Le jasmin et le musc
326 pages
Français

Le jasmin et le musc , livre ebook

-

326 pages
Français

Description

Aidé par ses amis Hassan Amenfi et Ali Aghrib, des professeurs émérites, Mourad Bensaadi, un jeune universitaire plein d'ambition, entreprend la mise sur pied d'un important projet agricole, moderne et parfaitement adapté à la mise en valeur des zones arides jusque-là abandonnées et stériles. Mail ils se retrouverons piégés et pris en tenaille entre un intégrisme religieux aveugle et une terreur manigancée par des esprit diaboliques et puissants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 34
EAN13 9782296457058
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LEJASMIN
ET
LEMUSCLamineRAOUFetRédaSANOU
LEJASMIN
ET
LEMUSCAlamémoirede
JeanEugèneSCHEER(1855-1893)
Fondateurdel’écoleindigèned’Algérie
©L’HARMATTAN,2011
5-7,ruedel’École-Polytechnique;75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54380-5
EAN : 9782296543805«Après tout, la meilleure façon de parler de ce qu’on aime
est d’en parler légèrement. En ce qui concerne l’Algérie,
j’ai toujours peur d’appuyer sur cette corde intérieure qui
lui corresponden moiet dontje connais le chant aveugle et
grave. Mais je puis bien dire au moins qu’elle est ma vraie
patrie et qu’en n’importe quel lieu du monde, je reconnais
ses fils et mes frères à ce rire d’amitié qui me prend devant
eux»
AlbertCAMUS
L’Été.
«Dans les gouvernements despotiques, où l’on abuse
légalement de l’honneur, des postes et des rangs, on fait
indifféremment d’un prince un goujat, et d’un goujat un
prince»
MONTESQUIEU
L’esprit des lois.Première
PartieChapitre1
Au petit matin, le soleil darde ses rayons. La même clarté se répand
partout d’une manière intense si bien que le ciel et la mer se confondent
tout autour du large cercle d’horizon. La minuscule tache blanche située
en plein centre de cet immense cercle aquatique, n’est en fait que le
carferrydelacompagnie Trans-Méditerranéeassurant deuxfoisparsemaine
la liaison Phocée-Zizéra. En toute indiscrétion, cette dernière ville doit
son nom à des marins explorateurs. Ils la nommèrent ainsi à cause des
îlots émergeant au large de la baie. Au cours des siècles, Zizéra avait
connu une prodigieuse expansion pour devenir une immense cité
exerçantsadominationsurunvasteetricheterritoire.
Le «Mistral»venaitd’acheversaseizièmeheuredetraversée.Iltaille
sa route vers le sud-ouest en maintenant la même vitesse de croisière. De
sa proue avant, ce colosse docile, bercé par une houle légère, fend les
flots argentés et glisse majestueusement sur cette surface d’un bleu franc,
couleur propre aux étendues méditerranéennes. Après le passage du
bateau, de longs sillons se forment juste derrière puis s’effacent
progressivement. A bord, la léthargie nocturne est alternée par une
ambiancematinalespécifiqueauxtraversées.Lavierenaît.Despassagers
se ruent sur le pont supérieur. Ils lancent leur regard au loin et de leurs
yeux, ils fouillent l’horizon, guettent le moindre signe annonçant
l’apparitionimminentedescôteszizéroisesdunéant.
Au milieu de ce tumulte, le professeur Hassan Amenfi se distingue
fort bien des autres passagers, car il se tient quelque peu à l’écart. C’est
un homme qui venait de boucler sa quarante sixième année. Il est d’une
taille superbe. Mais ses cheveux châtains, son visage d’un teint clair et
toujours souriant, ses yeux d’une couleur d’eau, le font apparaître plus
jeune encore. Rien de triste ou de mélancolique ne peut brouiller sa
sérénité évoquant le type intellectuel par excellence. En somme, le
professeurAmenfisembleêtre épargnédesaffresdutemps.
Accoudé au bastingage du bateau, le chercheur émérite en agronomie
est absorbé par une douce rêverie. Il donne libre cours à ses pensées tout
en songeant à la ferme décision qu’il venait de prendre. Peut-être, durant
ces heureuses années de son exil universitaire, eut-il été secoué par un
étrange sentiment qui l’interpellait afinde rentrer au pays pour s’y établir
et participer à la réhabilitation des instituts d’agronomie accusant un
9retard considérable en matière de recherche scientifique. Tant il est vrai
que des appels provenant de jeunes chercheurs pleins d’ambition ou
