Le Mulâtre
324 pages
Français

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Le Mulâtre , livre ebook

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Description

Au croisement de deux époques et de deux esthétiques, Le Mulâtre (1834) passe d'un coup des aspirations de la philosophie des Lumières aux visions des Romantiques et de la sensibilité du "bon sauvage" dévoué à son maître à la démesure du "nègre primitif". Ce dernier, bien que libre, n'a pas droit à la femme (blanche) adorée et tombe dans la folie la plus violente. Le Mulâtre raconte sa désintégration psychique tout en explorant les conséquences.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 116
EAN13 9782296928411
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE MULATRE
COLLECTION
AUTREMENT MEMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de Trinity College Dublin,
Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française,
Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.


Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établissements d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.

« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,
les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi


Titres parus et en préparation :
voir en fin de volume
Aurore Cloteaux
(pseudonyme d’Honoré de Balzac
et A. Lepoitevin de l’Égreville)


LE MULATRE


Présentation d’Antoinette Sol
et Sarah Davies Cordova


L’HARMATTAN
En couverture :
« Le Mulâtre patriote », Musée d’Aquitaine
© Mairie, Bordeaux ; photo J.-M. Arnaud


© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09256-3
EAN : 9782296092563

Fabrication numérique : Socprest, 2012
INTRODUCTION

par Antoinette Sol
et Sarah Davies Cordova
Des mêmes auteurs

Antoinette Sol :

Textual Promiscuities : Eighteenth-Century Critical Rewriting , Lewisburg : Bucknell University Press (Londres : Associated University Presses), 2002
« Histoire(s) et traumatisme(s) : l’infanticide dans le roman féminin antillais », French Review , 81.5 (April 2008), pp. 86-106
« Genre et historiographie. Quelques réflexions sur Élisabeth-Charlotte-Pauline de Meulan Guizot, romancière, journaliste et historienne (1773-1827) », Histoire d’historiennes , éd. Nicole Pellegrin, Saint-Étienne : Presses de l’Université de Saint-Étienne, 2006, pp. 265-283
« Trials and Tribulations : Readings and Misreadings of the Revolutionary Body in French Women Novelists, 1792-1799 », Illisible. Écho : croisement des langues et des cultures / A polyglot and cross-cultural journal , http://www.echopolyglot.com/ (févr. 2004), ou http://langlab.uta.edu/cultural_constructions/200705/HTML/sol.htm (jan. 2009)

Sarah Davies Cordova :

Paris Dances : Textual Choreographies in the Nineteenth-Century French Novel, San Francisco : International Scholars Publications (Rowman and Littlefield), 1999
« Raisonner ou résonner ? Expressions de l’Histoire et je(ux) de la mémoire dans les récits féminins haïtiens contemporains », Le Roman haïtien : intertextualité, parentés, affinités, éd. Yves Chemla et Alessandro Costantini, Interculturel Francophonies , 12 (nov. -déc. 2007), pp. 123-140
« Romantic Ballet in France, 1830-1850 », in Cambridge Companion to Ballet , éd. Marion Kant, Cambridge : Cambridge U.P., 2007, pp. 113-125
« Gothic Opera as Romantic Discourse in Britain and France : a cross-cultural dialogue » (avec D. Long Hoeveler) in Romanticism : Comparative Discourses , London : Ashgate Press, 2006, pp. 11-34
INTRODUCTION
Comment lire Le Mulâtre , ce roman tragique en quatre tomes, annoncé dans la Bibliographie de la France le 6 mars 1824 et signé par une certaine Aurore Cloteaux ? Comment interpréter ce récit qui débute comme un roman de sensibilité et se termine en roman frénétique ? La transformation qui s’opère dans le personnage central de Féo, chez lequel une tendre sensibilité se métamorphose en passion dangereuse et folle avant de s’incarner dans le tempérament froidement calculateur de son fils, le mulâtre, situe-t-elle le roman simplement dans le romanesque, ou porte-t-elle une signification idéologique raciste ? Ce roman dont la diégèse épouse deux visions du monde évoquant les données du siècle des Lumières et les préjugés du dix-neuvième siècle, serait-il témoin de l’angoisse des présumés méfaits de la mixité des races ? Serait-il un soutien de plus à l’idéologie d’une hiérarchie sociale destinée à justifier la restauration de l’esclavage de certains peuples jugés inférieurs ? Cherche-rait-il sa voix romanesque du côté du mélodrame et de l’horreur naturelle ou de celui de la vision méphistophélique du roman noir influencé par les textes d’outre-Manche tels The Mystèries of Udolpho d’Ann Radcliff, Le Moine de Matthew Lewis, ou Melmoth, l’homme errant de Charles Robert Maturin ? Serait-il peut-être même sous l’influence des romans sentimentaux comme Clarissa de Samuel Richardson ou des romans sortis des faits divers comme Robinson Crusoé de Daniel Defoe ? Ou encore s’affilierait-il au roman d’enfance rendu populaire par Pigault-Lebrun et Ducray-Dumenil ?
Que signifie Le Mulâtre lorsqu’il paraît être le produit d’un écrivain qui n’ose y apposer son propre nom, et qui le rédige grâce à une ou plusieurs aides à l’écriture ou « teinturiers » que la coutume a entériné sous la nomination de « nègres », pour finalement en donner la responsabilité à une femme : Aurore Cloteaux ? Serait-ce un moyen de faire passer sa narration monologique comme le produit d’une pensée féminine qui permettrait une forme d’amnésie politique coloniale et abolitionniste puisque, selon le lieu commun, toute femme auteur ne se préoccupe que de questions d’amour {1} ? Ou serait-il tout simplement une tentative d’exploiter la popularité du roman féminin pour en vendre plus d’exemplaires ? Comment comprendre ce silence ou cette « amnésie coloniale » qui néanmoins n’exclut pas la représentation du Noir et du « mulâtre » comme des monstres de la cruauté et qui enjoignait les lecteurs à faire le lien avec les descriptions des attaques meurtrières des rebelles de Saint-Domingue paraissant dans la presse de l’époque ?
Le titre nous livre la clé et recèle le code pour comprendre non seulement le sujet romanesque de ce texte mais aussi son esthétique. Le mot mulâtre vient du portugais mulato , ou métis, signifiant quelqu’un qui est issu d’un métissage du Noir et du Blanc. Mais les termes métis et métissage portent une valeur dans plusieurs domaines en dehors de la biologie comme dans le domaine de la sociologie ou de la littérature par exemple. L’esthétique de la mixité et du métissage domine dans ce roman, alliant l’hybridation biologique à l’hybridité littéraire. C’est donc une esthétique du métissage qui règle au propre et au figuré l’univers romanesque du Mulâtre : un métissage à la fois du fils des deux personnages principaux Féo et Stéphanie, dite Sténie, du ton ou du registre du roman et même de la genèse du roman qui se cherche en tant que genre littéraire avec sa mixité de plagiat, d’intertextualité, d’emprunts et de récits divers. En un écho étrange, il est à noter que l’identité de l’auteur de ce texte s’apparente aux doutes que l’apparence du jeune mulâtre évoque dès sa naissance. Sa paternité, bien qu’évidente au lecteur, est dissimulée derrière un discours scientifique qui explique comment la filiation de l’enfant donnerait de telles traces et signes physiologiques au corps du fils de Sténie et de son mari, le comte de Clémengis {2} . La préface du roman dévoile et cache la paternité du texte derrière un discours littéraire d’auteure et trace une affilia

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