Je voulais rêver à l ombre des mosquées
226 pages
Français

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Je voulais rêver à l'ombre des mosquées , livre ebook

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Français

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Description

Jerba, île paradisiaque du sud d'un pays dont Ben Ali n'est pas encore élu président mais est déjà synonyme d'espoirs pour les Tunisiens avides de liberté. Que vient faire cette Européenne décidée à développer des projets équestres dans un univers jusque-là réservé aux hommes ? D'abord intrigués, ils manigancent ensuite pour mieux la surveiller, voire la séduire et finissent par envier sa réussite. Et lorsque les lois de la charia se conjuguent à l'avidité de policiers corrompus et la rancoeur d'un mari jaloux, tout peut arriver...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 50
EAN13 9782296465329
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je voulais rêver
à l’ombre des mosquées
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55175-6
EAN : 9782296551756

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
DOMA


Je voulais rêver
à l’ombre des mosquées


Jerba, années de lumière et d’obscurité


L’Harmattan
Rire ou pleurer mais avec rage, fièvre et passion, sans soif de pouvoir, sans peur de perdre beaucoup de soi, un peu des autres et sans oublier qu’on en paiera toujours le prix. Recommencer à chaque instant, sans compromis, parfois dans l’excès et accaparer la vie jusqu’à son dernier souffle. Rester avide, sincère, tolérante sans admettre la bêtise, la médiocrité et le racisme. Et puis, demander pardon à ceux qui en ont souffert ou qui n’ont pas compris. Enfin et surtout, ne pas oublier de rêver…
DOMA
INTRODUCTION
Aujourd’hui, c’est Doma l’artiste, la femme, la mère et l’étrangère qui dévoile sa vie, ses coups et ses bonheurs avec pudeur et sincérité, avec son cœur meurtri de quelques années si intenses que ses nuits en resteront bleuies à jamais, éblouies pour toujours.
Chacun se réjouit du départ du dictateur sans s’exalter pour autant car sa sœur jumelle, l’insidieuse corruption, veille dans l’ombre. Ses tentacules ont entretenu la peur, la misère, l’illettrisme et ont condamné hommes et femmes à une certaine interprétation de la religion qui, sans être extrémiste, a maintenu une inégalité physique et morale au prétexte de la tradition.
Beaucoup crient leur désespoir, tous aspirent à une réorganisation des pouvoirs et quelques-uns osent revendiquer le droit au choix, à la parité dans les écrits et… dans les faits.
A l’écriture d’un poème ou la réalisation d’un tableau, en évoquant un ami disparu ou une photo oubliée, mon cœur saignera sans doute encore longtemps et, peut-être un jour, pardonnera.
CHAPITRE I Vers un autre destin
Automne 1987
La Tunisie ! Oasis de vacances, terre de repos, de paix, d’espoir.
Cette fois, les dés sont jetés sur le sable de Zarzis, le sud du pays. J’ai rencontré la liberté, les galops sur la plage avec Ali, la promesse d’une autre vie et l’exaltation de tout un peuple. Habib Bourguiba s’essouffle et son dauphin Zine el-Abidine Ben Ali va prendre le pouvoir. Il ne manquera pas de poursuivre une ouverture de développement touristique et cette région, autrefois délaissée par l’ancien président originaire de Monastir, va être la première des priorités dans ce domaine.
L’époque charnière semble porteuse de renouveau. Certes, Bourguiba et son code du statut personnel avaient apporté beaucoup d’améliorations à la condition féminine : l’abolition de la polygamie, le droit au divorce, au mariage consenti, la contraception, l’avortement thérapeutique et même de « confort » dès 1965 (les Françaises ne l’obtiendront que dix ans plus tard), le hijab interdit dans les écoles… Toutes ces lois historiques étaient, d’après lui, son interprétation des sourates du Coran, une réforme nécessaire de la société, plus qu’une opposition à l’islam. Ses idées, parfois mal perçues par les autres pays arabes, se voulaient plutôt basées sur la raison que sur la stricte application de la religion. D’après lui, la Constitution garantissait la liberté, même de religion, tant qu’elle ne portait pas atteinte à l’ordre public. Courageux ! Et ses volontés de réformes ne s’étaient pas arrêtées à l’évolution des femmes…
Mais les années et les crises financières, économiques et sociales se succédant, une montée islamique s’était renforcée. Les modernistes réclamaient la séparation de l’islam et de la politique ; alors que les conservateurs revendiquaient des modifications régressives des avantages acquis.
Ben Ali, qui avait fait Saint-Cyr et des études aux Etats-Unis, semblait libéral. Bourguiba, malade et affaibli, écarté sous prétexte d’incapacité à gouverner, tous imaginaient qu’un vent qui ne pouvait être que celui d’une certaine liberté, commencerait à souffler sur la nouvelle Tunisie du général Zine el-Abidine…
Moi aussi. Je pensais à la leur et à la mienne… Pourquoi ne pas m’y installer définitivement ?
Dès ce moment, l’envie de partir sans retour de ma Belgique natale pour ce pays tout neuf ne me quitte plus. Reste à convaincre mes proches…
Je ne suis pas née dans une famille aux mœurs traditionnelles pour l’époque. Mes parents, s’étant mariés trois fois chacun de son côté, ne m’ont guère laissé de choix sur l’idée du couple exemplaire. A dix-huit ans, j’épouse, contre l’avis de tous, l’homme qui se propose, de vingt ans mon aîné et rencontré trois semaines plus tôt. Il est jeune retraité patineur de la compagnie Holiday On Ice. Il m’offre déjà l’inattendu avec une sorte de stabilité que je crois ainsi démontrer à tous. Certes c’est un peu naïf mais pas faux ! Enfant unique de parents sans frère ni sœur, j’ai vaincu ma solitude et ma timidité en affichant une détermination peu banale. J’ai toujours été seule face à l’adversité.
Maintenant, je suis mariée et, de suite, deux enfants confortent l’épanouissement familial dont je rêvais. Malheureusement, j’en profite peu, travaillant sans répit, créant des collections de mode, vêtements largement diffusés dans toute l’Europe. Notre couple est uni jour et nuit et sur les routes, je dessine, crée, tape factures et courriers à la machine pendant que mon époux conduit. Jusqu’à ce que germe l’idée de délester les surplus de marchandises sur les marchés. Le succès est immédiat. Trop !
Les échappées tunisiennes rares, les enfants délaissés et le froid qui m’envahit m’obsèdent petit à petit. Je ne supporte plus cet excès de vie, cette apnée constante dans la quête d’un surcroît de travail pour gagner plus, pour perdre moins, pour vivre mieux. C’est assez ! La boucle est bouclée. Ce sera la Tunisie…
Déjà neuf heures ! Un dernier tour rapide au premier étage pour vérifier que l’essentiel a été emmené et nous partons. Ma chambre est nue et celle de ma fille encore encombrée de sacs-poubelles remplis de vêtements. Chez mon fils, un coffre entier hier encore gorgé de jouets et de livres traîne vide au milieu de la pièce. Le lit de ma grand-mère est resté démonté dans la chambre d’amis et y demeurera, faute de place. Le camion de treize tonnes est surchargé. Même la Land Rover, bien calée à l’intérieur du poids lourd, est comblée de matériel équestre. Le désordre de cartons, de papiers ou de vaisselle au rez-de-chaussée nous laisse indifférents, la moindre place est utilisée.
Mon mari est déjà installé au volant du bahut, les enfants à ses côtés, les deux chiennes berger allemand à leurs pieds. Les trois chats malades de frayeur sont nichés dans leur panier d’osier entre les meubles et n’apprécient guère cet étrange voyage.
Ali, notre compagnon d’aventures, m’attend avec Flic le troisième berger allemand dans le petit Mercedes. Il est déjà impatient de revoir sa famille, ses amis, son pays qu’il a quittés quelques semaines plus tôt pour un bref séjour chez nous.
Sans un regard pour cette maison que des mois de labeur acharné avaient enfin rendue accueillante, je fuis aveuglément pour un nouveau départ à Jerba, île de soleil et de lumière dont je suis tombée amoureuse en septembre dernier. J’avais su, dès cette époque, que j’y reviendrais m’y installer. J’avais été séduite par la magie des zones désertiques, la splendeur des oasis, l’écrasante chaleur qui anémie votre énergie, et par le caractère de ses habitants fiers, orgueilleux et intransigeants, défauts ou qualités qui ont toujours fait partie de ma personnalité.
Je m’imaginais alors dans ce décor loin de la grisaille belge, me battant pour construire mon empire commercial et réussissant glorieusement malgré la dureté du climat et des gens. Je fabulais, j’extrapolais et, pourtant, j’étais à mille lieues de me

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