Avant Babel
226 pages
Français

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Avant Babel , livre ebook

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Description

"Se confier à un inconnu, mieux encore, à un ennemi qu'on ne reverra plus, dans un lieu hors du monde, quelle liberté ! On peut tout dire, sans aucune restriction, ça ne porte pas à conséquence..."
Un Allemand, un Français. Perdus dans le labyrinthe d'un no man's land ravagé par la guerre, deux soldats affamés, épuisés, cherchent une issue à leur errance. Leur rencontre aurait dû tourner à la confrontation sanglante. Mais, mystérieusement, la barrière de la langue tombe et ils finissent par livrer les secrets qui font le coeur de leur être et de leur vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 202
EAN13 9782336277837
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296118997
EAN : 9782296118997
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace Remerciements à PRÉFACE Chapitre 1 - Un monde en ruines Chapitre 2 - La rencontre Chapitre 3 - La statue de la Destruction Chapitre 4 - Désarmement Chapitre 5 - Le festin de Baal Chapitre 6 - Attaque aux gaz ! Chapitre 7 - Jeu macabre Chapitre 8 - Bouvreuil pivoine Chapitre 9 - Le prix de la vie Chapitre 10 - Martin Chapitre 11 - Le cousin Niklaus Chapitre 12 - Drôle de perm’ Chapitre 13 - La chance du caporal Knobloch Chapitre 14 - Un si joli village Chapitre 15 - L’ordre et le chaos Chapitre 16 - Gusti Chapitre 17 - La lettre de Lili Chapitre 18 - La flûte Chapitre 19 - « Lächeln ? » Chapitre 20 - La fille de la rivière Chapitre 21 - La grange Chapitre 22 - Miroir brisé Chapitre 23 - Germain et Franz Chapitre 24 - Gueule-cassée Chapitre 25 - « Wouaf ! » Chapitre 26 - La béquille Chapitre 27 - Le vol de l’oiseau Chapitre 28 - La séparation Écritures - Collection fondée par Maguy Albet Directeur : Daniel Cohen
Avant Babel
Roman picaresque