d’agriculteurs persévérants quoiqu’en difficulté, retentissent encore dans
le tréfonds de sa conscience. Alors, est-il vraiment décidé de s’établir à
Zizéra? Oui, certes, d’autant plus qu’il est sollicité par ses deux amis, le
professeur Ali Aghrib et Mourad Bensâadi, deux figure de proue d’un
jeunemouvementconçupourrelancerl’agriculturezizéroise.
Bien qu’il soit différent de la masse des trabendistes - des individus
spécialisés dans la contrebande - qui peuplent le car ferry, le professeur
Amenfi partage avec eux le même passe-temps: scruter l’horizon dans
un silence d’admirateur. Mais ces moments intimes sont interrompus par
le passage d’un officier de bord élégamment drapé dans une tenue de la
marinecivile.
-Çavamonsieur?ditl’officier.
- Oui! Mise à part cette vitesse qui ne me plaît pas, tout va bien, lui
répondleprofesseur.
- La vitesse de croisière du «Mistral» est de l’ordre de dix-huit nœuds.
C’est une vitesse de sécurité. Cela relève des prérogatives du
commandantCharronquienadécidéainsi,expliquel’officier.
Attiré par cette conversation, un vieux passager aux cheveux blancs
désordonnés, au regard vif et perçant se rapproche de l’agronome. Il
ressemble étrangement aux savants tels que les représente la bande
dessinée.Enchargeantsonvieilappareilphotos,ils’exclame:
- C’est une journée merveilleuse! Quelle clarté du ciel! Quelle pureté de
l’air!
- Cela fait partie du charme du climat méditerranéen, lui répond le
professeurAmenfi.
Mais tout d’un coup, la discussion s’interrompt. Stupéfaits, les deux
passagerssetaisent.Lavapeurd’eauquivoilaitl’horizon,sedissipepour
laisser apparaître le rivage. La côte zizéroise s’offre au regard comme
surgiedenullepart.
- Tiens, mais cette lumière là-bas…vous voyez ce reflet sur la
montagne…là-bas…qu’est-cequec’est?interrogelevieuxpassager.
- Ce n’est qu’un reflet sur le dôme de la basilique Sainte
AnnaMarguerite,répondl’agronome.
- Chaque fois que je vois une croix, je me rappelle d’un symposium…Au
fait, vous m’excuserez…j’ai oublié de me présenter: Augustin Vypa,
anthropologueetspécialisteenhistoiredesreligions.
-HassanAmenfi,professeurenagronomie.
10- Enchanté! Comme je vous le disais, j’ai assisté à un symposium tenu à
Mexico.Lethèmeprincipalportaitsurlerôledel’églisedanslaconquête
del’AmériqueLatine,rapporteleprofesseurVypa.
-Et quels en étaientles pointslespluspertinents? interrogeleprofesseur
Amenfi.
- Vous ne pouvez imaginer qu’au nom de la chrétienté, fut commis un
grand génocide des populations indigènes, affirme l'anthropologue. Il
donna lieu à une destruction des monuments des civilisations inca et
aztèque. Sous prétexte d’évangélisation, les conquistadors ne
recherchaientenfaitquel’oretl’Eldorado.
- Mais cela est tout à fait à l’antipode de la morale chrétienne, observe
l’agronome.
- En effet, les massacres et les exterminations ont devancé la spiritualité.
Au lieu de tendre la joue, les envahisseurs avaient tendu des mains
armées,poursuitleprofesseurVypa.
- C’était presque le même cas à Zizéra, enchaîne l’agronome. Au début
du régime du Concessionnariat, les missionnaires demeuraient
impuissants devant les militaires lors des expéditions punitives et des
razzias.
- C’est incontestable! reconnaît Augustin Vypa. En ce sens, j’ai décidé
demerendreàZizérapourmedocumenterdavantagesurcesaspects.
Le car ferry pointe sa proue vers le port et continue d’avancer d’une
manière sublime mais à une vitesse moindre. Les formes de la ville, qui
étaient tout à l’heure vaporeuses, se précisent de plus en plus. Debout sur
le pont supérieur du «Mistral», les passagers dont le regard a été
longuement dépaysé par les étendues aquatiques, se réconcilient avec un
paysage qu’ils jugent très attrayant. A peine le bateau eut-il mouillé par
les eaux de la grande darse que la merveilleuse baie de Zizéra ouvre tous
grands ses bras pour accueillir le «Mistral» et ses passagers. Rien de
plus noble, rien de plus fascinant que cette baie qui avait sans distinction
aucune,accueilli tant de marinset depiratesàl’affûtderichesses,tant de
seigneurs en quête d’honneur, mais aussi d&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents