Escapade aux Iles Loyauté
109 pages
Français

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Escapade aux Iles Loyauté , livre ebook

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Français

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Description

Au coeur du Pacifique, Gisèle Brachet déroule son voyage entre Nouvelle-Calédonie et Îles Loyauté, nous transportant avec délice vers des beautés sauvages inégalées. De rencontres fortuites en frayeurs passagères, une intrigue bien étrange se tisse. Qui se cache derrière ce mystérieux regard croisé sur la plage ?
L'écriture fluide et touchante éveille les sens du lecteur et nous fait réfléchir à à notre chemin de vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 236
EAN13 9782296935068
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Escapade aux Îles Loyauté
Gisèle Brachet


Escapade aux Îles Loyauté


L’H ARMATTAN
DU MÊME AUTEUR


Terres d’Afrique, Écrivains, 2000.
Jambo Kenya , Moeiro 2003.
Rencontres Touarègue, Acoria, 2007.


© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12155-3
EAN : 9782296121553

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Il m’est égal de lire que
les sables des plages sont chauds,
je veux que mes pieds nus le sentent.

André Gide
A ssise sur un petit carré de sable, à peine asséché des pluies journalières qui sévissaient depuis deux mois, je pensais aux alizés avec cette faim d’horizons nouveaux.
Nous étions le 07/07/2007, jour de chance, date de tous les espoirs. Les uns tournaient la roulette, d’autres actionnaient les machines à sous. Certains grattaient des carrés de papier, remplissaient des grilles en priant très fort que leur prochain voyage soit une île lointaine.
Le ciel de Bretagne faisait grise mine, l’eau est à 17°C, paupières closes je distingue des cocotiers, vous savez, une de ces destinations où l’on bronze à l’ombre. Je pouvais aller aux Sept-Îles, mais là-haut, il fait un peu frais ! Et ce chiffre 7 qui caressait l’esprit, me persuadant que ce billet d’avion aux destinations si lointaines était la chance d’une vie. Il y a vingt ans mon premier grand saut vers l’inconnu était africain. Cette année, tripler les heures de vol m’emmènerait de l’autre côté de la planète. Je me le disais depuis bien longtemps, il fallait donc le faire. Tout dans la vie est basé sur cette discipline : ne jamais remettre, ce serait rater quelque chose. Réaliser ses rêves c’est donner un sens à sa vie et le voyage est tout simplement la transformation du rêve en réalité.
Finlande, Japon, premiers décalages horaires, premières sensations étranges de partir loin, très loin… Et ce type dans le TGV semblant être perdu quand le train ralentit en approchant Orly. Il se leva pensant descendre, mais l’arrêt était pour Roissy. Son visage se crispa, se serait-il trompé d’aéroport ? ! Il me faisait penser à ces gens qui étaient perdus loin de leur clocher et j’allais m’envoler pour plus de vingt mille kilomètres… l’hésitation devenue volonté, avide d’aventure.
Un typhon avançait dangereusement sur Osaka, l’avion partira plus tôt. Le lendemain la terre tremblait au Japon ! Je passai entre les deux, il semblerait que le 7 m’accompagne… sur les traces de mes rêves.
1
À l’image de bon nombre de disciples, j’avais plutôt la belle vie, installée depuis un an à Paris où j’avais hérité d’un appartement confortable dans le quartier Montparnasse. Pas une vie meilleure, non, juste plus confortable que certaines. Malgré un bien-être dans une nature aux horizons illimités, j’avais ce souhait depuis toujours, l’attrait de la ville restait essentiel à mon équilibre. J’avais tout plaqué de ma vie d’avant, business, maison sur la côte pour accepter un job chez un notaire suffisamment proche de mon domicile, pour y aller à pied trois jours par semaine. Devenue Parisienne, j’ai vite trouvé mes marques avec le bonjour du primeur et le sourire du cafetier à l’angle de la rue, où je prenais de temps en temps, un petit noir. L’hiver s’était déroulé en douceur sous les lumières de la ville. Les douces rumeurs du vent, tel le refrain de la chanson, fleuraient bon le printemps pour mon autre emploi du temps, consacré à l’art de prendre le temps.
C’est peut-être grâce à cela que nous nous sommes rencontrés face à nos boîtes aux lettres du hall de l’immeuble. Depuis quelque temps, remontant la rue, j’avais remarqué ce septuagénaire portant costume et feutre. Il avait fait revenir en moi, les images de mon grand-père, pur Parisien qui ne serait jamais sorti sans être vêtu d’un costume. Ce petit homme incarnait le bon ton d’autrefois et sans doute son chapeau s’apparentait à l’artiste.
