L enfer rose
276 pages
Français

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L'enfer rose , livre ebook

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276 pages
Français

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Description

Une rencontre et un véritable coup de foudre entre Victoria et Olivier. Puis une descente aux enfers... Les différences notamment provenant des héritages de leurs traditions ancestrales cultivées par leurs communautés respectives, pèsent de tout leur poids. Ce roman nous décrit les relations entre les individus, au coeur de la famille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 62
EAN13 9782296805545
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ ENFER ROSE
Tomaino Ndam Njoya


L’ ENFER ROSE
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54591-5
EAN : 9782296545915

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Jeudi 23 avril 1992
Dans un couloir obscur situé au deuxième étage d’un immeuble public, Victoria, depuis des heures, attendait. Ne voyant rien venir, ne percevant aucune lueur d’espoir, à la place de l’enthousiasme, de la confiance et de la sérénité qu’elle dégageait en arrivant, s’érigeait tour à tour la tristesse, la déception, la résignation… Intérieurement, malgré le caractère qu’on lui connaissait, elle cherchait vainement à réprimer ces expressions qui se lisaient déjà non seulement sur son visage comme dans un livre, mais à travers les mots qui, souvent, devant l’adversité, jaillissent du fond du cœur comme pour l’exorciser :
« Quelle longue attente ! C’est interminable… Aucun signe annonçant que l’on sortira d’ici… Je ne respire presque plus. Comment le pourrais-je, enfermée telle que je le suis, dans ce couloir qui a tout de l’intérieur d’un mausolée ! Et puis, avec ce trop-plein de monde qui absorbe plus d’oxygène que lui donnant la possibilité de se renouveler, j’étouffe, je me sens malade. C’est tout de même curieux et inadmissible qu’on n’ait pas pensé à aménager spécialement une salle d’attente en ces lieux dont la vocation est pourtant d’accueillir du monde et toujours du monde ! Il est à peine quinze heures et, déjà, nous baignons dans la quasi-obscurité : le système d’éclairage, comme pour accroître le malheur, est défaillant ; juste une ampoule çà et là. Et puis, pour tant de personnes, il faut le dire, l’étroitesse de l’espace quelle que soit la puissance des lampes, donnerait toujours du noir ».
Ce que Victoria vivait dans sa chair, lui trottait dans l’esprit lorsque, levant les yeux, et son regard balayant cet espace qui était comme un long couloir d’épreuves, oui, un véritable parcours de combattant, elle aperçut, tout au fond, une espèce de lucarne qui l’invitait presque… Elle ressentit comme un appel intérieur pour s’approcher de ce qui lui paraissait être une bouée de sauvetage.
« Mais comment pourrais-je y parvenir, avec tout ce monde ? En tout cas l’occasion est belle pour en profiter et se dégourdir les jambes. Surtout, pour respirer un peu d’air pur. Y arriverais-je seulement ? Le couloir est plein à craquer : les gens ne font qu’arriver et personne ne semble vouloir en sortir. Quelle affluence ! Et moi qui ne veux, en aucune façon, être remarquée en des lieux pareils, moi qui souhaite tant passer inaperçue… Voilà que tout ce que je redoute va arriver maintenant : gêner ces hommes et ces femmes sur mon passage, attirer leur attention, sans doute, ne serait-ce qu’en les frôlant pendant que je me faufilerai entre eux. Y a-t-il d’autres choix ? Le risque est là, grand ; mais au bout, je sortirai de cet enfermement. Alors il faut le prendre et l’assumer. Qu’importe que, chemin faisant, je puisse faire face à des situations difficiles, car, sûrement parmi ces personnes, il y en a qui voudraient me barrer le chemin parce que, me prêtant des intentions que je n’ai pas : soit qu’ils croient que je veux prendre leur place pour atteindre avant elles l’une des nombreuses entrées qui s’alignent comme les portes du paradis au bout du long et triste couloir… Il n’y a point autres alternatives face à ce que je ressens et aux maux que je veux guérir, je dois avancer ! Ainsi en va-t-il dans la vie avec des moments où l’on doit avancer, foncer pour survivre ou piétiner et périr ! J’ai choisi de vivre. Alors, il faut avancer, bousculer ces hommes et femmes qui, comme moi, sont ici pour des questions de vie ou de mort ».
