Légendes et mystères des régions de France
789 pages
Français

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Légendes et mystères des régions de France , livre ebook

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Description

Éloïse Mozzani nous offre une plongée inédite au coeur de nos régions françaises, à la découverte des légendes et mystères qui ont modelé leur identité.
Le mot " légende " vient de " ce qui doit être lu ", en référence à la vie et aux faits des saints que l'on lisait jadis lors des offices religieux. Les premières légendes remontent à l'époque de l'évangélisation de la Gaule, lorsque les hommes d'Église tentent de détourner le peuple du paganisme et de le convertir à la nouvelle foi. Ils multiplient les récits de saints qui accomplissent des miracles pour prouver la vérité de leur religion. Au cours des siècles, leurs prodiges – traces laissées sur un rocher, fontaines devenues sacrées par leur jaillissement magique, pierres levées, ruines ou encore ponts édifiés en une nuit – marquent durablement le territoire français. Ces légendes sont peuplées de fées, dames blanches, lutins, lavandières nocturnes, géants (dont le fameux Gargantua popularisé par Rabelais) ou animaux surnaturels qui hantent grottes, cavernes, sources, bois ou mégalithes.
Cet ouvrage, qui explore notre mémoire collective la plus ancienne, poursuit l'oeuvre des folkloristes du XIXe siècle qui ont collecté et mis par écrit les légendes longtemps transmises oralement. Il met en lumière des lieux mythiques et parfois oubliés dont le seul nom, enchanteur et poétique – la Pierre qui Vire, la Grotte aux Fées, le Bois des Dames, le Pas de Saint-Martin... –, continue de nous faire rêver.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mars 2015
Nombre de lectures 105
EAN13 9782221159224
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2014
ISBN : 978-2-221-15922-4
Dépôt légal : mars 2015 – N° d’éditeur : 54266/01
En couverture : © Carlos Caetano / Arcangel Images
 
 
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LA MÉMOIRE DES GÉNÉRATIONS
« La légende est le fard de l’Histoire
L’Histoire est le phare de la Légende »
(L.A. Picard, Légendes d’Anjou )
 
