Le temps des barbares
227 pages
Français

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Le temps des barbares , livre ebook

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227 pages
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Description

Ce livre est une fiction, une fable écologique qui reprend des thèmes éternels : celui du Deluge et de la survie, au-delà du cataclysme, de quelques individus sur une arche de Noé précaire. 2090, l'année de tous les dangers. La Terre est devenue une technosphère conquérante et fragile. La Nature a repris ses droits et l'individu s'impose avec violence dans des démocraties affaiblies. C'est le temps des Barbares...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 40
EAN13 9782296713741
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le temps des barbares
Lauriane d’Este


Le temps des barbares

Fable écologique
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole - Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13575-8
EAN : 9782296135758

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Claude Esteban
In Memoriam
Juste une précision géographique

À 3 000 mètres sous les eaux, au milieu de l’Atlantique, une dorsale sépare l’Amérique de l’Europe (voir documents pages suivantes). Le long de l’étroit rift – décalé par des failles transformantes – qui marque son axe, les deux plaques s’écartent de deux mètres par siècle. Des essaims de petits séismes fissurent sans relâche la lithosphère amincie à cet endroit, laissant les laves en fusion s’épancher au fond du rift. C’est là que se crée la voûte basaltique qui forme le fond de l’océan. La dorsale se situe à l’aplomb d’une ascendance divergente, entre deux cellules convectives du manteau. Les roches chaudes du manteau fondent alors que leur pression diminue dans l’ascension. La dorsale atlantique émerge en Islande, au-dessus d’un point chaud dont le flux volcanique plus intense a épaissi la croûte. Les éruptions ont créé ou agrandi de nouvelles îles comme Surtsey et Westmanneyjar. Cette dorsale est donc en perpétuel mouvement et ceci de manière incontrôlée et incontrôlable. Elle peut brusquement s’élargir, s’effondrer, créer de nouveaux volcans, engloutir des terres.

Cette histoire imagine l’imprévisible…



Ce profil à travers l’Atlantique-Nord va du Cap Hatteras (USA) au Cap Vert (Afrique) ; il montre les principaux éléments du relief des fonds océaniques. Il n’y manque que les fosses profondes (jusqu’à 11 000 m) qu’on retrouve au pourtour du Pacifique.



Dorsale atlantique.
Prologue
Ce livre est une fiction, je l’ai appelé Fable Écologique car il reprend, comme une fable, des thèmes éternels et universels sous l’habillage du roman : le grand thème du Déluge et de la survie, au-delà du cataclysme, de quelques élus sur une Arche de Noé précaire, une Arcadie perdue entre paléolithique et néolithique. À la suite d’une catastrophe planétaire, dans le dépouillement matériel le plus extrême, les personnages retrouvent leur vraie nature, leur authenticité, leur vérité, en harmonie avec le monde qui les entoure. Le Bien et le Mal s’y affrontent, inscrits dans nos gènes. L’ailleurs représente l’aventure, c’est à nouveau l’inconnu dans une planète qui se dérobe et redistribue les cartes à sa manière ; mais ailleurs c’est aussi le danger, l’affrontement, l’élimination des plus faibles car il était intéressant de s’interroger sur ce que deviendraient, dans un pareil dénuement, les quelques communautés humaines désespérées, condamnées à une mort lente, comment elles se comporteraient, comment elles géreraient ce nouvel état des choses, prêtes à tout cependant pour gagner un peu de temps. Les personnages sont symboliques en ce sens qu’ils sont des émanations de notre société ou plutôt de la société qui aura évolué au cours de ce siècle vers toujours plus de technologie, d’individualisme, d’indifférence à l’autre. Ces personnages sont aussi porteurs de sens : l’humanitaire, la culture, l’aventure avec le marin venu du large incarnant une forme précaire d’espérance. Ils sont emblématiques, tous sont animés de la force que donnent parfois le désespoir et le malheur. La mer est aussi un personnage à part entière, elle incarne à elle seule les forces telluriques qui dominent le monde, le Bien et le Mal, c’est d’elle que naît la catastrophe mais c’est aussi elle qui emportera à bord du voilier Capitaine Cook, – le Capitaine Cook fut le découvreur de l’Australie –, les héros qui, dans cette terre pionnière des origines, reconstruiront – si la planète y consent – un monde en accord avec la Nature, pour y témoigner de notre histoire.
Les désastres écologiques imaginés dans ce livre ont lieu en 2090. Quatre-vingt-dix ans nous séparent de cette date fatidique. Quatre-vingt-dix ans pendant lesquels nous pourrions sauver la planète en instaurant de nouveaux rapports avec elle. Dans l’histoire que je raconte l’humanité n’a rien fait ou presque rien, elle s’est contentée d’attendre sans vraiment croire aux catastrophes prévues. Elle a misé sur le progrès par la technologie, sans rien vouloir lâcher de son bien-être matériel. C’est le scénario rouge envisagé depuis des décennies par des personnalités clairvoyantes mais que l’on n’a pas entendues. Ces catastrophes auront inéluctablement lieu. Cette histoire se veut donc aussi un avertissement, oublieux que nous sommes des enjeux de « la société du risque » dans laquelle nous sommes entrés car elle est aussi celle de la catastrophe. Si celle que nous avons imaginée n’est pas dans l’immédiat scientifiquement probable, elle pourrait l’être dans un avenir incertain, car la nature est imprévisible et souveraine, elle dispose, elle peut donner la vie mais aussi engendrer morts et catastrophes. Nous sommes en survie, plaques de continents à la dérive sur une boule de feu au cœur de fer qui vogue dans un espace interstellaire infini, instable et peu sûr. Nous sommes en train d’épuiser notre « dot », c’est-à-dire les ressources naturelles qui nous ont été données, elles ne se renouvelleront pas. Nous polluons, la terre, le ciel, les eaux, nous nous comportons en prédateurs sur une planète qui nous a tout donné mais dont nous ne sommes pas les maîtres, à peine les usufruitiers. Nous avons inventé, recréé le monde de 2090 – quelques secondes à l’échelle du temps planétaire – à la lumière des connaissances d’aujourd’hui, imaginé ce qui n’est pas et ce qui pourrait arriver.
Le vrai sujet de ce livre c’est le souhait de manifester et de faire partager une inquiétude réelle aux habitants de cette Planète en rappelant qu’elle est unique, magnifique et mérite le respect de tous. Il nous faut apprendre à vivre avec elle, en harmonie et non en prédateur, sinon c’est le sort des quelques survivants de cette histoire qui nous attend, décimés par la faim, la soif, la maladie, les calamités climatiques et la haine. À méditer.

