Science de la morale
203 pages
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Science de la morale , livre ebook

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Description

Extrait : "La morale et les mathématiques ont cela de commun que, pour exister à titre de sciences, elles doivent se fonder sur de purs concepts. L'expérience et l'histoire sont plus loin de représenter les lois de la morale que la nature ne l'est de réaliser exactement les idées mathématique ; cependant ces lois et ces idées sont des formes rationnelles également nécessaires, celles-ci, pour être la règle des sens, celles-là pour diriger la vie et pour la juger."

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Nombre de lectures 22
EAN13 9782335030297
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335030297

 
©Ligaran 2015

Préface
La morale et les mathématiques ont cela de commun que, pour exister à titre de sciences, elles doivent se fonder sur de purs concepts. L’expérience et l’histoire sont plus loin de représenter les lois de la morale que la nature ne l’est de réaliser exactement les idées mathématiques ; cependant ces lois et ces idées sont des formes rationnelles également nécessaires, celles-ci pour être la règle des sens, celles-là pour diriger vie et pour la juger.
De même qu’il y a des mathématiques pures et des mathématiques appliquées, il doit y avoir une morale pure et une morale appliquée. Mais si nous entendions par morale appliquée la vie même (ainsi qu’on peut dire en un sens que la nature est une mathématique appliquée), son écart de la morale pure est si grand qu’il va jusqu’à la contradiction. Nous entendons une application scientifique, une théorie de la vie. Alors il faut se demander quelle application la science peut asseoir dans un ordre de faits où ses principes sont méconnaissables, ses données presque renversées.
La morale pure c’est la paix, la morale appliqués a pour champ la guerre. Le droit qui suivant l’acception philosophique est un nom d’une relation de paix, un terme, comme le devoir, de l’immuable justice, le droit, suivant une acception plus commune désigne ces revendications variables qui emportent l’usage de la contrainte, l’emploi de la force, la guerre.
Ce livre traite de la SCIENCE DE LA MORALE, science pure d’abord, ensuite appliquée sous le titre de PRINCIPES DU DROIT. Les problèmes étudiés dans cette dernière partie, rapprochés des thèses de la première, forment un aperçu des lois de la paix et de la guerre dans l’humanité. Les solutions morales de ces problèmes sont des préceptes adaptés à l’ état de guerre et qui se tirent des préceptes de l’ état de paix , sans que la déduction réciproque soit jamais admise. L’idéal s’altère dans le domaine des faits ; mais on ne souffre pas que l’intervention des faits altère l’idéal, c’est-à-dire la science dans son domaine. De là une méthode nouvelle, à la fois propre à ériger la morale dans l’absolu qui convient, à démêler les formes possibles du droit dans l’histoire et à tracer pour l’humanité les voies du redressement.
Livre premier Morale rationnelle pure
Première section Sphère élémentaire de la morale

Chapitre premier Nature et conditions de la moralité
L’homme est doué de raison et se croit libre. Il est doué de raison, c’est-à-dire qu’il réfléchit ou peut réfléchir à ses pensées et à ses actes, et qu’il est capable de comparer, de juger et de savoir qu’il juge, de délibérer et de savoir qu’il délibère avant d’agir. Il se croit libre ; en d’autres termes, il s’emploie à diriger son activité, soit intérieure, soit extérieure, comme si les mouvements de sa conscience et par suite les actes et les évènements qui en dépendent n’étaient point seulement une fonction des antécédents, conditions ou circonstances données quelconques, n’étaient point arrêtés entièrement d’avance, mais pouvaient varier par l’effet de quelque chose qui est en lui et que rien, non pas même ce que lui-même est avant le dernier moment qui précède l’action, ne prédétermine.
Tel est le double fondement nécessaire et suffisant de la moralité dans l’homme.
Je dis que l’homme se croit libre et j’explique ce que j’entends. C’est un simple fait que j’énonce et que les fatalistes ne contestent pas, n’ont jamais contesté. Je réserve en ce moment la question de savoir si une telle croyance est ou non fondée objectivement, dans la nature des choses.

