Le Gourou
216 pages
Français
216 pages
Français

Description

" La guerre qui ravage le Pool est la pire des guerres, la pire des sales guerres civiles. Mais ce livre n'a pas été inspiré par les affrontements fratricides. Tout juste sert-il de fond sonore aux problèmes que les hommes et les femmes d'un pays rencontrent en cas de crise aiguë, crise politique, sociale, économique. Tous ces différents aspects seront abordés par petites touches et épisodes (...) ".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 31
EAN13 9782296539136
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ClaudeErnest NDALLA
LE GOUROU UNE IMPOSTURE CONGOLAISE Roman
Ecrire l’Afrique Ecrire l’Afrique
LE GOUROU
Une imposture congolaise
Écrire l’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen Romans, récits, témoignages littéraires et sociologiques, cette collection reflète les multiples aspects du quotidien des Africains.
Dernières parutions Salvator NAHIMANA, Angélique Gisèle Nshimirimana. Mon homme m’aurait mangée toute crue. Edition bilingue kirundi-français, 2013.Aboubacar LANKOANDE,La palabre des Calaos, 2013. Christian ROCHE,Amaï. Amour et rébellion en Casamance, 2013. Giovanni MELEDJE,Scandales d’amour, 2013.Maxime OUARO,Boro, 2013. Martin KAPTOUOM,Promesse africaine. Parole d’immigré, 2013.Sidi ZAKARI,Un élu du peuple, 2013 Géraldine Ida BAKIMAPOUNDZA,Le retour en France des expatriés. De Conakry à Paris, 2013. José THISUNGU,Les chantiers intimes, 2013. Djibril SALAM,Au bonheur des damnés, 2013. Denis BOMBA-NKOLO,Le rêve du Pygmée Oyoa-Baka, 2013. Jema DAZOABASILA,Bons vents, 2012. Fweley DIANGITUKWA,Notre vie est un mystère. Cette chambre-là May, 2012. Cyriaque MUHAWENAYO,La guerre des nez au Burundi. Je l’ai vue et vécue, 2012. Élie MAVOUNGOU,Incertitudes, 2013. Serge FINIABuassa,Une semaine mémorable. Qui a tué Laurent-Désiré Kabila ?, 2012. Isabelle JOURDAN,C’est comme ça, à Ouaga…, 2012.Valentin DIBAKEMENAMUZEMBE,Les démons des rives. Ces maîtres qui corrompent, 2012. Corinne N’GUESSAN,Les vierges folles, 2012. Maurice HASLE,Un seul pied ne trace pas le sentier, 2012. Marilaure GARCIAMAHE,Le mythe de l’enfant fondateur, 2012. FACINET,Kiridi, 2012. Rachel KAMANOUATSATITO,Mirages de migrants, 2012. Yacine BODIAN,Les bois de Béssir, 2012.Laurence RANDALL,La production littéraire camerounaise, 2012. Arnold NGUIMBI,Pascaline, dans les flots de la chute, 2012.
Claude-Ernest NDALLA
LE GOUROU
Une imposture congolaise
Roman
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© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00333-7 EAN : 9782343003337
CHAPITRE I Ce jour-là n’était pas un jour comme les autres.Déjà la veille, la peur s’était insinuée, puis emparée des gens jeunes et vieux, hommes et femmes, croyants, athées, marabouts et animistes, boutiquiers et paysans, petits vendeurs, réparateurs de vélostout le monde avait peur, une peur diffuse, une peur confuse dont personne n’osait parler, mais qui n’en existait pas moins. La cause de ce malaise, que dis-je, de ce désarroi, la voici en peu de mots. Le jour déclinait ; mais des deux côtés du ciel, le soleil et la lune étaient là ensemble ; malgré la lumière terne et morne du soleil, le croissant de lune, mince et effilé, luisait avec une étrange ténuité. Les gens ahuris ne comprenaient pas pourquoi Compère soleil et Dame la lune ne se séparaient pas. A cause de cet incident, les gens avaient passé une mauvaise nuit. Ils avaient fait des cauchemars, voyant dans cette présence concomitante un mauvais augure, un vilain présage, l’annonce d’une catastrophe imminente. Donc ce jour-là, la journée commença maussade, triste, languissante, morne, morose. Elle s’éclaira enfin pour participer à l’allégresse générale: les nuages fondirent dans le ciel et le soleil répandit sur le monde une lumière gaie, chaude et solennelle. La peur de la veille s’était évanouie et même envolée. Les tracas, le souci, les pressentiments et les prémonitions du début du jour eux aussi avaient disparu. Insouciants, les gens rigolaient bien fort de leurs angoisses
