passé son chemin. Elle aurait été contrainte de choisir quelqu’un d’autre. Peut-être à regret. Un peu plus loin. Un peu plus tard.
Elle était une jeune femme comme les autres, unique et banale à la fois. L’instant d’avant tout ça, elle était inconnue. Voilà qu’elle s’était muée en une cible de choix, une sorte de gibier triste que l’on exécute quand la fierté s’en est allée toute seule. Dimanche. Jour sombre. Jour de repos, de repos éternel.
Ses poursuivants occupaient la berge, à deux ou trois mètres d’elle. Ils étaient figés dans une attitude grotesque commandée par le sol instable et spongieux. Elle percevait leurs yeux rougis dans leurs visages marqués et leur halètement de chasseur fatigué. Eux aussi, ils avaient peiné en cette fin de nuit pour la rabattre vers ce lieu maudit.
Quand elle avait vu les phares d’une voiture près du pont, elle avait savouré une bouffée d’espoir comme les premières fraises au printemps, celles qui font de leur parfum une promesse de plaisir en bouche. Le projectionniste allait arrêter le film et rallumer la salle sous les protestations des cinéphiles du samedi soir. Fini le cauchemar et ses relents de mort. On allait la secourir, l’entourer, la protéger et mettre hors d’état de nuire cette bande d’assassins. On allait balayer la peur.
D’abord, elle avait vu la femme. Celle-ci était adossée à la voiture à la manière d’un mannequin qui pose dans la publicité pour un constructeur automobile. Elle fumait une cigarette en regardant ailleurs. À ce moment précis, son sang s’était glacé d’un coup. Le destin cinglait l’espoir d’un coup de cravache.
Les feux de route de la voiture étaient allumés. Comme le véhicule était arrêté dans une pente, ils éclairaient une portion de rivière en aval du pont. Une scène, un ring, une arène. Les jeux du cirque.
Malgré tout, elle avait continué à marcher péniblement dans les herbes gorgées d’eau. Elle suivait un chemin circulaire dans le secret espoir d’éviter le danger. Les deux autres hommes, précédemment masqués par la voiture, étaient entrés à leur tour dans son champ de vision. Alors, elle avait compris que sa tentative de contournement avait échoué. Usant des ressources propres à un animal traqué, elle avait traversé une grande mare avant d’atteindre la rivière. Elle espérait rejoindre l’autre berge et se perdre dans le sous-bois. La seule chance encore de sauver sa vie.
Elle était entrée dans l’eau noire et elle avait fait quelques pas hésitants. Les deux hommes s’étaient montrés en face, à la lisière des taillis, comme des marionnettes à la foire des Vieilles. Ils lui barraient la route. Elle avait compris qu’elle n’avait plus d’issue.
Bravement, elle avait alors remonté le courant en direction du pont. Dans le même mouvement, les deux hommes s’étaient déplacés vers le terre-plein herbeux. L’un d’eux s’était assis à la table de pique-nique. Il avait suivi des yeux la pénible progression de la victime vers une échappatoire impossible. Difficile de savoir ce qui se tramait au tréfonds de son être. Il est des esprits en proie à des tourments si puissants qu’ils n’ont pas la force de s’en extirper sans conséquences.
Elle était prise en tenailles. Devant elle, deux hommes attendaient qu’elle tente de monter sur la berge. Derrière elle, deux autres lui barraient la retraite.
Maintenant, dans la lumière jaunâtre se mêlant au petit matin blafard, elle faisait face comme un brave petit animal. Son destin ne lui donnait plus le choix. Pathétique et dérisoire. Il n’y avait pas de public pour apprécier son courage. Et personne pour lui tendre une main secourable.
Encore une fois, avec la conviction d’une martyre, elle implora la clémence de ses poursuivants :
Je ne dirai rien 

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents