Féminin interdit
294 pages
Français

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Féminin interdit , livre ebook

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Description

Dzila, quinquagénaire, n'a jamais été père. Il épouse une adolescente et espère avoir un garçon. Mais sa jeune femme accouche d'une fille. C'est la consternation : Dzila rejette tout ce qui est féminin en sa fille et lui donne un nom mixte : Dzibayo. Dzibayo parviendra-t-elle à rendre le féminin permis ?
L'auteure nous invite dans un pays de l'Afrique d'aujourd'hui à la rencontre d'une jeune femme dont le destin est tout tracé par les exigences paternelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2007
Nombre de lectures 1 284
EAN13 9782336262659
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Encres Noires
Collection dirigée par Maguy Albel
N°294, Bégong-Bodoli BUTINA, Mama Africa, 2007.
N°293, Simon MOUGNOL, Cette soirée que la pluie avait rendue silencieuse, 2007.
N°292, Tchicaya U Tam’si, Arc musical, 2007.
N°291, Rachid HACHNI, L’enfant de Balbala, 2007.
N°290, AICHETOU, Elles sont parties, 2007
N°289, Donatien BAKA, Ne brûlez pas les sorciers.... 2007.
N°288, Aurore COSTA, Nika l ‘ Africaine , 2007.
N°287, Yamoussa SIDIBE, Saatè, la parale en pleurs , 2007.
N°286, Ousmane PARAYA BALDE, Basamba ou les ombres d’un rêve , 2006.
N°285, Abibatou TRAORÉ KEMGNÉ, Samba le fou, 2006.
N°284, Bourahima OUATTARA, Le cimetière sénégalais, 2006.
N°283, Hélène KAZIENDÉ, Aydia, 2006.
N°282, DIBAKANA MANKESSI, On m’appelait Ascension Férié , 2006.
N°281, ABANDA à Djèm, Á contre-courant, 2006.
N°280, Semou MaMa DIOP, Le dépositaire, 2006.
N°279, Jacques SOM, Diké, 2006.
N°278, Marie Ange EVINDISSI, Les exilés de Douma , 2006.
N°277, Assitou NDINGA, Les marchands du développement durable, 2006.
N°276, Dominique M’FOUILOU, Le mythe d ‘ Ange , 2006.
N°275, Guy V. AMOU, L’hyène et l’orfraie, 2006.
N°274, Bona MANGANGU, Kinshasa. Carnets nomades , 2006.
N°273, Eric Joël BEKALE, Le cheminement de Ngniamoto, 2006.
N°272, Justin Kpakpo AKUE, Les canons de Siku Mimondjan, 2006.
N°271, N’DO CISSE, Boomerang pour les exorcistes, 2006.
N°270, François BIKINDOU, Des rires sur une larme , 2005.
N°269, Bali De Yeimbérein, le « Baya », 2005.
N°268, Benoît KONGBO, Sous les tropiques du pays bafoué, 2005.
N°267, Frédéric FENKAM, Sqfari au paradis noir, 2005.
N°266, Frieda EKOTTO, Chuchote pas trop, 2005.
N°265, Eric Joël BEKALE, Le mystère de Nguema . Nouvelles , 2005.
N°264, Bathie Ngoye THIAM, Nouvelles fantastiques sénégalaises, 2005.
N°263, Marcel KRMADJOU NJANKE, La chambre de Crayonne , 2005.
N°262, Bathie NGOYE THIAM, Le parricide, 2005.
N°261, Guy V. AMOU, Murmures du Mono , 2005.
N° 260, Alexis ALLAH, L’oeil du Marigot , 2005.
Féminin interdit

