Le cinéma de mon père
177 pages
Français

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Le cinéma de mon père , livre ebook

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Description

L'auteur assiste son père dans ses tournées de projection de films dans les salles communales et paroissales de campagne, cinéma plein de surprises, de joies, d'émotion... Cinéma disparu aujourd'hui de nos campagnes, cinéma drôle, émouvant avec une pointe de nostalgie !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 63
EAN13 9782296713659
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le cinéma de mon père
Gilbert P ASTORE


Le cinéma de mon père
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13564-2
EAN : 978229613564-2

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A Charly et Marcelle, à leurs familles.
Au cinéma et à ceux et celles qui nous font rêver dans les films.
Tant mieux si parfois j’en rajoute un peu.
Eux là-haut ne m’en veulent pas.
Préface
O ui, bien sûr, hier, en parlant de jeunes on disait qu’ils étaient les enfants de la télé. Aujourd’hui, ils sont ceux du portable et de l’ordinateur. Mais avant-hier, pas si loin que cela, ceux de ma génération étaient ceux du cinéma !
Personnellement, j’ai été baigné dans ma prime jeunesse dans l’ambiance du septième art. Normal, me direz-vous, lorsque l’on a eu des parents qui vivaient de et dans l’industrie de la pellicule.
Cette jeunesse qui fut la mienne a donc été parsemée de rencontres avec des gens du spectacle. Les salles obscures étaient ma deuxième maison, avec en poche des billets gratuits d’avant-première. J’assistais en privilégié aux films qui allaient être projetés plus d’une semaine après, voire plus, dans les salles.
Si l’on rajoute à cette chance pour un gamin le fait de participer à des tournées de projection de films avec mon père, lequel sillonnait la campagne dans sa Mathis gazogène pour apporter un peu de joie dans une période noire, 1942-45.
C’était formidable !
Allez, ajoutons la cerise sur le gâteau, avoir assisté à des tournages, de par la grâce de mon père, et d’y avoir côtoyé, approché souvent de loin mais quand même, des Fernandel, Aimé Clariond, François Perrier, Ludmina Tchérina, Daniel Gelin, C’était super, fantastique. Bien sûr, je n’étais qu’un gamin au milieu des petits, des figurants, et les Tavernier, Perrier… passaient et œuvraient sans me voir ni même m’apercevoir. N’empêche que cela vaut quand même la peine de l’avoir vécu.
1942 à 1950 Pourtant ! Et pourtant, que reste-t-il de tout cela ? Des souvenirs, des images mais que beaucoup m’envieraient.
Partie I
Chapitre 1
L e rêve frappait à ma porte d’enfant, se confondant souvent à la réalité que je voulais mienne et dans laquelle les paillettes, le strass s’unissaient aux diamants.
Et à mon adolescence l’amour se mêlait avec toujours. Tout était possible si l’on avait une belle gueule, de l’assurance, du toupet, de l’aisance et un brin de fantaisie, le tout bien mesuré ! C’était vrai et évident puisque je vivais à travers le cinéma ! Longtemps les filles m’ont intrigué par le mystère qui émanait d’elles. Celles de mon âge… et même un peu plus ! La taille fine enserrée dans de larges ceintures, elles virevoltaient sur un air de swing et de be-bop. Elles étaient pour moi ni plus ni moins que des danseuses étoiles, des libellules de Peter Pan. Elles s’apparentaient toutes à Ginger Rogers dansant avec Fred Astaire, issues comme je l’étais de cette génération cinéma avec un grand C.
La télé, l’informatique, le net et le portable ne se profilaient même pas pour nous à l’horizon. Ils étaient perdus dans les brumes du temps à venir. Mes jeunes années, c’était Hollywood, Cannes, les revues Cinémonde, Cinérevue qui faisaient miroiter, avec force photos, paysages merveilleux et glamour. Tout cela devenait ma réalité. Simpliste, me direz-vous ? Non, puisque c’était mon quotidien, mon univers.
Mais commençons depuis le début.
