L’un de vous me livrera
219 pages
Français

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L’un de vous me livrera , livre ebook

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Description



Tome 3



La morte-vivante était rivée à son cou depuis des heures lui semblait-il et Mat avait la sensation grandissante qu’elle ne le lâcherait jamais. L’étreinte était oppressante mais, même s’il avait par moments l’impression que son cœur allait lâcher, il se prêtait de bonne grâce à l’indolore morsure. La scène d’un vieux film, le Bal des Vampires de Polanski où le metteur en scène/acteur se faisait croquer par la belle Sharon Tate, lui traversa l’esprit et il sourit à cette pensée. Y’avait quand même pire comme mort ! Sa Sharon Tate à lui différait de l’original de par sa chevelure d’ébène mais n’en était pas moins craquante, délicieusement glacée et parfumée à... la Bergamote.



Quand Radu Dracula meurt en Octobre 1476, il ne sait pas que sa vie ne fait que commencer. Le Diable lui confie une quête qui justifie sa condition de non-mort.



Dans ce troisième opus, Radu Dracula doit se justifier son séjour à Londres à la fin du XIX° siècle et sur sa rencontre avec les chasseurs de vampires de Van Helsing. Londres où il doit revenir pour y retrouver sa fille qui a fui le château familial et où se cacherait toujours le gardien du Graal. Mais les chasseurs veillent...



Après ...Prenez et buvez, ceci est mon sang et Que cette coupe s’éloigne de moi, Philippe Lemaire continue à réécrire le mythe du vampire et sa quête du Graal. Une nouvelle vision de Dracula.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 47
EAN13 9782369762386
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mentions légales Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 pChapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20
Table des matiéres
Philippe Lemaire
Radu DRACULA
Tome 3
 L’un de vous me livrera
(évangile selon St Jean)
Collection Pleine Lune
Mentions légales
©2016 § Philippe Lemaire .Illustration:©2016 Philip pe Lemaire . Édité par Lune-Écarlate 66 rue Gustave Flaubert 03100 Montluçon, F rance. Tous droits réservés dans tous pays. ISBN 978-2-36976-238-6. . Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou représentation intégrale ou partielle faite par quelques procédés que ce soit, sans le consente ment de l'auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon au terme des articles L,122,-5 et L,335-2 et suivant du code la propriété intellectuelle.Si vous rencontrez un souci avec votre ebook à cause d'un DRM (que nous ne mettons pas) ou pour to ut autre soucis veuillez nous contacter à contact@lune-ecarlate.com
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Chapitre 1
Transylvanie, décembre 2008.
Le soleil venait de disparaitre derrière la montagne ceinturant la forteresse quand Maria Basarab sentit la non-mort reprendre ses droits. La transe diurne que provoquait sa nouvelle nature l’avait quittée depuis plus d’une heure mais une force impérieuse lui intimait l’ordre d’attendre ce moment avant de sortir de son sépulcre. Un sépulcre où la Princesse se sentait oppressée et qui semblait investi de présences indéfinissables. Elle ouvrit les yeux et reprit peu à peu le contrôle de son corps dénué de vie en ayant l’impression de maîtriser les mouvements d’une marionnette. Son bras à la blancheur irréelle repoussa la lourde dalle qui recouvrait le tombeau de pierre et le plafond de la crypte lui apparut. Maria s’amusa une nouvelle fois de la force extraordinaire que recelait désormais son corps frêle. Elle enjamba le rebord du sépulcre, épousseta sa vieille robe de pourpre et pris le temps d’en observer l’intérieur humide. A qui ce riche tombeau avait-il été destiné ? Qu’était devenu son ancien occupant ? Pourquoi avait-elle si souvent l’impression d’en sentir la présence ? Elle se promit de questionner son père à ce sujet. La princesse considéra la répugnante crypte funéraire qui lui tenait désormais lieu d’abri diurne et laissa échapper un soupir presque humain. Une épaisse couche de poussière moisie recouvrait le sol et les murs, servant de point de fixation à de gigantesques toiles d’araignées noirâtres qui évoquaient d’éphémères tentures. Son père aurait tout de même pu faire l’effort d’entretenir un peu leur repaire… Elle longea le tombeau vide qui jouxtait le sien et se dirigea vers celui de Solange. Maria sentit immédiatement la présence d’un corps ni mort ni vivant sous la dalle de granit,  l’archéologue française n’était visiblement pas encore sortie de la transe diurne. L’imposant