Après maintes hésitations, calculs et bonnes résolutions, Victoria s’était décidée :
- Viens, Sandrine.
Elle entraînait avec elle, Sandrine, sa jeune sœur.
- Où est-ce que nous allons Vicky ? Demandait cette dernière.
- Là-bas, au fond. J’ai besoin de respirer.
Se jetant toutes les deux dans la marée humaine grouillante, elles avançaient et chaque pas de fait semblait les plonger dans un monde nouveau et toujours plus bruyant, plus excité. L’exiguïté des lieux ne semblait point tout expliquer...
« Aller lire dans les cœurs des gens, chercher à comprendre, chercher des raisons, non ce n’est point le moment ! Il nous faut de l’air, de la lumière, nous, enfants de la savane, habituées aux horizons sans fin, aux grands espaces, à la lumière. Au bout du couloir tout s’offre à nous ! N’écoutons plus les bruits, ne regardons plus rien, avançons oui, avançons seulement. Qu’est-ce… que voit-on ? »
- C’est le comble ! Éclatait Victoria qui ne cachait pas son amertume.
Elles avaient réussi à atteindre ce qui leur semblait une ouverture vers l’extérieur, le monde des grandes lumières, la vie... Hélas, la déception était grande, car, face à elles, se dressait une vitre épaisse, empêchant le contact d’avec l’air frais, même avec l’extérieur, que l’on apercevait à peine... Le rêve s’était évanoui, il allait falloir faire avec, oui avec ce cadre exigu, mais pour combien de temps encore ?
Quinze heures et trente minutes. C’était peut-être la libération, la fin de la longue attente dans cet espace aux mille âmes... où, à peine arrivées, nous avions hâte de repartir... Le tableau d’affichage indiquait que Victoria était convoquée à la Porte 3. La feuille dans laquelle son nom était inscrit mentionnait en gras :
Tentative de Conciliation
Agnès K c Georges K
Asalamatou S c Salifou S
Philomène D c Joseph D
Victoria T c Olivier T
Encore un rêve qui s’envolait !
« Je ne suis pas sortie de l’auberge. Lui et moi, ne sommes pas les seuls à devoir comparaître devant le juge de la Porte 3. Les noms de trois autres couples sont alignés avant les nôtres. En principe, l’ordre de passage étant conforme à l’alignement sur la liste, j’en ai en conséquence pour un bon moment encore à poireauter dans cette atmosphère étouffante et énervante, le temps que mettront les autres couples à passer ». Se disait Victoria.
La tension continuait de monter. Flanquée de sa sœur, Victoria avait été parmi les premières personnes à arriver au Tribunal, car, accuser un retard en pareille circonstance n’était, pour le moins pas envisageable. Victoria qui n’était plus qu’une boule de nerfs, prête à craquer, se refusant même d’imaginer la situation si telle avait été le cas, si donc elle était arrivée en retard, frémissait, rien qu’à cette idée. Mais elle était arrivée là, à l’heure. Cette ponctualité, pourtant, ne résolvait point le problème, car, ce qui se présentait comme une simple formalité, une promenade, un peu comme la lettre que l’on jette à la poste en passant, semblait se compliquer, étaler, insaisissable, la complexité de toutes ses couleurs. Il allait falloir attendre que les autres couples passent d’abord ; face à cette réalité, il n’y avait point de choix. Et il fallait tout simplement accepter que si l’instant où l’on y entrait était su, l’on ne pouvait point soupçonner pour combien de temps on y resterait. Tout cela évidemment était le dernier souci de Victoria. Il ne pouvait en être qu’ainsi, pour elle, comme pour toute autre personne qui n’avait point connu de problèmes, qui n’avait point eu à affronter des situations embarrassantes, conflictuelles, toute autre personne comme elle, qui avait grandi dans une atmosphère familiale sereine, où l’harmonie, et l’entente, au milieu des frères et sœurs, se caractérisaient par une ambiance de taquineries, d’humour, de joies partagées, de rires interminables, une vie de famille unie, modeste, sans complexes, sans calculs, où l’on prenait la vie comme elle se présentait, en lui imprimant sa marque.
Encore un rêve qui s’envolait ?
C’est alors que, revenant à elle, Victoria se souvenait, et cela la rassurait, de Thierry, le jeune magistrat, Procureur de la République, qu’une parente lui avait recommandé. Thierry avait pris la peine de lui communiquer l’heure marquant le début des audiences : en effet, Victoria avait dû avoir recours

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