Jean-Paul Gessa
A mes trois atouts cœur :
Assuntina, Nicolas, Jeanne
Remerciements à
Denis Regel Frédérique Mengus Nicole Mengus Paul Adolf
PRÉFACE
par Olivier Larizza
L a Première Guerre mondiale. Ses casques à pointe, ses fusils à baïonnette, ses tranchées où les curés bénissent « les gros canons lubriques », les « hommes qui pleurent et qui explosent », les offensives qui ne servent à rien « sinon à nourrir les asticots »... Un monde où l’on est vieillard à trente ans puisque l’on y meurt couramment à vingt. C’est dans cette réalité sordide, mille fois traitée par la littérature au point de ne plus savoir qu’en dire, tout en n’ayant peut-être jamais eu les armes pour la formuler, que Jean-Paul Gessa a choisi de planter son premier roman. Son roman originel.
Avant Babel raconte le voyage de deux jeunes soldats que tout oppose, en premier lieu la nationalité, puisque l’un est allemand et l’autre français, vers la langue fraternelle. La langue d’avant la dispersion des hommes, quand ceux-ci furent punis de mésentente par Dieu pour avoir commencé d’ériger cette tour qui devait les conduire au ciel, jusqu’à sa hauteur. Comme des enfants fous poussés par leur orgueil, ils ont joué à vouloir être plus grands. Et y ont perdu l’essentiel, à savoir : leur humanité. Leur « simple humanité ».
Cette régression est ce contre quoi semblent lutter les deux personnages de Jean-Paul Gessa. Quand ils découvrent le squelette d’un bras blanc « comme l’ivoire frais », parfaitement nettoyé par les corbeaux et la pluie, l’Allemand ne peut s’empêcher de saisir quelques phalanges pour jouer aux osselets. Le Français s’indigne au nom du respect des morts, son compagnon d’infortune lui rétorque : « La mort est un diplôme dérisoire que l’on distribue au hasard, et à n’importe qui. » On ne doit donc aucun respect particulier aux morts, qui s’en moquent de toute façon, « bien trop occupés à digérer le néant ».
On admire ici le sens de la formule de Gessa, qui utilise l’ironie noire en contrepoint du tragique et hisse le particulier à l’universel. Son roman n’est d’ailleurs pas un roman romanesque, c’est ce qui le distingue et le sauve de la morne masse des fictions consacrées à la Première Guerre mondiale ; c’est davantage un texte allégorique (mais ô combien réaliste !), où la Grande Guerre n’est quasiment pas nommée, où les repères datés ont disparu, même si l’on devine que l’histoire est concomitante de la Révolution russe d’octobre 1917. Les noms des protagonistes eux-mêmes, que l’on découvre sur le tard, ont force symbolique. C’est quand ils s’appellent par leur prénom que scintille de nouveau leur simple humanité. Cela m’a évoqué Le Choix des âmes (Anne Carrière, 2008), sauf que Gessa commence là où je terminais, par « nos ennemis qui nous châtiaient si bien qu’ils nous aimaient ». Il plonge dans le chaos, côte à côte, deux « ennemis préférés » qui fraternisent parce qu’ils sont à l’ouest, comme dans le roman d’Erich Maria Remarque ou sur le Quai de Bernard-Marie Koltès. Ce sont deux figures koltésiennes, voire beckettiennes, marchant sur une écorce vide, « deux cafards rampant sur un sol d’immondices » : « Penses-tu que nous vivons dans un univers qui a encore une poussière de bon sens ? »
Le roman de Gessa ferait une pièce formidable, dont se délecterait le théâtre contemporain. C’est déjà en réalité presque une pièce, impression que renforcent la narration au présent et les dialogues philosophiques, toujours simples, évidents. « À quoi bon la vie ? Qu’y a-t-il d’autre ? » L’errance des deux héros est aussi géographique qu’existentielle : « Le chemin n’existe pas, il l’invente », se dit l’Allemand à propos du Français qui a recueilli un bouvreuil dont il prend un soin touchant, comme un affront au dérisoire. « L’Univers est indifférent à ma présence, constate pour sa part le cousin Nicklaus qui échappera à son propre suicide en ressuscité. C’est un monstre de métal dense et glacé aux arêtes tranchantes de rasoir. Nous ne sommes que des rats dans la cale du bateau cosmique. »
Errance géographique, errance existentielle, errance narrative également. Celle-ci n’est qu’une illusion, car la structure du roman est d’une maîtrise totale (qui témoigne de la maturité de son auteur). Le voyage linéaire des deux Ulysses recèle des surprises à chaque détour ; chacun est l’occasion d’une descente dans les grottes du passé, vers des strates plus ou moins lointaines. On découvre leur vie d’avant, les premiers émois, les fiancées qui se languissent à l’arrière, les gueules-cassées, les intrigues de village, leurs tabous et leurs non-dits. Gessa ne rend pas seulement hommage aux petites gens qui construisent le monde (par rapport à ceux qui le détruisent), il scrute l’intimité des êtres, ces petites mécaniques (comme aurait dit Philippe Claudel) que sont les vies anodines. Il y a chez l’écrivain strasbourgeois une acuité du regard et une puissance de la plume qui contrastent avec la délicate simplicité et l’économie de son style. C’est une époque entière que Gessa capture sans en avoir l’air, par le menu et les détails du quotidien. Il réussit enfin le tour de force d’entremêler ces histoires individuelles à l’Histoire officielle, et son roman, sans en avoir l’air encore une fois, c’est-à-dire sans jamais peser ni disserter, dévoile un faisceau d’hypothèses sur les causes du conflit. En le lisant, on comprend pourquoi on en est arrivé là. On l’intègre au plus profond de soi, parce qu’il ne s’agit pas ici d’un discours politique ni historique, mais d’une plongée dans la nature humaine. Au cœur des ténèbres, il y a une évidence et une clarté de l’écriture qui éblouissent.
Alors, bien sûr, « tout ça ce ne sont que des mots. Aujourd’hui, ce qui compte, c’est le ventre qui a faim. La seule réalité c’est la boue, les poux dans les cheveux, c’est les obus qui hurlent, c’est les balles qui déchirent... La vérité c’est la peur, la trouille dans les tripes, toujours. » Bien sûr, mais quand on n’a plus que les mots ? L’Allemand l’a bien compris : « On tricote des mots pour avoir moins froid. » Et Lili, la bien-aimée d’un Alsacien qui meurt dans un sourire devant les deux compères, affirme : « C’est lorsque tout va mal que la poésie prend tout son sens. » La pauvre jeune femme avait écrit à son amoureux, qui gît là sur le champ de bataille comme un pantin désarticulé : « Comme tout cela me manque ! Ton corps, ta présence — ton regard ! — et ta voix qui faisait ruisseler l’or brûlant des mots dans mon âme. » Exactement ce à quoi parvient Jean-Paul Gessa : faire ruisseler l’or brûlant des mots dans nos âmes.
Olivier LARIZZA, écrivain & critique. Fort-de-France, le 12 janvier 2010
« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvère

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