La petite Zohra rouge
226 pages
Français

La petite Zohra rouge , livre ebook

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226 pages
Français

Description

Dans la petite Zohra rouge, le loup n'est pas celui que l'on croit. Enfant déjà, Yakout, le personnage principal, doit combler le silence des non-dits de sa famille « par des mots qui brillent même dans le noir ». C'est sa voix intérieure d'enfant puis d'adolescente qui vous révèlera la vraie nature des êtres lorsque les masques tombent. Devenue jeune femme, elle se décidera à fuir le marasme de son existence afin de provoquer la vie elle-même pour la résoudre à s'animer d'inattendus comme de conséquences...»

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2016
Nombre de lectures 67
EAN13 9782140022227
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Beaudour Allala
La petite Zohrarouge Roman
Les impliqués É d i t e u r
La petite Zohra rouge
Les Impliqués Éditeur Structure éditoriale récente fondée par L’Harmattan, Les Impliqués Éditeur a pour ambition de proposer au public des ouvrages de tous horizons, essentiellement dans les domaines des sciences humaines et de la création littéraire. Déjà parus Cartier (Jean-Michel),Morosophoï, Ou la sagesse par la folie, et vice-versa, Conte philosophique,2016.Strauz (Ida),Souviens-toi de ton futur, essai, 2016. Béné Koffi (Maximin),Les noms et prénoms dans la cosmogonie Akan,2016. Pelé (Dominique),Les insoumises, essai, 2016. Vianney Rurangwa (Jean-Marie),Les identités lourdes à porter, essai, 2016. Kamanda (Kama Sywor),On peut s’aimer sans se comprendre, Théâtre,2016.
Tongele (Tongele N.),Le chemin de la renaissance techno-socio-économique en RDC et en Afrique, essai, 2016. Lerond (Michel),Quel foutoir la nature !, mini-nouvelles, 2016. Gerhart (Pierre),Protee I, II, III,romans, 2016. Versini (Charles),Une conversation en montagne, récit, 2016.
Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site : www.lesimpliques.fr
BeaudourAàà
Là pETiTE ZOhrà rOugE
Roman
Les impliqués éditeur
Ouvrages de Beaudour Allala
LA VALSE DES INFIDELES, 2013 Editions Chloé des Lys Gilbert Bordes (Préfacier)
LA PETITE ZOHRA ROUGE, 2016 Editions Les impliqués
© Les impliqués Éditeur, 2016 21 bis, rue des écoles, 75005 Paris
www.lesimpliques.fr contact@lesimpliques.fr
ISBN : 978-2-343-10472-0 EAN : 9782343104720
A toutes ces femmes dont ce rouge coule dans les veines pour ne pas nous faire perdre mémoire.
J’ai dissimulé mes longs cheveux sous un bonnet, mes seins dans un lourd manteau et mes jambes dans un pantalon afin de m’imposer une virilité dont les hommes ne sont pas tous dupes, mais l’urgence n’est pas le viol.
Sur l’embarcation, Farhad m’a inventé une autre identité. Je suis supposée être son cousin Moussa. Les hommes embarqués sur le bateau ne voulaient aucune femme ni aucun enfant à bord, pour se faciliter la traversée. Et certains regards, les plus méfiants, cherchent encore à percer le mystère de l’androgyne à travers les replis de mon manteau.
Farhad m’a fait fuir avec ces hommes aux traits burinés dont les visages, comme masqués d’un bas nylon, surgissent de la nuit, déformés et effroyablement identiques. Les nuages comme d’épaisses barbes sombres s’étendent au-dessus de nos têtes, voilant le teint lumineux de la lune qui, seule contre tous, se soumet, comme moi, aux dictats des intempéries imposées par un dieu doloriste.
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L’orage éclate.
Nous sommes ballottés sur une mer en rogne, l’eau monte et menace de nous faire chavirer. Nous nous accrochons à la paroi du bateau. Le bois craque et s’ouvre sous mes pieds comme sous les pieds de ces gamins pleurant comme des hommes. Ils crient leurs mères, de ce cri arraché de l’utérus, pour cette fois-ci mourir noyés dans le liquide d’une autre mer suffisamment mauvaise.
Des montagnes d’eau s’abattent sur nous. Une lutte contre les vagues et contre les poings s’amorce, chacun cherchant à noyer l’autre pour sa propre survie. Seuls les plus vigoureux s’accrocheront à la coque retournée du bateau, cherchant à se fixer à la forme convexe pour une vaine fécondation. Tandis qu’une grappe d’hommes gesticulent et hurlent dans l’eau acidifiée par le froid, les plus faibles iront disparaître dans les entrailles noires.
La lune a fermé un œil et tourné le second de l’autre côté du monde. Seul un croissant de sa lumière éclaire le désastre.
Farhad m’agrippe par un des pans de mon manteau, pour éviter qu’une des vagues ne m’emporte moi aussi. Les boutons cèdent un à un.
Le liquide salé s’introduit dans ma bouche et me fait recracher le cours de ma vie.
Ma mère avait perdu les eaux avant de me mettre à flot dans l’absurdité de son monde.
Je naquis, vingt ans plus tôt, entre des jambes qui se refermèrent en étau sur mon cou.
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La mère était restée étale d’un déni de grossesse.
Ma naissance fut niée, comme ma puberté.
Et, entre la naissance et l’adolescence, des souvenirs d’une existence des plus insignifiantes alors qu’elle ne ressemble à aucune autre, prédirait un dieu du haut de son cosmos. Un dieu inventé par les enfants lorsque le monde commence à leur paraître insaisissable, comme l’eau invisible des ruisseaux artificiels qui filait entre mes doigts au parc des Buttes-Chaumont, à Paris.
J’avais cinq ans et, dès que je pouvais, je fuyais explorer la vie, au risque, à chaque instant, de m’en éloigner. Je courais après les pigeons du parc où souvent je jouais seule, sans ma sœur ni mon frère, restés entre les murs de l’école. La vieille madame Giraud, dont s’occupait ma mère, rameutait des dizaines de ces volatiles autour d’elle avec ses petits morceaux de pain.
Drôle de bêtes gesticulantes et toujours affamées, le cou en point d’interrogation, comme hoquetant à chaque déplacement tout en narguant les passants par des : « Attrape-moi si tu peux ! »
Je poursuivais un pigeon à qui il manquait les quatre doigts à une patte, sautillant maladroitement sur son moignon. C’est ce pigeon- là que j’avais décidé de suivre en particulier, non pas qu’il se déplaçait moins vite, non, ce pigeon handicapé courait aussi vite que les autres — je le suivais parce qu’il ne ressemblait à aucun autre, comme si, déjà, je voulais distinguer le détail de l’ensemble, la particularité d’un tout unifié. Je dispersais alors les anonymes aux plumages denses et aux doigts bien accrochés sur chacune des pattes, pour décider de
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