LE LONG SILENCE DE LA STEPPE MONGOLIE EN 1985 ET 1991
86 pages
Français

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LE LONG SILENCE DE LA STEPPE MONGOLIE EN 1985 ET 1991 , livre ebook

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86 pages
Français

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Description

Terre des chamans, pays "extérieur" bien que sans mer, la Mongolie a souvent fait office de terre littéraire, comme si elle était une façon de bout du monde sans issue autre que fictionnelle, élégiaque ou lyrique. Impasse d'où seule l'évocation poétique parvient à faire sortir ou permet de revenir. C'est à un voyage dans les souvenirs, les mots et les sources historiques, littéraires ou artistiques, que nous convie Olivier Marmin. (Laurent Sebillotte, extrait de la préface)

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 17
EAN13 9782296463943
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE LONG SILENCE DE LA STEPPE
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54675-2
EAN : 9782296546752

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
OLIVIER MARMIN


LE LONG SILENCE
DE LA STEPPE
Mongolie, en 1985 et 1991


Préface de Laurent Sebillote
Postface de Richard Hamon
Du même auteur

Le marquis de Prahecq (Voûte romane, Méry-sur-Oise, 1986).
Antienne (Loris Talmart, Paris, 1986).
Le marquis de Landau (Voûte romane, Méry-sur-Oise, 1987).
Les Petites Tyrannies (Loris Talmart, Paris, 1992).
Diagonales de la danse (L’Harmattan, Paris, 1997).
Préface
T out voyageur (« à cheval vers d’autres steppes ») laisse quelque part une terre d’élection qu’il s’est choisie (souvent au retour) ou que la vie lui a désignée. Cette terre – espace-temps, peuplé ou désert selon les cas, construit ou naturel, partagé ou arpenté seulement par soi – devient souvent un lieu que le souvenir offre à l’imaginaire, et que l’on ne peut bientôt plus, tant s’y mêlent ineffable et contingences, tant s’y associent des éclats multiples et aux couleurs changeantes, distinguer du pays réel que l’on a tant aimé. Cette terre, devenue comme un paradis perdu, seule l’écriture vient quelquefois en révéler les contours et les reliefs, seule l’entreprise littéraire peut tenter d’en dire la ou les langues et puis comment les êtres y bougent, y mangent et s’ouvrent ou se referment au contact de l’autre.
Aujourd’hui Oulan-Bator, la capitale de Mongolie, s’orne d’une Central tower, de verre et d’acier comme il se doit quand on veut briller, nouvel emblème où – rapportait récemment un quotidien français – les Mongols fortunés, détenteurs de 4x4 ou de grosses berlines, japonaises ou occidentales, enrichis par l’exploitation des matières premières découvertes depuis 2000 (charbon, cuivre, fer, uranium, zinc, nickel, ainsi qu’or, argent, phosphorite) viennent, dans une belle boutique Louis Vuitton, se doter des atours qui, croient-ils, comme chez nous, viendront signer leur réussite. « La Mongolie se voit en "émirat des steppes" » titrait le journal {1} . Partout autour, cependant, ce sont encore de vieilles barres d’immeubles gris et des édifices à péristyles rappelant l’époque soviétique. S’agit-il du même pays que celui qu’évoque ici Olivier Marmin ? On se doute que non, même si on peut penser qu’il l’aimerait peut-être encore, sortant d’une transition chaotique, vingt ans après la fin du protectorat de Moscou.
À l’écart de la tour-phare où les élites se prennent à rêver d’un eldorado industriel, les bidonvilles de yourtes encerclent la capitale où viennent, parmi d’autres pauvres gagnant moins de deux dollars par jour, s’installer les nomades qui désertent les campagnes. Il y a loin de ces faubourgs à la steppe magique où se tiennent droites les deux yourtes, la brune et la blanche, magnifiées par l’auteur et où son personnage, le vieux Djagataï, partage avec lui les calmes ou doctes activités de ses jours. Son temps a déjà vingt ans et sa Mongolie n’est pas celle de l’historien, ni celle du géographe ou de l’économiste, c’est celle que seul l’écrivain peut inventer ou construire.