Honorine Ngou
L’Harmattan 5-7, rue de l’École-Polytechnique; 75005 Paris
www.librairieharmattan.com diffasion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2007
9782296036253
EAN : 9782296036253
Sommaire
Encres Noires - Collection dirigée par Maguy Albel Page de titre Page de Copyright CHAPITRE I - Une fille pour quoi faire ? CHAPITRE II - Une vie à la dure CHAPITRE III - Jamais sans diplôme CHAPITRE IV - Un mortel désert humain CHAPITRE V - L’Eldorado lépreux GLOSSAIRE DU VOCABULAIRE FANG
CHAPITRE I
Une fille pour quoi faire ?
A l’heure où les poules sommeillent dans les cases et où les bouches des bébés sont encore suspendues aux seins de leurs mères, un cri perça la nuit étoilée du hameau endormi. Une adolescente mettait un enfant au monde. Elle n’avait jamais été à l’école et voyait sa destinée vouée au martyre et à l’inconfort intellectuel. L’homme qu’on lui avait choisi attendait plutôt avec impatience le fils qu’elle était en train de lui donner. Déjà, il pensait aux mille petits soins dont il faudrait l’entourer et il avait même oublié les railleries de ses proches.
Pris dans une sorte d’enthousiasme rageur, il se sentait grisé par les moments privilégiés qu’il allait enfin connaître. Aussi, se surprit-il à fredonner une chanson qui disait la détresse d’attendre. Mais enveloppé par les hurlements lancinants de la parturiente, Dzila mettait les mains sur la tête, derrière le dos, dans les poches. Plus l’accouchement était long et difficile, plus il mourait d’envie de serrer ce fils tant désiré entre ses bras.
Le hululement lointain d’un hibou sembla de mauvais augure et glaça soudain le sang de Dzila. Le cœur haletant et le visage labouré de plis d’anxiété, l’homme se gratta convulsivement le front. Puis, il se dirigea vers le corps de garde 1 et s’écroula littéralement sur un des lits en bambou. Rongé par une oppression permanente, il vivait une situation d’attente angoissante. A plus de cinquante ans, il ignorait encore l’exigence de languir et de souffrir avant d’être père, mais il ne semblait pas fâché pour autant. Dzila savait que les femmes se trémousseraient et pousseraient bientôt des youyous, à la naissance de son fils. Lui, le père, l’homme, tirera cinq coups de fusil pour annoncer la fin de sa honte et l’arrivée de son bâton de vieillesse.
De la cuisine à peine éclairée par une lampe-tempête, s’échappaient les jurons comminatoires des matrones agacées par le manque de vigueur d’Ebii. Le bassin étroit de la jeune tendron mettait la vie du bébé en danger.
- Pousse ! pousse ! pousse ! lui lança la plus expérimentée des matrones.
- Ne tue pas le pauvre enfant de Dzila à cause de ta mollesse, grogna l’autre.
La jeune fille claquait les doigts sans arrêt, gémissait à fendre l’âme et transpirait à grosses gouttes. Sur son visage déformé par la douleur, on lisait la volonté farouche d’en finir. On avait déjà mis de l’eau à bouillir. Le bout de bambou taillé qui devait servir à couper le cordon ombilical était prêt à l’emploi. La plus jeune des matrones, surexcitée, allait et venait, attisait le feu et maugréait contre tout le monde.
- J’aimerais voir à quoi ressemblera cet enfant qui nous tient en éveil et nous abrutit, gronda-t-elle.
Derrière les cases, tous les oiseaux nocturnes s’étaient tus pour faire place au doux chant des perdrix et au cocorico orgueilleux des coqs.
L’air chaud et humide de l’aurore équatoriale faisait danser les flammes du feu gigantesque du corps de garde. Ces flammes si joyeuses et pleines de vie captèrent l’attention de Dzila qui oublia momentanément les cris déchirants de celle qui s’échinait à donner naissance à son héritier. Par moments, il craignait d’être déçu et était terrifié à l’idée que sa femme accouchât d’une fille, cet océan d’ennuis. Pour Dzila, avoir une fille, c’est ne rien avoir du tout. Un fils est plus sûr : il reste au village, le bâtit et l’agrandit. Il défend aussi les intérêts de la famille et du clan, tandis qu’une fille va faire la richesse d’une autre famille.
Pendant qu’il pestait d’une voix monocorde et nasillarde contre la naissance d’une fille dans son foyer, des cris de joie se firent entendre et se brisèrent dans le coassement matinal et tumultueux des grenouilles.
Une femme sortit précipitamment de la cuisine et vint se tenir au seuil de la porte en criant à tue-tête :
- Prenez les écuelles, prenez les nasses, que les femmes s’apprêtent pour la pêche 2  !
A cette annonce, Dzila comprit qu’une fille lui était née. Il s’engouffra aussitôt dans sa chambre et s’assit nerveusement sur le lit en bois dont les pieds rongés par les termites n’inspiraient plus confiance. Avec un moral en berne, Dzila avait besoin d’une solitude salutaire et se mura dans un long silence.
Il pensa qu’il n’avait pas épousé la femme qu’il voulait ; celle qui pouvait lui donner un fils aîné et plusieurs autres fils plus utiles au clan que des filles. Sorti vaincu d’une compétition qu’il avait secrètement engagée avec son frère, Dzila ressentit une amertume et une révolte jamais connues auparavant.
En proie à un désordre psychologique, il murmura avec hostilité : « On dit que tous les enfants se valent. C’est faux. La fille qui vient de naître sera la prapriété d’un homme. Moi, j’avais besoin d’un superbe remplaçant. La présence d’un fils dans mon foyer aurait donné un sens à ma vie et plus de force à mon action. Pourquoi faire une fille dans un monde où l’homme triomphe...  ? »
Dzila s’interrompit lorsqu’il entendit frapper fiévreusement à sa porte. Il voulait passer ses nerfs sur quelqu’un et pensa que la personne qui frappait ferait l’affaire. Dès qu’il ouvrit la porte, la vieille matrone esquissa un large sourire et s’indigna :
- Akââ ! Dzila, ta mère 3 vient de naître et tu cours t’enfermer dans la chambre. Qu’est-ce qu‘il y a ?
- La curiosité n’est pas toujo

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