Tout est parti par une suite de coïncidences familiales voulues par un dieu malicieux. Car à l’origine, pas de véritable pionnier du septième art dans la famille. Des amateurs comme tout un chacun. Surtout du côté maternel, d’abord dans le rural puis une ville de province comme ancrage, Paray le Monial, en Saône-et-Loire. Ensuite, émigration imprévue à Lyon à la suite d’un coup de pied de cheval dans le ventre de mon arrière-grand-père. Celui-ci a eu en effet la mauvaise idée d’en mourir en laissant mon arrière-grand-mère parôlienne, veuve Treuillet, aisée, encore désirable et désireuse de vivre une autre vie que celle qui avait été la sienne jusqu’à ce malheureux accident.
Veuve de garde fédéral à Lenax, spécialisé dans l’approvisionnement de chevaux de l’armée, elle en a eu assez de la paille, du crottin et des limites géographiques de Paray le Monial. Elle commence par devenir rapidement la maîtresse d’un de ses garçons d’écurie.
Puis tous les deux partent à Paris faire la fête. Il est jeune et vigoureux et peu lui importe sans doute l’âge de mon aïeule. Il doit être un bon étalon puisqu’il l’envoûte. Elle vit déjà un rêve ! Lui commence par rogner le magot puis à le dévorer avant de finir par l’avaler.
Paris sait engloutir l’argent comme les pauvres malheureusement la misère.
A Paray le Monial on s’organise comme on peut. L’aïeule est partie en laissant les enfants pratiquement seuls et très peu de choses pour survivre.
A l’époque ma grand-mère Marie est très jeune, douze ans. Avec son frère et sa sœur, ils sont placés dans la région. Ma grand-mère, chez Madame Canat de Chizy qui a connu son père, son conseiller dans l’achat de ses chevaux. C’est donc au bon cœur de cousins et aussi chez les autres, comme on disait à l’époque, qu’ils grandissent. Ma grand-mère erre parmi les domestiques comme on appelait les gens au service des autres en ces temps sans que cela soit péjoratif naturellement.
Ma grand-mère a du caractère. Elle évolue, travaille à s’en démolir la santé. Elle essaie d’apprendre sur le tas, lisant, regardant. Elle s’instruit elle-même.
Paray le Monial est petit. Malgré sa peur de quitter ce qu’elle connaît, elle essaie de partir de sa ville. Elle a soif, la Marie, de réussir, d’avoir un chez soi, de ne plus travailler chez les autres.
Le destin l’attend à Charolles où elle rencontre mon grand-père Emile Devaux, un cul-terreux, un fils de paysan aussi, de la Creuse, venu dans les environs de Lyon brièvement avec un groupe de maçons. Il avait alors treize ans. Le groupe a écumé la région de Saône-et-Loire après avoir rénové le château d’Ecully dans la banlieue lyonnaise. Ils repartent tous, lui reste chez un artisan s’essayant avec bonheur dans la maçonnerie de bonne façon. Bref, Emile, devenu un jeune homme rencontre Marie.
Il épouse à la sauvette sa Marie sans dépenser leurs petites économies qu’ils ne veulent pas « bouffer » en une grande fête. Ma grand-mère sera toujours la tête et mon grand-père les bras. Sauf pour… !
Tous les deux réfléchissent, lentement, comme il sied aux gens qui savent qu’une décision est importante. Où aller ? A force d’opiniâtreté, d’écoute, elle est devenue cuisinière. Une bonne cuisinière formée par des maîtres casseroliers et maîtresses saucières au service de grandes familles. Elle a appris, et bien.
Alors qu’ils réfléchissent toujours, l’illumination vient par le biais du curé. Un pur produit lyonnais, pas chauvin du tout, pire que ça ! Pour lui, en dehors de Lyon, pas de civilisation ni de salut. Le paradis, la ville lumière, c’est Lugdunum.
« C’est quoi ? demande l’Emile, Lugdunum, c’est quoi ? »
Il est impressionné, l’Emile. La Marie, l’intellectuelle du couple, lui répond.
- C’est Lyon ! C’était la capitale de la Gaule sous les Romains. Lyon s’appelait Lugdunum.
- Romain, Rome, Italien ?
- Oui, Emile, Italien.
Il mélange, le grand-père Devaux. Il a déjà travaillé à Lyon, on le sait. Mais au château d’Ecully, on ne lui avait pas dit que c’était à Lugdunum. Pour lui, Lyon c’est Lyon.
Mon grand-père est tolérant à tout sauf envers les étrangers qui viennent bouffer le pain des Français ! Donc pour eux déjà à l’époque de Lugdunum, les Italiens bouffaient le pain des Gaulois. Ils sont tous pareils, ces gens d’ailleurs. L’Emile est aussi sûr que le vase de Soissons a été cassé non pas par un Franc mais par un Alle

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