L’auteur de ce Long Silence de la steppe rapporte, comme l’indique le sous-titre qu’il a donné à son texte, les « choses vues » (pour reprendre à dessein le titre attribué posthumément aux inédits de Hugo) lors de deux voyages successifs situés précisément dans les années charnières où le pouvoir venait de changer de mains, entre empire soviétique et fragile autonomie d’une nation pour longtemps encore assujettie aux économies voisines, les géants russe et chinois. Olivier Marmin avait déjà, au retour de ces deux périples, en 1985 et 1991, œuvré comme journaliste et rapporté ses constatations et impressions. En comparaison, la Mongolie actuelle sans doute lui serait apparue comme la moins heureuse de celles qu’il pouvait prévoir ou imaginer lors de ses séjours, à partir des évolutions qu’il pressentait déjà. De ces deux voyages, du reste, distants de six années, il fait ici comme deux bornes marquant le temps d’un changement profond, deux époques – semble-t-il dire – que refléteraient deux visages d’un même pays déjà impossibles à confondre.
Ailleurs, il a évoqué les danses de Mongolie {2} , celles découvertes en Chine comme celles que les chamans développèrent en guise de rituels pour chasser les démons ou rencontrer les esprits des ancêtres, mais aussi les curieuses créations du ballet occidental où interviennent d’aussi curieux personnages supposés représenter d’historiques Tartares ou leurs imaginaires avatars. On retrouve ici ces danses par le truchement de figures d’interprètes qu’il fait apparaître dans sa galerie de personnages, ou bien encore par la mention de tel ou tel lieu de spectacle. Pourtant, au sujet de ces danses comme des différentes matières qu’il expose dans son texte, loin de dresser tel ou tel petit édifice de savoir parfaitement calibré et exact – comme il aimait le faire en société, non pas pour édifier mais pour envoyer le signal que, si on le voulait bien, il pourrait nous dire des choses qu’on ignore et qui nous changeraient des approximations de tant de discours contemporains –, Olivier Marmin, comme pour ne pas troubler le long silence qui doit présider ici, offre plutôt un faisceau d’allusions, diverses mentions délicates et quelques développements fragmentés.
Dans ce texte en éclats, il nous propose de nous laisser prendre par les énumérations, le jeu des dates et des citations, le mystère des noms communs étranges et des noms propres inconnus, des noms de personnes sans visages et celui des temps immémoriaux, de passer de l’un à l’autre et, par-delà le voile d’émotion que l’on partage à la lecture, de se laisser entraîner par la recomposition poétique d’un monde dont la connaissance savante, si elle est bien le propre de l’auteur (autant que sa connaissance du terrain), est offerte au lecteur pour qu’il ne s’en encombre pas mais seulement s’en nourrisse comme d’une langue nouvelle qui lui ouvrira les portes d’un imaginaire, d’un monde plus que réel : littérairement recomposé.
Terre des chamans, pays « extérieur » bien que sans mer, la Mongolie a souvent fait office de terre littéraire, comme si elle était une façon de bout du monde sans issue autre que fictionnelle, élégiaque ou lyrique. Impasse d’où seule l’évocation poétique parvient à faire sortir ou permet de revenir. C’est de la sorte à un voyage dans les souvenirs, les mots et les sources historiques, littéraires ou artistiques, que nous convie Olivier Marmin, en compagnie de ses maîtres qu’il rend nos égaux comme simplement il ose se hisser à leur niveau : Saint-Amant, Chateaubriand ou Paul Morand, Vigée-Lebrun, John Ford et jusqu’au Tintin d’Hergé.
Il livre aussi un exercice de style, un autoportrait de soi, non pas certes en routard (on devine qu’il aurait moqué ceux-là : pas de suée, pas de danger, pas de faim ou de recherche de gîte ou d’abri, pas d’encanaillement, mais des dégustations de thé, des sorties au ballet, des visites de dignitaires politiques) mais en écrivain. C’est en poète qu’il dessine les contours personnels d’une terre qu’il s’est choisie comme continent imaginaire et où inscrire sa rêverie. Il se campe face à la postérité comme Chateaubriand inventant son Mississippi, se met en abîme dans l’acte d’écrire sur des « Cahiers scolaires NF. Marco Polo 1254-1323 », se cite lui-même et tisse tout un réseau de renvois internes, traverse le temps à longues enjambées, de Genghis Khan au post-soviétisme, jouant des deux périodes de ses voyages comme pour faire résonner un jadis, à peine plus ancien, dans le naguère qui suivra quelques années plus tard.
Lui qui commence son texte, après Casanova dans son Précis de ma vie {3} , par la mention de sa naissance, voici qu’enfin Olivier Marmin lâche : « Mieux vaut écrire » que « fuir », en voyageur dans les livres, en écrivain et en lecteur. Et – pour paraphraser Buzzati et son Désert des Tartares, bien à-propos ici – on pou

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