sarcophage de son père était par contre vide, comme toujours à cette heure. Etait-il capable d’en sortir avant même que le soleil n’ait disparu derrière la montagne ? Elle n’en aurait pas été surprise outre mesure. La princesse effleura délicatement les grosses lettres en bas-relief qui ornaient le sépulcre seigneurial de son père, se remémorant la terreur qu’avait inspirée cinq siècles plus tôt ce nom au sens si ambigu pour les roumains : DRACULA. Le prince Radu était-il au final le fils du Dragon ou celui du Diable ? Le nom qu’il avait souhaité arborer ne permettait pas de trancher entre ces deux hypothèses (*). (*) : Dracula signifie en roumain « fils de Dracul », Dracul exprimant indifféremment le Dragon ou le Diable. La non-morte se dirigea vers l’escalier en colimaçon qui constituait le seul accès à la crypte et gravit rapidement les antiques marches de pierre jusqu’aux appartements à l’étage. Le silence total qui régnait dans les couloirs du château lui confirma que son père s’était déjà absenté. La princesse décida donc d’attendre le réveil de Solange dans la grande bibliothèque, la seule pièce de la forteresse où le temps ne semblait pas s’être arrêté. Elle traversa le long corridor y donnant accès et allait pousser la lourde porte à double battants quand une main lui caressa l’épaule. Maria se retourna lentement, surprise de n’avoir pas entendu arriver l’intrus. – Père ? Personne. Le large couloir ne lui rendit que l’image de générations de Basarab peints avec plus ou moins de talent sur des toiles craquelées. Elle s’attarda sur un tableau gigantesque et chercha dans les yeux de son grand père, Vlad Dracul, une réponse à son interrogation muette. Le prince de Valachie ne lui fut d’aucun secours, s’obstinant à la fixer de son regard inexpressif, profondément noir et peut-être un peu réprobateur.
Maria haussa les épaules, poussa les deux battants de la haute porte et s’engouffra d’un pas décidé dans la grande bibliothèque. Elle considéra rapidement les interminables rangées de livres qui montaient presque jusqu’au plafond et se demanda combien d’années - voire de siècles – avaient été nécessaires à son père pour accumuler pareil trésor. Les plus hautes étagères étaient remplies de livres et parchemins datant de son vivant. Les plus basses, par contre, contenaient des ouvrages à l’évidence beaucoup plus récents et visiblement plus consultés puisqu’un peu moins poussiéreux. Elle délaissa les livres pour s’approcher du bureau de Solange où trônait un appareil qui n’avait de cesse que de l’intriguer.
Le grand rectangle de verre noir n’affichait aucune image à cet instant. Maria savait que pour le faire fonctionner, il suffisait de tapoter sur une des nombreuses touches de la petite tablette posée juste devant, mais elle aurait été bien en peine d’affirmer quelle était la bonne touche. Elle effleura délicatement la surface de verre parfaitement lisse avec le secret espoir qu’elle veuille bien s’allumer. L’étrange machine lui avait montré des images incroyables la veille et lui faisait l’effet d’une porte ouverte sur le monde extérieur. L’écran de l’ordinateur ne réagit cependant pas à sa caresse et elle se promit d’apprendre à maîtriser un jour cette drôle de boite magique.
D’autres objets étalés sur le bureau de Solange intriguaient Maria, comme ce qu’elle appelait « son portable», une babiole minuscule qui pouvait afficher des images lumineuses elle aussi. Le monde avait vraiment beaucoup changé en cinq cents ans. La princesse en avait plus ou moins pris conscience quand son esprit dénué de corps physique hantait les alentours du monastère de Tipova, (*) mais elle ne mesurait alors pas à quel point. Saurait-elle s’acclimater à ce que la terre était devenue maintenant qu’elle la foulait à nouveau de ses pieds ? Cette pensée lui donna le vertige mais elle la chassa immédiatement. Son père avait appris à maîtriser toutes ces nouveautés, il n’y avait aucune raison pour qu’elle n’y parvienne pas aussi.
(*) : voir les tomes précédents.
Un clic sonore en provenance de l’écran noir la surprit tout à coup. Maria recula d’un pas puis se rapprocha pour mieux observer la petite lumière bleue qui venait d’apparaitre au centre du rectangle de verre. L’étrange machine était-elle capable de se mettre à fonctionner d’elle-même ? Maria caressa à nouveau l’écran pour l’inciter à réagir et la lumière bleue envahit soudain la surface de verre, prenant peu à peu la forme d’un visage humain. Subjuguée mais ravie que l’objet reprenne vie, la princesse s’assit devant l’écran, à l’affut de la moindre réaction de l’étrange machine.
