Ces années assassines
136 pages
Français

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Ces années assassines , livre ebook

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Description

Début des années 1990. Sierra Léone. Une terrible guerre tribale éclate. Commence alors une lutte armée entre le Front Révolutionnaire Uni et l'Armée de la Sierra Léone pour le contrôle du pays et de ses abondantes mines de diamants. Entre massacres et abus, intimidations et enrôlements de force, Jonah, jeune sierra léonais d'une dizaine d'années, nous relate son expérience au sein de la faction rebelle : sa mobilisation, sa formation militaire, la drogue et les crimes de guerre, mais aussi l'amour... Ce roman est l'histoire déchirante de cet enfant-soldat, de sa chute vertigineuse dans l'enfer des combats à son incroyable périple pour le salut de son âme et de son pays.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 49
EAN13 9782296673229
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ces années assassines
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen


Dernières parutions

Armand HAMOUA BAKA, La girouette, ou l’impossible mariage, 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala, 2010.
Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure, 2010.
Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain, 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire, 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste, 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous !, 2009.
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines, 2009.
Alban Désiré AFENE, Essola, 2009.
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée, 2009.
Ilyas Ahmed Ali, Le miroir déformant, histoires extraordinaires, 2009.
Boika TEDANGA Ipota Bembela, Le Destin d’Esisi, 2009.
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Jimmy LOVE, Les Émigrants, 2009.
Mamadou Dramane TRAORE, Les soupirs du baobab, 2009.
Abdoul Goudoussi DLALLO, Un Africain en Laponie, 2009.
Simplice IBOUANGA, Au pays des tyrans, 2009.
Oumar Sivory DOUMBOUYA, Chronique d’un retour en Guinée, 2009.
Yvonne OUATTARA et Jean-Luc POULIQUEN, En souvenir de L ’ Arbre à palabres. Lettres de France et du Burkina Faso, 2009.
Alexis KALUNGA, Mes frères, pourquoi vous me faites ça ?, 2009.
Brigitte BERTONCELLO, avec la collaboration de Thomas Samba SARR, Du Sénégal à Marseille. Migration réussie d’un gentleman rasta, 2009.
Anne-Carole Salces y Nedeo


Ces années assassines
L’enfer des combats d’un enfant de Sierra Léone


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, me de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-08240-3
EAN : 9782296082403

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Prologue
Je vais vous conter mon histoire, l’histoire de mon enfance, l’histoire de mes années de souffrances et de combats au sein du Front Révolutionnaire Uni (Revolutionary United Front en anglais – RUF) de la Sierra Léone, l’histoire qui a modelé l’homme que je suis à présent…

Le RUF était une faction armée de rebelles Sierra Léonais et Libériens menée par Foday Sankoh, individu très proche de Charles Taylor, lui-même responsable de la guerre civile qui éclata au Libéria en 1989. La rébellion entreprise par Sankoh était en quelque sorte une extension à la Sierra Léone de la guerre civile libérienne. L’objectif était, comme toujours, économique sur fond politique : le contrôle du pays permettant celui de ses abondantes mines de diamants.

Quand je regarde un diamant aujourd’hui, je ne peux voir une pierre hautement précieuse et d’une pureté incomparable car je sens toutes les cicatrices de mon âme se rouvrir et une incontrôlable envie de crier pour tous ceux qui sont injustement morts durant cette guerre tribale à résonnance internationale (les pays développés étant les principaux acheteurs de diamants). Cette tuerie dura onze ans et fut responsable de l’exile de plus de deux millions de sierra léonais (principalement en Guinée) ainsi que de la mort de cent à deux cent mille individus dont beaucoup n’avaient pas dix-huit ans.

Je n’étais qu’un enfant… Un enfant converti en soldat… Un enfant forcé à perpétrer des actes d’une inimaginable cruauté… Un enfant dont l’âme si pure se gangrenait chaque jour un peu plus…

Trop d’enfants sont encore de nos jours enrôlés dans des factions armées. En 2008, l’Organisation des Nations Unies a indiqué que cinquante huit organisations recrutaient encore de force des enfants pour les utiliser comme soldats et ce, dans treize pays sur trois continents. Ces malheureux voient leur existence détruite et porteront à jamais les stigmates de leur passé traumatique.
Le temps est venu d’intensifier la lutte pour mettre un terme définitif à cette infamie et laisser les enfants être des enfants…
1.
On ne doit mettre son espoir qu’en soi-même.
Virgile