L’humanité n’aura pas de seconde chance
La Fuite
Elle n’en finissait plus de grimper le long de cette colline rocailleuse semée de gros rochers aux angles aigus, périlleux à contourner. On pouvait glisser à chaque pas et dévaler la pente à toute vitesse jusqu’à ce qu’un autre rocher ou le moindre épineux vous arrête brutalement, non sans dommages, il fallait faire preuve d’une attention soutenue à chaque minute ; elle avait l’impression qu’elle ne parviendrait jamais à arriver au sommet, les obstacles semblaient se multiplier à l’infini pour émousser les derniers lambeaux de son énergie soumise à rude épreuve. Ses mains étaient en sang et un soleil figé, comme explosé, dardait des rayons de feu sur la pierre calcinée et brûlante. Il était littéralement liquéfié et baignait dans une soupe jaune pâle qui se diluait dans le plasma bleu intense du ciel. Elle ne savait plus depuis quand elle courait, elle fuyait, hagarde, sans autre but que d’échapper à cette blessure, à cet éblouissement solaire qui ne connaissait plus l’ombre. Fermer les yeux ne servait à rien. Des étincelles dansaient sous ses paupières closes, animées d’une frénésie irrépressible : jaunes, bleues, vertes, rouges, rouges surtout. L’ascension était ardue, par endroit presque dangereuse, il fallait s’accrocher à la paroi, trouver un ressaut, un rocher solide, escalader en mobilisant ses dernières forces. Par moments, il fallait contourner des blocs à pic, lisses et brûlants pour éviter des fissures étroites et profondes : y tomber aurait été la fin de l’aventure. Ces abrupts paraissaient plonger au cœur même du magma, loin au centre de la Terre. Cela faisait peur. La montagne dénudée montrait son ossature que ne recouvrait plus le moindre brin d’herbe, un peu de terre parfois. Se reposer, fermer les yeux, respirer. Avant de reprendre. Mais avant tout trouver un abri afin de se protéger de cette atmosphère qui vous desséchait les poumons, qui rendait la respiration haletante, et ne vous laissait nul répit.
La canicule s’était installée depuis des lustres, des mois, des années, elle ne savait plus bien. Il n’y avait plus de saison, parfois seulement de violentes tempêtes de sable comme dans le désert. Autrefois, quand elle était encore enfant, il y avait aussi des canicules, mais aussi des cyclones, des tornades, des inondations, des glissements de terrain.

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