Les formes floues du visage apparu se précisèrent pour finalement révéler les traits d’une femme d’une trentaine d’années, aux cheveux en aile de corbeau aussi noirs que ceux de Maria, au nez légèrement aquilin et aux yeux sombres emprunts d’une indéfinissable tristesse. La femme fixait intensément la princesse qui changea de place pour échapper à son regard dérangeant mais les pupilles noires la suivirent et la non-morte commença à prendre peur. – Vous pouvez me voir ?! Un grésillement émana des deux petites boites qui entouraient le rectangle de verre et une voix féminine s’en échappa. – Oui Doamna.
Maria Basarab s’efforça de contrôler la panique qui commençait à l’envahir. Il lui avait semblé que Solange - et même son père - maîtrisaient parfaitement cette machine et qu’elle ne faisait que répondre à leurs sollicitations, or, voilà qu’elle se trouvait comme interpellée par l’étrange objet. Etait-ce une des capacités de l’appareil ? Etait-il doué d’intelligence ? A l’évidence, oui. Maria pesta contre l’ignorance qui lui avait valu d’être effrayée par une machine moderne, fut-elle dotée de raison, et se reprit tout à fait. – Eh bien bonsoir Madame la machine. Votre visage m’est étrangement familier. – Je ne suis pas la machine princesse Maria, je me sers seulement d’elle. La même caresse sur l’épaule que celle dont elle avait été gratifiée dans le couloir fit sursauter la non-morte. – Mais qui êtes-vous alors ?!
– Je suis ta sœur dans la non-mort Maria Voïchita Basarab. Je veux t’aider et te prévenir des dangers qui te menacent car je sais que tu es bonne. – Que me racontes-tu là ? Comment connais-tu mon nom ? – J’ai fréquenté la cour de Stefan Cel Mare de mon vivant, quand tu trônais à ses côtés en Moldavie. – De ton vivant ? Essayes-tu de me dire que tu es morte ?  – Depuis presque autant de temps que toi princesse. Je suis cependant devenue ce que tu es aujourd’hui juste après ma mort, sans connaître les siècles d’errance qui t’ont été infligés. – Comment sais-tu cela ? – Parce que l’errance que tu as endurée est devenue mon lot quotidien désormais et, comme tu le sais, les fantômes savent tout. – Je ne te crois pas ! – Tu me croiras bientôt princesse.
Les deux battants de la haute porte de la bibliothèque s’ouvrirent en produisant leur habituel concert de grincements désordonnés, arrachant la princesse à la contemplation du visage blafard qui lui souriait à travers l’écran. Une jeune femme rousse à la pâleur presque phosphorescente, vêtue d’élégants vêtements noirs des pieds à la tête, entra nonchalamment dans la grande pièce. Elle sembla tout d’abord ne pas remarquer la présence de la princesse, puis son visage s’éclaira d’un sourire. – Maria ! Vous me surprenez de jour en jour ! Vous êtes ainsi parvenue à allumer l’ordinateur ? – Bonsoir Solange. Eh bien… Pas vraiment en fait. La machine s’est mise en route toute seule et… tenez : je crois qu’elle est en train de s’éteindre. – Laissez-moi voir.
Maria abandonna son siège à l’archéologue française dont les doigts habiles pianotèrent aussitôt sur le clavier à une vitesse déconcertante. – C’est curieux en effet. Vraisemblablement une hausse de tension du système électrique plus qu’archaïque dont nous sommes pourvus. – La machine s’était bien mise en route toute seule, n’est-ce pas ? – Si vous n’avez touché à rien, il semblerait que ce soit le cas en effet. L’ordinateur s’est ouvert sur la page habituelle ? – Oui, enfin je crois. – Il faut absolument que je vous montre comment fonctionne cette machine Maria. C’est d’une simplicité enfantine en fait. – Je ne demande qu’à vous croire Solange. Je vais aller prendre l’air, vous m’accompagnez ? – Mais certainement princesse.
Chapitre 2
Transylvanie, décembre 2008.
