LA PREMIÈRE DANSE
Quelque part sur la terre, il y a des milliers d’années…
Ici-bas, tout est mystère à ses yeux, surtout le ciel changeant. L’homme le regarde, sa tête broussailleuse levée. Le soleil disparaît derrière la montagne dans une coulée rouge ; reviendra-t-il demain ? L’homme n’en est jamais certain. Il a peur de la nuit qui approche, peur de se retrouver dans le noir, malgré les étoiles. Si le soleil disparaissait pour toujours, que deviendraient l’homme et ses deux petits ? À demi nus, à l’entrée de la caverne, ils s’accrochent à leur mère pour la téter. Elle aussi lève un regard craintif vers le ciel. Et, plus loin, ceux de la horde, accroupis autour du feu, observent à leur tour la voûte céleste qui, lentement, s’obscurcit.
Alors, les bras tendus, l’homme supplie en silence le soleil, puis tape des pieds pour l’appeler ; ses compagnons se dressent pour imiter leur chef. Un seul d’entre eux reste auprès du
foyer afin de veiller sur la flamme ; mais, lançant un long hululement dix fois répété, il rythme les mouvements des autres. Et l’écho qui renvoie son cri semble, tout à coup, être la voix lointaine du dieu disparu, du dieu Soleil. Celui-ci leur répond. Rassurés, ils comprennent tous qu’il reviendra…

Ce que j’en pense :
À l’époque de La Guerre du feu
1, la danse a dû commencer ainsi, n’est-ce pas ? C’est joli d’imaginer qu’elle a servi, d’abord, à apaiser les angoisses des premiers hommes. Dès le début, ils ont compris que la danse n’était pas uniquement mouvement, mais le langage de l’âme. Au fil du temps, ils ont cherché à enrichir ce langage d’une manière ou d’une autre et ils s’y sont mis d’un bout à l’autre de la planète parce que, partout, on éprouve le même besoin de danser ! À savoir :
La farandole viendrait, dit-on, des lointaines danses autour du feu.
Un détail éloquent :
En Inde, dans la religion hindouiste, Nataraja, le dieu de la danse, a créé le monde d’un coup de talon.
Eh oui, depuis la naissance du monde, on a dansé en Asie, en Afrique, dans les deux Amériques, au pôle Nord ou en Océanie. Pour danser, on s’est paré de plumes, de masques, de jupes de raphia, d’os devenus bijoux ou, encore, on s’est peint de la tête aux pieds…
Il y a eu les danses rituelles : danses sacrées pour obtenir la faveur des dieux ou danses des guerriers.
Il y a eu les danses profanes, c’est-à-dire sans portée religieuse, danses de séduction ou danses festives. On danse pour conquérir un cœur, faire honneur à des invités ou célébrer une bonne nouvelle.
Il y a eu aussi des danses « représentant » devant un public la vie, la mort, l’amour ; la
danse devient un spectacle. On la regarde, on l’applaudit, on l’admire.
Bref, la danse fait peu à peu partie de tous les actes de la vie tandis que, soufflant dans un roseau ou frappant sur une calebasse, l’homme découvre la musique…
Et tout change !
EN AVANT, LA MUSIQUE !
La musique a accompagné la danse, lui permettant d’évoluer, de se structurer. Musique et danse sont liées à jamais. Elles s’enrichissent l’une l’autre.
Les anciens Égyptiens l’ont bien compris ; après avoir dansé au son des seuls claquements des mains, ils ont peu à peu inventé des instruments prodigieux : la harpe, la flûte, la lyre, le tambour, et bien d’autres encore !
Regarde bien cette illustration.
Elle est inspirée par une fresque peinte, il y a des milliers d’années, dans la chambre funéraire d’un dignitaire du pharaon.
Ces sveltes jeunes filles sont des artistes complètes, à la fois danseuses et musiciennes même si nous ne voyons pas ici leurs gracieux instruments de musique.