Le bois vert et la cendre. Nouvelles
271 pages
Français

Le bois vert et la cendre. Nouvelles , livre ebook

-

271 pages
Français

Description

"Rabat. Heure de la sieste. Un parfum d'oranger. Les villas sont muettes, volets clos. Rues désertes qui se croisent en silence. Bleu, le ciel prend un air détaché. Hirondelles, deux par deux, piqués vertigineux entre parenthèses." Dans un style sensuel et lumineux, l'auteur nous livre des récits tantôt émouvants, tantôt drôles ou tendres, parfois insolites et fantasques et dont la narration converge souvent vers une chute imprévisible, le verbe servant parfois d'accessoire au dénouement final.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296472846
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A Cati,soutienet source d’inspiration

© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55307-1
EAN : 9782296556071

Le bois vert et la cendre

Emile Eymard

Le bois vert et la cendre

nouvelles

L’Harmattan

Histoires moroses

Histoires roses

Histoires roses ou moroses, insolites

Histoires de prose

Histoires rosses

Table des matières

"Ce qui est médiocre, cen’est pas de ne pas savoir écrire
des nouvelles, mais d’en écrire et de nepas savoir le
cacher"
Anton Tchékhov

HISTOIRES MOROSES

"C'était le jour morose devant la première aurore…"
Pierre Louÿs

TU SAIS QUOI…

alentine est ma petite fille.
V
Elle est si jolie. On me sourit dans la rue quand nous
marchons ensemble, la main dans la main.
Longs cheveux, grands yeux noirs, fines gambettes,
un corps en fuseau, un visage d'ange qui appelle la caresse,
un teint de fruit doré. Elle a presque sept ans. Je l'appelle
"Ma crevette".

" Tu sais pourquoi on meurt ? " elle me demande.
Elle aime me poser des devinettes. Celle-làjene
l'aimepas.
Elle est très malade et j'ai l'interdictiond'en parler.
─Non,jenesais pas.
─Pour nepas vieillir trop vieux.Moi,j'aidoncle
tempsavecmamaladie.
─Bien sûr...Pasfacileta devinette... A mon tour...
Tu sais pourquoi on vit ?
─Oui.Pourfaire desbébés qui vont mourir plus
tardpour laisser laplace à d'autresbébés.
─Celasetient.C'estaussi pouraimer, être aimé
comme je t'aimeparexemple,ma crevette…
─Tu nem'aimeras plus quandjeserai morte?
─N'importequoi…Bon,on varamasserdes
marronsdans lejardin.

14 LEBOIS VERTET LACENDRE
─Tu sais quoi ? fit-elle comme si elle ne m'avait pas
entendu.
─Non…
─Ce matin en me lavant pour noyer mes microbes,
mon image dans le miroir me regardait. J'ai fermé les yeux
et quand je les ai rouverts, elle me regardait encore. Je lui ai
faitdes grimaces…elle aussi…et elle me regardait
toujours.
─Comment sais-tu qu'elleteregarC'est toidait ?
qui te regardais dans la glace.
─Je ne sais pas, mais je vois bien quand tu me
regardes.Parfois tu penses à autre chose que moi, et alors là
tu ne me regardes pas.
─Est-cequ'ellet'atrouvée belle?
─Simplement, elle me souriait…Allez, on va
ramasserdes marrons. "
Ilfaisait très beau. Valentine courait en zigzag pour
ramasser les marrons les plus brillants. Moi, j'avais le ventre
serré,le cœur gros,uneterrible envie de chialer.Et puis,
j'ai souri en pensant à une autre de ses devinettes :
"Pourquoi construit-on les maisons sur les trottoirs ?".Elle est si
pétillante et tellementdrôle.Hier, en meparlantdeson
chat, ellem’a demandé deluichercherdelanourriture
avecun goûtdesouris.
Ona fait une course etelle agagné.Ilest vrai que
j'aime être derrière elle,l'entendrerire et regardercepetit
corps tendu vers l'avantetces jambesfines pédaleràtoute
vitesse.
─Cen'est pas pour mevanter…mais j'aifaim.
Elle aime commencercertainesaffirmations par "ce
n'est pas pour mevanter".

HISTOIRES MOROSES15
Je n'ai pasenvie deluidirequ'il yaincompatibilité
entreson "nepas sevanter"et le faitd'avoirfaim.
Jesuis rentré chez moi, après l'avoir raccompagnée
chez ses parents.
Mon image dans lemiroir meregardait tristement.
Cen'était peut-être qu'uneillusion.

Elle aimelemétro uniquement pour
prendrelesescaliers mécaniques.Dans lewagon,jeluiaiannoncé :"J'ai
unesurprisepour toi ".L'évocationdeson image dans le
miroir m'avait inspiréunehistoire deprincessequej'avais
rédigéepourelle.Ellen'ariendit.Valentinenepeut plus
parler quand elle estémue.
"Tu mela donnes ?" me demande-t-elletimidement
enarrivantàlamaison.
Elleprendlepapierbleu quej'avaischoisi pour lui
écrire,s'installe devant son petitbureauetentre dans mon
histoire avecun léger sourire :

"Jeuxdemiroirs"(Pour Valentine)

Le beau tableau se mire dans le grand miroir posé sur le mur
de la salle du château.
Le miroir aime le dos rose de la dame du tableau, nue au
sortir de son bain, qui se regarde dans sa petite glace ovale.
Le tableau admire dans le grand miroir le visage de la dame
enchâssée dans sa glace.
La dame se retourne et regarde le tableau dans le grand
miroir.
Le tableau perd le visage de la dame que cache sa glace, mais
tombe en extase devant la beauté de son corps dévêtu.

16 LE BOIS VERT ET LACENDRE
La dame admire son corps sur le grand miroir, ondule le
torse, le visage penché.
A la vue du tableau, la dame se couvre pudiquement d'une
grande serviette bleue en laissant le refletdesondosau
grandmiroir ravi.
Un prince,qui passait par là,peigneses longscheveux
blonds.
Face au grandmiroir,ilcroiseleregard dela dame.
Il se retourne, le cœur battant, et lui caresse une joue, d'une
main tremblante.
La dame est troublée.
Legrandmiroir teinte en roselerefletbleudelaserviette,
tombéesur lescarreauxblancset noirsdu tableau.
Legrandmiroir,jaloux,réfléchit, etdécide de déformer la
silhouette du prince et l'image dela dame.
Letableau, assombri par l'ombrefaiteparce
coupleharmonieux, devient nature morte.
Le prince prend alors la main de la dame et la retire du cadre.
Le grand miroir et le tableau n'ont plus pour se consoler que
la serviette bleue déployée sur les carreaux blancs et noirs.
Un jour le prince passa pour peigner ses longs cheveux blonds
et le grand miroir se brisa et perdit tout son tain.
La dame décida d’exposer le tableau dans le grand salon du
château.
Les visiteurs qui passent devant le tableau, s'arrêtent,
perplexes, devant cette petite glace posée sur une serviette bleue
dont les plis se déploient sur des carreaux blancs et noirs. "

"C'est une bellehistoire…mais jene comprends
pas tout très bien…"a ditValentine,pensive.

HISTOIRES MOROSES17
Il fait trèsbeaucemercredi quand Valentine arrive
àlamaison.
"Tu sais quoi, cematin j'aieu mon traitementà
l'hôpitalet on nepourrapascourir ni marcherau jardin.
J'aimerais qu'on joue àl'aventure.
─D’accord, bonneidée. "
"Joueràl'aventure"consiste àpartiren voiture,
Valentine àmescôtés,me dirigeantàsaguise,un plande
Paris sur ses genoux.
On tourne d'abord en rond et nous revenonsau
mêmepoint.Valentine éclate derire.
"Tropcool,on recommence,vatoutdroitet tourne
àgauchequandtu verrasBd Raspail."
Onarrive à Montparnassequ'elle dit préférer la
nuit, à cause des néons.
QuaiBranly,la TourEiffel.
"Ellen'est pas trèsbelle cettetour…àquoi
sertelle ? " me demande Valentine.
─Jenel'aimepas non plus.Jepensequel'homme,
depuis longtemps,n'aimepasêtre attaché au sol, c'est une
sorte devictoirepour s'élever…
─Moi jepréfèrel'avion,ou lâcher unballon
rouge…"
Elleme fait revenirenarrière et passer par lepont
delaConcorde.
"Tuas vucommejete conduisbien,on vatraverser
la Seinegrâce àmoi.
─Bravo! Et voici les Champs-Élysées.
─Waouh!C'est magnifique.J'adorelire etchanter.
─Pardon ?
─Oui, c'estbeau lesChantsetLisez…"

18 LE BOIS VERT ET LACENDRE
J'essaie denepas rire et jen'ai pasenvie de changer
son interprétation.
Nous voici Chaussée dela Muette.
"Tu paies un pot ? "
On s'arrête àla Rotonde.Valentinelanceun regard
noir sur tous lesconsommateurs. "Que desbourges! Tuas
vu leurs habits ?Sont pas très rigolos!"
─Bon, boiset on part."
Elleme conduitalorsauBoisde Boulogne.
" C'est la campagne…tucrois qu'on vatrouverdes
vaches ?J'adoreles vaches,surtout quand elles ontdes
taches sur leventre.Tu sais,j'aimerais qu'un jour on joue à
l'aventurepourdevrai maisavecune carte duMonde.
─C'est une excellenteidée.Je connais un pays
merveilleux où j'ai passémonenfance.Jeveuxbien t'yamener.
─D'accord,maisc'est moi quiconduirai…".

Nous sommes partisauSénégal.
Elle apuentrerdans la cabine depilotage etdonc
me conduireun peu.
En Afrique, aud

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