Maria ouvrit sans effort la lourde porte d’entrée du bâtiment sud et, négligeant de descendre les marches du perron, sauta directement dans la neige. Une épaisse couche immaculée recouvrait depuis déjà plus d’un mois les cours intérieures du château. – J’adore cette période de l’année Solange ! Tout est magnifié par ce manteau blanc et j’ai l’impression de retrouver le manoir comme il était dans mon enfance. Aimez-vous la neige vous aussi ? – Eh bien… disons que j’ai été habituée à aller à la rencontre de la neige et qu’il ne m’est pas coutumier de l’avoir au pied de chez moi. Mais je suis d’accord avec vous, c’est très joli et ça retire un peu de sa noirceur à ce sinistre château. – Vous le trouvez sinistre ? – Pas vous ? Maria s’immobilisa pour contempler les hautes tours qui ceinturaient la vaste cour et son regard passa des charpentes en partie détruites aux gravas qui s’entassaient au pied des murailles ébréchées de toutes parts. Des buissons épineux avaient envahi la cour et se faufilaient dans l’amas de pierre qui tenait lieu de mur d’enceinte par endroits. Les quelques arbres qui étaient parvenu à prendre racine dans le château étaient tous morts. – Ce manoir a été beau vous savez. – J’avoue avoir du mal à l’imaginer. Votre père tient à lui conserver cet aspect de ruine, m’a-t-il dit. C’est une question de sécurité selon lui. – De sécurité ? J’avoue ne pas comprendre. C’était un lieu sûr quand ses hauts murs et ses tours le rendaient imprenable, mais regardez dans quel état il est aujourd’hui. La première bande de brigands venue n’aurait aucun mal à franchir ces murailles à demi effondrées. Les bandits de grand chemin appartiennent au passé princesse et ceux qui les ont remplacés n’œuvrent guère dans ce genre d’endroit. Ce n’est pas contre ce genre d’ennemi que votre père veut se protéger.
– Contre qui alors ? – Contre ceux qui chassent les créatures que nous sommes devenues voyons !
La princesse s’indigna du ton qu’avait employé Solange, le jugeant par trop inconvenant. Elle la braqua de ses yeux noirs. – Des chasseurs dites-vous ? Quel chasseur aurait le pouvoir de détruire ce que Satan a fait de nous ? – Vous parlez pour vous Maria. En ce qui me concerne, le seul démon que je connaisse est votre père et Satan ne m’a jamais fait l’honneur de sa visite. – Comment êtes-vous devenue un nosferatu alors ? – Demandez-le à votre père. L’auteur d’une telle transformation est sans doute le mieux placé pour l’expliquer. Maria Basarab sonda avec plus d’intensité le regard de l’archéologue française, cherchant à deviner si elle mentait ou pas, mais nul doute n’était permis. Solange était à l’évidence tout à fait sincère, scrutant elle-même la moindre réaction de la princesse de Moldavie qui s’en trouva décontenancée. – Ainsi, un vampire peut en créer un autre selon vous ? Comme dans les légendes ? – Un vampire, je ne sais pas, mais votre père : oui, assurément. – Etiez-vous consciente quand il a fait de vous une non-morte ? – Non. – Je questionnerai mon père à ce sujet. Je veux savoir ce qu’il en est exactement. Vous venez avec moi dans le cimetière ? – Dans le cimetière ? J’avoue que j’aurais préféré une petite promenade dans les bois, voyez-vous. Que voulez-vous faire dans le cimetière ? Il va être difficile de trouver de quoi fleurir les tombes de vos ancêtres en cette saison princesse. – Oh je ne veux pas fleurir les tombes. Suivez-moi Solange s’il vous plait. – Voilà qui m’a tout l’air d’un caprice de princesse mais puisque vous insistez, soit, je vous suis.
Maria prit la direction du petit cimetière qui jouxtait l’imposant donjon rectangulaire et Solange lui emboita le pas. Un silence total régnait dans la forteresse, à peine perturbé par le bruit des fines bottes des deux vampires qui s’enfonçaient dans la neige épaisse. Elles s’engouffrèrent sous le porche d’entrée du minuscule cimetière où une vingtaine de pierres tombales trônaient au milieu des arbres morts et des buissons sauvages qui avaient envahi l’espace clos. Maria s’arrêta devant la première tombe, un bloc de granit grossièrement taillé, dépourvu de tout signe religieux. Elle passa la main sur la stèle pour en retirer la couche de neige qui la recouvrait et des lettres grossièrement gravées apparurent : « Doamna Maria Bassarab ». – Une parente à vous Maria j’imagine ?  – Ma propre mère Solange. N’ayant pas eu la chance de régner aux côtés de mon père jusqu’à sa mort, elle n’a pas eu droit à une inhumation dans un monastère et il l’a fait enterrer ici, dans ce château où elle est morte. – Vraiment morte ? La princesse releva la tête en direction de l’archéologue et la gratifia d’un sourire un peu malsain qui découvrit ses canines anormalement longues et effilées. – La pauvre est heureusement décédée avant que toute cette malédiction ne s’abatte sur notre famille. Oui Solange, elle est morte, vraiment morte et son âme est certainement bien loin d’ici. – Comme celles de vos autres aïeux qui reposent ici, j’imagine. Il n’y a que des non-morts comme nous pour hanter pareil endroit finalement. – Je ne sais pas Solange. J’ai parfois l’impression que nous ne sommes pas les seulsnosferatus(*) à errer dans ces lieux. Je dois encore questionner le prince Radu à ce sujet car lui seul sait ce qu’il s’est passé dans ce château depuis plus de cinq cents ans.