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passées : les hommes aisés, avec sourire, comptaient leur or, les croyants catholiques, protestants, kimbanguistes, salutistes, adeptes des églises de réveil rendaient grâce à Dieu d’avoir pris en compte leurs prières et dévotions. Les musulmans allaient de leur « Allah est grand ! ». Personne ici pour dire commeen Côte d’Ivoire,« si Allah est grand, Blanc n’est pas petit! » Les matswanistes, eux, continuaient de brûler des cierges et suppliaient Matswa d’intercéder auprès du Père céleste pour leur venir en aide. Les nganga nkissi quant à eux, pensaient que le soleil nous amadouait pour nous faire baisser la garde, mais que le plus dur était à venir. Aussi avaient-ils tranché la tête à quelques poulets, qu’ils avaient jetés sur le sable pour lire dans le sang répandu ce qui devait arriver. Ils étaient persuadés que quelque chose devait arriver. Ils s’attendaient à un évènement qui allait se produire avant que la nuit ne tombât. Pour les nganga nkissi, tous les signes qui nous avaient été donnés, ne l’avaient pas été en vain. Dieu dans sa miséricorde et sa bienveillance haute, nous avait fait tenir un message. Jamais soleil et lune, jamais nuages et lumière ne s’étaient ainsi affrontés.
Un des nganga nkisi était allé en forêt au point du jour. Il devait interroger la nature, et pour cause : la forêt regorge de secrets des mondes minéral, végétal et animal. Ces trois magnifiques mondes s’affrontent dans une empoignade éternelle de la survie du plus fort. La forêt est un univers complexe, un domaine où règne une odeur douceâtre, quelque peu putride, une odeur imprégnée de chaleur humide et de vase ; une odeur de mort et de putréfaction. Dans la forêt, les arbres, les lianes, les animaux meurent et la puanteur de leur décomposition et putréfaction flotte et empeste l’air, accrue par l’humidité ambiante. Pour ceux qui vivent dans la savane herbeuse, la
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forêt est un enfer. Mais pour ceux qui la fréquentent depuis leur prime enfance et en vivent, la forêt est un havre de paix, de tranquillité et de beauté : les arbres jaillissent et s’élancent vers le ciel à l’assaut du ciel, monstrueux mais majestueux et leurs cimes disparaissent dans un fouillis inextricable, alors que leurs troncs énormes, gigantesques, ruissellent de lianes enchevêtrées, éclairées par les trouées, par des orchidées éclatantes. Dans la forêt, la nourriture est abondantefruits à pain, safous (que nos chers voisins camerounais appellent attanga), bananes, oranges, citrons, bigarades, noix de kola, grenades, papayes, noix de palme, diverses racines et des tubercules (tarots, ignames, patates, manioc…) – les petits ruminants qui font des mets succulents courent insouciants les pauvres petites bêtes ne savent pas le danger que représente cet animal debout qui ressemble tant aux singes leurs, confrères de la forêt. Les oiseaux dans les airs et les poissons dans les rivières, les marigots et étangs peuvent compléter le menu des villageois.
Les nganga nkissi se regroupèrent dans une grande case en briques de banco terre mêlée de paille et de chaume bien compactée et séchée au soleil, le bon soleil brillant, luisant et étincelant de chez nous. Le toit de la maison est de bonnes tôles apportées de la capitale. Cependant, pour éviter la chaleur, on a posé du chaume sur les tôles. Ainsi, la pluie ne pénètre pas dans le logis et le chaume maintient une fraîcheur bienfaisante à l’intérieur de la maison.Le nganga nkissi parti en forêt était à pied d’œuvre. Il huma l’air humide avec ses effluves de mort, regarda attentivement alentour, scrutant chaque arbre et liane dans un rayon de cinq mètres. Il écouta le chant des oiseaux, le feulement et le mugissement des animaux, le cri-cri des insectes, le frou-frou des feuilles, etc. Le message était
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