À la différence du conte, la légende est un récit issu de la tradition populaire qui s’attache à un lieu défini, à un personnage désigné et à un souvenir historique plus ou moins précis. Comme le rappelle Arnold Van Gennep : « Dans la légende, le lieu est indiqué avec précision, les personnages sont des individus déterminés, leurs actes ont un fondement qui semble historique et sont de qualité héroïque 1 . »
Deux grands thèmes s’interpénètrent sans cesse et dominent le monde des légendes : les êtres légendaires (liés à l’histoire religieuse ou profane) et le milieu naturel, où ce qui apparaît comme inconcevable, mystérieux, à l’esprit humain, devient l’objet de récits merveilleux : « Les légendes sont l’interprétation populaire – rétrospective aussi – d’événements authentiques ou de phénomènes naturels 2 . »
Le plus souvent, une légende est une tradition populaire courte, qui ne s’embarrasse pas de détails et, même si certains récits ont été largement romancés – ce qui les rapproche du conte –, ils conservent néanmoins un fond légendaire. Par ailleurs, la légende ne cherche pas la vérité historique et elle s’en affranchit souvent (d’où certains anachronismes ou cohabitations, dans une même légende, de personnages ou de faits appartenant à des époques différentes). Précisons que la légende est souvent moralisatrice : avarice, cupidité, impiété, débauche, luxure sont punies et peuvent attirer la colère divine.
Les légendes furent longtemps transmises oralement : elles étaient racontées lors des veillées ou près de l’âtre, par l’« ancien » de la famille. Il faut attendre le XIX e siècle pour que débute leur « collecte » par écrit. On remarquera que des légendes identiques, parfois avec d’infimes variantes, se retrouvent dans la majorité des régions, même les plus éloignées les unes des autres : « Quand on cherche les raisons de cette sorte de génération spontanée, on ne les définit que par le cheminement secret de la tradition qui, pareille au sillon, s’avance de trou en trou, de sillon en sillon [...], marchant infailliblement vers le foyer dont il deviendra l’âme 3 . » Faut-il en conclure que les thèmes légendaires ont toujours été interprétés de la même façon ou qu’il s’agit de vestiges d’anciennes croyances ? Comme le souligne Guy Pillard , « il est rare qu’une religion meure complètement quand une religion nouvelle s’installe et prétend l’évincer. Une relative continuité se marque ordinairement : des croyances, des rites, des sites, des symboles survivent toujours à l’effacement des religions antérieures. Toute religion abandonnée ou déclinante laisse des survivances que la religion nouvelle tolère quand elle ne les adopte pas partiellement, et faute, bien entendu, de réussir à les déraciner complètement 4 . »
Si l’on trouve des traces de légendes romaines ou grecques (avec le héros Hercule dans le sud de la France), les légendes sont avant tout liées à l’évangélisation de la Gaule et aux souvenirs populaires des saints, qui furent, aux regards des mythologues, les successeurs des divinités antiques ou les héros anciens de la chrétienté : « Le plus grand nombre des saints et des saintes sont des formes rajeunies (christianisées pour nous) de divinités anciennes ou de héros 5 . » Et des héros qui meurent souvent : des saints subissant le martyre pour avoir voulu répandre la religion, des saints décapités par leurs adversaires païens ramassant leur tête et poursuivant leur chemin quelque temps avant de passer dans le monde des bienheureux 6 ...
Les premières légendes écrites racontent la vie apocryphe des saints et des miracles qu’on leur attribuait, montrant ainsi leur pouvoir et la puissance de leur religion à l’époque de l’évangélisation et de la lutte contre les anciens cultes celtes ou gallo-romains. Au XIII e siècle, Jacques de Voragine , archevêque de Gênes, rédigea en latin La Légende dorée qui relate la vie de quelque cent cinquante saints et martyrs. Premier ouvrage imprimé en français à la fin XV e siècle, à Lyon , il connut un grand retentis sement et permit aux prêtres d’évoquer la vie des saints, en général du saint patron de la paroisse, en situant ses épisodes dans la région, un lieu connu de tous.
 
Le mot « légende » vient du latin leyendus , « devant être lu » (de legere , « lire ») 7 . Or, ce qui doit être lu, à l’office des matines, c’était la vie du saint du jour : « Un légendaire est donc primitivement un recueil de la vie des saints avant que le mot légende ne désigne, de façon générale, à partir du XV e siècle, un récit populaire qui a, avec la vie des saints, le point commun d’être plus ou moins fabuleux, tout en conservant fréquemment un certain fond historique 8 . »
Un ouvrage tout aussi fondamental, et sans doute davantage au regard des traditions populaires, est celui de Paul Sébillot , Petite Légende dorée de la Haute-Bretagne (Nantes, 1897). Le folkloriste a recueilli les légendes, souvent orales, sur les saints bretons, dont certains sont inconnus de l’hagiographie traditionnelle, avec laquelle ces souvenirs populaires prennent beaucoup de liberté. Paul Sébillot revient sur une des pages les plus importantes de l’histoire des traditions – celle de l’évangélisation de l’ancienne Armorique –, sur des actes et miracles attribués à ceux venus répandre la nouvelle foi dans une région empreinte de culte celte, et sur les difficultés qu’ils y rencontrèrent. Sébillot a ouvert la voie à une légende dorée non officielle dont nous retrouvons les grands caractères dans toute la France. Les saints multiplient les prodiges pour détourner les habitants des anciens cultes : ils triomphent de dragons, laissent une trace (empreinte de pied, de main, de bâton...) sur une pierre souvent anciennement sacrée, qui devient l’objet d’un culte nouveau, font jaillir des sources qui se révèlent miraculeuses. D’autres sources et fontaines où un culte païen était pratiqué sont placées sous leur patronage.
Les eaux et les fontaines, dont le culte remonte à des origines très anciennes, étaient consacrées par les druides puis par les Romains, qui substituèrent leurs propres divinités, et furent ensuite christianisées par des figures de saints ou de saintes qui remplacèrent nymphes et naïades. Selon le saint à laquelle elle était dédiée, la source avait une vertu

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