Le jugement réfléchi d’un côté, la liberté apparente ou que l’on croit être, de l’autre, s’appliquent à des phénomènes de sensibilité, d’entendement et de passion qui primitivement et d’eux-mêmes ne sont point libres, et qui précèdent toute réflexion et toute délibération. De plus, les affections et les passions aboutissent toujours, à l’égard d’un acte quel qu’il puisse être, à présenter une certaine fin désirable à atteindre. Cette fin est toujours représentée comme un bien pour l’agent, et ragent ne se détermine jamais, en fait, que pour obtenir ce qu’il pense être son bien. On doit dire, par conséquent, qu’il est tenu d’agir en vue du bien , généralement parlant. Ceci n’est pas, à proprement parler, une troisième condition de la moralité. Mais c’est le mobile que toute moralité doit nécessairement avouer, aussi bien d’ailleurs que toute faculté raisonnée d’agir.
Mais l’agent qui réfléchit et délibère n’est jamais en présence ni du bien en général, et du sien même, qui est abstrait, ni d’un bien pur et simple. Les biens particuliers dont la réalisation serait l’objet de sa liberté, toujours à ce qu’il croit, sont multiples, offrent des rapports variés selon le temps où ils se rapportent et les sujets qu’ils concernent, s’opposent les uns aux autres, ont pour contraires des maux qu’il faut aussi comparer. De là la nécessité du choix ; de là l’intervention dans le jugement même, et dans le mouvement plus ou moins prolongé de la délibération, et dans la résolution qui y met fin, de cette liberté au moins apparente dont la nécessité de se déterminer en vue du bien semblait avoir rendu l’application vaine.

Pour mieux fixer les conditions de ce que j’entends par moralité dans l’acte, je supposerai qu’il y ait nécessité d’agir actuellement, et que, par exemple, il s’agisse du dilemme pratique : Faire ou ne pas faire cela . Ce dilemme se présente constamment, car il y a des cas nombreux et importants où c’est agir que de ne point agir : il arrive alors qu’une résolution se prend, par ce fait qu’on n’en prend aucune et que l’on continue de délibérer. En outre, les règles de la logique permettent toujours de ramener une disjonction de cette forme ; Faire cela ou faire ceci , à cette autre disjonction précise : Faire cela ou ne pas le faire .
Cela posé, la première condition de la moralité dans l’acte est l’existence même de la réflexion et de la délibération avant l’action. Un acte irréfléchi, instinctif ou seulement trop habituel pour être ce qui nous semble libre, n’appartient point par lui-même et actuellement à l’ordre moral, encore qu’on puisse y trouver ses racines engagées, quand on remonte le cours de la vie et des déterminations antécédentes de l’agent.
La seconde condition est, comme on l’a vu, le jugement toujours présent en vertu duquel on se suppose libre, et qui préside au choix naturellement inséparable de Pacte délibéré dont je parle, puisque, par hypothèse, il faut de toute nécessité faire ou ne pas faire .
La moralité soumise à ces conditions apparaît sur le terrain des biens opposés dont la délibération implique le conflit. Elle consiste dans la puissance, soit, pratiquement, dans l’acte de se déterminer pour le meilleur , c’est-à-dire de reconnaître parmi les différentes idées du faire , l’idée toute particulière d’un devoir faire et de s’y conformer.
Comment définir et comment trouver le meilleur , c’est-à-dire maintenant à tout prendre et comparaison faite, le bien moral  ; à quels signes, à quels caractères le distinguer ; comment déterminer ce devoir faire , ou, plus simplement, ce devoir moral , ce devoir , dont l’idée est propre à l’homme et appartient par le fait à tout homme, mais dont l’appréciation à la fois exacte et générale a toujours paru si difficile, tels sont les problèmes qui se posent à moi.
Résoudre ces problèmes, ce sera construire une science de la morale , car la morale consiste dans l’ensemble et la suite ordonnée des notions qui déterminent en théorie, puis en pratique, si l’homme le veut et le peut, la moralité de l’homme.
Chapitre II Digression sur la liberté morale
Autrefois, on croyait pouvoir démontrer l’existence d’une faculté du libre arbitre. La métaphysique passant avant l’éthique établissait ses axiomes et ses théorèmes sans lesquels il semblait que la morale fût

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