Vous habitez l’immeuble ? !
Je suis au cinquième depuis six mois…
Enchanté ! Moi je suis au 407… et si vous aimez lire, venez frapper, j’ai des tonnes de livres qui prennent la poussière…
C’est gentil… merci. Je ne sais pas… un autre jour peut-être…
Alors que le 407 résonnait en moi… il avait déjà tourné les talons agitant son journal qu’il était venu chercher tout en ajoutant :
Alors à bientôt…
Ce matin-là, j’étais dans mes errances de voyages me confortant à l’idée que tant que mon corps le pouvait, partir était mon plaisir, le sens de ma vie. Comme les nouveautés ne vieillissent pas, j’allais contempler l’éternité. Aller sous d’autres cieux, approcher divers peuples, découvrir les merveilles du monde, pour soi bien sûr, mais aussi et surtout pour le plaisir suprême de pouvoir les relater à qui sait écouter.
J’ai eu la curiosité et, plus précisément encore, l’envie de voir son univers. J’y ai trouvé cette oreille, celle de l’ancien revenant vers sa jeunesse. Nous avons très vite fait connaissance, il était Louis, j’étais Marie, aimant croire qu’il prenait plaisir à écouter mes escapades.
Dans son studio trônait une énorme bibliothèque couvrant tout un pan de mur mariant Hugo et Sartre, Morand ou Wells. Des Marie-Claire d’un demi-siècle, des Poche qui débordaient des étagères au côté de reliés cuir. Sur son secrétaire mon œil affûté remarquait une montre à gousset en argent, datant de l’autre siècle. Par cette vision, je rejoignais mon enfance, le retrouvant assis dans son fauteuil crapaud, il m’apparaissait en mémoire vivante.
Je m’égarais dans mes souvenirs de fillette tout en m’imaginant à vingt mille kilomètres. En si peu de temps, il m’était devenu la passerelle entre hier et demain. Dans son antre d’une autre époque aux odeurs de lavande, j’étais même rentrée dans sa littérature, dans les machines du temps… celles du passé sont nos souvenirs, celles du futur nos rêves. Nous allions ainsi meubler des heures que j’étais loin d’envisager et dont je ne pouvais prévoir la suite.
2
L ’avion se pose en douceur à la porte du hall du petit aéroport de Lifou. Les bagages vites récupérés, chacun est parti avec la famille ou le chauffeur d’un campement. Il est dix-sept heures trente, dans une demi-heure le jour ne sera plus, la salle s’est vidée, je me retrouve seule, au point de départ d’une expédition s’annonçant étrange… De Nouméa, j’avais appelé au campement de Jeanne qui me répondait :
Oui… je n’ai pas de voiture, mais j’enverrai quelqu’un…
On devait m’attendre. Il n’y avait personne et son téléphone sonnait dans le vide.
L’espace d’un quart d’heure, je pensais à l’Afrique où dans les mêmes circonstances dix mecs sont là pour vous emmener. Dans cet espace-temps, je compris que ce voyage allait être à l’image que je me faisais de ce bout du monde : une nature de toute beauté, certes, un contact humain qu’il va falloir aller chercher !
À la sortie, il ne restait plus personne, hormis ce colosse aux larges épaules attendant sa passagère. Epiant le moindre geste, Louis me revint à l’esprit… ah ! le charme parisien. À cet instant j’avais la superposition de ces flashs de vie qui restent en mémoire. Vous savez, tels ces gens dont on croise le regard alors qu’ils veulent être seuls, dont on surprend une attitude qui se devait de rester invisible. Des souffles d’errance qui, mis bout à bout, déroulent mon parcours de curiosité. Des instants fugaces qu’une fidèle oreille d’un studio de Montparnasse appréciera l’anecdote le ressentant là, sur cette autre terre, comme suiveur de mon voyage ! M’approchant, je lui demandai de me servir de taxi :
Bonjour, je vais chez Jeanne, pouvez-vous m’avancer… elle devait venir me chercher, mais… il n’y a personne…
Pas de bonjour, pas de sourire, l’air plutôt étonné de mon audace, pas de réponse, des secondes à penser que cela n’allait pas être simple de voyager ici… mais bon ! Ce périple ne faisait que commencer, il allait bien falloir se fondre dans le décor puisque j’avais choisi ce territoire rien que pour « le plaisir des yeux ». La femme qu’il était venu chercher remplissait de ses bagages, le petit coffre de la Twingo bleue. Patiente, je scrutais la scène dans l’expectative, puis sans autre parole :
Mettez votre sac !
C’était l’acceptation pour le voyage.
Nous on va à Wé.
Ok ! la moitié sera faite, je verrai bien… là-bas…
Sur la demi-heure de route, je me suis présentée humblement faisant clairement comprendre que mon désir était de m’imprégner de leur culture, sentir et ress

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