Les Homberg du Havre de Grâce
276 pages
Français

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Les Homberg du Havre de Grâce , livre ebook

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Description

De Saint-Pétesbourg au Havre de Grâce, du judaïsme au catholicisme, l'extraordinaire destinée d'une famille de négociants et armateurs ashkénazes au XVIIIe siècle...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 262
EAN13 9782336255293
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Roman historique
Collection dirigée par Magary Albet
Dernières parutions
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Isabelle PAPIEAU, Les cloches de brume, 2005.
Pierre MEYNADIER, Le dernier totem. Le raman du Che, 2005.
Les Homberg du Havre de Grâce

Anne Mezin
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296040106
EAN : 9782296040106
Sommaire
Roman historique Dernières parutions Page de titre Page de Copyright CHAPITRE I
- 1 - - 2 - - 3 - - 4 - - 5 - - 6 - - 7 - - 8 -
CHAPITRE II
- 1 - - 2 - - 3 - - 4 - - 5 - - 6 - - 7 - - 8 - - 9 - - 10 - - 11 - - 12 -
CHAPITRE III
- 1 - - 2 - - 3 - - 4 - - 5 - - 6 - - 7 - - 8 -
ÉPILOGUE TABLEAUX GÉNÉALOGIQUES
CHAPITRE I
- 1 -

« Monseigneur,
Je serais déjà parti de Hambourg pour rejoindre l’Angleterre sans l’heureuse rencontre d’un gentilhomme au service du Czar qui me fournit matière de faire encore à Votre Grandeur une très humble dépêche et même d’attendre l’honneur de ses ordres à Bremen où je vais passer quelques jours... »
Henry Lavie releva sa plume, réfléchissant à la manière de poursuivre la rédaction de sa lettre au secrétaire d’État de la Marine, le comte de Pontchartrain, son protecteur. Le crépuscule approchait mais la lumière du couchant qui traversait le verre coloré des carreaux rendait presque superflue la flamme de la chandelle et accentuait les traits volontaires de l’homme. Son visage encore jeune n’était pas sans agréments avec des yeux bleu clair, un nez aquilin, une bouche généreuse et un menton rond, sous une abondance de cheveux châtains et bouclés. La figure était mobile, le regard fin et perçant, marquant de la méfiance. Grand, avec une allure leste, il était vêtu d’un rhingrave et d’un justaucorps de drap de laine brun, et d’une veste bleu de roi. Le rabat de fine percale blanche et les rubans formant cravate attestaient un souci de netteté et d’élégance. Après un moment, il continua :

« Le gentilhomme en question se nomme M. Lefort, neveu d’une personne de ce nom qui a été général des armées moscovites, et du premier régiment des gardes du Czar, amiral de sa flotte (celle de mer), vice-roi de Novgorod et qui a beaucoup contribué à la grande fortune que le prince Menchicov a faite. Lequel prince, par cette raison, honore mon dit Sieur Lefort d’une amitié très particulière... »
Les négociations en cours et la signature des premiers traités de paix à Utrecht permettaient enfin en cette année 1713 d’envisager une reprise de la navigation dans les mers du nord de l’Europe par des nations autres que les seules Hollande, Angleterre ou villes hanséatiques. Le Czar Pierre souhaitait notamment voir se développer un commerce direct entre ses ports de la Baltique, dont sa ville naissante de Saint-Pétersbourg, et ceux de la France. Il entretenait à Hambourg un résident. C’était un Genevois, Aimé Lefort, qui connaissait bien la France pour avoir autrefois servi en qualité de capitaine dans les armées du Roi. Henry Lavie se rappelait l’avoir croisé à plusieurs reprises lors de ses pérégrinations à la suite du baron d’Urlich. Aimé Lefort était le neveu de Franz Lefort, défunt favori du Czar.
Il était notoire que c’était Franz Lefort qui était à l’origine de la rencontre, en 1684, de Pierre I er et de celui qui deviendrait le prince Menchicov. À cette époque Alexandre Danilovitch Menchikov, fils d’un simple soldat, vendait des petits pâtés dans les rues de Moscou et dans la cour du château. Le jeune souverain russe en avait fait son page. On disait que depuis le prince Menchicov avait su se soutenir dans l’esprit de son maître par de basses flatteries. Son influence restait tangible. Le Czar le consultait le plus souvent car il avait grande confiance en son jugement. Si le prince Menchicov ne savait ni lire, ni écrire, il compensait son manque total d’instruction par une intuition politique innée. Il était aussi l’auteur du second mariage du Czar. Il lui avait en effet cédé une Livonienne, Marthe Skavronska, capturée lors de la prise de Marienburg, qui avait été sa servante puis sa maîtresse. Rebaptisée Catherine, elle était devenue en 1707 l’épouse et la mère des enfants du Czar. Henry se remit à écrire :

«Aussi dois-je dire en sa faveur qu’il est homme d’esprit et de mérite et capable d’exécuter ce qu’il promet, plein de zèle pour pousser sa fortune au plus haut degré, Nous nous sommes entretenus longtemps sur la cour czarienne. J’ai tâché de pénétrer les sentiments des ministres du Czar et leurs inclinations par rapport à la France. Il m’a témoigné d’une manière qui m’a paru fort sincère que son maître avait pour Sa Majesté le Roi une considération très particulière et qu’il souhaitait d’établir avec la France un commerce libre... »
La France n’avait à ce jour jamais eu de représentation diplomatique permanente en Moscovie, songeait Henry. Quelques missions temporaires avaient été organisées, le plus souvent à partir de Varsovie. Les échanges commerciaux entre les deux pays restaient accaparés par d’autres nations qui ne manqueraient pas de susciter toutes sortes d’obstacles et de difficultés face aux tentatives d’implantation française. Aussi le soutien du prince de Menchicov était-il indispensable à la France si elle voulait parvenir à installer un agent permanent en Russie. Henry Lavie envisageait d’être celui-ci, malgré un obstacle qui pouvait se révéler dirimant s’il venait à être connu : il était d’origine juive. La famille de Henry, installée à Homberg dans la région de Mayence en Hesse depuis le début des années 1600, y portait alors le nom de Lévi. Henry était d’ailleurs né dans cette ville en 1678 mais n’y avait que peu demeuré. En effet, en 1680, son père avait décidé de s’associer au commerce de banque de sa belle-famille, les Heilbut, à Hambourg. Henry fut, quant à lui, très tôt formé au négoce maritime. Dès l’âge de treize ans, il embarqua à bord de navires de la branche anglaise de la famille qui faisait le commerce des Indes orientales.
Henry avait le don des langues. Il n’avait donc eu aucune difficulté à apprendre l’anglais pendant ses quatre années de navigation. Il n’en eut pas davantage à se familiariser avec le français quand il fut placé, en 1696, chez ses cousins Lavie, négociants et armateurs à Bordeaux, pour s’y former aux méandres de la pratique commerciale, de la comptabilité, de la gestion des stocks, de l’approvisionnement en marchandises coloniales et des subtilités françaises en matière d’acquits à caution et autres formalités fiscales des fermiers généraux.
Dès 1702, il avait participé à des armements de navires utilisés pour le commerce de cabotage le long des côtes espagnoles et portugaises. À vingt-cinq ans, il était déjà associé à l’armateur portugais de la Nostra Signera de la Conception, sur laquelle il embarqua

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