Je naquis en 1981 dans un village Mendé près de Daru, en Sierra Léone. Daru est une petite ville de la province de Kailahun à quelques centaines de kilomètres de la frontière avec le Liberia.
Je naquis dans une maison délabrée au coin de la rue, sans fenêtre, sans porte, sans lit, sans vie… Les dix premières années de ma vie je les avaient passées là, à survivre l’enfer des débordements de violence de mon géniteur… Ce dernier faillit me tuer une fois déjà : alcoolique notoire, il tomba sur ma mère le jour où celle-ci m’accordait mon câlin annuel. Je reçus tous les coups de poings en pleine figure. Inutile de dire qu’il n’était pas question d’hôpital et que j’eusse même de la chance qu’on me procurât quelques soins au lieu de me jeter aux ordures pour recyclage. Ma mère, pauvre créature oubliée de tous, alternait entre cycle dépressionnaire et état de parfaite absence, végétant la plupart du temps perdue dans ses pensées ou dans le néant. Je me suis toujours demandé à quoi pouvait-elle songer, si toutefois tel était le cas. Peut-être était-elle tout simplement en « stand-by » intellectuel suite au traitement de guerre intensif que lui infligeait mon père dès qu’il en avait l’occasion, c’est-à-dire presque tous les jours. J’y avais pensé, oui, j’avais pensé à m’évader, à m’enfuir, à me libérer de cette gangrène, à sauver ma peau de cet enfer terrestre ; mais il y avait Lili ma petite sœur âgée de deux ans qui ne pouvait compter que sur moi pour sa propre survie physique et mentale. Grâce à son jeune âge, Lili ne se rendait pas vraiment compte de notre situation à tous, mais elle ne tarderait pas à être confrontée à la réalité et je me devais de la protéger des atrocités environnantes. Partir avec elle ? Impossible. Elle ne pouvait tout de même pas se nourrir de n’importe quoi, elle n’avait que deux ans !
Bien que physiquement aliéné à cette maison et ses habitants, j’arrivais à m’évader le soir, quand tout le monde dormait et même quelques fois en pleine journée… Assis près d’une fenêtre sans verre, je partais à la conquête du monde, à la découverte d’îles sauvages et de civilisations perdues, de grandes villes et de richesses.
Il est vrai que le retour à la réalité m’était insupportable au début, si bien que j’aurais voulu dormir tout le jour, mais il y avait Lili… Alors au fur et à mesure, je commençais à inverser l’ordre des choses : cette vie fantastique, je la vivais secrètement, intérieurement dans mes rêveries. Il me suffisait donc de devenir fiction… Je m’imaginais dans un de ces pays de tout et de rien où les filles se montrent librement mais où traverser hors des clous est défendu. Fascinantes sont les cultures si différentes de la sienne ! Aux antipodes l’une de l’autre. Tout cela bien sûr, je le tenais du Grand Chef Paramount qui nous contait les récits fantastiques de ses voyages au bout du monde. Ses aventures, le Grand Chef nous les racontait tous les mardis lors de la grande réunion hebdomadaire du village. Les habitants, après avoir exposé leurs revendications, s’asseyaient en cercle autour de l’orateur. Une fois tout le monde installé, le silence se faisait et le Grand Chef commençait sa chasse aux mauvais esprits en saupoudrant de l’encens sur l’assemblée tout en récitant des incantations purificatrices ; puis il se rasseyait et commençait son récit. Il y avait probablement beaucoup d’exagérations et de mythes dans ses histoires mais elles avaient le fantastique pouvoir de panser l’assemblée de ses maux et de ranimer le peu d’espoir dans le cœur des hommes, qu’elles nous étaient vitales. L’audience vivait réellement les récits du Grand Chef Paramount : à la fois fascinée, apeurée, surprise : les gens sursautaient, reculaient, soupiraient… Si bien qu’un jour, un homme est parti sur une barque pour rejoindre les Etats-Unis – nous ne reçurent jamais de nouvelle… Avait-il réussi à mener à bien son incroyable périple ?
J’écoutais toujours le Grand Chef avec beaucoup de curiosité et d’intérêt, j’étais fasciné par le monde riche où les hommes offrent à leur chien des séances de massage et où l’abondance rythme la vie quotidienne. Lors d’une de ces séances je ressentis une émotion très intense, comme si le Chef portait à la métaphore mes inspirations profondes. En voici un résumé aussi fidèle que ma mémoire me le permet :

Dans un coin reculé du monde vivait une colonie de fourmis des bois. L’effe

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