(*) un des termes roumains pour qualifier les vampires
Une bourrasque soudaine secoua la chevelure rousse de Solange, puis celle d’ébène de Maria, les faisant presque trébucher. – C’était quoi ça ? Comment ce courant d’air a-t-il pu s’infiltrer jusqu’ici ?! – Je ne comprends pas non plus Solange, la nuit est claire et je n’ai senti aucune tempête approcher, c’est bizarre. Bah, oubliez ça, je vais vous montrer une autre tombe. Maria guida sa compagne en direction d’une vieille stèle penchée située au fond du cimetière. L’épaisse couche de neige la recouvrant ne parvenait pas à en masquer la forme globale qui évoquait un serpent se mordant la queue. La princesse se pencha vers le rustique tombeau et le courant d’air réapparut, avec moins de violence toutefois. – Bonsoir princesse Maria. La non-morte fit volte-face en direction de sa compagne. – Voilà que vous vous amusez à me faire peur maintenant Solange ? L’archéologue ne répondit pas immédiatement, sondant nerveusement les ténèbres environnantes, semblant chercher à apercevoir quelqu’un ou quelque chose. – Ce n’est pas moi qui ai parlé Maria. – Allons donc ! Essayez-vous de me faire croire que… Une myriade de petits points luminescents venait d’apparaitre près de la stèle en forme de serpent, tournoyant de plus en plus rapidement pour se concentrer finalement en un amas de lumière qui commença à prendre forme humaine. La princesse fit un bond en arrière. – Vous ! La forme fantomatique s’était précisée et leur apparaissait maintenant une femme presque tangible, portant de riches vêtements passés de mode depuis des siècles. Maria reconnut sans peine la jeune femme brune de l’ordinateur. L’apparition leur adressa un regard bienveillant, sembla faire un signe de la main aux ténèbres environnantes et deux nouvelles nuées de poussière brillante ne tardèrent pas à s’engouffrer dans le petit cimetière. La main glacée de Solange serra le poignet de Maria avec la force d’un étau et la princesse en ressenti néanmoins un certain réconfort. Deux autres spectres prirent à leur tour forme humaine, deux femmes vêtues elles aussi comme de nobles dames du moyen-âge. L’une aurait pu être la sœur du premier fantôme apparu tandis que l’autre présentait le physique d’une nordique aux longs cheveux aussi lisses que blonds. Leur beauté presque irréelle était cependant entachée par d’énormes cicatrices tout autour de leurs cous et toutes trois portaient les traces d’impressionnantes blessures au niveau du cœur. Les visages émaciés des deux nouvelles arrivantes étaient aussi familiers à la princesse que celui du premier fantôme apparu, lui évoquant de vagues souvenirs lointains. La première femme brune à s’être matérialisée rompit soudain le silence et Maria reconnut la voix qui l’avait interpellée via l’ordinateur. – Me crois-tu maintenant, Maria Voïchita Basarab ? Les trois spectres s’approchèrent avec une lenteur exaspérante de la princesse de Moldavie et Solange fit un bond dans leur direction, les crocs largement découverts, les mains soudainement pourvues de griffes prêtes à frapper. Des rires cristallins, aux tonalités suraigües insupportables, envahirent l’espace clos du petit cimetière et la grande brune se détourna de Maria pour faire face à Solange. – Qu’espères-tu donc jeune goule ? Tu penses vraiment pouvoir nous atteindre ? Nous avons été ce que tu es, ne le ressens-tu donc pas ? Nous sommes dorénavant semblables à ce que fut la princesse Maria lors des derniers siècles et tu ne peux rien contre nous. Aucune de vous deux n’est en mesure d’interférer dans le monde qui est le notre désormais, ne te leurre pas. Maria s’efforça de contenir la rage qui envahissait son cœur froid. L’insolence et l’arrogance du fantôme avaient piqué au vif le caractère fougueux de la princesse et elle décida d’épauler la témérité de sa compagne, faisant à son tour face aux ectoplasmes en dévoilant ses crocs
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